I
T'es-tu déjà trouvé tout seul
Sur une lande, sans amour et sans dieu,
Les blessures d'une sordide malchance pansées
Par un fier silence, une furieuse douleur étouffée ?

Toutes tes joyeuses espérances ont-elles disparu
Comme pour un chasseur au bord de la montagne
Meurent les aboiements des chiens perdus,
Comme l'oiseau qui part pour échapper à l'hiver ?

Si tu as été si solitaire sur la lande,
Alors tu sais aussi comment on est acculé
À se se jeter sur un rocher en l'enlaçant ;

Et comment, effaré devant sa solitude,
On saute horrifié d'un rocher inflexible,
Et d'effroi on écarte les bras face au vent.

II
Le vent est un étranger, tu ne peux t'en saisir,
La pierre est morte, tu solliciteras en vain
Un mot de consolation de cette froide rudesse,
Tu te sens également abandonné par les roses.

Bientôt tu les vois t'ignorer, blêmir,
Seulement préoccupées de leur propre mort.
Avance : partout la décrépitude te salue
Sur les longues et sombres ruelles des créatures !

Vois-les, ici et là, regarder au dehors de leurs cabanes
Et puis fermer leur fenêtre devant toi,
Les cabanes s'écroulent et tus ressen de l'horreur.

Sans amour et sans dieu ! Le chemin est abominable,
Dans les ruelles le courant d'air est froid ; et toi ? --
Le monde entier est triste à désespérer.