Les lampes flamboient dans le palais du roi,
On joue de la flûte et du violon ;
La jolie fille du roi
Y danse la ronde de ses noces.

Elle porte sur ses cheveux une couronne de myrte,
Pourtant elle s'avance muette et troublée ;
Elle porte à la poitrine une rose épanouie,
Pourtant ses joues sont si pâles.

Elle danse avec le fils d'un roi étranger,
Tout de pourpre et de soie vêtu ;
Pourtant, plus beau, mille fois plus beau,
Était le garçon en habit de page.

Douze vierges sont à la table d'or
Pour servir le vin perlé ;
Douze pages s'affairent autour du couple
Avec des torches flamboyantes et des couronnes.

Soudain les torches s'éteignent,
Soudain les violons se taisent ;
Le vieux roi se lève de son siège :
» Dites, pourquoi ce silence ?

» Sire le roi, ne vous enflammez pas,
Nous ne pouvons ni souffler ni jouer ;
L'ondin joue de la harpe là, devant le palais,
Devant l'ondin nous devons disparaître. «

Et l'on entend,montant de la mer
De doux et tristes accents
Qui dans la nuit obscure s'insinuent doucement
A l'intérieur de la salle des réjouissances.

Ils pénètrent si doucement dans l'oreille de la mariée
Que pour elle c'est comme si des profondeurs,
Comme si des profondeurs, de toutes ses forces
Son amant chéri l'appelait.

Ses yeux se gonflent, elle ne sait pourquoi
Elle fond en larmes ;
De ses boucles la couronne de myrtes
Tombe à ses pieds, fanée.

Le roi ruisselle de la tête aux pieds,
Épouvanté par les sons, il s'enfuit ;
Le fils du roi étranger s'empresse
Vers son cheval à l'écurie.

Dans la salle gît la blanche mariée,
Son cœur est brisé ;
Un matin couvert pointe à la fenêtre,
La harpe de l'ondin s'est tue.