L'universelle mort ressemble au flux marin Tranquille ou furieux, n'ayant hâte ni trêve, Qui s'enfle, gronde, roule et va de grève en grève, Et sur les hauts rochers passe soir et matin. Si la félicité de ce vain monde est brève, Si le jour de l'angoisse est un siècle sans fin, Quand notre pied trébuche à ce gouffre divin, L'angoisse et le bonheur sont le rêve d'un rêve. Ô cœur de l'homme, ô toi, misérable martyr, Que dévore l'amour et que ronge la haine, Toi qui veux être libre et qui baises ta chaîne ! Regarde ! Le flot monte et vient pour t'engloutir ! Ton enfer va s'éteindre, et la noire marée Va le verser l'oubli de son ombre sacrée.
Drei Chorlieder nach Charles-Marie-René Leconte de Lisle für vierstimmigen Chor und Klavier, , opus 366
by Klaus Miehling (b. 1963)
1. Fiat nox
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "Fiat nox", appears in Poèmes barbares, first published 1862
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Fiat nox"
2. In excelsis
Language: French (Français)
Mieux que l’aigle chasseur, familier de la nue, Homme ! monte par bonds dans l’air resplendissant. La vieille terre, en bas, se tait et diminue. Monte. Le clair abîme ouvre à ton vol puissant Les houles de l’azur que le soleil flagelle. Dans la brume, le globe, en bas, va s’enfonçant. Monte. La flamme tremble et pâlit, le ciel gèle, Un crépuscule morne étreint l’immensité. Monte, monte et perds-toi dans la nuit éternelle : Un gouffre calme, noir, informe, illimité, L’évanouissement total de la matière Avec l’inénarrable et pleine cécité. Esprit ! monte à ton tour vers l’unique lumière, Laisse mourir en bas tous les anciens flambeaux, Monte où la Source en feu brûle et jaillit entière. De rêve en rêve, va ! des meilleurs aux plus beaux. Pour gravir les degrés de l’Échelle infinie, Foule les dieux couchés dans leurs sacrés tombeaux. L’intelligible cesse, et voici l’agonie, Le mépris de soi-même, et l’ombre, et le remord, Et le renoncement furieux du génie. Lumière, où donc es-tu ? Peut-être dans la mort.
Text Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "In excelsis", written 1862, appears in Poèmes barbares
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Confirmed with Leconte de Lisle, Poèmes barbares, Librairie Alphonse Lemerre, 1900, pages 238-239.
3. Le Secret de la vie
Language: French (Français)
Le secret de la vie est dans les tombes closes : Ce qui n’est plus n’est tel que pour avoir été ; Et le néant final des êtres et des choses Est l’unique raison de leur réalité. Ô vieille Illusion, la première des causes ! Pourquoi nous éveiller de notre éternité, Si, toi-même n’étant que leurre et vanité, Le secret de la vie est dans les tombes closes. Hommes, bêtes et Dieux et monde illimité, Tout cela jaillit, meurt de tes métamorphoses. Dans les siècles, que tu fais naître et décomposes, Ce qui n’est plus n’est tel que pour avoir été. À travers tous les temps, splendides ou moroses, L’esprit, rapide éclair, en leur vol emporté, Conçoit fatalement sa propre inanité Et le néant final des êtres et des choses. Oui ! sans toi, qui n’es rien, rien n’aurait existé : Amour, crimes, vertus, les poisons ni les roses. Le rêve évanoui de tes œuvres écloses Est l’unique raison de leur réalité. Ne reste pas inerte au seuil des portes closes, Homme ! Sache mourir afin d’avoir été ; Et, hors du tourbillon mystérieux des choses, Cherche au fond de la tombe, en sa réalité, Le secret de la vie.
Text Authorship:
- by Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818 - 1894), "Le Secret de la vie", appears in Poèmes tragiques
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Confirmed with Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, Alphonse Lemerre, éditeur, s.d. (1886?), pages 152-153.