Les sonnets sacrés de John Donne

Oh, mon âme noire ! maintenant tu es convoquée par
La maladie, le héraut et le champion de la mort ;
Tu es comme un pèlerin, qui à l'étranger a commis
Une trahison, et n'ose pas retourner d'où il a fui.
Ou comme un voleur, qui jusqu'à ce que le jugement de mort soit lu,
Souhaite lui-même être délivré de la prison ;
Mais condamné et traîné vers l'exécution
Souhaite être encore emprisonné.
Pourtant la grâce, si tu repens, tu ne peux pas la manquer ;
Mais qui te donnera cette grâce pour commencer ?
Oh fais-toi toi-même noir avec de saintes lamentations
Et rouge de honte, comme tu es avec tes péchés ;
Ou lave-toi dans le sang du Christ qui a ce pouvoir
Qu'étant rouge il change les âmes rouges en blanc.

Frappe mon cœur, Dieu trinitaire ; car toi
respirer, briller, et chercher à corriger,
Que je puisse m'élever, et me tenir, vaincs-moi, et courbe
Ta force, pour et me faire neuf.
Moi, comme une ville usurpée, pour un autre dû,
Je travaille dur pour te laisser entrer, mais Oh, sans fin,
Raisonne ton vice-roi en moi, il devrait me défendre
Mais il est captif, et se montre faible ou infidèle.
Pourtant chèrement je t'aime, et je voudrais être aimé volontiers,
Mais je suis fiancé à ton ennemi :
Fais-moi divorcer, délie-moi, ou brise le nœud à nouveau,
Prends-moi avec toi, emprisonne-moi, car moi,
Sauf si tu m'ensorcèles, je ne serai jamais libre,
Ni même chaste, sauf si tu me ravis.

Oh, puissent ces soupirs et ces larmes retourner à nouveau
Dans mon cœur et les yeux, eux que j'ai dépensés,
Que je puisse dans ce saint mécontentement
Me désoler avec quelque fruit, puisque je me suis désolé en vain ;
Dans mon idolâtrie quelles averses de larmes
Mes yeux n'ont-ils pas versées ? Quels chagrins mon cœur n'a-t-il pas hébergés ?
Ces souffrances sont mon péché ; maintenant je me repens
Car j'ai souffert, je dois supporter la douleur.
L'ivrogne hydropique, et le voleur qui cherche dans la nuit,
Le débauché sans repos et le fier content de lui
Ont le souvenir de joies passées, pour le chagrin
Des maladies à venir. À moi, si pauvre, il ne m'est permis
Aucun soulagement ; car une longue et violente douleur a été
L'effet et la cause et la punition et le péché.

Oh, pour me contrarier, des contraires se rencontrent :
Dans la constance, anormalement a produit
Une habitude constante ; que quand je ne voudrais pas
Je change en serments, et en dévotions.
Aussi amusante est ma contrition
Que mon amour profane et aussi vite oubliée :
Aussi énigmatiquement de mauvaise humeur, froid et chaud,
Aussi en prières que muet : aussi infini que nul.
Je n'osais pas voir le ciel hier : et aujourd'hui
En prières, et en paroles flatteuses je courtise Dieu :
Demain je tremble avec une vraie peur de sa baguette.
Ainsi mes accès de piété vont et viennent,
Comme une fièvre vertigineuse : sauvez ce qui ici
Forment mes meilleurs jours, quand je tremble de peur.

Que faire si cette nuit était la dernière du monde ?
Marque dans mon cœur, ô mon âme, où tu demeures,
L'image du Christ cruxifié, et dis
Si ce visage peut te terrifier.
Les larmes dans ses yeux éteignent la lumière stupéfiante,
Ses sourcils sont pleins du sang qui coule de sa tête percée,
Et cette langue peut-elle t'envoyer en enfer,
Elle qui a prié pour le pardon de la méchanceté féroce de ses ennemis ?
Non, non ; mais comme dans mon idolâtrie
Je l'ai dit à toutes mes maîtresses profanes,
La beauté montre la compassion, la laideur est seulement
Un signe de cruauté : aussi je te dis,
Aux esprits malfaisants d'horribles formes sont attribuées,
Cette forme pleine de beauté assure un esprit compatissant.

Depuis que celle que j'ai aimée a payé sa dernière dette
À la Nature, et aux siens, et que mon trésor est mort,
Et son âme tôt ravie dans les cieux,
Mon esprit est fixé complètement sur des choses célestes,
Ici mon esprit, qui l'admire, doit s'exercer
À chercher Dieu ; ainsi les rivières montrent leur tête ;
Mais bien que je t'aie trouvé et que tu aies assouvi ma soif,
Une hydropisie sainte et assoiffée me fait fondre encore,
Mais pourquoi devrais-je solliciter plus d'amour, quand comme toi
Mon âme se désole pour les siens : offrant tout le tien :
Et ne pas craindre seulement par peur que je permette
Mon amour pour les saints et les anges, divins objets,
Mais dans ta tendre jalousie, doute
Moins du monde, ma chair, le diable te met dehors.

Aux coins imaginés de la terre ronde, soufflez
Dans vos trompettes, anges, et levez-vous, levez-vous
De la mort, infinités innombrables
D'âmes, et allez vers vos corps éparpillés,
Tous ceux que les flots ont vaincu et le feu vaincront
Tous ceux que la guerre, la disette, l'âge, les fièvres, les tyrannies,
Le désespoir, la loi, le sort, ont tué et vous dont les yeux
Verront Dieu et ne goûteront jamais le malheur de la mort.
Mais laisse-les dormir, Seigneur, et laiise-moi pleurer un moment
Car, si au-dessus de tous, mes péchés abondent,
C'est tard pour demander de ta grâce
Quand nous sommes là ; ici sur cette terre basse,
Apprends-moi comment me repentir ; car c'est aussi bien
Que si tu avais scellé mon pardon avec ton sang.

Tu m'as fait, et ton œuvre va tomber en ruines ?
Répare-moi maintenant, car maintenant ma fin se hâte,
Je cours vers la mort, et la mort vient vers moi aussi vite,
Et tous mes plaisirs sont comme hier ;
Je n'ose pas porter nulle part mes yeux faibles,
Le désespoir derrière, et la mort devant jettent
Une telle terreur, et ma chair faible se perd
En péché dans elle, qu'elle emporte vers l'enfer ;
Seulement toi es au-dessus et quand vers toi
Par ta permission je peux regarder, je monte à nouveau ;
Mais notre subtil vieil ennemi me tente,
De sorte que pas une heure je ne peux résister ;
Ta grâce peut voler vers moi pour empêcher son art,
Et toi tu peux rendre inébranlable mon cœur de fer.

Mort ne soit pas fière, bien que certains t'ai appelée
Puissante et épouvantable, car tu n'es pas ainsi,
Car ceux que tu penses que tu dois vaincre,
Ne meurent pas, pauvre mort, et tu ne peux pas me tuer.
Du repos et du sommeil, qui ne sont que des images de toi,
On a beaucoup de plaisir ; alors de toi, beaucoup plus doit couler,
Et dès que nos meilleurs hommes vont avec toi,
Arrivent le repos de leurs os, et la délivrance de l'âme.
Tu es l'esclave du destin, du sort, des rois et des hommes désespérés,
Et tu demeures avec le poison, la guerre et la maladie,
Et le pavot, ou les charmes peuvent aussi bien nous faire dormir
Et mieux que ton coup ; pourquoi te gonfles-tu d'orgueil alors ?
Un court sommeil passé, nous sommes éveillés éternellement,
Et la mort ne sera plus ; Mort, tu mourras.