Où estes-vous allez, mes belles amourettes ? Changerez-vous de lieu tous les jours ? À qui dirai-je mon tourment, Mon tourment et ma peine ? Rien ne repond à ma voix, Les arbres sont secrets, muets et sourds. Où estes-vous allez, mes belles amourettes ? Changerez-vous de lieu tous les jours ? Ah ! puisque le ciel veut ainsi Que mon mal je regrette, Je m'en iray dedans les bois Conter mes amoureux discours. Où estes-vous allez, mes belles amourettes ? Changerez-vous de lieu tous les jours ?
Six poèmes de la renaissance
Song Cycle by Robert Caby (1905 - 1992)
1. Romance  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by François I, King (1495 - 1547), "Chanson"
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Confirmed with Poésies du roi François Ier, de Louise de Savoie, duchesse d'Angoulême, de Marguerite, Reine de Navarre, et correspondance intime du roi avec Diane de Poitiers et plusieurs autres dames de la cour, ed. by M. Aimé Champollion-Figeac, Paris, Imprimerie Royale, 1847, page 101.
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2. Les regrets  [sung text not yet checked]
Après avoir longtemps erré sur le rivage Où l'on voit lamenter tant de chétifs de cour, Tu as atteint le bord où tout le monde court, Fuyant de pauvreté le pénible servage. Nous autres cependant, le long de cette plage, En vain tendons les mains vers le nautonnier sourd, Qui nous chasse bien loin ; car, pour le faire court, Nous n'avons un quatrain pour payer le naulage. Ainsi donc tu jouis du repos bienheureux, Et comme font là-bas ces doctes amoureux, Bien avant dans un bois te perds avec ta dame : Tu bois le long oubli de tes travaux passés, Sans plus penser en ceux que tu as délaissés, Criant dessus le port ou tirant à la rame.
Text Authorship:
- by Joachim du Bellay (1525 - c1560), no title, appears in Les regrets, no. 17
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Le bel aubépin  [sung text not yet checked]
Bel aubespin verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vestu jusq'au bas [Des longs]1 bras D'une lambrunche sauvage. Deux camps drillantz de fourmis Se sont mis En garnison soubz ta souche ; Et dans ton tronc mi-mangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien aymée, Pour ses amours aleger Vient loger Tous les ans [dans]2 ta ramée: [Sur ta cyme]3 il fait son ny Bien garny De laine et de fine soye, Où ses petitz [esclorront]4, Qui seront De mes mains la douce proye. Or vy, gentil aubespin, Vy sans fin, Vy sans que jamais tonnerre, Ou la coignée, ou les vens, Ou les tems Te [puissent]5 ruer par terre.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Ode", appears in Nouvelle continuation des Amours, first published 1556
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Note: in stanza 1, line 4, word 5 has the typo "bras" instead of "bas" in Janequin's score.
Modernized version used by Rivier and Leguerney:
Bel aubépin, verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vêtu jusqu'au bas [Des longs]1 bras D'une lambruche sauvage. Deux camps drillants de fourmis Se sont mis En garnison sous ta souche; Et dans ton tronc mimangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien-aimée, Pour ses amours alléger Vient loger Tous les ans [dans]2 ta ramée. Sur ta cime il fait son nid Bien garni De laine et de fine soie, Où ses petits écloront, Qui seront De mes mains la douce proie. Or vis, gentil aubépin, Vis sans fin, Vis sans que jamais tonnerre, Ou la cognée, ou les vents, Ou les temps Te puissent ruer par terre.1 Leguerney: "De tes"; Millot: "De long"
2 Hawley, Janequin, Leguerney, Millot: "en"
3 Hawley, Millot: "Dans laquelle"
4 Hawley, Millot: "s'eclorront"
5 Janequin: "puisse"
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4. La pierre aqueuse  [sung text not yet checked]
C'était une belle brune Filant au clair de la lune, Qui laissa choir son fuseau Sur le bord d'une fontaine, Mais courant après sa laine Plongea la tête dans l'eau, Et se noya la pauvrette Car à sa voix trop faiblette Nul son désastre sentit, Puis assez loin ses compagnes Parmi les vertes campagnes Gardaient leur troupeau petit. Ah ! trop cruelle aventure ! Ah ! mort trop fière et trop dure ! Et trop cruel le flambeau Sacré pour son hyménée, Qui l'attendant, l'a menée Au lieu du lit, au tombeau. Et vous, nymphes fontainières Trop ingrates et trop fières, Qui ne vîntes au secours De cette jeune bergère, Qui faisant la ménagère Noya le fil de ses jours. Mais en souvenance bonne De la bergère mignonne, Emus de pitié, les dieux En ces pierres blanchissantes De larmes toujours coulantes Changent l'émail de ses yeux. Non plus yeux, mais deux fontaines, Dont la source et dont les veines Sourdent du profond du coeur ; Non plus coeur, mais une roche Qui lamente le reproche D'Amour et de sa rigueur. Pierre toujours larmoyante, A petit flots ondoyante, Sûrs témoins de ses douleurs ; Comme le marbre en Sipyle Qui se fond et se distille Goutte à goutte en chaudes pleurs. Ô chose trop admirable, Chose vraiment non croyable, Voir rouler dessus les bords Une eau vive qui ruisselle, Et qui de course éternelle, Va baignant ce petit corps ! Et pour le cours de cette onde La pierre n'est moins féconde Ni moins grosse, et vieillissant Sa pesanteur ne s'altère : Ains toujours demeure entière Comme elle était en naissant. Mais est-ce que de nature Pour sa rare contexture Elle attire l'air voisin, Ou dans soi qu'elle recèle Cette humeur qu'elle amoncelle Pour en faire un magasin ? Elle est de rondeur parfaite, D'une couleur blanche et nette Agréable et belle à voir, Pleine d'humeur qui ballotte Au dedans, ainsi que flotte La glaire en l'oeuf au mouvoir. Va, pleureuse, et te souvienne Du sang de la plaie mienne Qui coule et coule sans fin, Et des plaintes épandues Que je pousse dans les nues Pour adoucir mon destin.
Text Authorship:
- by Rémy Belleau (1527/8 - 1577), "La pierre aqueuse"
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Note: this text shows modernized spelling.
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5. Couchés dessus l'herbage vert  [sung text not yet checked]
Couchés dessus l’herbage vert D’ombrages épais encourtinés Écoutons le ramage du rossignolet. Plantons le mai, plantons le mai En ce joli mois de mai. Dedans ce peinturé préau Les fleurs, levant le chef en haut, Se présentent à faire chapeaux et bouquets. Plantons le mai, plantons le mai En ce joli mois de mai. Les oisillons joints deux à deux Font leur couvée au nid commun ; Et du jeu de l’amour ne prenons les ébats. Plantons le mai, plantons le mai En ce joli mois de mai. La terre gaie épand le sein Au germe doux qui vient d’en haut, Du ciel amoureux qui sur elle se fond. Plantons le mai, plantons le mai En ce joli mois de mai.
Text Authorship:
- by Jean-Antoine de Baïf (1532 - 1589), title 1: "Les saisons et les fleurs", title 2: "Plantons le mai", written 1586
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Note: this text shows modernized spelling.
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