Loin des bords trop fleuris de Gnide et de Paphos, Effrayé d'un bonheur ennemi du repos, J'allais, nouveau pasteur, aux champs de Syracuse Invoquer dans mes vers la nymphe d'Aréthuse, Lorsque Vénus, du haut des célestes lambris, Sans armes, sans carquois, vint m'amener son fils. Tous deux ils souriaient : " Tiens, berger, me dit-elle, Je te laisse mon fils, sois son guide fidèle ; Des champêtres douceurs instruis ses jeunes ans ; Montre-lui la sagesse, elle habite les champs. " Elle fuit. Moi, crédule à cette voix perfide, J'appelle près de moi l'enfant doux et timide. Je lui dis nos plaisirs et la paix des hameaux ; Un dieu même au Pénée abreuvant des troupeaux ; Bacchus et les moissons ; quel dieu, sur le Ménale, Forma de neuf roseaux une flûte inégale. Mais lui, sans écouter mes rustiques leçons, M'apprenait à son tour d'amoureuses chansons : La douceur d'un baiser et l'empire des belles ; Tout l'Olympe soumis à des beautés mortelles ; Des flammes de Vénus Pluton même animé ; Et le plaisir divin d'aimer et d'être aimé. Que ses chants étaient doux ! je m'y laissai surprendre. Mon âme ne pouvait se lasser de l'entendre. Tous mes préceptes vains, bannis de mon esprit, Pour jamais firent place à tout ce qu'il m'apprit. Il connaît sa victoire, et sa bouche embaumée Verse un miel amoureux sur ma bouche pâmée. Il coula dans mon cœur ; et, de cet heureux jour, Et ma bouche et mon coeur n'ont respiré qu'amour.
Chants antiques
Song Cycle by Louis-Charles-Bonaventure-Alfred Bruneau (1857 - 1934)
1. Vénus et son fils  [sung text not yet checked]
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- by André Chénier (1762 - 1794), "L'amour et le berger", appears in Poésies, in Poésies antiques, in Idylles, no. 7, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1872
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. La jeune Locrienne  [sung text not yet checked]
" Fuis, ne me livre point. Pars avant son retour ; " Lève-toi ; pars, adieu ; qu'il n'entre, et que ta vue " Ne cause un grand malheur, et je serais perdue ! " Tiens, regarde, adieu, pars : ne vois-tu pas le jour ? " Nous aimions sa naïve et riante folie, Quand soudain, se levant, un sage d'Italie, Maigre, pâle, pensif, qui n'avait point parlé, Pieds nus, la barbe noire, un sectateur zélé Du muet de Samos qu'admire Métaponte, Dit : " Locriens perdus, n'avez-vous pas de honte ? Des moeurs saintes jadis furent votre trésor ; Vos vierges, aujourd'hui riches de pourpre et d'or, Ouvrent leur jeune bouche à des chants adultères. Hélas ! qu'avez-vous fait des maximes austères De ce berger sacré que Minerve autrefois Daignait former en songe à vous donner des lois ? " Disant ces mots, il sort... Elle était interdite ; Son oeil noir s'est mouillé d'une larme subite ; Nous l'avons consolée, et ses ris ingénus, Ses chansons, sa gaîté, sont bientôt revenus. Un jeune Thurien, aussi beau qu'elle est belle (Son nom m'est inconnu), sortit presque avec elle : Je crois qu'il la suivit et lui fit oublier Le grave Pythagore et son grave écolier.
Text Authorship:
- by André Chénier (1762 - 1794), "La jeune Locrienne", appears in Poésies, in Poésies antiques, in Élégies, no. 8, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1872
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. À Chromis  [sung text not yet checked]
["Mon visage est flétri des regards du soleil. Mon pied blanc sous la ronce est devenu vermeil. J'ai suivi tout le jour le fond de la vallée ; Des bêlements lointains partout m'ont appelée. J'ai couru ; tu fuyais sans doute loin de moi : C'était d'autres pasteurs. Où te chercher, ô toi Le plus beau des humains ? Dis-moi, fais-moi connaître Où sont donc tes troupeaux, où tu les mènes paître.]1 Ô jeune adolescent ! tu rougis devant moi. Vois mes traits sans couleur ; ils pâlissent pour toi : C'est ton front virginal, ta grâce, ta décence. Viens ; il est d'autres jeux que les jeux de l'enfance. Ô jeune adolescent, viens savoir que mon coeur N'a pu de ton visage oublier la douceur. Bel enfant, sur ton front la volupté réside ; Ton regard est celui d'une vierge timide. Ton sein blanc, que ta robe ose cacher au jour, Semble encore ignorer qu'on soupire d'amour ; Viens le savoir de moi ; viens, je veux te l'apprendre. Viens remettre en mes mains ton âme vierge et tendre, Afin que mes leçons, moins timides que toi, Te fassent soupirer et languir comme moi ; Et qu'enfin rassuré, cette joue enfantine Doive à mes seuls baisers cette rougeur divine. Oh ! je voudrais qu'ici tu vinsses un matin Reposer mollement ta tête sur mon sein ! Je te verrais dormir, retenant mon haleine, De peur de t'éveiller, ne respirant qu'à peine. Mon écharpe de lin que je ferais flotter, Loin de ton beau visage aurait soin d'écarter Les insectes volants et la jalouse abeille... " La nymphe l'aperçoit, et l'arrête, et soupire. Vers un banc de gazon, tremblante, elle l'attire ; Elle s'assied. Il vient, timide avec candeur, Ému d'un peu d'orgueil, de joie et de pudeur. Les deux mains de la nymphe errent à l'aventure. L'une, de son front blanc, va de sa chevelure Former les blonds anneaux. L'autre de son menton Caresse lentement le mol et doux coton. " Approche, bel enfant, approche, lui dit-elle, Toi si jeune et si beau, près de moi jeune et belle. Viens, ô mon bel ami, viens, assieds-toi sur moi. Dis, quel âge, mon fils, s'est écoulé pour toi ? Aux combats du gymnase as-tu quelque victoire ? Aujourd'hui, m'a-t-on dit, tes compagnons de gloire, Trop heureux ! te pressaient entre leurs bras glissants, Et l'olive a coulé sur tes membres luisants. Tu baisses tes yeux noirs ? Bienheureuse la mère Qui t'a formé si beau, qui t'a nourri pour plaire ! Sans doute elle est déesse. Eh quoi ! ton jeune sein Tremble et s'élève ? Enfant, tiens, porte ici ta main. Le mien plus arrondi s'élève davantage. Ce n'est pas (le sais-tu ? déjà dans le bocage Quelque voile de nymphe est-il tombé pour toi ?), Ce n'est pas cela seul qui diffère chez moi. Tu souris ? tu rougis ? Que ta joue est brillante ! Que ta bouche est vermeille et ta peau transparente ! N'es-tu pas Hyacinthe au blond Phoebus si cher ? Ou ce jeune Troyen ami de Jupiter ? Ou celui qui, naissant pour plus d'une immortelle, Entr'ouvrit de Myrrha l'écorce maternelle ? Enfant, qui que tu sois, oh ! tes yeux sont charmants, Bel enfant, baise-moi. Mon coeur de mille amants Rejeta mille fois la poursuite enflammée ; Mais toi seul, aime-moi, j'ai besoin d'être aimée. ................................................. La pierre de ma tombe à la race future Dira qu'un seul hymen délia ma ceinture. ................................................. « Laisse, ô blanche Lydé, toi par qui je soupire, Sur ton pâle berger tomber un doux sourire, Et de ton grand œil noir daignant chercher ses pas, Dis-lui : Pâle berger, viens, je ne te hais pas. -- Pâle berger aux yeux mourants, à la voix tendre, Cesse, à mes doux baisers[,] cesse enfin de prétendre. Non, berger, je ne puis ; je n'en ai point pour toi. Ils sont tous à Mœris, ils ne sont plus à moi.»
Text Authorship:
- by André Chénier (1762 - 1794), "Lydé", appears in Poésies, in Poésies antiques, in Idylles, no. 6, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1872
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4. Bacchus  [sung text not yet checked]
Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée, Ô Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée ; Viens, tel que tu parus aux déserts de Naxos, Quand ta voix rassurait la fille de Minos. Le superbe éléphant, en proie à ta victoire, Avait de ses débris formé ton char d'ivoire. De pampres, de raisins mollement enchaîné, Le tigre aux lares flancs de taches sillonné, Et le lynx étoilé, la panthère sauvage, Promenaient avec toi ta cour sur ce rivage. L'or reluisait partout aux axes de tes chars. Les Ménades couraient en longs cheveux épars Et chantaient Évius, Bacchus et Thyonée, Et Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée, Et tout ce que pour toi la Grèce eut de beaux noms. Et la voix des rochers répétait leurs chansons ; Et le rauque tambour, les sonores cymbales, Les hautbois tortueux, et les doubles crotales Qu'agitaient en dansant sur ton bruyant chemin Le faune, le satyre et le jeune sylvain, Au hasard attroupés autour du vieux Silène, Qui, sa coupe à la main, de la rive indienne, Toujours ivre, toujours débile, chancelant, Pas à pas cheminait sur son âne indolent.
Text Authorship:
- by André Chénier (1762 - 1794), "Bacchus", appears in Poésies, in Poésies antiques, in Études et fragments, no. 1, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1872
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Diane  [sung text not yet checked]
[ ... ]
II
Je verrai, descendu dans les bruyants vallons,
Diane et son cortège errer aux pieds des monts.
La dépouille des lynx est leur riche parure.
Leur sein jeune et brillant fuit hors de leur ceinture.
Les plis de leurs habits ne gênent point leurs pas
Et laissent découverts leurs genoux délicats.
Là s'arrêtent en foule auprès d'une fontaine
Anticlée et Procris, Aréthuse et Cyrène,
Vierges comme Diane et qui vont dans les bois
Sur les loups dévorants épuiser leurs carquois.
Je les verrai, Déesse, avec leurs doigts faciles,
Dételer de ton char tes cerfs aux flancs agiles,
Détacher le frein d'or trempé de leurs sueurs,
Caresser leur poitrine et les nourrir de fleurs.
Mais si le doux ruisseau roulant des ondes claires
Vous invite à quitter vos tuniques légères,
Déesse, je fuirai ; car ton chaste courroux
Est terrible et mortel. Je fuirai loin de vous,
De peur qu'à te venger ta meute toute prête
Ne voie un bois rameux s'élever sur ma tête.
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- by André Chénier (1762 - 1794), "Diane", appears in Bucoliques. Idylles et fragments d'idylles
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. L'amante retrouvée  [sung text not yet checked]
Qu'il est doux, au retour de la froide saison, Jusqu'au printemps nouveau regagnant la maison, De la voir devant vous accourir au passage, Ses cheveux en désordre épars sur son visage ! Son oreille de loin a reconnu vos pas : Elle vole, et s'écrie, et tombe dans vos bras ; Et sur vous appuyée et respirant à peine, A son foyer secret loin des yeux vous entraîne. Là, mille questions qui vous coupent la voix, Doux reproches, baisers, se pressent à la fois. La table entre vous deux à la hâte est servie L'oeil humide de joie, au banquet elle oublie Et les mets et la table, et se nourrit en paix Du plaisir de vous voir, de contempler vos traits. Sa bouche ne dit rien, mais ses yeux, mais son âme, Vous parlent ; et bientôt des caresses de flamme Vous mènent à ce lit qui se plaignait de vous. C'est là qu'elle s'informe avec un soin jaloux Si beaucoup de plaisirs, surtout si quelque belle Habitait la contrée où vous étiez loin d'elle.
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- by André Chénier (1762 - 1794), "Art d'aimer, fragment VIII", appears in Poésies, in Poèmes, in 4. Art d'aimer, in Fragments, no. 8, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1872
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. Petite fille  [sung text not yet checked]
Ah ! ce n'est point à moi qu'on s'occupe de plaire. Ma soeur plus tôt que moi dut le jour à ma mère. Si quelques beaux bergers apportent une fleur, Je sais qu'en me l'offrant ils regardent ma soeur ; S'ils vantent les attraits dont brille mon visage, Ils disent à ma soeur : " C'est ta vivante image. " Ah ! pourquoi n'ai-je encore vu que douze moissons ? Nul amant ne me flatte en ses douces chansons ; Nul ne dit qu'il mourra si je suis infidèle. Mais j'attends. L'âge vient. Je sais que je suis belle. Je sais qu'on ne voit point d'attraits plus désirés Qu'un visage arrondi, de longs cheveux dorés, Dans une bouche étroite un double rang d'ivoire, Et sur de beaux yeux bleus une paupière noire.
Text Authorship:
- by André Chénier (1762 - 1794), "Euphrosyne", appears in Poésies, in Poésies antiques, in Études et fragments, no. 7, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1872
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]8. La lampe  [sung text not yet checked]
Ô nuit ! j'avais juré d'aimer cette infidèle, Sa bouche me jurait une amour éternelle ; Et c'est toi qu'attestait notre commun serment. L'ingrate s'est livrée aux bras d'un autre amant, Lui promet de l'aimer, le lui dit, le lui jure, Et c'est encore toi qu'atteste la parjure ! Et toi lampe nocturne, astre cher à l'amour, Sur le marbre posée, ô toi ! qui, jusqu'au jour, De ta prison de verre éclairais nos tendresses, C'est toi qui fus témoin de ses douces promesses ; Mais, hélas! avec toi son amour incertain Allait se consumant, et s'éteignit enfin. Avec toi les sermens de cette bouche aimée S'envolèrent bientôt en légère fumée. Près de son lit, c'est moi qui fis veiller tes feux Pour garder mes amours, pour éclairer nos jeux ; Et tu ne t'éteins pas à l'aspect de son crime ! Et tu sers aux plaisirs d'un rival qui m'opprime ! Tu peux, fausse comme elle, et comme elle sans foi, Être encor pour autrui ce que tu fus pour moi Montrant à d'autres yeux, que tu guides sur elle, Combien elle est perfide et combien elle est belle ! - Poëte malheureux, de quoi m'accuses-tu ? Pour te la conserver j'ai fait ce que j'ai pu. - Mes yeux, dans ses forfaits même ont su la poursuivre, Tant que ses soins jaloux me permirent de vivre : Hier, elle semblait en efforts languissants Avoir peine à traîner ses pas et ses accens. Le jour venait de fuir, je commençais à luire ; Sa couche la reçut, et je l'ouïs te dire Que de son corps souffrant les débiles langueurs D'un sommeil long et chaste imploraient les douceurs. Tu l'embrasses, tu pars, tu la vois endormie. A peine tu sortais, que cette porte amie S'ouvre: un front jeune et blond se présente, et je vois Un amant aperçu pour la première fois. Elle alors d'une voix tremblante et favorable, Lui disait : « Non, partez; non, je suis trop coupable...» Elle parlait ainsi, mais lui tendait les bras. Le jeune homme près d'elle arrivait pas à pas. Alors je vis s'unir ces deux bouches perfides. Je vis de ses beaux flancs l'albâtre ardent et pur, Lis, ébène, corail, roses, veines d'azur ; Telle enfin qu'autrefois tu me l'avais montrée De sa nudité seule embellie et parée, Quand vos nuits s'envolaient, quand le mol oreiller La vit sous tes baisers dormiret s'éveiller ; Et quand tes cris joyeux vantaient ma complaisance, Et qu'elle, en souriant, maudissait ma présence. En vain, au dieu d'amour que je crus ton appui, Je demandai la voix qu'il me donne aujourd'hui. Je voulais reprocher tes pleurs à l'infidèle, Je l'aurais appelée ingrate, criminelle. Du moins pour réveiller dans leur profane sein Le remords, la terreur, je m'agitai soudain, Et je fis à grand bruit de la mèche brûlante Jaillir en mille éclairs la flamme pétillante. Elle pâlit, trembla, tourna sur moi les yeux, Et d'une voix mourante, elle dit: « Ah! grands dieux! » Faut-il, quand tes désirs font taire mes murmures, » Voir encor ce témoin qui compte mes parjures! » Elle s'élance ; et lui, la serrant dans ses bras, La retenait, disant: « Non, non, ne l'éteins pas. » Je cessai de brûler. Suis mon exemple, cesse. On aime un autre amant. Aime une autre maîtresse. Souffle sur ton amour, ami, si tu me croi, Ainsi que pour m'éteindre elle a soufflé sur moi.
Text Authorship:
- by André Chénier (1762 - 1794), "La lampe", appears in Poésies, in Poésies antiques, in Élégies, in Camille, no. 19, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1872
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]9. Pannychis enfant  [sung text not yet checked]
«Ma belle Pannychis, il faut bien que tu m'aimes ; Nous avons même toit, nos âges sont les mêmes. Vois comme je suis grand, vois comme je suis beau. Hier je me suis mis auprès de mon chevreau ; Par Pollux et Minerve ! il ne pouvait qu'à peine Faire arriver sa tête au niveau de la mienne. D'une coque de noix j'ai fait un abri sûr Pour un beau scarabée étincelant d'azur ; Il couche sur la laine, et je te le destine. Ce matin, j'ai trouvé parmi l'algue marine Une vaste coquille aux brillantes couleurs ; Nous l'emplirons de terre, il y viendra des fleurs. Je veux, pour te montrer une flotte nombreuse, Lancer sur notre étang des écorces d'yeuse. Le chien de la maison est si doux! chaque soir, Mollement sur son dos je veux te faire asseoir ; Et, marchant devant toi jusques à notre asile, Je guiderai les pas de ce coursier docile. »
Text Authorship:
- by André Chénier (1762 - 1794), "Pannychis", appears in Bucoliques. Idylles et fragments d'idylles
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]10. La muse  [sung text not yet checked]
Un jeune berger dira : Ma muse échevelée, amante des Naïades, Suit leurs pas sous l'abri des obscures Dryades ; Et, sa flûte à la main, va de ses doux concerts, De vallons en vallons, réjouissant les airs. Tout à coup les vallons, les airs, la grotte sombre, De joie, à ses concerts poussent des cris sans nombre, Car de ses doux accents, de ses vives chansons, Faunes, nymphes, pasteurs, ont reconnu les sons. Soudain, de toutes parts, volent à son passage Les nymphes au front blanc couronné de feuillage, Le Satyre au pied double, et Faunes et Sylvains, Et vierges et pasteurs, et tous frappant leurs mains ; « La voilà, » disent-ils ; en tumulte ils accourent ; Ils s'appellent l'un l'autre ; ils la fêtent, l'entourent ; Se plaignent qu'elle ait pu si longtemps les quitter. Elle rit ; on la suit pour l'entendre chanter.
Text Authorship:
- by André Chénier (1762 - 1794), no title, appears in Bucoliques. Idylles et fragments d'idylles
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