[Ah! si vous saviez comme on pleure]1 De vivre seul et sans foyers, Quelquefois devant ma demeure Vous passeriez. Si vous saviez ce que fait naître Dans l'âme triste un pur regard, Vous regarderiez ma fenêtre Comme au hazard. Si vous saviez quel baume apporte Au coeur la présence d'un cœur, Vous vous assoiriez sous ma porte Comme une sœur. Si vous saviez que je vous aime, Surtout si vous saviez comment, Vous entreriez peut-être même Tout simplement.
Vaines Tendresses, 6 poésies de Sully-Prudhomme
Song Cycle by (François-Clément) Théodore Dubois (1837 - 1924)
1. Prière  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Prière", written 1872, appears in Les vaines tendresses, no. 2, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1875
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
- HUN Hungarian (Magyar) (Dezső Kosztolányi) , "Könyörgés"
1 Gallon: "Si vous saviez comme l'on pleure"; further changes may exist not shown above.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. L'étoile au cœur  [sung text not yet checked]
Par les nuits sublimes d'été, Sous leur dôme d'or et d'opale, Je demande à l'immensité Où sourit la forme idéale. Plein d'une angoisse de banni, A travers la flore innombrable Des campagnes de l'infini, Je poursuis ce lis adorable... S'il brille au firmament profond, Ce n'est pas pour moi qu'il y brille : J'ai beau chercher, tout se confond Dans l'océan clair qui fourmille. Ma vue implore de trop bas Sa splendeur en chemin perdue, Et j'abaisse enfin mes yeux las, Découragés par l'étendue. Appauvri de l'espoir ôté, Je m'en reviens plus solitaire, Et cependant cette beauté Que je crois si loin de la terre, Un laboureur insoucieux, Chaque soir à son foyer même, Pour l'admirer, l'a sous les yeux Dans la paysanne qu'il aime. Heureux qui, sans vaine langueur, Voyant les étoiles renaître, Ferme sur elles sa fenêtre : La plus belle luit dans son cœur.
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "L'étoile au cœur", written 1872, appears in Les vaines tendresses, no. 18, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1875
Go to the general single-text view
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Au bord de l'eau  [sung text not yet checked]
S'asseoir tous deux au bord [d'un]1 flot qui passe, Le voir passer ; Tous deux, s'il glisse un nuage en l'espace, Le voir glisser ; À l'horizon, s'il fume un toit de chaume, Le voir fumer ; Aux alentours si quelque fleur embaume, S'en embaumer ; Si quelque fruit, où les abeilles goûtent, Tente, y goûter ; Si quelque oiseau, dans les bois qui l'écoutent, Chante, écouter... Entendre au pied du saule où l'eau murmure L'eau murmurer ; Ne pas sentir, tant que ce rêve dure, Le temps durer ; Mais n'apportant de passion profonde Qu'à s'adorer, Sans [nul]2 souci des querelles du monde, Les ignorer ; Et seuls, [heureux]3 devant tout ce qui [lasse]4, Sans se lasser, Sentir l'amour, devant tout ce qui passe, Ne point passer !
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Au bord de l'eau", written c1872, appears in Les vaines tendresses, no. 4, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , no title, copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Nele Gramß) , "Am Ufer", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Enrico Magnani) , copyright © 2009, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Mercedes Vivas) , "Al borde del agua", copyright © 2011, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (José Miguel Llata) , "Al borde del agua", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Elisa Rapado) , "Al borde del agua", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
1 Fauré: "du"
2 Viardot: "un"
3 Fauré, Sachs: "tous deux"
4 Viardot, Sachs: "passe"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
4. Enfantillage  [sung text not yet checked]
Madame, vous étiez petite, J'avais douze ans ; Vous oubliez vos courtisans Bien vite ! Je ne voyais que vous au jeu Parmi les autres ; Mes doigts frôlaient parfois les vôtres Un peu... Comme à la première visite Faite au rosier, Le papillon sans appuyer Palpite, Et de feuille en feuille, hésitant, S'approche, et n'ose Monter droit au miel que la rose Lui tend, Tremblant de ses premières fièvres, Mon coeur n'osait Voler droit, des doigts qu'il baisait, Aux lèvres. Je sentais en moi, tour à tour, Plaisir et peine, Un mélange d'aise et de gêne : L'amour. L'amour à douze ans ! Oui, madame, Et vous aussi, N'aviez-vous pas quelque souci De femme ? Vous faisiez beaucoup d'embarras, Très occupée De votre robe, une poupée Au bras. Si j'adorais, trop tôt poète, Vos petits pieds, Trop tôt belle, vous me courbiez La tête. Nous menâmes si bien, un soir, Le badinage, Que nous nous mîmes en ménage, Pour voir. Vous parliez de bijoux de noces, Moi du serment, Car nous étions différemment Précoces. On fit la dînette, on dansa ; Vous prétendîtes Qu'il n'est noces proprement dites Sans ça. Vous goûtiez la plaisanterie Tant que bientôt J'osai vous appeler tout haut : Chérie, Et je vous ai (car je rêvais) Baisé la joue ; Depuis ce soir-là je ne joue Jamais.
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Enfantillage", appears in Les vaines tendresses, no. 7, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1875
Go to the general single-text view
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Pèlerinages  [sung text not yet checked]
En souvenir je m'aventure Vers les jours passés où j'aimais, Pour visiter la sépulture Des rêves que mon cœur a faits. Cependant qu'on vieillit sans cesse, Les amours ont toujours vingt ans, Jeunes de la fixe jeunesse Des enfants qu'on pleure longtemps. Je soulève un peu les paupières De ces chers et douloureux morts ; Leurs yeux sont froids comme des pierres Avec des regards toujours forts. Leur grâce m'attire et m'oppresse ; En dépit des ans révolus Je leur ai gardé ma tendresse ; Ils ne me reconnaîtraient plus : J'ai changé d'âme et de visage ; Ils redoutent l'adieu moqueur Que font les hommes de mon âge Aux premiers rêves de leur cœur, Et moi, plein de pitié, j'hésite, J'ai peur qu'en se posant sur eux Mon baiser ne les ressuscite : Ils ont été trop malheureux.
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Pèlerinages", appears in Les vaines tendresses, no. 25, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
Go to the general single-text view
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Sur un album  [sung text not yet checked]
Elle était blanche, cette page, Mieux valait la laisser ainsi ; Du plus innocent griffonnage Son état vierge est obscurci. Il valait mieux n'y rien écrire, Elle était blanche, et je pouvais Y voir seul pleurer ou sourire Les vers amis que je rêvais ; Ces vers que vous dictiez vous-même Y miraient en paix leur fraîcheur, Et la page sous le poème Ne perdait rien de sa blancheur. C'est une étrange fantaisie D'avoir voulu sur ce papier Crucifier la poésie Comme une fleur sur un herbier : Elle n'est plus qu'une victime ; Il ne demeure sous vos yeux Plus rien de sa primeur intime, Tous les vers écrits sont si vieux ! Et vous voilà bien avancée ! Vous aurez eu pour tout régal, Au lieu d'un lis dans ma pensée, Dans votre album un madrigal.
Text Authorship:
- by René-François Sully-Prudhomme (1839 - 1907), "Sur un album ", appears in Les vaines tendresses, no. 26, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1875
Go to the general single-text view
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Andrew Schneider) , "Upon an album", copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission