Vous êtes un beau ciel d’automne, clair et rose ! Mais la tristesse en moi monte comme la mer, Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose Le souvenir cuisant de son limon amer. — Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ; Ce qu’elle cherche, amie, est un lieu saccagé Par la griffe et la dent féroce de la femme. — Ne cherchez plus mon cœur ; [des monstres]1 l’ont mangé. Mon cœur est un palais flétri par la cohue ; On s’y soûle, on s’y tue, on s’y prend aux cheveux. — Un parfum nage autour de votre gorge nue ! — Ô Beauté, dur fléau des âmes ! tu le veux ! Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes, Calcine ces lambeaux qu’ont épargnés les bêtes !
Six poésies de Ch. Baudelaire
by Maurice Rollinat (1846 - 1903)
1. Causerie  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Causerie", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 55, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Rozhovor"
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 121-122. Also confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, in Spleen et Idéal, pages 127-128. Also confirmed with Charles Baudelaire, Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, in Spleen et Idéal, page 171. Punctuation follows 1857 edition. Note: this was number 51 in the first edition of Les Fleurs du mal but number 55 or 56 in subsequent editions.
1 1861 and 1868 editions: "les bêtes"Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
2. Madrigal triste  [sung text not yet checked]
I Que m'importe que tu sois sage ? Sois belle ! [et]1 sois triste ! Les pleurs Ajoutent un charme au visage, Comme le fleuve au paysage ; L'orage rajeunit les fleurs. Je t'aime surtout quand la joie S'enfuit de ton front terrassé ; Quand ton cœur dans l'horreur se noie ; Quand sur ton présent se déploie Le nuage affreux du passé. Je t'aime quand ton grand œil verse Une eau chaude comme le sang ; Quand, malgré ma main qui te berce, Ton angoisse, trop lourde, perce Comme un râle d'agonisant. J'aspire, volupté divine ! Hymne profond, délicieux ! Tous les sanglots de ta poitrine, Et crois que ton cœur s'illumine Des perles que versent tes yeux ! II Je sais que ton cœur, qui regorge De vieux amours déracinés, Flamboie encor comme une forge, Et que tu couves sous ta gorge Un peu de l'orgueil des damnés ; Mais tant, ma chère, que tes rêves N'auront pas reflété l'Enfer, Et qu'en un cauchemar sans trèves, Songeant de poisons et de glaives, Éprise de poudre et de fer, N'ouvrant à chacun qu'avec crainte, Déchiffrant le malheur partout, Te convulsant quand l'heure tinte, Tu n'auras pas senti l'étreinte De l'irrésistible Dégoût, Tu ne pourras, esclave reine Qui ne m'aimes qu'avec effroi, Dans l'horreur de la nuit malsaine Me dire, l'âme de cris pleine : " Je suis ton égale, ô mon Roi ! "
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Madrigal triste", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 90, Paris(?), Alphonse Lemerre, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Smutný madrigal"
Confirmed with Le Parnasse contemporain : receuil de vers nouveaux, premier receuil, [Paris?]: Alphonse Lemerre, 1866, pages 67-69. Also confirmed with Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, page 220-221. Note: in this edition, in line 6-3, the word "trèves" is spelled "trêves" and has been corrected above.
First published by Alphonse Lemerre in Le Parnasse contemporain : receuil de vers nouveaux, premier receuil, 1866; also appears under Spleen et Idéal as number 90 in the 1868 edition of Les Fleurs du mal.
1 omitted by PiacentiniResearch team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
3. Chanson d'après‑midi  [sung text not yet checked]
Quoique tes sourcils méchants Te donnent un air étrange Qui n'est pas celui d'un ange, Sorcière aux yeux alléchants, Je t'adore, ô ma frivole, Ma terrible passion ! Avec la dévotion Du prêtre pour son idole. Le désert et la forêt Embaument tes tresses rudes, Ta tête a les attitudes De l'énigme et du secret. [ ... ] Tu me déchires, ma brune, Avec un rire moqueur, Et puis tu mets sur mon cœur Ton œil doux comme la lune. Sur ta chair le parfum rôde Comme autour d'un encensoir ; Tu charmes comme le soir, Nymphe ténébreuse et chaude. [ ... ]
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Chanson d'après-midi", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 58, Paris, L'Artiste, first published 1860
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Odpolední píseň", Prague, J. Otto, first published 1919
- ENG English (Jonathan Harvey) , "Afternoon song", copyright ©
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, in Spleen et Idéal, pages 134-136. Also confirmed with Charles Baudelaire, Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, in Spleen et Idéal, pages 176-177. Punctuation follows 1861 edition.
First published in L'Artiste on October 15, 1860. Also appears as number 58 in 1861 edition of Les Fleurs du mal and number 59 in subsequent editions of Les Fleurs du mal.
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
4. Idéal  [sung text not yet checked]
Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu, mon cœur, cœur autrefois flétri, A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère, Dont le regard divin t'a soudain refleuri ? — Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges : Rien ne vaut la douceur de son autorité ; Sa chair spirituelle a le parfum des Anges, Et son œil nous revêt d'un habit de clarté. Que ce soit dans la nuit et dans la solitude, Que ce soit dans la rue et dans la multitude, Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau. Parfois il parle et dit : « Je suis belle, et j'ordonne Que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le Beau. Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone. »
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), no title, written 1854, appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 42, first published 1855
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , no title
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "Sonnet XLIII", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 87-88. Note: this was number 37 in the first edition of Les Fleurs du mal but number 42 or 43 in subsequent editions.
First published in La Revue de Paris, January 15, 1855.
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
5. Le flambeau vivant  [sung text not yet checked]
Ils marchent devant moi, ces yeux pleins de lumières, Qu'un Ange très-savant a sans doute aimantés ; Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères, [Suspendant mon regard à]1 leurs feux diamantés. Me sauvant de tout piège et de tout péché grave, Ils conduisent mes pas dans la route du Beau ; Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ; Tout mon être obéit à ce vivant flambeau. Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique Qu'ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil Rougit, mais n'éteint pas leur flamme fantastique ; Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil ; Vous marchez en chantant le réveil de mon âme, Astres dont le soleil ne peut flétrir la flamme !
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Le flambeau vivant", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 43, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "The living torch", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "The Living Torch", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 89-90. Note: this was number 38 in the 1857 edition of Les Fleurs du mal but number 43 or 44 in subsequent editions.
1 L. Vierne: "Secouant dans mes yeux"Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Geoffrey Wieting , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
6. Tristesse de la lune  [sung text not yet checked]
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ; Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins, Qui d'une main distraite et légère caresse, Avant de s'endormir, le contour de ses seins, Sur le dos satiné des molles avalanches, Mourante, elle se livre aux longues [pâmoisons]1, Et promène ses yeux sur les visions blanches Qui montent dans l'azur comme des floraisons. Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive, Elle laisse filer une larme furtive, Un poète pieux, ennemi du sommeil, Dans le creux de sa main prend cette larme pâle, Aux reflets irisés comme un fragment d'opale, Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Tristesses de la lune", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 65, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Smutek luny"
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "Sadness of the Moon-Goddess", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 172-173. Note: this was number 75 in the 1857 edition of Les Fleurs du mal but number 65 or 67 in subsequent editions.
1 1857 edition uses the spelling variant "pamoisons"Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]