Une goutte de pluie frappe une feuille sèche, lentement, longuement, et c’est toujours la même goutte, et au même endroit, qui frappe et s’y entête… Une larme de toi frappe mon pauvre cœur, lentement, longuement, et la même douleur résonne, au même endroit, obstinée comme l’heure. La feuille aura raison de la goutte de pluie. Le cœur aura raison de ta larme qui vrille : car sous la feuille et sous le cœur, il y a le vide.
Cinq Poèmes de Francis Jammes
by Henri Collet (1885 - 1951)
1. Une goutte de pluie  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Francis Jammes (1868 - 1938), no title, appears in Clairières dans le ciel, in Poésies diverses, no. 3
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- ENG English (Grant Hicks) , "A Drop of Rain", copyright © 2025, (re)printed on this website with kind permission
2. Ne me console pas  [sung text not yet checked]
Ne me console pas. Cela est inutile. Si mes rêves qui étaient ma seule fortune quittent mon seuil obscur où s'accroupit la brume : je saurai me résoudre et saurai ne rien dire. Un jour, tout simplement (ne me console pas !) devant ma porte ensoleillée je m'étendrai. On dira aux enfants qu'il faut parler plus bas. Et, délaissé de ma tristesse, je mourrai.
Text Authorship:
- by Francis Jammes (1868 - 1938), "Ne me console pas", written 1906?, appears in Clairières dans le ciel, in Poésies diverses, no. 5
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- ENG English (Grant Hicks) , "Do not console me", copyright © 2025, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Francis Jammes, Clairières dans le Ciel 1902-1906, Paris: Mercure de France, 1908, Page 112.
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3. Ce sont de grandes lignes paisibles  [sung text not yet checked]
Ce sont de grandes lignes paisibles qui se confondent tantôt avec le ciel, tantôt avec la terre. Elles n’apportent plus à mon cœur solitaire cette paix d’autrefois que je croyais profonde. Ainsi va s’en aller le charme des vallées ; Ainsi va s’en aller le charme de mon cœur. Qu’aurai-je regretté ? Peut-être la douleur, peut-être la douleur qui s’en est en allée. Les coups d’un bûcheron sont sourds dans le coteau. L’aulne mâle fleurit. Le printemps va venir. Mais, cette fois, mon Dieu, ni rêve ni soupir ne passent dans le vent sur cette flaque d’eau.
Text Authorship:
- by Francis Jammes (1868 - 1938), "Ce sont de grandes lignes paisibles", appears in Clairières dans le ciel, in Poésies diverses, no. 13
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Confirmed with Francis Jammes, Pomme d'Anis, Société du Mercure de France, 1904, Pages 151-152.
Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]
4. Quand mon cœur sera mort d’aimer  [sung text not yet checked]
[ ... ]
II
Quand mon cœur sera mort d’aimer, enviez-le.
Il passa comme un saut de truite au torrent bleu.
Il passa comme le filement d’une étoile.
Il passa comme le parfum du chèvrefeuille.
Quand mon cœur sera mort n’allez pas le chercher...
Je vous en prie : laissez-le bien dormir tranquille
sous l’yeuse où, au matin, le rouge-gorge crie
des cantiques sans fin à la Vierge Marie.
Text Authorship:
- by Francis Jammes (1868 - 1938), title 1: "Élégie dixième", title 2: "Élégie dixième", written 1898-1900, appears in Le Deuil des Primevères, in Élégies, no. 10
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Lorsque l'on jouera de l'orgue pour nous seuls, dans l'église  [sung text not yet checked]
Subtitle: Élégie
Lorsque l'on jouera de l'orgue pour nous seuls dans l'église, elle aura des gouttes d'azur sous les cils, des larmes de bienheureuse. Mais où est celle qui est assez pure pour mon âme qui est une cloche d'église paysanne enfouie sous des aristoloches ? Fiancée, où es-tu ? Ah ! Si l'âme de mes roses blanches de juin souffle à tes lèvres de rose-Bengale : lave ton corps, ô trembleuse, mets tes sandales et viens. Quitte le monde amer et viens dans la cellule de mes recueillements, d'où l'on entend courir l'eau vive sous les menthes que le soleil blanc consume. Pour toi, j'ai préparé la fraîcheur verte de mes rêves où dorment des brebis. Pour toi, j'ai un collier de cailloux blancs des grèves lavés à l'eau des puits. Si tu arrives lasse, je m'agenouillerai et délierai tes sandales. Tu n'auras qu'à laisser tomber sur mon épaule ta tête, et je te porterai. La maison blanche emplie d'une rumeur dorée célébrera ta venue. Ta sieste rêvera de la fraîcheur des cruches, sur mon lit où je t'étendrai. Et, pleurant d'amour, j'irai dans le blanc solstice, suivi de mes chiens harassés, sonner la cloche en fleurs des plus pauvres églises pour annoncer la Fiancée.
Text Authorship:
- by Francis Jammes (1868 - 1938), "Élégie treizième", written 1899, appears in Le Deuil des Primevères, in Élégies, no. 13
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Confirmed with Œuvres de Francis Jammes, Paris: Mercure de France, 1921, Pages 101-103.
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