Qui vais-je aimer ? La vie est brève. Le Dieu d'amour est en chemin Et traîne un rêve après un rêve. Le Dieu d'amour vient par la grève, Coiffé de myrte et de jasmin. Qui vais-je aimer ? La vie est brève. Il marche sans terme et sans trêve, Menant des femmes par la main, Et traîne un rêve après un rêve. Elles suivent, les filles d'Ève, En criant vers l'espoir humain : -- « Qui vais-je aimer ? La vie est brève ! » Je cherche celle qui se lève Pour bercer mon cœur de demain, Et traîne un rêve après un rêve : Qui vais-je aimer ? La vie est brève...
Solitudes, 15 poèmes de E. Haraucourt
1. Villanelle des Temps Prochains  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Villanelle des temps prochains", written 1891, appears in Seul, in 1. L'attente, no. 21, appears in Seul, in 3. La possession, no. 45, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, pages 38-39 and again on pages 289-290.
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2. La Sirène  [sung text not yet checked]
L'Espérance est une sirène Qui chante au milieu des rochers : L'île d'amour que vous cherchez A la douleur pour souveraine. C'est la douleur qui vous entraîne Plus que la soif des beaux péchés : L'Espérance est une sirène Qui chante au milieu des rochers. Et le flot défend qu'on reprenne Le blanc cadavre des nochers Qui sont morts pour s'être penchés Vers les musiques qu'elle égrène : L'Espérance est une sirène.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "La Sirène", written 1891, appears in Seul, in 1. L'attente, no. 18, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, page 32.
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3. Il faudra souffrir de l'avoir choisie  [sung text not yet checked]
Il faudra souffrir de l'avoir choisie, La vierge au beau rire, au rire attristant, La dame d'orgueil et de fantaisie Qui m'ignore tant. Mais l'amour d'aimer suffit à ma joie, Et dût ce bonheur n'avoir qu'un instant, Pourvu qu'elle parle et que je la voie, Mon rêve est content. Comme un prisonnier qui baise ses chaînes, Mon cœur se complaît aux maux qu'il attend, Et presque joyeux des douleurs prochaines, Les berce en chantant.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Romance", appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 2, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul. C'est ici le roman d'un rêve, Paris, Bibliotheèque-Charpentier, 1891, page 49.
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4. En l'âge de raison  [sung text not yet checked]
En l'âge de raison, traverser la folie D'un bel amour presque enfantin, Et revenir au temps lointain De la jeune mélancolie ! Je te dois cette ivresse, ô toi qui n'en sais rien : Car ta jeunesse a fait la mienne, Mais je mourrai sans qu'il advienne Que mon bonheur fasse le tien.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Romance", written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 29, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, 1891, page 105.
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5. Le Trésor  [sung text not yet checked]
Tu peux vieillir, et le cours De tes jours Peut descendre comme un fleuve : Demain tu retrouveras Dans mes bras Ta jeunesse toujours neuve. Je cueille ta voix avant Que le vent Ne la prenne, et je l'emporte Pour te rapporter ta voix D'autrefois Quand la chanson sera morte. Du rire capricieux Qu'ont tes yeux Ma douleur s'est assouvie, Mais je te rendrai plus tard Le regard Dont tu regardais la vie. Tout mon culte a reflété Ta beauté Qu'il garde pour vivre en elle, Et tu n'auras pour la voir Au miroir Qu'à chercher dans ma prunelle.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Le Trésor", written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 26, Éd. Bibliothèque Charpentier, Paris, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, pages 98-99.
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6. Le Puits
Tes yeux ont la couleur de la nuit et du deuil . . . . . . . . . .— The rest of this text is not
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Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Le Puits", written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 42, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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7. Je ne souffre jamais si bien qu'auprès de vous  [sung text not yet checked]
Je ne souffre jamais si bien qu'auprès de vous ; Vous êtes un bourreau savant, charmeur et doux. Mais l'avenir est long et notre âme est chétive : Ne m'attristez pas trop s'il vous plaît que j'en vive, Et gardons quelque angoisse aux jours non révolus. A force de pleurer je sens que l'heure arrive Où je voudrai souffrir et n'y parviendrai plus.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), no title, written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 35, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, page 114.
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8. La Peur de mourir  [sung text not yet checked]
Je redoute la mort depuis que je t'ai vue. Mon amour n'est pourtant qu'un jardin de douleurs : L'ombre des deuils futurs pèse à la terre nue, Un vent de solitude a desséché les fleurs. Les roses du baiser ni les pampres du rire Ne daigneront jamais embaumer le jardin Où ton indifférence a voulu me proscrire ; Mais j'ai peur de la mort plus que de ton dédain. Dédaigne, et s'il te plaît de m'ignorer, ignore ; Alarme-moi, si ton plaisir est d'alarmer : Malgré tout, malgré toi, toujours, quand même, encore, J'adorerai la vie à force de t'aimer ! Car mon pouvoir commence où ton pouvoir s'achève : Quand j'ai pleuré, la nuit descend à mon secours, Et ma souffrance est vaine à côté de mon rêve, Et j'ai toutes les nuits pour compenser les jours. La vie âpre, la vie est mon humble servante, Puisque mes soirs d'angoisse ont des sommeils joyeux : Et si je crains la mort, c'est que je m'épouvante De dormir sans baiser le rêve de tes yeux.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "La Peur de mourir", written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 22, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, pages 90-91.
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9. Si je ne t'aimais pas  [sung text not yet checked]
Si je ne t'aimais pas, la mer serait moins belle, Chère absente, et mon cœur, ivre d'immensité, N'entendrait pas la voix des astres qui m'appelle Si tu n'étais à mon côté. Si je ne l'aimais pas, la nuit serait moins blonde, Chère absente, et c'est toi qui lui fais sa clarté, Mais je ne verrais rien de la nuit ni du monde Si tu marchais à mon côté.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Romance", written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 54, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, page 145.
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10. C'est en moi que tu vis  [sung text not yet checked]
C'est en moi que tu vis ; c'est par moi que tu nais : Je t'ai créée en moi des forces de mon âme, Tu ne t'épanouis que si mon cœur se pâme Et tu m'appartiens plus que si tu te donnais. Je n'ai qu'à dire « Viens », pour que tu m'apparaisses ; Ton spectre obéissant me suit par les chemins, Et quand ma solitude a faim de tes caresses, Je n'ai qu'à t'appeler en tendant les deux mains. Tu vis deux fois : tu vis en moi mieux qu'en toi-même, Et plus haut, et plus loin des fanges, et plus haut, Rêvant lorsque c'est l'heure ou riant lorsqu'il faut, Et le meilleur de toi c'est encor que je t'aime. Tu marches sur mes pas quand j'ai l'air d'être seul, Belle sans vanités et tendre sans mensonges : Si je mourais, c'est nous qu'on mettrait au linceul, Et toute ta splendeur mourrait avec mes songes.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "C'est en moi que tu vis", written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 24, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, pages 94-95.
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11. Sagesse  [sung text not yet checked]
Que m'importe ta fantaisie Qui me voit ou ne me voit pas, Si tu fais fleurir sous tes pas Tout un printemps de poésie ? Belle-de-nuit, belle-de-jour, Que m'importe ta quiétude ? J'ai pris le meilleur de l'amour, La tristesse et la solitude. Et le mal dont je vais guérir Me vaut mieux qu'un baiser de femme, Puisque j'ai rajeuni mon âme Dans la volupté de souffrir.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Sagesse", written 1891, appears in Seul, in 2. L'adoration, no. 38, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, page 119.
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12. Rondel de l'adieu  [sung text not yet checked]
Partir, c'est mourir un peu, C'est mourir à ce qu'on aime : On laisse un peu de soi-même En toute heure et dans tout lieu. C'est toujours le deuil d'un vœu, Le dernier vers d'un poème ; Partir, c'est mourir un peu, C'est mourir à ce qu'on aime. Et l'on part, et c'est un jeu, Et jusqu'à l'adieu suprême C'est son âme que l'on sème, Que l'on sème en chaque adieu : Partir, c'est mourir un peu.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), title 1: "Chanson de l'adieu", title 2: "Rondel de l'adieu", appears in Seul, in 1. L'attente, no. 4, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Edmund Hodges) , "Song of Farewell", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Thomas Ang) , "Song of Farewell", copyright © 2009, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Abschiedslied", copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Danilo Serrano) , "Canción del adiós", copyright © 2011, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Bibliothèque-Charpentier, 1891, page 12.
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13. Hélas ! ton âme est bonne  [sung text not yet checked]
Hélas, ton âme est bonne, hélas, ta chair est belle, Mais j'ai pitié de nous quand ton baiser m'appelle, De moi qui te voulus et de toi qui m'élus ; Notre bonheur est triste et rien ne lui pardonne : Hélas, ta chair est belle, hélas, ton âme est bonne, Tu t'es donnée à moi quand je ne t'aimais plus.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), no title, written 1891, appears in Seul, in 3. La possession, no. 16, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, page 240.
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14. La porte du songe est fermée  [sung text not yet checked]
La porte du songe est fermée, Les paradis sont dévastés : Celle qui fut la bien-aimée Ne marche plus à mes côtés. L'ange ne vient plus quand j'appelle : La madone a tué la foi, Et j'ai besoin d'être auprès d'elle Pour la sentir auprès de moi. L'amante a tué la déesse Qui rayonnait sur un ciel d'or, Et j'ai besoin de sa caresse Pour savoir que je l'aime encor.
Authorship:
- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), no title, written 1891, appears in Seul, in 3. La possession, no. 29, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Confirmed with Edmond Haraucourt, Seul, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891, page 262.
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15. Villanelle des Temps Prochains  [sung text not yet checked]
Qui vais-je aimer ? La vie est brève. Le Dieu d'amour est en chemin Et traîne un rêve après un rêve. Le Dieu d'amour vient par la grève, Coiffé de myrte et de jasmin. Qui vais-je aimer ? La vie est brève. Il marche sans terme et sans trêve, Menant des femmes par la main, Et traîne un rêve après un rêve. Elles suivent, les filles d'Ève, En criant vers l'espoir humain : -- « Qui vais-je aimer ? La vie est brève ! » Je cherche celle qui se lève Pour bercer mon cœur de demain, Et traîne un rêve après un rêve : Qui vais-je aimer ? La vie est brève...
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- by Edmond Haraucourt (1856 - 1941), "Villanelle des temps prochains", written 1891, appears in Seul, in 1. L'attente, no. 21, appears in Seul, in 3. La possession, no. 45, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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