[Dictes-moy où, n’en]1 quel pays, Est Flora, la belle Rommaine ; Archipiades, ne Thaïs, Qui fut sa cousine germaine ; Echo, parlant quant bruyt on maine Dessus rivière ou sus estan, Qui beauté ot trop plus qu’humaine. Mais où sont les neiges d’antan ! Où est la très sage Helloïs, Pour qui fut chastié et puis moyne Pierre Esbaillart à Saint-Denis ? Pour son amour ot cest essoyne. Semblablement où est la royne Qui commanda que Buridan Fust geté en ung sac en Saine ? Mais où sont les neiges d’antan ! La royne Blanche comme lis, Qui chantoit à voix de seraine, Berte au grant pié, Biétris, Allis ; Haremburgis qui tint le Maine, Et Jehanne, la bonne Lorraine, Qu’Englois brulèrent à Rouan ; Où sont-ilz, Vierge souveraine ? Mais où sont les neiges d’antan ! Envoi Prince, n’enquérez de sepmaine Où elles sont, ne de cest an, Que ce reffrain ne vous remaine : Mais où sont les neiges d’antan !
François Solaire
Song Cycle by Terje Bjørn Lerstad (b. 1955)
1. Ballade des dames du temps jadis  [sung text not yet checked]
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- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade des dames du temps jadis", appears in Le Testament
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View original text (without footnotes)1 Hignard: "Où donc dites, en"; further changes may exist not shown above.
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2. Ballade des seigneurs du temps jadis  [sung text not yet checked]
Qui plus, où est li tiers Calixte, Dernier décédé de ce nom, Qui quatre ans tint le papaliste, Alphonse le roi d'Aragon, Le gracieux duc de Bourbon, Et Artus le duc de Bretagne, Et Charles septième le bon ? Mais où est le preux Charlemagne ? Semblablement, le roi scotiste Qui demi face ot, ce dit-on, Vermeille comme une émastiste Depuis le front jusqu'au menton, Le roi de Chypre de renom, Hélas ! et le bon roi d'Espagne Duquel je ne sais pas le nom ? Mais où est le preux Charlemagne ? D'en plus parler je me désiste ; Ce n'est que toute abusion. Il n'est qui contre mort résiste Ne qui treuve provision. Encor fais une question : Lancelot le roi de Behaygne, Où est-il ? où est son tayon ? Mais où est le preux Charlemagne ? Où est Claquin, le bon Breton ? Où le comte Dauphin d'Auvergne, Et le bon feu duc d'Alençon ? Mais où est le preux Charlemagne ?
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade des Seigneurs du temps jadis"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Ballade en vieil langage françoys  [sung text not yet checked]
Car, ou soit ly sains appostolles D'aubes vestuz, d'amys coeffez, Qui ne seint fors saintes estolles Dont par le col prent ly mauffez De mal talant tous eschauffez, Aussi bien meurt que filz servans, De ceste vie cy brassez : Autant en emporte ly vens. Voire, ou soit de Constantinobles L'emperieres au poing dorez, Ou de France le roy tres nobles, Sur tous autres roys decorez, Qui pour luy grant Dieux adorez Batist esglises et couvens, S'en son temps il fut honnorez, Autant en emporte ly vens. Ou soit de Vienne et Grenobles Ly Dauphin, le preux, ly senez, Ou de Digons, Salins et Dolles Ly sires filz le plus esnez, Ou autant de leurs gens prenez, Heraux, trompectes, poursuivans, Ont ilz bien boutez soubz le nez ? Autant en emporte ly vens. Prince a mort sont tous destinez, Et tous autres qui sont vivans : S'ils en sont courciez n'atinez, Autant en emporte ly vens.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade en vieil langage françois"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Ballade de bonne doctrine  [sung text not yet checked]
" Car ou soies porteur de bulles, Pipeur ou hasardeur de dés, Tailleur de faux coins et te brûles Comme ceux qui sont échaudés, Traîtres parjurs, de foi vidés ; Soies larron, ravis ou pilles : Où s'en va l'acquêt, que cuidez ? Tout aux tavernes et aux filles. " Rime, raille, cymbale, luthes, Comme fol feintif, éhontés ; Farce, brouille, joue des flûtes ; Fais, ès villes et ès cités, Farces, jeux et moralités, Gagne au berlan, au glic, aux quilles Aussi bien va, or écoutez ! Tout aux tavernes et aux filles. " De tels ordures te recules, Laboure, fauche champs et prés, Sers et panse chevaux et mules, S'aucunement tu n'es lettrés ; Assez auras, se prends en grés. Mais, se chanvre broyes ou tilles, Ne tends ton labour qu'as ouvrés Tout aux tavernes et aux filles ? " Chausses, pourpoints aiguilletés, Robes, et toutes vos drapilles, Ains que vous fassiez pis, portez Tout aux tavernes et aux filles.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Ballade des menus propos  [sung text not yet checked]
Je connois bien mouches en lait, Je connois à la robe l'homme, Je connois le beau temps du laid, Je connois au pommier la pomme, Je connois l'arbre à voir la gomme, Je connois quand tout est de mêmes, Je connois qui besogne ou chomme, Je connois tout, fors que moi-mêmes. Je connois pourpoint au collet, Je connois le moine à la gonne, Je connois le maître au valet, Je connois au voile la nonne, Je connois quand pipeur jargonne, Je connois fous nourris de crèmes, Je connois le vin à la tonne, Je connois tout, fors que moi-mêmes. Je connois cheval et mulet, Je connois leur charge et leur somme, Je connois Biatris et Belet, Je connois jet qui nombre et somme, Je connois vision et somme, Je connois la faute des Boemes, Je connois le pouvoir de Rome, Je connois tout, fors que moi-mêmes. Prince, je connois tout en somme, Je connois coulourés et blêmes, Je connois mort qui tout consomme, Je connois tout, fors que moi-mêmes.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade des menus propos"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Ballade des contre‑vérités  [sung text not yet checked]
Il n'est soin que quand on a faim Ne service que d'ennemi, Ne mâcher qu'un botel de fain, Ne fort guet que d'homme endormi, Ne clémence que félonie, N'assurance que de peureux, Ne foi que d'homme qui renie, Ne bien conseillé qu'amoureux. Il n'est engendrement qu'en boin Ne bon bruit que d'homme banni, Ne ris qu'après un coup de poing, Ne lotz que dettes mettre en ni, Ne vraie amour qu'en flatterie, N'encontre que de malheureux, Ne vrai rapport que menterie, Ne bien conseillé qu'amoureux. Ne tel repos que vivre en soin, N'honneur porter que dire : " Fi ! ", Ne soi vanter que de faux coin, Ne santé que d'homme bouffi, Ne haut vouloir que couardie, Ne conseil que de furieux, Ne douceur qu'en femme étourdie, Ne bien conseillé qu'amoureux. Voulez-vous que verté vous dire ? Il n'est jouer qu'en maladie, Lettre vraie qu'en tragédie, Lâche homme que chevalereux, Orrible son que mélodie, Ne bien conseillé qu'amoureux.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade des contre-vérités"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. Ballade de la Belle Hëailmière aus filles des joie  [sung text not yet checked]
"Or y pensez, belle Gautière Qui écolière souliez être, Et vous, Blanche la Savetière, Or est-il temps de vous connaître : Prenez à dêtre ou à senêtre ; N'épargnez homme, je vous prie ; Car vieilles n'ont ne cours ne être, Ne que monnoie qu'on décrie. "Et vous, la gente Saucissière Qui de danser êtes adêtre, Guillemette la Tapissière, Ne méprenez vers votre maître : Tôt vous faudra clore fenêtre, Quand deviendrez vieille, flétrie : Plus ne servirez qu'un vieil prêtre, Ne que monnoie qu'on décrie. Jeanneton la Chaperonnière, Gardez qu'ami ne vous empêtre ; Et Catherine la Boursière, N'envoyez pas les hommes paître ; Car qui belle n'est, ne perpètre Leur male grâce, mais leur rie, Laide vieillesse amour n'empètre Ne que monnoie qu'on décrie. Filles, veuillez vous entremettre D'écouter pourquoi pleure et crie : Pour ce que je ne me puis mettre Ne que monnoie qu'on décrie. "
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade de la belle Heaumière aux filles de joie"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]8. Ballade à s'amye  [sung text not yet checked]
Faulse beauté, qui tant me couste cher, Rude en effect, hypocrite doulceur, Amour dure, plus que fer, à mascher; Nommer que puis de ma deffaçon seur. Charme felon, la mort d'ung povre cueur, Orgueil mussé, qui gens met au mourir, Yeulx sans pitié! ne veult Droict de Rigueur Sans empirer, ung povre secourir? Mieulx m'eust valu avoir esté crier Ailleurs secours, c'eust esté mon bonheur: Rien ne m'eust sceu de ce fait arracher; Trotter m'en fault en fuyte à deshonneur. Haro, haro, le grand et le mineur! Et qu'est cecy? mourray sans coup ferir, Ou pitié peult, selon ceste teneur, Sans empirer, ung povre secourir. Ung temps viendra, qui fera desseicher, Jaulnir, flestrir, vostre espanie fleur: J'en risse lors, se tant peusse marcher, Mais las! nenny: ce seroit donc foleur, Vieil je seray; vous, laide et sans couleur. Or, beuvez, fort, tant que ru peult courir. Ne donnez pas à tous ceste douleur Sans empirer, ung povre secourir. Envoi Prince amoureux, des amans le greigneur, Vostre mal gré ne vouldroye encourir; Mais tout franc cueur doit, par Nostre Seigneur, Sans empirer, ung povre secourir.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade à s'amie", appears in Le Testament
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- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
Note for stanza 1, line 4: "deffaçon" is a word in Old French, similar to the modern "qualités défectueuses" or défectuosité
Modernized spelling provided by Laura Prichard:
Fausse beauté, qui tant me coûte cher, Rude en effet, hypocrite douceur, Amour dure plus que fer à mâcher, Nommer te puis, de ma défaçon sur. Charme félon, la mort d'un pauvre cœur, Orgueil mussé qui gens met au mourir, Yeux sans pitié, ne veux Droit de Rigueur, Sans empirer, un pauvre secourir? Mieux m'eût valu avoir été crier Ailleurs secours: c'eût été mon bonheur; Rien ne m'eût su de ce fait arracher. Trotter m'en faut en fuite à déshonneur. Haro, haro, le grand et le mineur! Et qu’est-ce? Mourrai sans coup férir? Ou pitié peut, selon cette teneur, Sans empirer, un pauvre secourir? Un temps viendra qui fera dessécher, Jaunir, flétrir, votre épanie fleur; J'en risse lors, se tant peusse marcher, Mais las! nenny; Ce serait donc foleur, Vieil je serai; vous, laide, et sans couleur; Or buvez fort, tant que ru peut courir; Ne donnez pas à tous cette douleur, Sans empirer, un pauvre secourir. Prince amoureux, des amants le greigneur, Votre mal gré ne voudrais encourir, Mais tout franc cœur doit, par Notre Seigneur, Sans empirer, un pauvre secourir.
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9. Ballade de la grosse Margot  [sung text not yet checked]
Se j'aime et sers la belle de bon hait. M'en devez-vous tenir ne vil ne sot ? Elle a en soi des biens à fin souhait. Pour son amour ceins bouclier et passot ; Quand viennent gens, je cours et happe un pot, Au vin m'en vois, sans démener grand bruit ; Je leur tends eau, fromage, pain et fruit. S'ils payent bien, je leur dis que " bien stat ; Retournez ci, quand vous serez en ruit, En ce bordeau où tenons notre état. " Mais adoncques il y a grand déhait Quand sans argent s'en vient coucher Margot ; Voir ne la puis, mon coeur à mort la hait. Sa robe prends, demi-ceint et surcot, Si lui jure qu'il tendra pour l'écot. Par les côtés se prend cet Antéchrist, Crie et jure par la mort Jésus-Christ Que non fera. Lors empoigne un éclat ; Dessus son nez lui en fais un écrit, En ce bordeau où tenons notre état. Puis paix se fait et me fait un gros pet, Plus enflé qu'un velimeux escarbot. Riant, m'assied son poing sur mon sommet, " Go ! go ! " me dit, et me fiert le jambot. Tous deux ivres, dormons comme un sabot. Et au réveil, quand le ventre lui bruit, Monte sur moi que ne gâte son fruit. Sous elle geins, plus qu'un ais me fais plat, De paillarder tout elle me détruit, En ce bordeau où tenons notre état. Vente, grêle, gèle, j'ai mon pain cuit. Ie suis paillard, la paillarde me suit. Lequel vaut mieux ? Chacun bien s'entresuit. L'un l'autre vaut ; c'est à mau rat mau chat. Ordure aimons, ordure nous assuit ; Nous défuyons honneur, il nous défuit, En ce bordeau où tenons notre état.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade de la grosse Margot"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]10. Ballade du concours de Blois  [sung text not yet checked]
Je meurs de soif auprès de la fontaine, Chaud comme feu, et tremble dent à dent, En mon païs suis en terre lointaine ; Lez un brazier friçonne tout ardent ; Nu comme ung ver, vestu en president ; Je ris en pleurs, et attens sans espoir ; Confort reprens en triste desespoir ; Je m’esjouys et n’ay plaisir aucun ; Puissant je suis sans force et sans povoir, Bien recueilly, débouté de chascun. Rien ne m’est seur que la chose incertaine, Obscur, fors ce qui est tout évident ; Doubte ne fais, fors en chose certaine ; Science tiens à soudain accident ; Je gaigne tout, et demeure perdent ; Au point du jour, diz : « Dieu vous doint bon soir ! » Gisant envers, j’ay grant paour de cheoir ; J’ay bien de quoy, et si n’en ay pas un ; Eschoicte attens, et d’homme ne suis hoir, Bien recueilly, debouté de chascun. De riens n’ay soing, si metz toute ma paine D’acquerir biens, et n’y suis pretendant ; Qui mieulx medit, c’est cil qui plus m’attaine, Et qui plus vray, lors plus me va bourdant ; Mon ami est qui me fait entendant D’ung cygne blanc que c’est ung corbeau noir ; Et qui me nuyst, croy qu’il m’aide à povoir. Verité, bourde, aujourd’uy m’est tout un. Je retiens tout ; riens ne sçay concepvoir, Bien recueilly, debouté de chascun. L’ENVOI Prince clement, or vous plaise savoir Que j’entens moult et n’ay sens ne sçavoir ; Parcial suis, à toutes lois commun. Que fais-je plus ? Quoy ? Les gaiges ravoir, Bien recueilly, debouté de chascun.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), title 1: "Ballade du concours de Blois", title 2: "Ballade Villon"
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- ENG English (Laura Prichard) , "Ballad: On the Examination at Blois", copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres complètes de François Villon,
éd. préparée par La Monnoye, mise à jour, avec notes et glossaire par M. Pierre Jannet, Paris, A. Lemerre, 1876, pages 110-111, titled "Ballade Villon"
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11. Ballade. Ballade "Les Contrediz Franc Gontier"  [sung text not yet checked]
Sur mol duvet assis, un gras chanoine, Lez un brasier, en chambre bien nattée, A son côté gisant dame Sidoine Blanche, tendre, polie et attintée, Boire hypocras, à jour et à nuitée, Rire, jouer, mignonner et baiser, Et nu à nu, pour mieux des corps s'aiser, Les vis tous deux, par un trou de mortaise : Lors je connus que, pour deuil apaiser, Il n'est trésor que de vivre à son aise. Se Franc Gontier et sa compagne Hélène Eussent cette douce vie hantée, D'oignons, civots, qui causent forte haleine N'acontassent une bise tostée. Tout leur maton, ne toute leur potée, Ne prise un ail, je le dis sans noiser. S'ils se vantent coucher sous le rosier, Lequel vaut mieux ? Lit côtoyé de chaise ? Ou'en dites-vous ? Faut-il à ce muser ? Il n'est trésor que de vivre à son aise. De gros pain bis vivent d'orge et d'avoine, Et boivent eaue tout au long de l'année. Tous les oiseaux d'ici en Babyloine A tel école une seule journée Ne me tendroient, non une matinée. Or s'ébatte, de par Dieu, Franc Gontier, Hélène o lui, sous le bel églantier : Se bien leur est, cause n'ai qu'il me pèse ; Mais quoi qu'il soit du laboureux métier, Il n'est trésor que de vivre à son aise. Prince, juge, pour tôt nous accorder. Quant est de moi, mais qu'à nul ne déplaise, Petit enfant, j'ai oï recorder : Il n'est trésor que de vivre à son aise.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Les contredits de Franc Gontier. Ballade"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]12. Ballade et oraison  [sung text not yet checked]
Père Noé, qui plantâtes la vigne, Vous aussi, Loth, qui bûtes ou rocher, Par tel parti qu'Amour qui gens engigne De vos filles si vous fit approcher (Pas ne le dis pour le vous reprocher), Archetriclin, qui bien sûtes cet art, Tous trois vous pri que vous veuillez prêcher L'âme du bon feu maître Jean Cotart ! Jadis extrait il fut de votre ligne, Lui qui buvoit du meilleur et plus cher, Et ne dût-il avoir vaillant un pigne ; Certes, sur tous, c'étoit un bon archer : On ne lui sut pot des mains arracher ; De bien boire oncques ne fut fêtart. Nobles seigneurs, ne souffrez empêcher L'âme du bon feu maître Jean Cotart ! Comme homme vieil qui chancelle et trépigne, L'ai vu souvent, quand il s'alloit coucher, Et une fois il se fit une bigne, Bien m'en souvient, pour la pie juchier ; Bref, on n'eût su en ce monde cercher Meilleur pïon, pour boire tôt ou tard. Faites entrer quand vous orrez hucher L'âme du bon feu maître Jean Cotart ! Prince, il n'eût su jusqu'à terre cracher ; Toujours crioit : " Haro ! la gorge m'ard. " Et si ne sût onc sa seuf étancher L'âme du bon feu maître Jean Cotart.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade et oraison"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]13. Ballade de mercy  [sung text not yet checked]
A Chartreux et à Célestins, A Mendiants et à Dévotes, A musards et claquepatins, A servants et filles mignottes Portants surcots et justes cottes, A cuidereaux d'amour transis, Chaussant sans méhaing fauves bottes, Je crie à toutes gens mercis. A fillettes montrant tétins, Pour avoir plus largement hôtes, A ribleurs, mouveurs de hutins A bateleurs trayant marmottes, A fous, folles, à sots, à sottes, Qui s'en vont sifflant six à six A vessies et mariottes, Je crie à toutes gens mercis, Sinon aux traîtres chiens mâtins Qui m'ont fait ronger dures crôtes, Mâcher maints soirs et maints matins, Qu'ores je ne crains trois crottes. Je fisse pour eux pets et rottes ; Je ne puis, car je suis assis. Au fort, pour éviter riottes, Je crie à toutes gens mercis. Qu'on leur froisse les quinze côtes De gros maillets forts et massis, De plombées et tels pelotes. Je crie à toutes gens mercis.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade de merci"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]14. Ballade pour prier Nostre Dame  [sung text not yet checked]
Dame du ciel, regente terrienne, Emperière des infernaulx palux, Recevez-moy, vostre humble chrestienne, Que comprinse soye entre vos esleuz, Ce non obstant qu'oncques riens ne valuz. Les biens de vous, ma dame et ma maistresse, Sont trop plus grans que ne suys pecheresse, Sans lesquelz bien ame ne peult Merir n'avoir les cieulx, Je n'en suis mentèresse. En ceste foy je vueil vivre et mourir. À vostre Filz dictes que je suys sienne; De luy soyent mes pechez aboluz: Pardonnez-moy comme à l'Egyptienne, Ou comme il feut au clerc Theophilus, Lequel par vous fut quitte et absoluz, Combien qu'il eust au diable faict promesse. Preservez-moy que je n'accomplisse ce! Vierge portant sans rompure encourir Le sacrement qu'on celebre à la messe. En ceste foy je vueil vivre et mourir. Femme je suis povrette et ancienne, Qui riens ne sçay, oncques lettre ne leuz; Au moustier voy dont suis paroissienne, Paradis painct où sont harpes et luz, Et ung enfer où damnez sont boulluz: L'ung me faict paour, l'aultre joye et liesse. La joye avoir faismoy, haulte Deesse, A qui pecheurs doibvent tous recourir, Comblez de foy, sans faincte ne paresse. En ceste foy je vueil vivre et mourir. Envoi Vous portastes, digne Vierge, princesse, Iesus regnant, qui n'a ne fin ne cesse. Le Tout-Puissant, prenant nostre foiblesse, Laissa les cieulx et nous vint secourir, Offrit à la mort sa tres chiere jeunesse. Nostre Seigneur tel est, tel le confesse, En ceste foy je vueil vivre et mourir.
Text Authorship:
- by François Villon (1431 - 1463), "Ballade pour prier Notre Dame", appears in Le Testament
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- ENG English (Laura Prichard) , "Ballade that Villon wrote at the request of his mother [in order] to pray to Our Lady [Mary]", copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
Dame du ciel, régente terrienne, Emperière des infernaux palus, Recevez moi, votre humble chrétienne, Que comprise soie entre vos élus, Ce non obstant qu'oncques rien ne valus. Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse, Sont trop plus grands que ne suis pécheresse, Sans lesquels biens âme ne peut mérir N'avoir les cieux. Je n'en suis menteresse. En cette foi je veux vivre et mourir. A votre Fils dites que je suis sienne; De lui soient mes péchés abolus; Pardonnez moi comme à l’Égyptienne, Ou comme il fit au clerc Théophilus, Lequel par vous fut quitte et absolus, Combien qu'il eût au diable fait promesse Préservez-moi que je n'accomplisse ce! Vierge portant, sans rompure encourir, Le sacrement qu'on célèbre à la messe: En cette foi je veux vivre et mourir. Femme je suis pauvrette et ancienne, Qui rien ne sais; oncques lettre ne lus. Au moutier vois dont suis paroissienne Paradis peint, où sont harpes et luz, Et un enfer où damnés sont boullus: L'un me fait peur, l'autre joie et liesse. La joie avoir fais moi, haute Déesse, A qui pécheurs doivent tous recourir, Comblés de foi, sans feinte ne paresse: En cette foi je veux vivre et mourir.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]