Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, Et, dans mon être à qui le sang morne préside L'impuissance s'étire en un long bâillement. Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau Et triste, j'erre après un rêve vague et beau, Par les champs où la sève immense se pavane Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las, Et creusant de ma face une fosse à mon rêve, Mordant la terre chaude où poussent les lilas, J'attends, en m'abîmant que mon ennui s'élève... -- Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
Six mélodies sur des poèms Symbolistes
Song Cycle by Henri-Pierre Poupard (1901 - 1989), as Henri Sauguet
1. Renouveau
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), "Renouveau", written 1862, first published 1866
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First published in Le Parnasse contemporain, May 12, 1866.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Tristesse d'été
Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie, En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie, Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux. Dans ce blanc Flamboiement l'immuable accalmie T'a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux, «Nous ne serons jamais une seule momie Sous l'antique désert et les palmiers heureux!» Mais ta chevelure est une rivière tiède, Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède Et trouver ce Néant que tu ne connais pas! Je goûterai le fard pleuré par tes paupières, Pour voir s'il sait donner au coeur que tu frappas L'insensibilité de l'azur et des pierres.
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), "Tristesse d'été", written 1864, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , "Summer's sadness", copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
First published in Le Parnasse contemporain, June 30, 1866.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Crépuscule de mi‑juillet, huit heures
Après un temps d'averse pas trop épaisse, l'eau d'un boueux verdâtre laisse aller du même train ses rides et ses moires. Il y a trois notes uniques et monotones dans l'espace, les siflets de la gare, les flûtis éveillés d'un merle dans les bas feuillages de la terrasse, et des clochettes de vaches qui passent. Tout le reste est masse immobile de côteaux, espace et ciel blafard.
Text Authorship:
- by Jules Laforgue (1860 - 1887), "Crépuscule de mi-juillet, 8h", first published 1895
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First published in La revue blanche, Volume 8, 1895.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Clair de lune de novembre
Voyez un clair de lune de Novembre dans le plein enchantement d'une brume fine immobile au dessus du fleuve large qu'on devine aux feux réfléchis et sa berge effacée d'une ligne de plusieurs lieues de collines avec leur feux mobiles. Et là-haut la lune comme la clef énigmatique de cet enchantement immobile, et qu'un souffle semble-t-il ferait redevenir cruel et cru.
Text Authorship:
- by Jules Laforgue (1860 - 1887), no title, first published 1894
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Faith J. Cormier) , "November moonlight", copyright © 2004, (re)printed on this website with kind permission
First published in La revue blanche, Volume 7, 1894.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Le chat I
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu’en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant ;
Quand il miaule, on l’entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s’apaise ou gronde,
Elle est toujours suave et profonde.
C’est là son charme et son secret.
Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me pénètre comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n’a pas besoin de mots.
Non, il n’est pas d’archet qui morde
Sur mon cœur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu’harmonieux.
...
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Le chat", written 1857, appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 47, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Kot", Prague, J. Otto, first published 1919
- SPA Spanish (Español) (Juan Henríquez Concepción) , "El gato", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
6. Le chat II
...
— De sa fourrure blonde et brune
Sort au parfum si doux qu’un soir
J’en fus embaumé, pour l’avoir
Caressée une fois, rien qu’une.
C’est l’esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?
Quand mes yeux vers ce chat que j’aime,
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement,
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Le chat", written 1857, appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 47, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Kot", Prague, J. Otto, first published 1919
- SPA Spanish (Español) (Juan Henríquez Concepción) , "El gato", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission