Quand je te vois passer, ô ma chère indolente, Au chant des instruments qui se brise au plafond Suspendant ton allure harmonieuse et lente, Et promenant l'ennui de ton regard profond ; Quand je contemple, [sous le]1 gaz qui le colore, Ton front pâle, embelli par un morbide attrait, Où les torches du soir allument une aurore, Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait, Je me dis : qu'elle est belle ! et bizarrement fraîche ! Le souvenir massif, royale et lourde tour, La couronne, et son cœur, meurtri comme une pêche, Est mûr, comme son corps, pour le savant amour. Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines ? Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs, Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines, Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs ? Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques, Qui ne recèlent point de secrets précieux ; Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques, Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux ! Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence, Pour réjouir un cœur qui fuit la vérité ? Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ? Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté.
Cinq poèmes de Baudelaire
Song Cycle by Gérard Bertouille (1898 - 1981)
1. L'amour du mensonge  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "L'amour du mensonge", appears in Les Fleurs du mal, in 2. Tableaux parisiens, no. 98, Paris, Bureaux de la Revue contemporaine, first published 1860
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Láska ke lži"
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "Illusionary Love", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
Confirmed with Revue contemporaine, neuvième année, seconde série, tome quinzième, Paris: Bureaux de la Revue contemporaine, 1860, pages 95-96. Also confirmed with Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, pages 229-230. Also confirmed with Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, pages 280-281. Punctuation and formatting follows 1860 edition. Note: this appears in the 1861 edition of Les Fleurs du mal as number 98 but as number 122 in subsequent editions.
The following epigraph appears in the 1860 edition:Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
(Racine, Athalie.)
1 1861 and 1868 editions: "aux feux du"
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2. Hymne  [sung text not yet checked]
À la très-chère, à la très-belle Qui remplit mon cœur de clarté, À l'ange, à l'idole immortelle, Salut en immortalité ! Elle se répand dans ma vie Comme un air imprégné de sel, Et dans mon âme inassouvie Verse le goût de l'éternel. Sachet toujours frais qui parfume L'atmosphère d'un cher réduit, Encensoir oublié qui fume En secret à travers la nuit, Comment, amour incorruptible, T'exprimer avec vérité ? Grain de musc qui gis, invisible, Au fond de mon éternité ! À la [très-bonne]1, à la très-belle, Qui [fait ma joie et ma santé]2, À l'ange, à l'idole immortelle, Salut en immortalité !
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Hymne", appears in Les Épaves, in 2. Galanteries, no. 10, appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 94, Amsterdam, À l'enseigne du Coq, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Shawn Thuris) , "Hymn", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Épaves, Amsterdam: À l'enseigne du Coq, 1866, in Galanteries, pages 71-73. Also confirmed with Charles Baudelaire, Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, in Spleen et Idéal, pages 227-228. Punctuation follows first edition.
First published by À l'enseigne du Coq in Les Épaves, 1866; also appears under Spleen et Idéal as number 94 in the 1868 edition of Les Fleurs du mal.
1 Fauré: "très chère" (very dear)2 Fauré and Gretchaninov: "remplit mon cœur de clarté"
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3. Le beau navire  [sung text not yet checked]
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse, Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ; Je veux te peindre ta beauté, Où l'enfance s'allie à la maturité. Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large, Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large, Chargé de toile, et va roulant Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent. Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses, Ta tête se pavane avec d'étranges grâces ; D'un air placide et triomphant Tu passes ton chemin, majestueuse enfant. Je veux te raconter, ô molle enchanteresse, Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ; Je veux te peindre ta beauté Où l'enfance s'allie à la maturité. Ta gorge qui s'avance et qui pousse la moire, Ta gorge triomphante est une belle armoire Dont les panneaux bombés et clairs Comme les boucliers accrochent des éclairs ; Boucliers provoquants, armés de pointes roses ! Armoire à doux secrets, pleine de bonnes choses, De vins, de parfums, de liqueurs Qui feraient délirer les cerveaux et les cœurs ! Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large, Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large, Chargé de toile, et va roulant Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent. Tes nobles jambes sous les volants qu'elles chassent Tourmentent les désirs obscurs et les agacent, Comme deux sorcières qui font Tourner un philtre noir dans un vase profond. Tes bras qui se joueraient des précoces hercules Sont des boas luisants les solides émules, Faits pour serrer obstinément, Comme pour l'imprimer dans ton cœur, ton amant. Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses, Ta tête se pavane avec d'étranges grâces ; D'un air placide et triomphant Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Le beau navire", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 48, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Krásný koráb", Prague, J. Otto, first published 1919
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 112-114. Also confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, in Spleen et Idéal, pages 118-120. Also confirmed with Charles Baudelaire, Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, in Spleen et Idéal, page 164-165. Punctuation and formatting follows 1857 edition. Note: this was number 48 in the 1857 edition of Les Fleurs du mal but 52 or 53 in subsequent editions.
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4. Poème
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5. Je n'ai pas oublié  [sung text not yet checked]
Je n'ai pas oublié, voisine de la ville, Notre blanche maison, petite mais tranquille, Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus ; — Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe, Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe, Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux, Contempler nos dîners longs et silencieux, [Et versait]1 largement ses beaux reflets de cierge Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), no title, appears in Les Fleurs du mal, in 2. Tableaux parisiens, no. 99, appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 70, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Poom Andrew Pipatjarasgit) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Juan Henríquez Concepción) , "Yo no he olvidado", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 162-163. Note: this was number 70 under Spleen et Idéal in the first edition of Les Fleurs du mal but number 99 or 123 under Tableaux parisiens in subsequent editions.
1 1861 and 1868 editions: "Répandant"Research team for this page: Juan Henríquez Concepción , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]