Tu crois peut-être que je t'aime, Ô mon trésor! Pour les cheveux, noir diadème, Ou bien encore Pour tes long cils, les lèvres roses, Pour ton beau front; Ne le crois pas, Car ce sont choses qui passeront! Ne le crois pas: Ce serait croire que mon amour Pourrait s'éteindre avec la gloire. N'avoir qu'un jour! Ne le crois pas: Ce qu'en toi j'aime, Sache le bien. Le temps jaloux Ni la mort même N'y peuvent rien! Rien! C'est quand sur toi Le front se penche; Pour te bien voir; C'est ton âme, Qu'on voit si blanche, Dans ton oeil noir.
Dix mélodies
Song Cycle by Marcel Noël (1857 - 1935)
1. Son âme  [sung text not yet checked]
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- by Lucien Paté (1845 - 1939), "Son âme", appears in Poésies, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1878
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Researcher for this page: Peter Brixius2. Les témoins de l'amour
Quand ta lèvre, ô ma bien aimée, Effleura mon front d'un baiser Dont j'ai l'âme encore embaumée, Qui nous a vus nous embrasser. Il était nuit, mais la nuit même, Ô cher amant, la nuit t'a vu ; Quand mon baiser disait : Je t'aime ! Les étoiles l'ont entendu. Puis en le touchant de sa flamme, Une étoile l'a dit au flot, Celui-ci l'a dit à la rame, Qui l'a redit au matelot. Puis à la porte de sa belle, Sous les pampres un soir d'été, En causant d'amour à sa belle, Le matelot l'a raconté.
Text Authorship:
- by Henri Villard , "Les témoins de l'amour (imité du grec moderne)", appears in Les vacances, essais poétiques par Henri Villard
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Note: Marcel Noël's setting begins "Quand ta lèvre, ô ma bien aimée" but the original text begins "Quand tes lèvres, ô ma bien-aimée".
Researcher for this page: Johann Winkler3. Chut !
L'autre jour, j'étais à tes pieds, Je levai sur toi mon visage Et te vis scruter au passage Mes yeux par les tiens épiés. Par mes inquiétants silences J'avais mis ton cœur en souci, Mon calme te semblait transi, L'amour n'a pas ces nonchalances ! Et ta trop facile bonté Te donnant du regret peut-être, Tu te penchas à la fenêtre Pour cacher ton front attristé. Et je te dis, infortunée, Qui trouves le ciel trop serein, Tu m'as vu turbulent, chagrin, Mais tu ne t'étais pas donnée ! Quels vœux formerais-je aujourd'hui ? J'ai cueilli ton cœur sur ta bouche Comme un oiseau qu'on effarouche, Le bonheur trop brusqué s'enfuit ... Qu'il trouve chez nous un asile Silencieux, tiède, embaumé ! Et qu'heureux d'y vivre enfermé, Il attende qu'on l'en exile !
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- by Henri Marcel (1854 - 1926), as Marc Henriel
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Researcher for this page: Johann Winkler4. Per Angusta
Sonde longtemps ton cœur avant que de partir, Car, le chef fléchissant et l'échine voûtée, Tu graviras pieds nus comme le grand martyr La pente raboteuse et l'aride montée. Sentant à chaque effort ton pas s'appesantir Sous l'averse de feu par le ciel projetée, Tu tourneras souvent, vers la plaine enchantée, Un regard douloureux, chargé de repentir. Monte et que l'aveuglant scintillement des pierres Brûle tes yeux rougis à travers les paupières. Que la ronce en ta chair retourne son couteau ! Et que ferai-je, au faîte ? Une épreuve suprême T'attend, tu périras sous un vil écriteau ... Seule, une femme en pleurs murmurera : Je t'aime ! Ces deux mots suffisaient, nous y serions plus tôt !
Text Authorship:
- by Henri Marcel (1854 - 1926), as Marc Henriel
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Researcher for this page: Johann Winkler5. Appel
Toi qui vas sans apercevoir Cette ombre exquise, prends-y garde, Ne la heurte pas sans savoir, C'est le bonheur qui te regarde. Il est très fragile et frileux, Il est sans problème et sans armes, Ce pauvre bonheur que ton silence emplit de larmes De son jeune rayonnement. Il enchanterait des espaces, Il brûle pour toi seulement, Mais tu n'en sais rien et tu passes.
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Researcher for this page: Johann Winkler6. Souci d'amour
Souci léger, souci d'amour, Je veux vous endurer encore, Je vous déteste et vous adore, Vous cher et maudit en un jour. Souci d'amour, souci léger, J'attends votre piqûre molle Qui me ravit et me désole, Je me grise à votre danger. Souci d'amour, léger souci, Amer nectar, douce morsure. Bien qui fait mal peur qui rassure ; Je vous nie et vous cherche aussi.
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Researcher for this page: Johann Winkler7. Sérénade
Sur nos jardins la neige tombe Pure et froide, la neige en fleurs, Cependant tu voudrais, colombe, Qu'il chante encore ton rimeur. Dans ta prison que tu parfumes Il faut que mes tièdes chansons Passent pour réchauffer tes plumes, Que la neige emplit de frissons. Aussi je t'obéis, méchante, Quoique s'enroue un peu ma voix Il neige, mais le rimeur chante, Il chante en soufflant dans ses doigts A celle qui s'est reposée Au fond du gazon matinal. Il faut des perles de rosée, Il faut des gouttes de cristal, A l'habitante de la mousse, Princesse du palais du ciel ; Il faudrait une chanson douce, Pleine de roses et de miel. Or je n'ai pas toutes ces choses Pour relever ton front penchant, Hélas ! je n'ai ni miel ni roses A mettre dans mon pauvre chant ! J'ai cette richesse entassée Au fond de mon être impuissant Pour lisser ta plume froissée, Il te faut mon art et mon sang ! Mais le trésor que tu désires, Je n'ai pas souci de l'user, Je l'égrène avec des sourires, Me déchirant pour t'amuser. Sur nos jardins la neige tombe, La neige pure va fleurir, Et de réchauffer sa colombe Le rimeur se glace à mourir !
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Researcher for this page: Johann Winkler8. C'est le chien de Jean de Nivelle  [sung text not yet checked]
C'est le chien de Jean de Nivelle Qui mord sous l'œil même du guet Le chat de la mère Michel ; François-les-bas-bleus s'en [égaie]1. La Lune à l'écrivain public Dispense sa lumière obscure Où Médor avec Angélique Verdissent sur le pauvre mur. Et [voici venir La Ramée]2 Sacrant en bon soldat du Roi. Sous son habit blanc mal famé, Son cœur ne se tient pas de joie, Car la boulangère... -- Elle ? -- Oui [dame]3 ! Bernant Lustucru, son vieil homme, A tantôt couronné sa flamme... Enfants, Dominus vobiscum ! Place ! en sa longue robe bleue Toute en satin qui fait frou-frou, C'est une impure, palsembleu ! Dans sa chaise qu'il faut qu'on loue, Fût-on philosophe ou grigou, Car tant d'or s'y relève en bosse Que ce luxe insolent bafoue Tout le papier de monsieur Loss ! Arrière ! robin crotté ! place, Petit courtaud, petit abbé, Petit poète jamais las De la rime non attrapée ! Voici que la nuit vraie arrive... Cependant jamais fatigué D'être inattentif et naïf François-les-bas-bleus s'en [égaie]1.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in Romances sans paroles, in Ariettes oubliées, no. 6
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Paul Verlaine, Romances sans paroles, Paris: Léon Vanier, Libraire-Éditeur, 1891, pages 10-11.
1 David: "égaye"2 error in David score: "voiçi venir La Ramé"
3 error in David score: "dam"
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Sharon Krebs [Guest Editor]
9. En sourdine  [sung text not yet checked]
Calmes dans le demi-jour Que les branches hautes font, Pénétrons bien notre amour De ce silence profond. [Fondons]1 nos âmes, nos cœurs Et nos sens extasiés, Parmi les vagues langueurs Des pins et des arbousiers. Ferme tes yeux à demi, Croise tes bras sur ton sein, Et de ton cœur endormi Chasse à jamais tout dessein. Laissons-nous persuader Au souffle berceur et doux, Qui vient à tes pieds rider Les ondes des gazons roux. Et quand, solennel, le soir Des chênes noirs tombera, Voix de notre désespoir, Le rossignol chantera.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "En sourdine", written 1868, appears in Fêtes galantes, no. 21, first published 1868
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Anna Brull Piñol) , "Calms, dins el capvespre", copyright © 2010, (re)printed on this website with kind permission
- CAT Catalan (Català) [singable] (Núria Colomer) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Emily Ezust) , "Muted", copyright ©
- ENG English (Laura Claycomb) (Peter Grunberg) , "Muted", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Elaine Marie Ortiz-Arandes) (Julie Nezami-Tavi) , copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Gedämpften Tons", copyright © 2011, (re)printed on this website with kind permission
- GRE Greek (Ελληνικά) [singable] (Christakis Poumbouris) , "Απαλή αγάπη", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Pablo Sabat) , copyright © 2018, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Elisa Rapado) , "En voz baja", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Paul Verlaine, Fêtes galantes, Paris: Alphonse Lemerre, 1869, pages 49-50. Note: first appeared in the journal L'Artiste, July 1, 1868, and then in 1869 in Fêtes galantes, Paris, Éd. Alphonse Lemerre.
Note: The ampersands (&) as appear in the first publication are changed to "et".
1 Fauré: "Mêlons"Research team for this page: Didier Pelat , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
10. Cauchemar  [sung text not yet checked]
J'ai vu passer dans mon rêve — Tel l'ouragan sur la grève, — D'une main tenant un glaive Et de l'autre un sablier, Ce cavalier Des ballades d'Allemagne Qu'à travers ville et campagne, Et du fleuve à la montagne, Et des forêts au vallon, Un étalon Rouge-flamme et noir d'ébène, Sans bride, ni mors, ni rêne, Ni hop ! ni cravache, entraîne Parmi des râlements sourds Toujours ! toujours ! Un grand feutre à longue plume Ombrait son œil qui s'allume Et s'éteint. Tel, dans la brume, Éclate et meurt l'éclair bleu D'une arme à feu. Comme l'aile d'une orfraie Qu'un subit orage effraie, Par l'air que la neige raie, Son manteau se soulevant Claquait au vent, Et montrait d'un air de gloire Un torse d'ombre et d'ivoire, Tandis que dans la nuit noire Luisaient en des cris stridents Trente-deux dents.
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- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Cauchemar", appears in Poèmes saturniens, in 2. Eaux-fortes, no. 2, Paris, Alphonse Lemerre, first published 1866
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Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, pages 33-35.
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]