La cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. «Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'août, foi d'animal, Intérêt et principal.» La Fourmi n'est pas prêteuse; C'est là son moindre défaut. «Que faisiez-vous au temps chaud? Dit-elle à cette emprunteuse. -- Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. -- Vous chantiez? j'en suis fort aise. Et bien! dansez maintenant.»
5 Fables de La Fontaine
Song Cycle by Claude Torrent (b. 1944)
1. La cigale et la fourmi  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "La cigale et la fourmi", written 1668, appears in Fables
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Emily Ezust) , "The grasshopper and the ant", copyright © 2016
See also La cigale vengée.
Researcher for this page: Ted Perry
2. Le corbeau et le renard  [sung text not yet checked]
Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage: Hé! Bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli! Que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie; Et, pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tombe sa proie. Le renard s'en saisit, et dit: Mon bon monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute: Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le corbeau et le renard", written 1668, appears in Fables
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Jonathan Justman) , "The Raven and the Fox", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
See also Le renard et le corbeau.
Researcher for this page: Geoffrey Wieting
3. Le laboureur et ses enfants  [sung text not yet checked]
Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins. Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage Que nous ont laissé nos parents : Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût[1] : Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. Le père mort, les fils vous retournent le champ, De çà, de là, partout ; si bien qu'au bout de l'an Il en rapporta davantage. D'argent, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer, avant sa mort, Que le travail est un trésor.
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le laboureur et ses enfants", written 1668, appears in Fables
See other settings of this text.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Le loup et l'agneau  [sung text not yet checked]
La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure. Un agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un loup survint à jeun, qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'elle ; Et que, par conséquent, en aucune façon Je ne puis troubler sa boisson. Tu la troubles ! reprit cette bête cruelle ; Et je sais que de moi tu médis l'an passé. Comment l'aurais-je fait, si je n'étais pas né ? Reprit l'agneau : je tette encore ma mère. -- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. -- Je n'en ai point. -- C'est donc quelqu'un des tiens ; Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts Le loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le loup et l'agneau", written 1668, appears in Fables
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Jonathan Justman) , "The wolf and the lamb", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
5. La Mort et le Bûcheron  [sung text not yet checked]
Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée, Sous le faix du fagot aussi bien que des ans, Gémissant et courbé, marchait à pas pesants, Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée. Enfin, n’en pouvant plus d’effort et de douleur, Il met bas son fagot, il songe à son malheur. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ? En est-il un plus pauvre en la machine ronde ? Point de pain quelquefois, et jamais de repos : Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier, et la corvée, Lui font d’un malheureux la peinture achevée. Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder, Lui demande ce qu’il faut faire. C’est, dit-il, afin de m’aider À recharger ce bois ; tu ne tarderas guère. Le trépas vient tout guérir ; Mais ne bougeons d’où nous sommes : Plutôt souffrir que mourir, C’est la devise des hommes.
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "La Mort et le Bûcheron", appears in Fables
See other settings of this text.
Confirmed with Jean de La Fontaine, Fables, Bernardin-Bechet, 1874, pages 50-51.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]