À la fenêtre fleurie revient l'ombre du clocher
Et de l'or. Le front brûlant sombre dans le repos et le silence.
Des rameaux du châtaigner tombe une fontaine dans le noir –
Alors dans une douloureuse fatigue, tu sens que c'est bon ! 

Le marché est vide de fruits d'été,
Le faste noir des portes est harmonieux.
On entend le bruit léger de jeux dans un jardin 
Où se retrouvent des amis après le repas.

L'âme attentive écoute les contes du blanc magicien.
Alentour bruisse le blé que le faucheur a coupé dans l'après-midi.
La vie rude dans les cabanes  se tait avec patience ;
La lanterne de l'étable éclaire le doux sommeil des vaches.

Ivres d'air les paupières bientôt se ferment
Puis s'ouvrent doucement aux étranges signes des étoiles.
Endymion émerge de l'obscurité du vieux chêne
Et se penche sur des eaux tristes.

L'âme réduit au silence le bleu printemps.
Sous les branchages humides du soir
Le front des amants se baisse en frissonnant.

Ô la croix verdissante. En de sombres entretiens
Hommes et femmes se reconnurent.
Le long d'un mur nu
Le solitaire chemine dans ses astres.

Sur le chemin de la forêt où miroite la lune
Disparut la vie sauvage
Des chasses oubliées ; la vue de l'azur
Déferle de rochers écroulés.

Ô les heures rouges du soir !
À la fenêtre ouverte tremble et vibre
La treille qui s'embrouille dans l'azur,
Où nichent les spectres de la peur.

La poussière danse dans la puanteur du caniveau.
Le vent frappe les vitres en vibrant.
Comme une troupe de chevaux sauvages
Les éclairs poussent des nuages éblouissants.

Le miroir de l'étang éclate bruyamment.
Des mouettes crient au bord de la fenêtre.
Un cavalier flamboyant saute de la colline
Et se fracasse dans les sapins en flammes.

À l'hôpital les malades crient.
Le plumage bleuté de la nuit bourdonne.
Tout d'un coup dans un grondement étincelant
La pluie tombe sur les toits.

Le soir, quand nous allons sur d'obscurs sentiers,
Nos silhouettes blêmes apparaissent devant nous.

Lorsque nous avons soif
Nous buvons les eaux blanches de l'étang,
La douceur de notre triste enfance.

Exténués nous reposons sous le sureau,
Regardant les mouettes grises.

Des nuées de printemps montent au-dessus de la sombre ville
Qui dissimule les temps plus nobles des moines.

Quand je pris ta petite main
Tu ouvris doucement tes yeux ronds,
Il y a bien longtemps de cela.

Pourtant lorsqu'une sombre harmonie envahit l'âme,
Tu apparais, blanche épiphanie dans le paysage automnal de l'ami.