La nuit dernière, déchiré par l'angoisse qui torturait mon cœur,
Quand enfin mes sens engourdis plongèrent dans le repos,
La passion qui avait gouverné mon esprit pendant mon éveil
Se réveilla encore dans mes rêves où elle erra librement.

Il me semblait que ma belle, vaincue par ma douleur,
Acceptait enfin de récompenser son tendre amant ;
Et bientôt à l'autel elle se tenait à côté de moi,
Au prêtre j'avais déjà répondu « Oui ».

Sa réponse que j'attendais avec des transports de l'âme,
Quand, mort à mes espoirs ! que le tocsin sonne,
Je , m'éveillai, et avec horreur je trouvai
Que c'était un rêve qui malicieusement disparut au bruit.

Ô vision qui ainsi as séduit mon pauvre cœur !
Vole vers elle et montre toute la vérité sans artifice ;
Présente-moi comme la victime de l'amour et du désespoir,
Et fais pencher vers la compassion la belle obstinée.