Les chevaux des vagues écument dans leurs mors,
Ils se cabrent, leurs naseaux dilatés par la peur,
Ils fuient vers la terre,
Un démon tient les rênes couleur de feu
D'une main solide.

Quant il fait claquer le fouet, la nuit se déchire
Et au-dessus de lui et de ses chevaux
Vacille une lueur bleue,
Puis les mouettes se précipitent du haut des rochers 
Et criaillent.

Sur le rivage, depuis de longues heures déjà,
Se tient, le regard éteint par une folle angoisse,
La femme du pêcheur ;
Le démon, avec de maladroites caresses
Cherche à saisir son corps.

Il fouille dans la beauté ébouriffée de sa chevelure
Et sur son épaule menue et blanche,
Froisse les plis du tissu,
D'une voix rauque il murmure dans son oreille
Un mot osé.

Elle ne l'entend pas ! Elle se jette sur le sol
Et tend les bras vers lui pour l'implorer :
« Mon homme … mon homme ! »
Puis elle crie, et sur ses membres
Passe l'attelage.