by Albert Victor Samain (1858 - 1900)
Mon Âme est une infante en robe de...
Language: French (Français)
Available translation(s): ENG
Mon Âme est une infante en robe de parade, Dont l'exil se reflète, éternel et royal, Aux grands miroirs déserts d'un vieil Escurial, Ainsi qu'une galère oubliée en la rade. Aux pieds de son fauteuil, allongés noblement, Deux lévriers d'Écosse aux yeux mélancoliques Chassent, quand il lui plaît, les bêtes symboliques Dans la forêt du Rêve et de l'Enchantement. Son page favori, qui s'appelle Naguère, Lui lit d'ensorcelants poèmes à mi-voix, Cependant qu'immobile, une tulipe aux doigts, Elle écoute mourir en elle leur mystère... Le parc alentour d'elle étend ses frondaisons, Ses marbres, ses bassins, ses rampes à balustres ; Et, grave, elle s'enivre à ces songes illustres Que recèlent pour nous les nobles horizons. Elle est là résignée, et douce, et sans surprise, Sachant trop pour lutter comme tout est fatal, Et se sentant, malgré quelque dédain natal, Sensible à la pitié comme l'onde à la brise. Elle est là résignée, et douce en ses sanglots, Plus sombre seulement quand elle évoque en songe Quelque Armada sombrée à l'éternel mensonge, Et tant de beaux espoirs endormis sous les flots. Des soirs trop lourds de pourpre où sa fierté soupire, Les portraits de Van Dyck aux beaux doigts longs et purs, Pâles en velours noir sur l'or vieilli des murs, En leurs grands airs défunts la font rêver d'empire. Les vieux mirages d'or ont dissipé son deuil, Et, dans les visions où son ennui s'échappe, Soudain — gloire ou soleil — un rayon qui la frappe Allume en elle tous les rubis de l'orgueil. Mais d'un sourire triste elle apaise ces fièvres ; Et, redoutant la foule aux tumultes de fer, Elle écoute la vie — au loin — comme la mer... Et le secret se fait plus profond sur ses lèvres. Rien n'émeut d'un frisson l'eau pâle de ses yeux, Où s'est assis l'Esprit voilé des Villes mortes ; Et par les salles, où sans bruit tournent les portes, Elle va, s'enchantant de mots mystérieux. L'eau vaine des jets d'eau là-bas tombe en cascade, Et, pâle à la croisée, une tulipe aux doigts, Elle est là, reflétée aux miroirs d'autrefois, Ainsi qu'une galère oubliée en la rade. Mon Âme est une infante en robe de parade.
N. Boulanger sets stanzas 1, 3, 5-9, 11-12
M. Canal sets stanzas 1, 10-12
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Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), no title, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Mercure de France, first published 1893 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Nadia Boulanger (1887 - 1979), "Mon Âme", stanzas 1,3,5-9,11-12 [ voice and piano ] [sung text checked 1 time]
- by Marguerite Canal (1890 - 1978), "Mon âme est une Infante", 1921, published <<1924, stanzas 1,10-12 [ high voice and piano ], from Au Jardin de l'Infante, no. 1, Paris, Éd. Maxime Jamin [sung text not yet checked]
- by Bertrand Roulet (b. 1967), "Au jardin de l’infante", op. 24 (2016) [ voice and piano ] [sung text not yet checked]
- by Jeanne-Marie Say, Vicomtesse de Trédern (1848 - 1916), "Mon Âme est une Infante", published [1901] [ mezzo-soprano and piano ], Paris, Éd. A. Quinzard & Cie. [sung text not yet checked]
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Research team for this text: Emily Ezust [Administrator] , Peter Low [Guest Editor]
This text was added to the website: 2020-04-02
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