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Tu me parles du fond d'un rêve Comme une âme parle aux vivants. Comme l'écume de la grève, Ta robe flotte dans les vents. 2. Je suis l'algue des flots sans nombre, Le captif du destin vainqueur; Je suis celui que toute l'ombre Couvre sans éteindre mon coeur. 3. Mon esprit ressemble à cette île, Et mon sort à cet océan; Et je suis l'habitant tranquille De la foudre et de l'ouragan. 4. Je suis le proscrit qui se voile, Qui songe, et chante loin du bruit, Avec la chouette et l'étoile, La sombre chanson de la nuit. 5. Toi, n'es-tu pas, comme moi-même, Flambeau dans ce monde âpre et vif, Ame, c'est-à-dire problème, Et femme, c'est-à-dire exil? 6. Sors du nuage, ombre charmante. O fantôme, laisse-toi voir! Sois un phare dans ma tourmente, Sois un regard dans mon ciel noir! 7. Cherche-moi parmi les mouettes! Dresse un rayon sur mon récif, Et, dans mes profondeurs muettes, La blancheur de l'ange pensif! 8. Sois l'asile qui passe et se mêle Aux grandes vagues en courroux. Oh! viens! tu dois être bien belle, Car ton chant lointain est bien doux; 9. Car la nuit engendre l'aurore; C'est peut-être une loi des cieux Que mon noir destin fasse éclore Ton sourire mystérieux! 10. Dans ce ténébreux monde où j'erre, Nous devons nous apercevoir, Toi, toute faite de lumière, Moi, tout composé de devoir! 11. Tu me dis de loin que tu m'aimes, Et que, la nuit, à l'horizon, Tu viens voir sur les grèves blêmes Le spectre blanc de ma maison. 12. Là, méditant sous le grand dôme, Près du flot sans trêve agité, Surprise de trouver l'atome Ressemblant à l'immensité, 13. Tu compares, sans me connaître, L'onde à l'homme, l'ombre au banni, Ma lampe étoilant ma fenêtre A l'astre étoilant l'infini! 14. Parfois, comme au fond d'une tombe, Je te sens sur mon front fatal, Bouche de l'Inconnu d'où tombe Le pur baiser de l'Idéal. 15. A ton souffle, vers Dieu poussées, Je sens en moi, douce frayeur, Frissonner toutes mes pensées, Feuilles de l'arbre intérieur. 16. Mais tu ne veux pas qu'on te voie; Tu viens et tu fuis tour à tour; Tu ne veux pas te nommer joie, Ayant dit: Je m'appelle amour. 17. Oh, fais un pas de plus! viens, entre, Si nul devoir ne le défend; Viens voir mon âme dans son antre, L'esprit lion, le coeur enfant; 18. Viens voir le désert où j'habite, Seul sous mon plafond effrayant; Sois l'ange chez le cénobite, Sois la clarté chez le voyant. 19. Change en perles dans mes décombres Toutes mes gouttes de sueur! Viens poser sur mes oeuvres sombres Ton doigt d'où sort une lueur! 20. Du bord des sinistres ravines Du rêve et de la vision, J'entrevois les choses divines... -- Complète l'apparition! 21. Viens voir le songeur qui s'enflamme A mesure qu'il se détruit, Et de jour en jour dans son âme A plus de mort et moins de nuit! 22. Viens! viens dans ma brume hagarde, Où naît la foi, d'où l'esprit sort, Où confusément je regarde Les formes obscures du sort. 23. Tout s'éclaire aux lueurs funèbres; Dieu, pour le penseur attristé, Ouvre toujours les ténèbres De brusques gouffres de clarté. 24. Avant d'être sur cette terre, Je sens que jadis j'ai plané; J'étais l'archange solitaire, Et mon malheur, c'est d'être né. 25. Sur mon âme, qui fut colombe, Viens, toi qui des cieux as le sceau. Quelquefois une plume tombe Sur le cadavre d'un oiseau. 26. Oui, mon malheur irréparable, C'est de pendre aux deux éléments, C'est d'avoir en moi, misérable, De la fange et des firmaments! 27. Hélas! hélas! c'est d'être un homme; C'est de songer que j'étais beau, D'ignorer comment je me nomme, D'être un ciel et d'être un tombeau! 28. C'est d'être un forçat qui promène Son vil labeur sous le ciel bleu; C'est de porter la hotte humaine Où j'avais vos ailes, mon Dieu! 29. C'est de traîner de la matière; C'est d'être plein, moi, fils du jour, De la terre du cimetière, Même quand je m'écrie: Amour!
C. Widor sets stanzas 1, 6, 11, 6, 2, 8, 7, 6
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Text Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), "À celle qui est voilée", written 1854, appears in Les Contemplations, in 6. Livre sixième -- Au bord de l'infini, no. 15, first published 1856 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Charles Marie Jean Albert Widor (1844 - 1937), "Invocation", op. 28 (Trois mélodies) no. 2, stanzas 1,6,11,6,2,8,7,6 [ high voice and piano ], from Quarante mélodies, no. 11, Éd. J. Hamelle [sung text checked 1 time]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Amy Pfrimmer) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website between May 1995 and September 2003.
Line count: 116
Word count: 679
You speak to me from the depths of a dream like a departed soul speaks to the living. Like the foam on the shore, your dress glides in the breezes. I am the seaweed on the countless waves, the captive of victorious destiny; I am the one whom shadows cover completely without enveloping my heart. [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] Come out of the cloud, charming shadow. O phantom, let yourself be seen! Be a beacon in my torment, be a vision in my dark sky! Look for me among the seagulls! Shine a sunbeam upon my reef, And, in my silent depths, the whiteness of the dreamy angel. Be the brush of a wing that passes and mingles with the great waves of wrath. Oh! Come! You must be very beautiful, for your distant song is very sweet; [... ... ... ...] [... ... ... ...] You tell me from afar that you love me, and that, at night, on the horizon, You come to the pale shores to see the white specter of your house. [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...] [... ... ... ...]
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Translation of title "Invocation" = "Invocation"Text Authorship:
- Translation from French (Français) to English copyright © 2023 by Amy Pfrimmer, (re)printed on this website with kind permission. To reprint and distribute this author's work for concert programs, CD booklets, etc., you may ask the copyright-holder(s) directly or ask us; we are authorized to grant permission on their behalf. Please provide the translator's name when contacting us.
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Based on:
- a text in French (Français) by Victor Hugo (1802 - 1885), "À celle qui est voilée", written 1854, appears in Les Contemplations, in 6. Livre sixième -- Au bord de l'infini, no. 15, first published 1856
This text was added to the website: 2023-06-05
Line count: 116
Word count: 165