Le roi était assis au banquet joyeux,
Entourés par les dames et les chevaliers,
Les coupes tournaient joyeusement,
Et maint verre était vidé.
Alors parvint le son de cordes dorées,
Plus douces qu'un vin doré,
Et regardez ! trois étranges ménestrels s'avancèrent,
En s'inclinant, dans la salle.

« Soyez les bienvenus, fils du chant ! »
Commence le roi de bonne humeur,
« dans les cœurs de qui réside le royaume de la musique
Et le secret des chants !
Si vous vous engagez dans un noble concours,
Qui nous réjouira grandement,
Celui qui remportera la lutte
Pourra être l'ornement de notre cour ! »

Ainsi parla-t-il. Le premier toucha les cordes
Et ouvrit les yeux sur le monde primitif,
Vers l'origine grise du temps même
Il mena en arrière le regard des auditeurs.
Il raconta comment le monde nouvellement
Créé se dégagea jadis du chaos.
Son chant plut à la plupart des oreilles,
Et l'esprit le suivit volontiers.

Ensuite, pour charmer davantage les auditeurs,
Le second entonna un joyeux conte
De gnomes rusés et de leur trésor,
Et d'une troupe de nains verts.
Il chanta sur maintes choses merveilleuses,
Et il conçut maintes facéties malignes.
Sa plaisanterie déchaîna l'enthousiasme,
Et tout le monde éclata de rire dans la salle.

Et le tour du troisième arriva.
Doucement, du plus profond de son cœur
Il exprima un chant d'amour et de fidélité,
Et des peines et des joies du désir.
Et à peine les cordes vibrèrent
Que tous les visages étaient baissés
Et que des larmes d'émotion coulaient
Des yeux transfigurés.

Un profond silence régna dans la salle
Quand la musique de son chant s'évanouit.
Alors le roi se leva à la table,
Et tendit sa main au troisième chanteur :
« Reste avec nous, mon ami ! tu as gagné ,
C'est à toi que le prix est attribué ;
Tu as chanté le plus beau chant,
Qui a ému nos cœurs jusqu'à la mélancolie. »