Oh ! Écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme une agonie Dans la musique indéfinie Qu'exhale un lointain vaporeux ; D'une langueur la nuit s'enivre, Et notre cœur qu'elle délivre Du monotone effort de vivre Se meurt d'un trépas langoureux. Glissons entre le ciel et l'onde, Glissons sous la lune profonde ; Toute mon âme, loin du monde, S'est réfugiée en tes yeux, Et je regarde tes prunelles Se pâmer sous les chanterelles, Comme deux fleurs surnaturelles Sous un rayon mélodieux. Oh ! écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme l'agonie De la lèvre à la lèvre unie Dans la musique indéfinie...
Musiques sur l'eau
Song Cycle by (François-Clément) Théodore Dubois (1837 - 1924)
1. Écoute la Symphonie  [sung text not yet checked]
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- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Musique sur l'eau", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
2. La lune s'effeuille sur l'eau  [sung text not yet checked]
Tremble argenté, tilleul, bouleau... La lune s'effeuille sur l'eau... Comme de longs cheveux peignés au vent du soir, L'odeur des nuits d'été parfume le lac noir. Le grand lac parfumé brille comme un miroir, [La]1 rame tombe et se relève, Ma barque glisse dans le rêve. Ma barque glisse dans le ciel, Sur le lac immatériel... Des deux rames que je balance, L'une est Langueur, l'autre est Silence. En cadence les yeux fermés, Rame, ô mon cœur, ton indolence A larges coups lents et pâmés. Là-bas la lune écoute, accoudée au côteau, Le silence qu'exhale en glissant le bateau... Trois grands lys frais coupés meurent sur mon manteau. Vers tes lèvres, ô Nuit voluptueuse et pâle, Est-ce leur âme, est-ce mon âme qui s'exhale ? Cheveux des nuits d'argent peignés aux longs roseaux... Comme la lune sur les eaux, Comme la rame sur les flots, Mon âme s'effeuille en sanglots !
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Accompagnement", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
1 Fauré: "Ma"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Sous la profondeur des feuilles  [sung text not yet checked]
Le soleil brûlant Les fleurs qu'en allant Tu cueilles, Viens fuir son ardeur Sous la profondeur Des feuilles. Cherchons les sentiers A demi frayés Où flotte, Comme dans la mer, Un demi-jour vert De grotte. Des halliers touffus Un soupir confus S'éléve Si doux qu'on dirait Que c'est la forêt Qui rêve... Chante doucement ; Dans mon coeur d'amant J'adore Entendre ta voix Au calme du bois Sonore. L'oiseau, d'un élan, Courbe, en s'envolant, La branche Sous l'ombrage obscur La source au flot pur S'épanche. Viens t'asseoir au bord Où les boutons d'or Foisonnent... Le vent sur les eaux Heurte les roseaux Qui sonnent. Et demeure ainsi Toute au doux souci De plaire, Une rose aux dents, Et ton pied nu dans L'eau claire.
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- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Chanson d'été", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in L'urne penchée, no. 2, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
4. Promenade à l'étang  [sung text not yet checked]
Le calme des jardins profonds s’idéalise. L’âme du soir s’annonce à la tour de l’église ; Écoute, l’heure est bleue et le ciel s’angélise. À voir ce lac mystique où l’azur s’est fondu, Dirait-on pas, ma sœur, qu’un grand cœur éperdu En longs ruisseaux d’amour, là-haut, s’est répandu? L’ombre lente a noyé la vallée indistincte. La cloche, au loin, note par note, s’est éteinte, Emportant comme l’âme frêle d’une sainte. L’heure est à nous ; voici que, d’instant en instant, Sur les bois violets au mystère invitant Le grand manteau de la Solitude s’étend. L’étang moiré d’argent, sous la ramure brune, Comme un cœur affligé que le jour importune, Rêve à l’ascension suave de la lune... Je veux, enveloppé de tes yeux caressants, Je veux cueillir, parmi les roseaux frémissants, La grise fleur des crépuscules pâlissants. Je veux au bord de l’eau pensive, ô bien-aimée, A ta lèvre d’amour et d’ombre parfumée Boire un peu de ton âme, à tout soleil fermée. Les ténèbres sont comme un lourd tapis soyeux, Et nos deux cœurs, l’un près de l’autre, parlent mieux Dans un enchantement d’amour silencieux. Comme pour saluer les étoiles premières, Nos voix de confidence, au calme des clairières, Montent, pures dans l’ombre, ainsi que des prières. Et je baise ta chair angélique aux paupières.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Promenade à l'étang", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Researcher for this page: Andrew Schneider [Guest Editor]5. Soir de silence  [sung text not yet checked]
Le fleuve au vent du soir fait chanter ses roseaux. Seul je m'en suis allé. - J'ai dénoué l'amarre, Puis je me suis couché dans ma jonque bizarre, Sans bruit, de peur de faire envoler les oiseaux. Et nous sommes partis, tous deux, au fil de l'eau, Sans savoir où, très lentement. - O charme rare, Que donne un inconnu fluide où l'on s'égare !... Par instants, j'arrêtais quelque frêle rameau. Et je restais, bercé sur un flot d'indolence, A respirer ton âme, ô beau soir de silence... Car j'ai l'amour subtil du crépuscule fin ; L'eau musicale et triste est la soeur de mon rêve Ma tasse est diaphane, et je porte, sans fin, Un coeur mélancolique où la lune se lève.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), no title, written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in Vas Tristitiæ, in 6. Extrême-Orient, no. 1, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Blancheurs d'ailes  [sung text not yet checked]
L'angélique échanson [des couchants violets]1 Penchant l'urne du rêve emplit l'or vieux des coupes. Des blancheurs d'ailes vers le ciel volent par troupes Le noir des jardins s'ouvre aux mystères seulets. La nuit vient. Des pêcheurs chargés de lourds filets Passent ; de jeunes voix vont s'éloignant, en groupes, Et l'étang de saphyr, où dorment les chaloupes, Met son manteau de lune et sort ses feux follets. Tout le firmament brille à travers les ramures. Des pétales mourants tombent des roses mûres : La fleur triste des soirs divins vient de s'ouvrir... Mon âme est un velours douloureux que tout froisse, Et je sens en mon cœur lourd d'ineffable angoisse [Je ne sais quoi]2 de doux, qui voudrait bien mourir...
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Soir", appears in Le chariot d'or
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View original text (without footnotes)1 Sulzberger: "du couchant violet"
2 Sulzberger: "Quelque chose"
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Malcolm Wren [Guest Editor]