Chaque heure, où je songe à ta bonté Si simplement profonde, Je me confonds en prières vers toi. Je suis venu si tard Vers la douceur de ton regard, Et de si loin vers tes deux mains tendues, Tranquillement, par à travers les étendues! J'avais en moi tant de rouille tenace Qui me rongeait à dents rapaces, La confiance J'étais si lourd, j'étais si las J'étais si vieux de méfiance, J'étais si lourd, j'étais si las Du vain chemin de tous mes pas. Je méritais si peu la merveilleuse joie De voir tes pieds illuminer ma voie, Que j'en reste tremblant encore et presque en pleurs Et humble à tout jamais, en face du bonheur.
Les heures claires
by Désiré Émile Inghelbrecht (1880 - 1965)
1. Chaque heure où je songe à ta bonté  [sung text checked 1 time]
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 5, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
2. Ce chapiteau barbare  [sung text not yet checked]
Ce chapiteau barbare, où des monstres se tordent, Soudés entre eux, à coups de griffes et de dents, En un tumulte fou de sang, de cris ardents, De blessures et de gueules qui s’entre-mordent, C’était moi-même, avant que tu fusses la mienne, Ô toi la neuve, ô toi l’ancienne ! Qui vins à moi, du fond de ton éternité Avec, entre les mains, l’ardeur et la bonté. Je sens en toi les mêmes choses très profondes Qu’en moi-même dormir, Et notre soif de souvenir Boire l’écho, où nos passés se correspondent. Nos yeux ont dû pleurer aux mêmes heures Sans le savoir, pendant l’enfance ; Avoir mêmes effrois, mêmes bonheurs, Mêmes éclairs de confiance ; Car je te suis lié par l’inconnu Qui me fixait, jadis, au fond des avenues Par où passait ma vie aventurière ; Et, certes, si j’avais regardé mieux, J’aurais pu voir s’ouvrir tes yeux Depuis longtemps, en ses paupières.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 3, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Oh ! laisse frapper à la porte  [sung text not yet checked]
Oh ! laisse frapper à la porte La main qui passe avec ses doigts futiles ; Notre heure est si unique, et le reste qu’importe, Le reste avec ses doigts futiles. Laisse passer, par le chemin, La triste et fatigante joie, Avec ses crécelles en main. Laisse monter, laisse bruire Et s’en aller le rire ; Laisse passer la foule et ses milliers de voix. L’instant est si beau de lumière, Dans le jardin, autour de nous ; L’instant est si rare de lumière première, Dans notre cœur, au fond de nous ; Tout nous prêche de n’attendre plus rien De ce qui vient ou passe, Avec des chansons lasses Et des bras las par les chemins, Et de rester les doux qui bénissons le jour, Même devant la nuit d’ombre barricadée, Aimant en nous, par-dessus tout, l’idée Que, bellement, nous nous faisons de notre amour.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 7, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. En ces heures où nous sommes perdus  [sung text not yet checked]
En ces heures où nous sommes perdus Si loin de tout ce qui n’est pas nous-mêmes, Quel sang lustral ou quel baptême Baigne nos cœurs vers tout l’amour tendus ? Joignant les mains, sans que l’on prie, Tendant les bras, sans que l’on crie, Mais adorant on ne sait quoi De plus lointain et de plus pur que soi, L’esprit fervent et ingénu, Dites, comme on se fond, comme on se vit dans l’inconnu. Comme on s’abîme en la présence De ces heures de suprême existence, Comme l’âme voudrait des cieux Pour y chercher de nouveaux dieux, Oh ! l’angoissante et merveilleuse joie Et l’espérance audacieuse D’être, un jour, à travers la mort même, la proie De ces affres silencieuses.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 21, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Fut‑il en nous une seule tendresse  [sung text not yet checked]
Fut-il en nous une seule tendresse, Une pensée, une joie, une promesse, Que nous n’ayons semée au-devant de nos pas ? Fut-il une prière en secret entendue, Dont nous n’ayons serré les mains tendues Avec douceur sur notre sein ? Fut-il un seul appel, un seul dessein, Un vœu tranquille ou violent Dont nous n’ayons accéléré l’élan ? Et, nous aimant ainsi, Nos cœurs s’en sont allés, tels des apôtres, Vers les doux cœurs timides et transis Des autres. Ils les ont conviés, par la pensée, À se sentir aux nôtres fiancés, À proclamer l’amour avec des ardeurs franches, Comme un peuple de fleurs aime la même branche, Qui le suspend et le baigne dans le soleil ; Et notre âme, comme agrandie, en cet éveil, S’est mise à célébrer tout ce qui aime, Magnifiant l’amour pour l’amour même, Et à chérir, divinement, d’un désir fou, Le monde entier qui se résume en nous.
Text Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), no title, written 1896, appears in Les heures claires, no. 28, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1896
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