Comme la corne argentine De la lune en son croissant Belle et disposte chemine Sous le voyle brunissant Parmy la gemmeuse presse Des autres feus qu’elle suit Ainsi la grace reluist Des beautez de ma maistresse. Ce ne sont que fleurs escloses Sur son jeune et tendre sein : Ses levres ne sont que roses Qu’yvoire sa blanche main : Ses dents petites perlettes, Ses yeux deux astres jumeaux Ou mille et mille amoureaux Trempent de miel leurs sagettes. C’est une douceur benigne Son ris et sa bouche aussi, C’est une voute ebenine Le croissant de son sourcy Elle retient de son pere Le port et la majesté. Les vertus et la bonté Et les graces de sa mere. Et comme la branche tendre Qui prend racine du bas Du laurier se veut estendre Et croistre ses petits bras Et rien que le ciel n’aspire Monstrant son sein verdoyant Et son beau corps ondoyant Au doux souspirs de Zephire : Ou comme la grace belle D’un bouton à demy cloz Monstre sa robbe nouvelle Et son pourpre au fond encloz Ne luy restans que l’entente Des rayons d’un beau soleil Pour espandre le vermeil De sa beauté rougisante. Tout ainsi vient en croissance Ceste vierge, qui de soy Ja porte assez d’asseurance Qu’elle est fille d’un grand Roy Sans plus reste une rosee Ou quelque douce chaleur Pour faire espanir la fleur De sa jeunesse espousee. Je voy le Soleil qui lance Desja ses raids dans les eaux, Je voy la nuict qui s’advance D’allumer ses clairs flambeaux, Je la voy qu’elle s’appreste De faire luire le feu Du vespre qui peu à peu Ja nous descouvre sa teste. Je voy desja la nuict sombre Qui sur la terre s’espand, Je voy l’espais de son ombre Qui par l’air ja se respand : Vien donc l’heure est opportune, O nuict, et si tu reçois Les doux accens de ma voix Monstre nous ta face brune. Or sus la nuict est ja close L’avant coureur est au ciel Sur ceste bouche desclose Il vous faut cueiller le miel : Il vous fault doucement joindre A ce tetin nouvelet Comme un bouton verdelet Qui ne fait ores que poindre. Comme la branche tortisse De la vigne aux verds rameaux Se pend, se noue, et se plisse Du bras des jeunes ormeaux Ou comme alors que fleuronne La terre aux raids d’un beau jour Les pigeons se font l’amour De leur bouchette mignonne : Ainsi l’estoile qui guide Les petits amours dorez Avec hymen qui preside A ces festins honorez Vous appelle et vous convie Tous deux au col vous saisir Pour favourer le plaisir Le plus doux de nostre vie. Sus donc avant que l’on sorte Pages ostez la clarté Nymphes qu’on serre la porte Or sus c’est assez chanté Prenez la ceincture belle Que vous pourrez sur le flanc Et serrez l’ivoyre blanc De ceste espouse nouvelle. Vostre ceincture ou les graces Sont empraintes à l’entour Et les plaisantes fallaces Du cruel enfant Amour : Vostre ceincture où sont mises Les amorces et les traits Et les amoureux attraits De cent et cent mignardises. La boucle est d’or estoffee De fleches et d’un carquoys Et l’entour est d’un trophee Lacé de deux arcs Turquois Les bouts sont faits d’une poincte Qui porte un nouveau croissant D’un lierre verdissant Autour de ses flancs estrainte. Atant les Nimpes sacrees Les Nimphettes aux yeux verds De leurs bouchettes succrees Au lict chanterent ces vers Prenans la boucle fatalle De leur belle et blanche main La bouclerent soubs le sein De ceste Nymphe Royalle. Couple d’Amans amiable Que puissiez vous sans ennuys D’un amitié perdurable Passer les jours et les nuits Sans que jamais ny l’envie Ny le soing ny le couroux Rouille ses yeux dessus vous Pour tourmenter vostre vie. Dieux faictes que de leur race Puisse naistre un enfant beau Qui au front porte la grace Du pere dès le berceau Et qui de beauté ressamble A la mere, et de pouvoir A ce roy qui s’est faict voir Esgal à vous tous ensemble.
Recueil des voix de ville
by Jean Chardavoine (c1537 - c1580)
Chant des nymfes de la Seine See original
Composition:
- Set to music by Jean Chardavoine (c1537 - c1580), "Chant des nymfes de la Seine", from Recueil des voix de ville
Text Authorship:
- by Rémy Belleau (1527/8 - 1577), "Chant des nymfes de la Seine"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Song of the nymphs of the Seine", copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
D’où vient l’amour soudaine Matches base text
D’où vient l’amour soudaine Qui soudain m’a surpris, D’où vient la douce peine, Qui soudain gesne mes espris ? D’où me veint tel esmoy Qui me met hors d’esmoy ? Je qui me soulois rire Des amans langoureux Maintenant je souspire Plus que nul amoureux Amour me fait sçavoir Qu’il a sur tous pouvoir. Je qui ne soulois estre Maistrisé que de moy De moy ne suis plus maistre J’ay obligé ma foy M’asseurant à un cœur Qui du mien est vainqueur. Je n’ay plus de puissance Sur mes affections Malgré ma resistence Toutes mes passions Sont du mal doulx amer Que l’on appelle aimer. Soit que Phoebus espande Ses rayons dessous nous Ou soit que la nuict bande Noz yeux d’un sommeil doux Jour et nuict mon tourment Me presse incessamment. Soit que point ne me plaise Les hommes frequenter Soit que cherchant plus d’aise Me plaise les hanter Soit en paix soit en bruict Tousjours mon mal me suit. Je pensois ceste rage A la longue oublier Mais plus suis en servage Plus je m’y sens lyer Et le mal que je sens Croist avecques le temps. Dans mes bouillantes vaines Je nourris mon tourment Et moymesme à mes peines Donne nourissement Je mets peine à nourrir Ce qui me fait mourir. Ma foy n’est plus douteuse En lisant les tourmens Qu’en la flamme amoureuse Ont souffert maints amants J’en sens en mon esprit Plus qu’il n’est escrit. J’ay crainte que madame Ne doubte de ma foy Ou qu’un autre n’enflamme Son amour plus que moy Qui aime de bon cœur Il n’est jamais sans peur. Je viz en grand destresse Un simple deviser Une seule caresse Me faict enjalouser ? Je ne puis volontiers M’accorder à un tiers Amour et jalousie Se suyvans à l’entour Me donnent mort et vie Mille fois en un jour De l’un viendra le ris Et de l’autre les cris. Amour n’est autre chose Au cœur qui le reçoit Que l’espine et la rose Croissant en un endroit Ou gouste pour aymer Du doux et de l’amer.
Text Authorship:
- by Jean Bastier de La Péruse (1529 - 1554) [author's text not yet checked against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
Set by Jean Chardavoine (c1537 - c1580)Researcher for this page: David Wyatt
Helas mon Dieu y a il en ce monde See original
Helas mon Dieu y a il en ce monde Dueil ou ennui dont on ait cognoissance Qui soit esgal à ma douleur profonde Helas mon Dieu si j’avois la puissance De declarer la peine que je porte Ce me seroit une grande allegeance. Helas mon Dieu pitié est elle morte ? Qui luy defend que mort ne me contente Puis qu’autre espoir je n’ay que me confort ? Helas mon Dieu le fruict de mon attente S’en va passant comme songe ou fumee Et ma douleur est seule permanente. Helas mon Dieu amie trop aimee Voyez vous point à mon dueil inportable Vostre grand tort et foy peu estimee ? Helas mon Dieu amitié perdurable D’ingrat oubly est mal recompensee J’en ay la peine et l’autre en est coulpable Helas mon Dieu qui sçavez ma pensee Soyez content que d’elle me deporte Mettant à fin l’euvre mal commencee Helas mon Dieu ce cas me desconforte Que mon cœur gist en bien povre asseurance Mon desir croist et l’esperance est morte. Helas mon Dieu puis que perseverance Ny loyauté ny ma peine trop dure N’ont proffite, meure toute esperance Helas mon Dieu si d’heureuse adventure Mort à mon mal donne fin plus retarde Je ne croi plus que par douleur on meure. Helas mon Dieu si ma mort tant lui tarde Ordonnez luy qu’apres ma sepulture Tard repentie elle entende et regarde Que plus ma foy que sa cruauté dure.
Composition:
- Set to music by Jean Chardavoine (c1537 - c1580), "Helas mon Dieu y a il en ce monde", from Recueil des voix de ville
Text Authorship:
- by Mellin de Saint-Gelais (1487 - 1558)
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
Note (provided by David Wyatt): In line 1, modern French would have « y a-t-il »; apparently the extra ‘t’, for euphony, was invented by Saint-Gelais’s successor as ‘poet laureate’, Ronsard.
Researcher for this page: David WyattJe ne sçay que c'est qu'il me faut See original
Je ne sçay que c'est qu'il me faut, Froid ou chaud Je ne dors plus ny ne sommeille C’est merveille De me voir sain et langoureux. Je croy que je suis amoureux. En quatre jours ne fais pas Deux repas Je ne voix ny beuf ny charrue J’ay la rue Pour me pourmener nuict et jour. Je fuis l’hostel et le sejour. Il m’estois aussi grand besoing D’avoir soing Qui auroit des dances le pris Je fus pris Et m’amusay tant à la feste Qu’encore m’en tourne la teste. Je ne say ou le mal me tient Mais il vient D’avoir dancé avec Catin Son tetin Alloit au bransle, maudit soit-je, Il estoit aussi blanc que nege. Elle avoit son beau collet mis De Samis Son beau corset rouge et ses manches Des Dimenches Un long cordon à petits neuds Pendant sur ces souliers tous neufs Je me vy jecter ses yeux vers De travers Dont je feis des saut plus de dix Et luy dis En luy serrant le petit doi Catin c’est pour l’amour de toy. Sur ce point elle me laissa Et cessa De faire de moy plus de compte J’en euz honte Si grande que pour me cacher Je feis tremblant de me moucher. Je l’ay veue une fois depuis A son huis Et une autre allant au marché J’ay marché Cent pas pour lui dire deux mots Mais elle me tourne le doz. Si ceste contenance fiere Dure guere Adieu grange, adieu labouraige J’ay couraige De me voir gendarme un matin Ou moyen en despit de Catin.
Composition:
- Set to music by Jean Chardavoine (c1537 - c1580), "Je ne sçay que c'est qu'il me faut", from Recueil des voix de ville
Text Authorship:
- by Mellin de Saint-Gelais (1487 - 1558)
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "I know not what I need", copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission