La gargoulette, pleine d'eau, Qui, sans la chûte d'une goutte, Sur ta tête reste à niveau, Pendant que tu tressailles toute ; Tes yeux dans l'infini perdus, Sous l'eau calme ta face inerte, Quand, la hanche et les seins tordus, Tu danses, de frissons couverte, Enseignent que la volupté Doit nous agiter de ses flammes, Sans qu'une goutte de beauté En brille de moins, dans nos âmes.
Les nuits persanes
by Youssef Khan Nazare-Aga, dit Kyna (1870 - 1942)
1. Volupté  [sung text not yet checked]
Subtitle: Danse persane avec chœurs
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), no title, written 1870, appears in Les nuits persanes, in 4. Volupté, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, page 68.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Les Palmiers  [sung text not yet checked]
Heureux les palmiers ! leurs amours Vont, sur les ailes de la brise, De l'amant ignoré toujours A l'amante toujours surprise. Rien de réel ne vient briser L'idéal essor de leurs fièvres. Ils ont l'ivresse du baiser Sans avoir à subir les lèvres.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Les Palmiers", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 4. Volupté, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, page 69.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Mélancolie  [sung text not yet checked]
Ô fier jeune homme, ô tueur de gazelles, Cavalier pâle au regard de velours, Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes, Emporte-moi vers le ciel des amours. J'ai bien souvent, la nuit, sur ma terrasse, Versé des pleurs en te tendant les bras. Stérile effort ! C'est l'ombre que j'embrasse, Et mes sanglots, tu ne les entends pas. Pourtant le ciel m'a faite ardente et belle, Ma lèvre douce est comme un fruit vermeil ; J'ai dans la voix des chants de colombelle, Sur les cheveux un rayon de soleil. Mais enfermée et couverte de voiles, Dans un palais, je meurs loin du vrai bien. Pourquoi des fleurs et pourquoi des étoiles, Si mon cœur bat et si tu n'en sais rien ? Mon bien-aimé, terribles sont tes armes, Ton long fusil, ta lance, ton poignard, Et, plus que tout, tes yeux aux sombres charmes, Perçant un cœur avec un seul regard. Ô fier jeune homme, ô tueur de gazelles, À leur destin mon sort est ressemblant ; Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes, Joins mon cœur triste à ton butin sanglant.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Mélancolie", appears in Les nuits persanes, in 5. La solitaire, first published 1870
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2021, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 75-76.
Researcher for this page: Emily Ezust [Administrator]
4. Délire  [sung text not yet checked]
Le marchand de perles m'a dit : Ton front veut-il une couronne ? Tout mon bazar qui resplendit, Pour ta prunelle, je le donne. Le marchand de roses reprit : Laisse les perles chez l'orfèvre ; Tout mon royaume qui fleurit, Je l'échange contre ta lèvre. Le poète au rêve étoilé Dit à son tour : vivante flamme, De ton cœur donne-moi la clé, Et dans mes chants je te proclame. Mais que m'importe aucun trésor ? Je garde cœur, lèvre et prunelle Pour quelqu'un n'ayant pas encor Soupçonné ma plainte éternelle. Perles, roses, vers, à mes yeux, Cela ne vaut pas un grain d'orge. Du bien-aimé j'aimerais mieux Que l'étrier broyât ma gorge.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Délire", written 1870?, appears in Les nuits persanes, in 5. La solitaire, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonese Lemerre, 1870, pages 77-78.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
5. Le puits  [sung text not yet checked]
Dans le jardin, assise au bord du puits Qu'un soleil ardent séchait de son hâle, Je lui contai ma tristesse depuis Que j'ai vu passer le cavalier pâle. Je dis combien l'isolement m'abat, Je dis ma révolte avec mes alarmes. Bien que nul pleur de mes yeux ne tombât. Le puits desséché se remplit de larmes. Au bord du puits, je vins le lendemain ; J'aurais mieux aimé la tombe profonde. Je ne dis rien, mais je posai la main Sur mon cœur saignant, en regardant l'onde. Des dents de feu me déchiraient le front, Je songeais aux morts en qui rien ne bouge. Les pleurs sont peu pour un cœur qui se rompt ; L'eau blanche du puits devint du sang rouge. Hélas ! si lui le bien aimé voulait Porter son amour dans mon âme sombre, Il changerait en paradis complet Ma nuit infinie et mes feux sans nombre Et le vieux puits, en écoutant nos doux Soupirs de pigeons et rires de merles, Transformerait, pour faire comme nous, Son sang en rubis, ses larmes en perles.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Le Puits", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 5. La solitaire, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 86-87.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
6. Cavalcade  [sung text not yet checked]
Hop ! nos chevaux rongent le mors ; L'un hennit, l'autre se cabre. Partons avec tous nos trésors, Toi tes yeux, et moi mon sabre. Nos chevaux sont très-blancs, très-beaux, Avec des narines roses ; Laissant retentir leurs sabots, Nous nous dirons bien des choses. Avant que ton amour me prît, Vivre n'était qu'un vain rêve. Il faisait nuit dans mon esprit, Avec toi le jour se lève. Le jour se lève. Oh ! je dis bien ; Du passé je n'ai plus mémoire. Tout ce qui n'est pas toi, n'est rien Et tombe dans la mer Noire. Fuyons, allons où tu voudras. Pour nos cœurs point de barrières ! Je te porterai dans mes bras, S'il faut passer des rivières. Ne crains ni les bois ni les monts ; Crois-en l'espoir dont je vibre. Nous sommes deux, nous nous aimons, Et devant nous est l'air libre. Hop ! nos chevaux rongent le mors ; L'un hennit, l'autre se cabre. Partons avec tous nos trésors, Toi tes yeux, et moi mon sabre.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Cavalcade", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 6. La vallée de l'union, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 100-101.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
7. Triomphe  [sung text not yet checked]
Quatre chevaux d'un blanc sans tache Sont attelés à mon char d'or, Dans la main je tiens une hache, Sur le ciel bleu mon œeil s'attache, A mes pieds ma panthère dort. La ville hier était immense ; Les hommes grouillaient par milliers. Mais tout finit quand je commence. Se croire fort ! vaine démence, Chûte risible sous mes pieds ! Il fait une chaleur de forge, Tant les palais flambent au vent ; On pille, on saccage, on égorge ; Demain il poussera de l'orge Où fut tout ce fracas vivant. Les vierges à part sont laissées. Je leur ai dit : jetez des fleurs. Avec des poses cadencées, Par elles des fleurs sont lancées Au meurtrier de tous les leurs. On épargne aussi les poètes. Je leur ai dit : faites-moi Dieu. Ils ont pris la lyre des fêtes Et chantent, assis sur des têtes, Aux portes des palais en feu.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Triomphe", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 7. Fleurs de sang, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 124-125.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
8. Ivresse lumineuse  [sung text not yet checked]
Encor du vin ! encor des chants de lyre ! Encor des flambeaux ! Encor du ciel où tournent en délire Des astres plus beaux ! Du vin ! du vin ! fait de flammes sanglantes, De rubis ardents, Rongeant mon cœur aux fibres pantelantes, Comme avec des dents. Du vin ! du vin ! l'ivresse immesurée, L'ivresse à saisir Tout ce qui flotte, à travers l'empyrée, D'âme et de désir ! Encor du vin ! Chassons dans la poussière La réalité. Encor ! encor ! Buvons de la lumière Et de la beauté !
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Ivresse lumineuse", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 8. Fleurs de vin, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, page 160.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
9. Celui qui est  [sung text not yet checked]
Dans le vent se perdent les ailes, Les sons de lyre dans le bruit, Dans le brasier les étincelles, Nos rêves à tous dans la nuit. Le monde est une souricière Où le plaisir mène au remord, Où l'amour mène à la poussière, Où l'action mène à la mort. Et le temps roule, cercle énorme, Autour d'un immobile essieu. Et rien ne change que la forme. Et rien ne demeure que Dieu.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Celui qui est", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 9. La mosquée, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 165-166.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
10. Nénuphars  [sung text not yet checked]
Au bord du lac, je rêve et me recueille ; Le vent du soir incline les roseaux. En vains regrets mon cœur triste s'effeuille ; Les nénuphars s'effeuillent sur les eaux. Les nénuphars s'effeuillent sur les eaux, Voguent au large ainsi que des nacelles, Puis tout-à-coup s'envolent en oiseaux, Au firmament ouvrant leurs blanches ailes. Au firmament ouvrant leurs blanches ailes, Ils vont, ils vont, toujours plus loin des yeux ; Déjà leurs corps lancent des étincelles. Chaque oiseau blanc est une étoile aux cieux. Chaque oiseau blanc est une étoile aux cieux ; Et maintenant chaque étoile brisée Tombe et devient, dans l'air silencieux, La goutte d'eau, perle de la rosée. Le goutte d'eau, perle de la rosée, Fait refleurir nénuphars et roseaux. L'ivresse calme, à son tour, s'est posée Sur mon cœur triste, errant au bord des eaux.
Text Authorship:
- by Armand Renaud (1836 - 1895), "Nénuphars", written 1870, appears in Les nuits persanes, in 10. Songes d'opium, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1870
Go to the general single-text view
Confirmed with Les nuits persanes par Armand Renaud, Paris, Alphonse Lemerre, 1870, pages 207-208.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]