Songes-tu parfois, bien-aimée, Assise près du foyer clair, Lorsque, sous la porte fermée Gémit la bise de l’hiver, Qu’après cette automne clémente Les oiseaux, cher peuple étourdi, Trop tard, par un jour de tourmente, Ont pris leur vol vers le Midi ; Que leurs ailes, blanches de givre, Sont lasses d’avoir voyagé ; Que sur le long chemin à suivre Il a neigé, neigé, neigé ; Et que, perdus dans la rafale, Ils sont là, transis et sans voix, Eux dont la chanson triomphale Charmait nos courses dans les bois ? Hélas ! comme il faut qu’il en meure De ces émigrés grelottants ! Y songes-tu ? Moi, je les pleure, Nos chanteurs du dernier printemps. Tu parles, ce soir où tu m’aimes, Des oiseaux du prochain Avril ; Mais ce ne seront plus les mêmes, Et ton amour attendra-t-il ?
Les Mois - 12 poésies de F. Coppée
by Charles Mélant (1855 - 1916)
1. Janvier  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Janvier", written 1876, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 1, Paris Éd. Alphonse Lemerre
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Amy Pfrimmer) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 331-332.
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2. Février  [sung text not yet checked]
Hélas ! dis-tu, la froide neige Recouvre le sol et les eaux : Si le bon Dieu ne les protège, Le printemps n’aura plus d’oiseaux ! Rassure-toi, tendre peureuse ; Les doux chanteurs n’ont point péri. Sous plus d’une racine creuse Ils ont un chaud et sûr abri. Là, se serrant l’un contre l’autre, Et blottis dans l’asile obscur, Pleins d’un espoir pareil au nôtre, Ils attendent l’Avril futur ; Et, malgré la bise qui passe Et leur jette en vain ses frissons, Ils répètent à voix très basse Leurs plus amoureuses chansons. Ainsi, ma mignonne adorée, Mon cœur, où rien ne remuait, Avant de t’avoir rencontrée, Comme un sépulcre était muet ; Mais quand ton cher regard y tombe, Aussi pur qu’un premier beau jour, Tu fais jaillir de cette tombe Tout un essaim de chants d’amour.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Février", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 2, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 333-334.
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3. Mars  [sung text not yet checked]
Parfois un caprice te prend, Méchante amie, et tu me boudes, Et sur le balcon tu t’accoudes Malgré l’eau qui tombe à torrent. Mais, vois-tu ! Mars, avec ses grêles A qui succède un gai soleil, Chère boudeuse, est tout pareil A nos fugitives querelles. Tels ces oiseaux, pauvres petits, Sous ce fronton, pendant l’averse, Et telle ta bouche perverse Où des sourires sont blottis. Vienne un rayon, et, la première, Tu tourneras vers moi les yeux, Et les oiselets tout joyeux S’envoleront dans la lumière.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Mars", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 3, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 335-336.
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4. Avril  [sung text not yet checked]
Lorsqu’un homme n’a pas d’amour, Rien du printemps ne l’intéresse ; Il voit même sans allégresse, Hirondelles, votre retour ; Et, devant vos troupes légères Qui traversent le ciel du soir, Il songe que d’aucun espoir Vous n’êtes pour lui messagères. Chez moi ce spleen a trop duré, Et quand je voyais dans les nues Les hirondelles revenues, Chaque printemps, j’ai bien pleuré. Mais, depuis que toute ma vie A subi ton charme subtil, Mignonne, aux promesses d’Avril Je m’abandonne et me confie. Depuis qu’un regard bien-aimé A fait refleurir tout mon être, Je vous attends à ma fenêtre, Chères voyageuses de Mai. Venez, venez vite, hirondelles, Repeupler l’azur calme et doux, Car mon désir qui va vers vous S’accuse de n’avoir pas d’ailes.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Avril", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 4, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 337-338.
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5. Mai  [sung text not yet checked]
Depuis un [mois]1, chère exilée, Loin de mes yeux tu t'en allas, Et j'ai vu fleurir des lilas Avec ma peine inconsolée. Seul, je fuis ce ciel clair et beau Dont l'ardent effluve me trouble, Car l'horreur de l'exil se double De la splendeur du renouveau. En vain j'entends contre les vitres, Dans la chambre où je m'enfermai, Les premiers insectes de Mai Heurter leurs maladroits élytres ; En vain le soleil a souri, Au printemps je ferme ma porte, Et veux seulement qu'on m'apporte Un rameau de lilas fleuri; Car l'amour dont mon âme est pleine [Retrouve, parmi]2 ses douleurs Ton regard dans ces chères fleurs Et dans leur parfum ton haleine.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Mai", appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 5, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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- ENG English (Emily Ezust) , "May", copyright ©
1 Maingueneau: "deux"; further changes may exist not shown above.
2 Hahn: "Y trouve parmi"
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6. Juin  [sung text not yet checked]
Dans cette vie où nous ne sommes Que pour un temps si tôt fini, L’instinct des oiseaux et des hommes Sera toujours de faire un nid ; Et d’un peu de paille ou d’argile Tous veulent se construire, un jour, Un humble toit, chaud et fragile, Pour la famille et pour l’amour. Par les yeux d’une fille d’Ève Mon cœur profondément touché, Avait fait aussi ce doux rêve D’un bonheur étroit et caché. Rempli de joie et de courage, A fonder mon nid je songeais ; Mais un furieux vent d’orage Vient d’emporter tous mes projets ; Et sur mon chemin solitaire Je vois, triste et le front courbé, Tous mes espoirs brisés à terre Comme les œufs d’un nid tombé.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Juin", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 6, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 342-342.
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7. Juillet  [sung text not yet checked]
Le ciel flambe et la terre fume, La caille frémit dans le blé ; Et, par un spleen lourd accablé, Je dévore mon amertume. Sous l’implacable Thermidor Souffre la nature immobile ; Et dans le regret et la bile Mon chagrin s’aigrit plus encor. Crève donc, cœur trop gonflé, crève, Cœur sans courage et sans raison, Qui ne peux vomir ton poison Et ne peux oublier ton rêve ! Par cet insultant jour d’été, Cœur torturé d’amour, éclate ! Et que, de ta fange écarlate Me voyant tout ensanglanté, Ainsi que l’apostat antique, Avec un blasphème impuissant, Je jette à pleines mains mon sang A ce grand soleil ironique !
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- by François Coppée (1842 - 1908), "Juillet", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 7, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , "七月", copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 343-344.
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8. Août  [sung text not yet checked]
Par les branches désordonnées Le coin d’étang est abrité, Et là poussent en liberté Campanules et graminées. Caché par le tronc d’un sapin, J’y vais voir, quand midi flamboie, Les petits oiseaux, pleins de joie, Se livrer au plaisir du bain. Aussi vifs que des étincelles, Ils sautillent de l’onde au sol, Et l’eau, quand ils prennent leur vol, Tombe en diamants de leurs ailes. Mais mon cœur, lassé de souffrir, En les admirant les envie, Eux qui ne savent de la vie Que chanter, aimer et mourir !
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Août", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 8, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 345-346.
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9. Septembre  [sung text not yet checked]
Après ces cinq longs mois que j’ai passés loin d’elle, J’interroge mon cœur ; il est resté fidèle. En Mai, dans la jeunesse exquise du printemps, J’ai souffert en songeant à ses beaux dix-sept ans. Quand la nature, en Juin, de roses était pleine, J’ai souffert en songeant à sa suave haleine. En Juillet, quand la nuit peuplait d’astres les cieux, J’ai souffert en songeant à l’éclat de ses yeux. Août a flambé, Septembre enfin mûrit la vigne, Sans que mon triste cœur s’apaise et se résigne. Toujours son souvenir a le même pouvoir, Et je n’ai qu’à fermer les yeux pour la revoir.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Septembre", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 9, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 347-348.
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10. Octobre  [sung text not yet checked]
Avant que le froid glace les [ruisseaux]1 Et voile le ciel de vapeurs moroses, Écoute chanter les derniers oiseaux, Regarde fleurir les dernières roses. Octobre permet un moment encor Que dans leur éclat les choses demeurent ; Son couchant de pourpre et ses arbres d’or Ont le charme pur des beautés qui meurent. Tu sais que cela ne peut pas durer, Mon cœur ! mais, malgré la saison plaintive, Un moment encor tâche d’espérer Et saisis du moins l’heure fugitive. Bâtis en Espagne un dernier château, Oubliant l’hiver, qui frappe à nos portes Et vient balayer de son dur râteau Les espoirs brisés et les feuilles mortes.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Octobre", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 10, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée, Librairie L. Hébert, 1892, Poésies, tome II, pages 349-350.
1 Martin: "ormeaux"; further changes may exist not shown above.Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
11. Novembre  [sung text not yet checked]
Captif de l’hiver dans ma chambre Et las de tant d’espoirs menteurs, Je vois, dans un ciel de novembre, Partir les derniers migrateurs. Ils souffrent bien sous cette pluie ; Mais, au pays ensoleillé, Je songe qu’un rayon essuie Et réchauffe l’oiseau mouillé. Mon âme est comme une fauvette Triste, sous un ciel pluvieux ; Le soleil dont sa joie est faite Est le regard de deux beaux yeux ; Mais, loin d’eux elle est exilée ; Et, plus que ces oiseaux, martyr, Je ne puis prendre ma volée Et n’ai pas le droit de partir.
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- by François Coppée (1842 - 1908), "Novembre", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 11, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 351-352.
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12. Décembre  [sung text not yet checked]
Le hibou ; parmi les décombres ; Hurle, et Décembre va finir ; Et le douloureux souvenir Sur ton cœur jette encor ses ombres. Le vol de ces jours que tu nombres, L’aurais-tu voulu retenir ? Combien seront, dans l’avenir, Brillants et purs ; et combien, sombres ? Laisse donc les ans s’épuiser. Que de larmes pour un baiser, Que d’épines pour une rose ! Le temps qui s’écoule fait bien ; Et mourir ne doit être rien, Puisque vivre est si peu de chose.
Text Authorship:
- by François Coppée (1842 - 1908), "Décembre", written 1878, appears in Les Récits et les Élégies, in Élégies, in 3. Les mois, no. 12, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1878
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Confirmed with Œuvres complètes de François Coppée. Poésies, Tome II, Librairie L. Hébert, 1892, pages 353-354.
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