Tu m'as faict un chappeau de roses, Qui semblent tes deux levres closes, Et de lis freschement cueillis, Qui semblent tes beaux doigts polis, Les liant d'un fil d'or ensemble, Qui à tes blonds cheveux ressemble. Mais si jeune tu entendois L'ouvrage, qu'ont tyssu tes doigts, Tu serois, peult estre, plus sage A prevoir ton futur dommage. Ces roses plus ne rougiront, Et ces lis plus ne blanchiront : La fleur des ans, qui peu sejourne, S'en fuit, et jamais ne retourne : Etle fil te monstre combien La vie est un fragile bien. Pourquoy donc m'es-tu si rebelle ? Mais pourquoy t'es-tu si cruelle ? Si tu n'as point pitié de moy, Ayes au moins pitié de toy.
Jeux rustiques
by Louis Beydts (1896 - 1953)
1. Sur un chapelet de roses  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Joachim du Bellay (1525 - c1560), "Sur un chapelet de roses", appears in Divers Jeux Rustiques, no. 26
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Grant Hicks) , "On a Chaplet of Roses", copyright © 2025, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Joachim du Bellay, Divers Jeux Rustiques et autres œuvres poétiques, Paris: E. Sansot & Cie , 1912, Page 176.
Modernized text:
Tu m'as fait un chapeau de roses Qui semblent tes deux lèvres closes, Et de lis fraîchement cueillis Qui semblent tes beaux doigts polis, Les liant d'un fil d'or ensemble, Qui à tes blonds cheveux ressemble. Mais si jeune tu entendais L'ouvrage qu'ont tissu tes doigts, Tu serais, peut être, plus sage A prévoir ton futur dommage. Ces roses plus ne rougiront, Et ces lis plus ne blanchiront La fleur des ans, qui peu séjourne, S'en fuit, et jamais ne retourne : Et le fil te montre combien La vie est un fragile bien. Pourquoi donc m'es tu si rebelle ? Mais pourquoi t'es tu si cruelle ? Si tu n'as point pitié de moi, Aie au moins pitié de toi.Note: in the original publication, the text Du mesme Bembe (i.e., "Of the same Bembe") is printed after the poem's title. This is a reference to the comment Du Bembe that follows the title of the previous poem in the collection. The "Bembe" in question is Pietro Bembo (1470-1547), called "Pierre Bembe" in du Bellay's writings. Bembo was one of the first Italian proponents of vernacular (as opposed to Latin) poetry.
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2. Bayser  [sung text not yet checked]
Sus, ma petite Columbelle, Ma petite belle rebelle, Qu'on me paye ce qu'on me doit : Qu'autant de baysers on me donne, Que le poëte de Veronne A sa Lesbie en demandoit. Mais pourquoy te say-ie demande De si peu de baysers, friande, Si Catulle en demande peu ? Peu vrayment Catulle en desire, Et peu se peuuent-ilz bien dire, Puis que compter il les a peu. De mille fleurs la belle Flore Les verdes riues ne colore, Cerés de mille espicz nouueaux Ne rend la campagne fertile, Et de mille raisins, & mille Bacchus n'emplist pas ses tonneaux. Autant donc que de fleurs fleurissent, D'espicz & de raysins meurissent, Autant de baysers donne moy : Autant ie t'en rendray sur l'heure, A fin qu'ingrat ie ne demeure De tant de baysers enuers toy. Mais sçais-tu quelz baysers, mignonne ? Ie ne veulx pas qu'on les me donne A la Françoise & ne les veulx Telz que la Vierge chasseresse Venant de la chasse les laisse Prendre à son frere aux blonds cheueux : Je les veulx à l'Italienne, Et telz que l'Acidalienne Les donne à Mars son amoureux : Lors sera contente ma vie, Et n'auray sur les Dieux enuie Ny sur leur nectar fauoureux.
Text Authorship:
- by Joachim du Bellay (1525 - c1560), "Bayser"
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Confirmed with Œuvres françoises de Joachim Du Bellay, Paris, Alphonse Lemerre, 1867, pages 345-346.
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3. Autre bayser  [sung text not yet checked]
Quand ton col de couleur de rose Se donne à mon embrassement, Et ton œil languist doulcement D'une paupière à demy close, Mon ame se fond du désir, Dont elle est ardentement pleine, Et ne peult souffrir à grand' peine La force d'un si grand plaisir. Puis quand j'approche de la tienne Ma lèvre, et que si près je suis, Que la fleur recuillir je puis De ton haleine Ambroisienne: Quand le soupir de ces odeurs Ou noz deux langues qui se jouent, Moitement folastrent et nouent, Évente mes doulces ardeurs, Il me semble estre assis à table Avec les Dieux, tant suis heureux, Et boire à longs traicts savoureux Leur doulx breuvage délectable. Si le bien qui au plus grand bien Est plus prochain, prendre on me laisse, Pourquoy ne permets-tu, maistresse, Qu'encores le plus grand soit mien ? As-tu peur que la jouissance D'un si grand heur me face Dieu ? Et que sans toy je vole au lieu D'éternelle resjouissance ? Belle, n'aye peur de cela, Par tout où sera ta demeure, Mon ciel jusqu'à tant que je meure, Et mon paradis sera là.
Text Authorship:
- by Joachim du Bellay (1525 - c1560), "Autre bayser", appears in Divers Jeux Rustiques, no. 24, first published 1558
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Other kiss", copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Divers Jeux Rustiques et autres œuvres poétiques de Joachim Du Bellay Angevin, Collationné sur la première édition (Paris, 1558), Paris, Isidore Liseux, 1875, pages 80-81.
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