Tandis que les crachats rouges de la mitraille Sifflent tout le jour par l'infini du ciel bleu ; Qu'écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu'une folie épouvantable broie Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ; - Pauvres morts ! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie, Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !... - Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées Des autels, à l'encens, aux grands calices d'or ; Qui dans le bercement des hosannah s'endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l'angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !
Univers de Rimbaud
Song Cycle by Rudolf Escher (1912 - 1980)
1. Le mal  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Arthur Rimbaud (1854 - 1891), "Le mal"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Le dormeur du val  [sung text not yet checked]
C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent; où le soleil de la montagne fière, Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pale dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme: Nature, berce-le chaudement: il a froid. Les parfums ne font plus frissonner sa narine; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.
Text Authorship:
- by Arthur Rimbaud (1854 - 1891), "Le Dormeur du val", written 1870, appears in Poésies, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1929
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Spáč v údolí"
- ENG English (Michael P Rosewall) , "The Sleeper of the Valley", copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- FRE French (Français) (Peter Low) , "The Sleeper in the Vale", copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
- HUN Hungarian (Magyar) (Dezső Kosztolányi) , "A völgyben egy katona alszik"
3. L'étoile a pleuré rose  [sung text not yet checked]
L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles, L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins ; La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.
Text Authorship:
- by Arthur Rimbaud (1854 - 1891), "L'étoile a pleuré rose..."
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
4. Oraison du soir  [sung text not yet checked]
Je vis assis, tel qu'un ange aux mains d'un barbier, Empoignant une chope à fortes cannelures, L'hypogastre et le col cambrés, une Gambier Aux dents, sous l'air gonflé d'impalpables voilures. Tels que les excréments chauds d'un vieux colombier, Mille Rêves en moi font de douces brûlures : Puis par instants mon coeur triste est comme un aubier Qu'ensanglante l'or jeune et sombre des coulures. Puis, quand j'ai ravalé mes rêves avec soin, Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes, Et me recueille, pour lâcher l'âcre besoin : Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes, Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin, Avec l'assentiment des grands héliotropes.
Text Authorship:
- by Arthur Rimbaud (1854 - 1891), "Oraison du soir"
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Ma bohème (fantaisie)  [sung text not yet checked]
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées; Mon paletot soudain devenait idéal; J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal; Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées! Mon unique culotte avait un large trou. Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!
Text Authorship:
- by Arthur Rimbaud (1854 - 1891), "Ma bohème", written 1870, appears in Poésies, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1929
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , "My vagabondage", copyright © 2011, (re)printed on this website with kind permission