La création s’est endormie — oh, garde-moi éveillé !
  Le sommeil voudrait aussi m’emporter —oh, garde-moi éveillé !

Mon regard veille sous le regard des étoiles du ciel
  alors que mes yeux se ferment — oh, garde-moi éveillé !

Toi lumière, tu resplendis là-haut plus encore que le soleil et la lune ;
  lorsque soleil et lune ont déserté — oh, garde-moi éveillé !

Quand les sens se sont fermés au monde extérieur,
  que l’âme ne soit pas dans l’angoisse — oh, garde-moi éveillé !

Que la puissance des ténèbres, l’horreur de la nuit,
  ne prévalent pas sur la lumière intérieure,  oh garde-moi éveillé !

Oh ! Que l’haleine humide de la nuit, que les effluves de l’ombre
  ne fassent pas germer le désir coupable — oh garde-moi éveillé !

Que, né de l’exhalaison des rameaux de l’Eden,
  le fruit de la vie reste accroché à mon rêve — oh, garde-moi éveillé !

Oh ! Montre-moi, en guise de réconfort, qu’elle s’est achevée
  dans un rêve, l’oeuvre que j’ai entreprise — oh garde-moi éveillé !

Sur ton sein je veux m’endormir, jusqu’à ce que l’éclat d’aurore
  de ton visage me face renaître, neuf — oh que je reste éveillé !