LiederNet logo

CONTENTS

×
  • Home | Introduction
  • Composers (20,247)
  • Text Authors (19,726)
  • Go to a Random Text
  • What’s New
  • A Small Tour
  • FAQ & Links
  • Donors
  • DONATE

UTILITIES

  • Search Everything
  • Search by Surname
  • Search by Title or First Line
  • Search by Year
  • Search by Collection

CREDITS

  • Emily Ezust
  • Contributors (1,115)
  • Contact Information
  • Bibliography

  • Copyright Statement
  • Privacy Policy

Follow us on Facebook

×

Attention! Some of this material is not in the public domain.

It is illegal to copy and distribute our copyright-protected material without permission. It is also illegal to reprint copyright texts or translations without the name of the author or translator.

To inquire about permissions and rates, contact Emily Ezust at licenses@email.lieder.example.net

If you wish to reprint translations, please make sure you include the names of the translators in your email. They are below each translation.

Note: You must use the copyright symbol © when you reprint copyright-protected material.

by Joachim du Bellay (1525 - c1560)
Translation © by David Wyatt

La complainte du désespéré
Language: French (Français) 
Our translations:  ENG
 Qui prestera la parolle
A la douleur qui m'afolle ?
 Qui donnera les accens
A la plainte qui me guyde ?
Et qui laschera la bride
 A la fureur que je sens ?
 
 Qui baillera double force
A mon âme, qui s'efforce
 De soupirer mes douleurs ?
Et qui fera sur ma face
D'une larmoyante trace
 Couler deux ruysseaux de pleurs ?
 
 Sus, mon cœur, ouvre ta porte.
Affin que de mes yeux sorte
 Une mer à ceste foys
Ores fault que tu te plaignes,
Et qu'en tes larmes tu baignes
 Ces montaignes & ces boys.
 
 Et vous mes vers, dont la course
A de sa première sourse
Les sentiers habandonnez,
Fuyez à bride avalée,
Et la prochaine valée
 De vostre bruyt estonnez.
 
 Vostre eau, qui fut clere & lente
Ores trouble & violente,
 Semblable à ma douleur soit,
Et plus ne meslez vostre onde
A l'or de l'arène blonde,
 Dont vostre fond jaunissoit.
 
 Mais qui sera la première ?
Mais qui sera la dernière
 De voz plaintes ? O bons dieux !
La furie qui me domte,
Las, je sens qu'elle surmonte
 Ma voix, ma langue & mes yeux.
 
 Au vaze estroict, qui dégoûte
Son eau, qui veult sortir toute,
 Ores semblable je suis :
Et fault (ô plainte nouvelle)
Que mes plainctz je renovelle,
 Dont plaindre assez je ne puis.
 
 Quand toutes les eaux des nues
Seraient larmes devenues,
 Et quand tous les ventz congnuz
De la charette importune,
Qui fend les champs de Neptune,
 Seroient soupirs devenuz :
 
 Quand toutes les voix encores
Complaintes deviendroient ores,
 Si ne me suffiroient point
Les pleurs, les soupirs, le plaindre,
A vivement contrefeindre
 L'ennuy qui le cœur me poingt.
 
 Ainsi que la fleur cuillie
Ou par la Bize assaillie
 Pert le vermeil de son teinct,
En la fleur du plus doulx âage
De mon palissant visage
 La vive couleur s'esteinct.
 
 Une languissante nue
Me sille desja la vëue,
 Et me souvient en mourant
Des doulces rives de Loyre,
Qui les chansons de ma gloyre
 Alloit jadis murmurant :
 
 Alors que parmy la France
Du beau Cygne de Florence
 J'alloys adorant les pas,
Dont les plumes j'ay tirées,
Qui des ailes mal cirées
 Le vol n'imiteront pas.
 
 Quel boys, quelle solitude,
Tesmoing de l'ingratitude
 De l'archer malicieux,
Ne resonne les alarmes
Que les amoureuses larmes
 Font aux espris ocieux ?
 
 Les bledz ayment la rousée,
Dont la plaine est arrousée :
 La vigne ayme les chaleurs,
Les abeilles les fleurettes,
Et les vaines amourettes
 Les complaintes & les pleurs.
 
 Mais la douleur véhémente,
Qui maintenant me tormente,
 A repoussé loing de moy
Telle fureur insensée,
Pour enter en ma pensée
 Le trait d'un plus juste esmoy.

 Arrière, plaintes frivoles
D'ung tas de jeunesses folles.
 Vous, ardens soupirs encloz,
Laissez ma poictrine cuyte,
Et traynez à vostre suyte
 Mile tragiques sangloz.
 
 Si l'injure desriglée
De la fortune aveuglée,
 Si ung faulx bon-heur promis
Par les faveurs journalières,
Si les fraudes familières
 Des trop courtizans amis.
 
 Si la maison mal entière
De cent procez héritière,
 Telle qu'on la peut nommer
La gallere desarmée,
Qui sans guide & mal ramée
 Vogue par la haulte mer :
 
 Si les passions cuyzantes
A l'âme & au corps nuyzantes,
 Si le plus contraire effort
D'une fiere destinée
Si une vie obstinée
 Contre ung désir de la mort :
 
 Si la triste congnoissance
De nostre fresle naissance,
 Et si quelque autre douleur
Geynne la vie de l'homme,
Je mérite qu'on me nomme
 L'esclave de tout malheur.
 
 Qu'ay-je depuis mon enfance
Sinon toute injuste offence
 Senty de mes plus prochains ?
Qui ma jeunesse passée
Aux ténèbres ont laissée,
 Dont ores mes yeux sont plains.
 
 Et depuis que l'âge ferme
A touché le premier terme
 De mes ans plus vigoreux,
Las, hélas, quelle journée
Peut onq' si mal fortunée
 Que mes jours les plus heureux ?
 
 Mes oz, mes nerfz & mes veines,
Tesmoins secrez de mes peines,
 Et mile souciz cuyzans
Avancent de ma vieillesse
Le triste hyver, qui me blesse
 Devant l'esté de mes ans.
 
 Comme l'autonne saccage
Les verdz cheveux du boccage
 A son triste advenement,
Ainsi peu à peu s'efface
Le crespe honneur de ma face
 Veufve de son ornement.
 
 Mon cœur ja devenu marbre
En la souche d'ung vieil arbre
 A tous mes sens transmuez :
Et le soing, qui me desrobe,
Me faict semblable à Niobe
 Voyant ses enfans tuez.
 
 Quelle Medée ancienne
Par sa voix magicienne
 M'a changé si promptement ?
Fichant d'aiguilles cruelles
Mes entrailles & moelles
 Serves de l'enchantement ?
 
 Armez vous contre elle donques,
O vous mes vers ! & si onques
 La fureur vous enflamma,
Faites luy sentir l'ïambe
Dont contre l'ingrat Lycambe
 La rage Archiloq' arma.
 
 O nuict ! ô silence ! ô lune !
Que ceste vieille importune
 Ose du ciel arracher,
Pourquoy ont la terre & l'onde,
Mais pourquoy a tout le monde
 Conspiré pour me fâcher ?
 
 Ny toute l'herbe cuillie
Par les champs de Thessalie,
 Ny les murmures secrez,
Ny la verge enchanteresse,
Dont la Dame vangeresse
 Tourna les visages Gréez :
 
 Ny les flambeaux qu'on allume
Aux obsèques, ny la plume
 Des mortuaires oizeaux,
Ny les oeufz qu'on teinct & mouille
Dans le sang d'une grenouille,
 Ny les Avernales eaux :
 
 Ny les images de cire,
Ny ce qui l'enfer attire,
 Ny tous les vers enchantez
Par la vieille eschevelée
D'une voix entremeslée
 Six & trois fois rechantez :
 
 Ny le menstrueux breuvage
Meslé avecques la rage
 Qui s'enfle au front des chevaux,
Ny les furies ensemble
Enfanteroient (ce me semble)
 Le moindre de mes travaux.
 
 Moindre feu ne me consume,
Et moindre peste ne hume
 La tiède humeur de mes oz,
Que l'Herculienne flamme
Ayant le don de sa femme
 Engravé dessus le doz.
 
 Les flotz courroussez, qui baignent
Leurs rivages, qui se plaignent,
 Ne sont plus sourds que je suis :
Ny ce peuple qui habite
Ou le Nil se précipite
 Dedans la mer par sept huys.
 
 Les ventz, la pluye & l'orage
N'exercent plus grand oultrage
 Sur les montz & sur les flotz,
Que l'éternelle tempeste
Qui brouille dedans ma teste
 Mile tourbillons encloz.
 
 Comme la foie prestresse,
A qui le Cynthien presse
3Le cœur superbe & despit,
Hérissant sa chevelure
Contre-tourné son allure
6Par ung mouvement subit,
 
 Ainsi aveq' noire myne
Tout furieux je chemine
 Par les champs plus eslongnez,
Remaschant d'ung soucy grave
Mile fureurs, que j'engrave
 Sur mes Zourciz renfrongnez.
 
 Tel est le Thebain Panthée,
Quand son âme espouantée
 Voit le soleil redoublé :
Tel, le vangeur de son père,
Quand les serpents de sa mère
 Luy ont son esprit troublé.
 
 D'une entre-suyvante fuyte
Il adjourne & puys annuyte :
 L'an d'ung mutuel retour
Ses quatre saisons rameine :
Et après la lune pleine
 Le croissant luist à son tour.
 
 Tout ce que le ciel entourne,
Fuyt, refuyt, tourne & retourne,
 Comme les flotz blanchissans,
Que la mer venteuse pousse,
Alors qu'elle se courrousse
 Contre ses bords gemissans.
 
 Chacune chose décline 
Au lieu de son origine :
 Et l'an, qui est coustumier
De faire mourir & naistre,
Ce qui feut rien, avant qu'estre,
 Reduict à son rien premier.
 
 Mais la tristesse profonde, 
Qui d'ung pie ferme se fonde
 Au plus secret de mon cœur,
Seule immuable demeure,
Et contre moy d'heure en heure
 Acquiert nouvelle vigueur.
 
 Ainsi la flamme allumée,
Que les ventz animée,
 Forcenant cruellement,
En mile poinctes s'eslance,
Dédaignant la violence
 De son contraire élément.
 
 Quand l'obscurité desserre
Ses aisles dessus la terre,
 Et quant le présent des Dieux
Pour emmieller la peine,
De toute la gent humaine
 Charme doulcement les yeux,
 
 Lors d'une horreur taciturne
Dessoubz le voyle nocturne
 Tout se fait paisible & coy :
Toute manière de beste
Au sommeil courbe la teste
 Dedans son privé recoy.
 
 Mais le mal, qui me reveille,
Ne permet que je sommeille
 Ung seul moment de la nuict,
Sinon que l'ennuy m'assomme
D'ung espoiiantable somme,
 Qui plus que le veiller nuyt.
 
 Puis quand l'aulbe se descouche
De sa jaunissante couche
 Pour nous esclerer le jour,
Avec moy s'esveille à l'heure
Le soing rongeard, qui demeure
 En mon familier séjour :
 
 Ou tout cela que l'on nomme
Les bienheuretez de l'homme,
 Ne me sçauroit esjouyr,
Privé de l'aise qu'aporte
A la vie demy-morte
 Le doulx plaisir de l'ouyr.
 
 Et si d'ung pas difficile
Hors du triste domicile
 Je me trayne par les champs,
Le soucy, qui m'accompaigne,
Ensemence la campaigne
 De mile regrez tranchans.
 
 Si d'avanture j'arrive
Sur la verdoyante rive,
 J'essourde le bruyt des eaux :
Si au bois je me transporte,
Soudain je ferme la porte
 Aux doulx goziers des oyzeaux.

 Jadis la tourbe sacrée,
Qui sur le Loyr se recrée,
 Me daignoit bien quelquesfois
Guyder au tour des rivages,
Et par les antres sauvages,
 Imitateurs de ma voix :
 
 Mais or' toute espoiiantée
Elle fuyt d'estre hantée
 De moy despit & félon,
Indigne que ma poictrine
Reçoyve soubz la courtine
 Les sainctz presentz d'Apollon.
 
 Mesmes la voix pitoyable, 
Dont la plainte larmoyable
 Rechante les derniers sons,
Dure & sourde à ma semonce,
Dédaigne toute response
 A mes piteuses chansons.
 
 Quelque part que je me tourne,
Le long silence y séjourne
 Comme en ces temples devotz,
Et comme si toutes choses
Pesle mesle estoyent r'encloses
 Dedans leur premier Caos.
 
 Mettez moy donq' ou la tourbe
Du peuple estonné se courbe
 Devant le sceptre des Roys,
Et en tous les lieux encore
Ou plus la France décore
 Et ses armes & ses loix :
 
 Mettez moy ou Ion accorde
La contr'-accordante chorde
 Par les discordans accords,
Et ou la beauté des dames
Souffle les secrettes flammes
 Qui bruslent dedans le corps.
 
 Mettez moy (si bon vous semble)
Ou la Delienne assemble
 Sa bande apprise au labeur,
A cry, à cor & à suyte
Pressant la légère fuyte
 Des cerfz aislez par la peur.
 
 Mettez moy ou Cytherée
En la saison altérée
 Sa jeune troppe conduict,
Et sans craindre la froidure
Dessus l'humide verdure
 Baie au serain de la nuict.
 
 Mettez moy là ou florissent
Les arbres qui se nourrissent
 Au beau séjour d'Alcinoys,
Et là ou le riche Autonne
D'une main prodigue donne
 L'honneur du front d'Acheloys.
 
 Mettez moy ou plus abonde
Tout ce qui plus en ce monde
 Contente l'humain désir,
Si ne pouray-je en tel aise
Trouver plaisir qui me plaise,
 Que l'obstiné déplaisir.
 
 Hélas, pourquoy tant s'augmentent
Les malheurs qui me tormentent
 Désespéré d'avoir mieux ?
Ou pourquoy à les accroistre,
Par trop les vouloir congnoistre,
 Suys-je tant ingénieux ?
 
 Heureux, qui a par augures
Preveu les choses obscures !
 Et trop plus heureux encor'
En qui des Dieux la largesse
A respandu la sagesse,
 Des cieux le plus beau trésor !
 
 Combien (si nous estions sages)
Se demonstrent de présages,
 Avant-coureurs de noz maulx ?
Soit par injure céleste
Par quelque perte moleste,
 Ou par mort des animaulx.
 
 Mais la pensée des hommes,
Pendant que vivans nous sommes,
 Ignore le sort humain :
La divine prescience
Par certaine expérience
 Le tient cloz dedans sa main.
 
 Seroit-point déterminée
Quelque vieille destinée
 Contre les espriz sacrez ?
Mile, qui dessus Parnaze
Beurent de l'eau de Pegaze
 Ont faict semblables regrez.
 
 De la Lyre Thracienne
Et de rÀmphionnienne
3Les malheurs je ne diray.
De l'aveuglé Sthesicore,
Et du grand aveugle encore
6Les labeurs je n'escriray.
 
 Je tays la mort d'Eurypide,
Et la tortue homicide.
 Je laisse encore la faim
De ce misérable Plaute,
Et les peines de la faulte
 De l'amoureux escrivain.
 
 Seulement me plaist escrire
Comment le Dieu qui inspire
 Le troppeau musicien,
Mortel, soubz habit champestre,
Sept ans les bœufz mena paistre
 Au rivaige Amphrysien.
 
 Mauldicte donq' la lumière
Qui m'esclaira la première,
 Puys que le ciel rigoreux
Assujetit ma naissance
A l'indomtable puissance
 D'ung astre si malheureux.
 
 O Dieux vangeurs, que Ion jure,
Dieux, qui punissez l'injure
7D'une rompue amitié,
Si les dévotes prières
Pour les injustes misères
0Vous émeuvent à pitié,
 
 Las, pourquoy ne se retire
De moy ce cruel martyre,
 Si mes innocentes mains,
Pures de sang & rapines,
Ne feurent onques inclines
 A rompre les droictz humains ?
 
 Je ne suys né de la race
Qui dessus les montz de Thrace,
 O Dieux, s'arma contre vous,
Ny de l'hoste abhominable
Qui pour son forfaict damnable
 Accreut le nombre des loups.

 Je n'ay hanté le collège
De ce larron sacrilège
 Qui feut premier inventeur
De feindre la congnoissance
De vostre divine essence
 Par ung visage menteur.
 
 Je ne suys né de la terre
Qui en la Thebaine guerre
1Huma le sang fraternel,
Dont le mutuel oultrage
Tesmoigna l'aveugle rage
4De l'inceste paternel.
 
 D'une cruaulté nouvelle
Je n'ay rompu la cervelle
 De mon père, & si n'ay pas
De ses entrailles saillantes
Remply les gorges sanglantes
 Par ung nocturne repas.
 
 Si mon innocente vie
Ne feut onques asservie
 Aux serves affections,
Si l'avare convoitize,
Si l'ambicion n'attize
 Le feu de mes passions :
 
 Si pour destruire ung lignage
Par escrit ou tesmoignage,
 Ma langue n'a point menty,
Si au sang de l'homme juste
Avecques le plus robuste
 Jamais je n'ay consenty :
 
 Si la vieille depiteuse
Du mal d'autruy convoiteuse
5Si l'ire, si la ranqueur
(Et si quelque autre furie
A sur l'homme seigneurie)
8Ne m'ont affolé le cœur,
 
9 Divine majesté haulte,
D'où me viennent, sans ma faulte,
 Tant de remors furieux ?
O malheureuse innocence,
Sur qui ont tant de licence
 Les astres injurieux !

 Heureuse la créature
Qui a fait sa sépulture
 Dans le ventre maternel !
Heureux celuy dont la vie
En sortant s'est veu ravie
 Par un sommeil éternel !
 
 Il n'a senty sur sa teste
L'inévitable tempeste
 Dont nous sommes agitez,
Mais asseuré du naufraige
De bien loing sur le rivaige
 A veu les flotz irritez.
 
 Sus, mon âme, tourne arrière,
Et borne icy la carrière
 De tes ingrates douleurs.
Il est temps de faire espreuve,
Si après la mort on treuve
 La fin de tant de malheurs.
 
 Ma vie désespérée
A la mort délibérée
 Ja-desja se sent courir.
Meure donques, meure, meure,
Celuy qui vivant demeure,
 Mourant sans pouvoir mourir.
 
 Ainsi le Devin d'Adraste,
Qui pour le filz d'Iôcaste
 Encontre Thebes s'arma,
S'eslançoit de grand' audace
Dedans l'horrible crevace,
 Qui sur luy se referma.
 
 Vous, à qui ces durs allarmes
Arracheront quelques larmes,
 Soyez joyeux en tout temps,
Ayez le ciel favorable,
Et plus que moy, misérable,
 Vivez heureux & contens.

Available sung texts: (what is this?)

•   K. Miehling 

K. Miehling sets stanzas 1, 6

Text Authorship:

  • by Joachim du Bellay (1525 - c1560), "La complainte du désespéré" [author's text checked 2 times against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Klaus Miehling (b. 1963), "La complainte du désespéré", op. 47 no. 5 (1994), stanzas 1,6 [ SATB chorus ], from Douze Airs de cour à plusieurs voix, no. 5 [sung text checked 1 time]

Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):

  • ENG English (David Wyatt) , "The lament of the desperate", copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission


Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , David Wyatt

This text was added to the website: 2014-09-16
Line count: 510
Word count: 2327

The lament of the desperate
Language: English  after the French (Français) 
Who will lend the word
For the sadness which maddens me?
Who will add accents to
The lament which guides me?
And who will give rein
To the frenzy which I feel?

Who will lend double strength
To my soul, which is forced
To sigh for my sadness?
And who will make down my cheeks,
With their tearful track,
Run two rivers of weeping?

Up, my heart, open your door.
Since from my eyes flows
A sea at this time,
So must you weep
And in your tears bathe
These mountains and these woods.

And you, my verse, whose course
Has from its very beginnings
Abandoned trodden paths,
Run with slack rein,
And with your sound
Stun the next valley.

Your waters, which were clear and slow
Should now be troubled and violent,
Like my grief;
No longer mix your waves
With the gold of the yellow sand
Which makes your bed yellow.

But which will be first?
Which will be last
Of your laments? Good gods,
The madness which defeats me
I feel now overcoming 
My voice, my tongue and my eyes.

Like the narrow vase, which disgusts
The water in it, which all wants to get out,
I am now;
And I must (a new lament!)
Renew my laments,
Of which I cannot lament enough.

When all the water of the clouds
Had become tears,
And when all the winds known
To the unwelcome chariot
Which cuts through Neptune’s fields
Had become sighs,

When every voice too
Had become laments,
Still I would not have enough
Tears, sighs, lamenting
To pretend I was lively and did not feel 
The pain which stings my heart.

Like a flower which is plucked
Or assailed by the north wind,
Loses the redness of its tint,
In the flower of its sweetest age
The lively colour of my
Pale face has disappeared.

A slow-moving cloud
Already blinds my sight,
And as I die reminds me
Of the sweet banks of the Loire,
Which used to run by, murmuring
The songs of my glory,

While I adored the steps
Of Florence’s fair swan
Throughout France:
His feathers I’ve plucked
But with poorly-waxed wings
They won’t imitate his flight.

What wood, what lonely place,
Witness to the ingratitude
Of the malicious archer,
Does not resound with the alarms
Which lovers’ tears
Offer to lazy spirits?

Wheat loves the dew
Which waters the plain,
The vine loves hot days,
Bees love flowers,
And vain love-affairs
Their laments and tears.

But the vigorous grief
Which now torments me
Has driven far from me
Those senseless rages
To drive into my thoughts
The arrow of a juster pain.

Behind me, trivial laments
Of heaps of silly youths.
You, the burning sighs inside me,
Leave my breaths cooked,
And draw in your train
A thousand tragic sobs.

If the troubled wound
Of blinded fortune,
Or false happiness promised
By day-to-day favours,
Or the familiar deceptions 
Of too-kind friends,

Or a house entirely upset,
Heir to a thousand lawsuits,
The kind you could call
A disarmed galley
Which wanders, un-guided and
Badly-rowed on the deep sea,

Or burning passions
Destroying soul and body,
Or the strongest opposition
Of proud destiny,
Or a life obstinate
In the face of the desire for death,

Or the sad understanding
Of our frail birth,
Or any other sadness
Troubles the life of man,
I deserve to be called 
The slave of every misfortune.

What have I had, since my childhood,
But every unjust offence
From my nearest and dearest?
They left my departed youth
For the shades
Which now fill my eyes.

And since strict age
Has reached the term
Of my first, vigorous years,
Alas, what day
Can now be so unfortunate
As my happiest days?

My bones, my nerves, my veins,
The secret witnesses of my pains,
And a thousand burning cares
Bring in the sad winter
Of my old age, which falls on me
Before the summer of my years.

As autumn ransacks
The green locks of the trees
At his sad coming,
So little by little disappears
The crimped glory of my head
Widowed of its beauty. 

My heart, already turned into marble
In the stump of an ancient tree,
Has transformed all my senses;
And care which has robbed me
Makes me like Niobe
Watching her children killed.

What antique Medea 
With her sorcerer’s voice 
Has changed me so quickly?
Has pierced with cruel talons
My entrails and marrow,
Slaves to her enchantment?

Arm yourselves against her, then,
My verses! And if ever
Madness inflames you,
Strike back with the iambic [verse]
With which fury armed
Archilochus against ungrateful Lycambe1.

O night, o silence, o moon!
You old unwelcome hag, I wish
Someone dared to drag you from the heavens!
Why have earth and sea,
No, why has the entire world
Conspired to frustrate me?

Not all the grass cut
In the fields of Thessaly,
Not the secret murmurs
Or the magic wand 
With which the avenging lady [Circe]
Transformed those Greeks’ appearance,

Not the torches which light
Funerals, not the feathers
Of the birds of death,
Not the eggs which are dyed and soaked
In the blood of a frog,
Not the waters of Avernus,

Not waxen images,
Not what draws up hell,
Not all the magical verses
Six and three times sung
In different voices
By a dishevelled old hag;

Not the monstrous drink
Mixed with madness
Which swells on horses’ brows,
Not all the furies together –
[Not all these] could be the origin, it seems to me,
Of the least of my troubles.

No lesser fire consumes me,
No lesser plague warms
The slow warmth of my bones,
Than that flame [that burned] Hercules
When he had his wife’s gift
Soldered under the skin of his back.

The angry waves, which bathe
Their banks, lamenting,
Are no more deaf than I am ;
Nor that people who live
Where the Nile throws itself
Into the sea by its seven mouths.

The winds, the rain, the storm
Do no greater damage 
On the mountains and waves
Than the eternal tempest
Which boils up a thousand 
Maelstroms enclosed in my head.

Like the faithful priestess [Cassandra?]
Whose proud heart the Cynthian
Oppresses and scorns,
Tearing her locks, 
Her attractions overturned
By a sudden movement,

Just so with a black look 
I stride furiously
Through the furthest fields
Chewing over a thousand furies
With heavy concern, which I imprint
On my creased brow.

Just so was Theban Pentheus
When his terrified soul 
Saw the sun doubled2:
Just so was the father’s avenger [Orestes]
When his mother’s serpents
Troubled his spirit.

In a flight which is sometimes a pursuit
It becomes day and then becomes night;
The year in its continual return
Brings back its four seasons;
And after the full moon
The crescent shines in its turn.

Everything heaven contains 
Flies and flies again, turns and turns again,
Like the whitened waves
Which the wind-blown sea drives
When it angrily attacks
Its complaining shores.

Each thing moves back towards
The place of its origin;
And the year, which is used
To making die and be born
Things which were nothing before being,
Returns to its original nothing.

But the deep sadness,
Which has with a firm step buried itself 
In the most hidden place of my heart,
Alone remains unchangeable,
And against me hour by hour
Gains new strength.

Just so does the burning flame
Which the winds make grow
Burst out in a thousand tongues,
Driving on cruelly,
Ignoring the violence
Of the element which is its opposite.

When darkness spreads
His wings upon the earth,
And when the gift of the gods
For softening pain
Sweetly charms the eyes
Of all mankind,

Then with silent horror
Everything becomes peaceable and quiet
Beneath Night’s veil;
All manner of beasts
Bend their heads to sleep
Within their own refuge.

But the ills which keep me awake
Do not allow me to sleep
A single moment of the night,
Without my grief assaulting me
With an exhilarating sleep
Which does more harm than waking.

Then when dawn leaves
Her yellow bed
To lighten the day for us,
In me awakens immediately
A gnawing pain which remains
Throughout my usual day;

In which all that which is called 
Man’s good fortune
I cannot enjoy,
Deprived of the ease which brings
To a half-dead life
The sweet pleasure of listening.

And if with difficult steps
I drag myself out into the fields
From my sad home,
Care which accompanies me
Seeds the countryside
With a thousand deep regrets.

If by chance I reach
Some verdant riverbank,
I blot out the sound of the waters;
If I take myself to the woods,
Suddenly I close the door 
To the sweet throats of the birds.

In the past, the sacred troop
Which plays upon the Loir
Deigned often
To guided me around the banks
And into wild caverns
Which imitated my voice:

But now, all exhilarated,
They flee from being haunted
By me, a bitter oath-breaker
Unworthy that my breast
Should receive beneath its curtain
The holy gifts of Apollo.

Even the pitying voice
Whose tearful lament
Sings again its last songs, [Echo]
Harsh and deaf to what I offer,
Disdains to make any response
To my pitiful songs.

Wherever I turn
Long silence remains
As in those sacred temples,
And as if everything
Were shut up again pell-mell
In its original chaos.

Put me, then, where the crowd
Of wondering people bow
Before the sceptre of kings,
And in all places 
With which France glorifies
Its arms and laws;

Put me where Ion strikes
Chords counter-harmonising
With discordant harmonies,
And where the beauty of women
Snuffs out the hidden flames
Which burn within the body.

Put me, if it pleases you,
Where the Delran one gathered
Her band, ready for work,
With cries, horns and pursuit
Pursuing the light-footed flight
Of stags, given wings by fear.

Put me where the Cytherian one
As the season changes
Leads her young troop,
And without fearing the cold
Upon the damp grass
Yawns in the peace of the night.

Put me where blossom
The trees which grow
In the pleasant home of Alcinous,
And where rich Autumn
With generous hand gives
A crown for the brow of Achelous.

Put me where abound
All things which most in this world
Content man’s desire;
Still will I be able in such ease
To find no pleasure which pleases me
But obstinate displeasure.

Alas, why do they grow,
These misfortunes which torture me,
Though I am desperate to have better?
Why to gather more,
To want to know them too well,
Am I so ingenious?

Fortunate he who has by omens
Foreseen hidden things!
And still more fortunate
He on whom the generosity of the gods 
Has lavished wisdom,
The fairest treasure of the heavens!

How much, if we were wise,
Would omens explain themselves,
Those fore-runners of our ills?
Whether by some celestial harm,
By some damaging loss,
Or by the death of animals.

But man’s thoughts
While we live
Do not understand man’s lot;
Divine foreknowledge
By sure experience
Keeps it shut in its hand.

Shall not some ancient fate
Be ordained
Against such holy spirits?
A thousand who upon Parnassus
Have drunk the waters of Pegasus
Have had similar regrets.

I shall not speak of the misfortunes
Of the Thracian lyre [Orpheus]
Or the Amphionian [Amphion, husband of Niobe];
I shall not write of the labours
Of blinded Stesichorus
And the great blind poet [Homer];

I shall be silent on the death of Euripides,
And the homicidal tortoise3;
I shall leave aside the famine
Which took that wretched Plautus,
And the troubles brought by the fault
Of the writer in love.

It only pleases me to write 
How the god who inspires
The band of musicians, [Apollo]
As a mortal, in rustic clothes,
For seven years led his cattle
To the banks of Amphrysos.

Cursed then be the light
Which first shone on me,
Since severe heaven
Put my birth under 
The unconquerable power
Of so unfortunate a star.

O avenging gods, by whom Ion swore,
Gods who punish the wrong
Of a broken love-bond,
If devoted prayers
For the unjustly-wretched
Move you to pity,

Alas, why then not take
From me this cruel punishment,
Since my innocent hands,
Pure from blood and pillage,
Were never inclined
To smash man’s rights?

I was not born of the race
Which, on the mountains of Thrace,
Armed itself against you, o gods,
Nor of the abominable host
Who, as their cursed forfeit,
Increased the number of the wolves.

I have not haunted the school
Of that sacrilegious scoundrel
Who first had the idea
Of pretending an understanding
Of your divine essence
Under his lying appearance.

I was not born of the land
Which in the Theban war
Shed brothers’ blood,
A mutual outrage
Which bore witness to the blind rage
Of the incestuous father [Oedipus].

With no novel cruelty
Have I split the head
Of my father, nor have I
With his still-jiggling entrails
Filled my bloody throat
In a nocturnal feast.

If my innocent life
Has never been the subject
Of slavish affections;
If greedy covetousness
And ambition have not inflamed
The fire of my passions;

If for the destruction of a family
By written deed or witness
My tongue has never lied;
If to take the bold of a just man
I have never consented
With the strongest;

If the old spiteful
Covetousness for another’s ill,
If anger, if rancour
(And any other madness
Which has lordship over men)
Have not made my heart foolish;

Then, divine king on high,
From where come on me, without my fault,
Such furious regrets,
O unfortunate innocence,
Which the stars have so much
Freedom to harm!

Happy the being
Who made his tomb
In his mother’s belly!
Happy he whose life
As he left it was taken
By eternal sleep!

He did not feel upon his head
The inevitable storm
Which rocks us,
But safe from shipwreck 
Watched the waves stirred up
From far off on the shore.

Up, my soul, turn back,
Mark the limit here of the career
Of your unwelcome grief.
It is time to make trial
Whether after death we find
An end to so many misfortunes.

My despairing life
Now already feels itself crushing
To a much-considered death.
Die then, die, die, 
You who remain alive,
Dying without being able to die.

Just so the prophet of Adrastus,
Who armed himself against Thebes 
For the son of Jocasta [Polyneices] 
Threw himself with great bravery
Into the terrible crevasse
Which closed over him.

You, from whom these harsh alarms
Will drag some tears,
Remain happy at all times,
May heaven favour you,
And – more than me, wretched as I am –
Live on happy and contented.

View original text (without footnotes)
1 Translator's note: Archilochus, a Greek poet, was in love with Lycambe but her ingratitude led to his Invectives, the first entirely subjective poetry – and written in iambics.
2 Translator's note: driven mad by Dionysis, Pentheus sees a double-sun (Euripides, Bacchae).
3 Translator's note: Aeschylus was killed by a tortoise dropped by an eagle flying overhead

Text Authorship:

  • Translation from French (Français) to English copyright © 2017 by David Wyatt, (re)printed on this website with kind permission. To reprint and distribute this author's work for concert programs, CD booklets, etc., you may ask the copyright-holder(s) directly or ask us; we are authorized to grant permission on their behalf. Please provide the translator's name when contacting us.
    Contact: licenses@email.lieder.example.net

Based on:

  • a text in French (Français) by Joachim du Bellay (1525 - c1560), "La complainte du désespéré"
    • Go to the text page.

 

This text was added to the website: 2017-06-10
Line count: 510
Word count: 2477

Gentle Reminder

This website began in 1995 as a personal project by Emily Ezust, who has been working on it full-time without a salary since 2008. Our research has never had any government or institutional funding, so if you found the information here useful, please consider making a donation. Your help is greatly appreciated!
–Emily Ezust, Founder

Donate

We use cookies for internal analytics and to earn much-needed advertising revenue. (Did you know you can help support us by turning off ad-blockers?) To learn more, see our Privacy Policy. To learn how to opt out of cookies, please visit this site.

I acknowledge the use of cookies

Contact
Copyright
Privacy

Copyright © 2025 The LiederNet Archive

Site redesign by Shawn Thuris