LiederNet logo

CONTENTS

×
  • Home | Introduction
  • Composers (20,102)
  • Text Authors (19,442)
  • Go to a Random Text
  • What’s New
  • A Small Tour
  • FAQ & Links
  • Donors
  • DONATE

UTILITIES

  • Search Everything
  • Search by Surname
  • Search by Title or First Line
  • Search by Year
  • Search by Collection

CREDITS

  • Emily Ezust
  • Contributors (1,114)
  • Contact Information
  • Bibliography

  • Copyright Statement
  • Privacy Policy

Follow us on Facebook

by André Gide (1869 - 1951)
Translation by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926)

La Réprimande du Père
Language: French (Français) 
Mon Dieu, comme un enfant je m'agenouille devant vous aujourd'hui, le
visage trempé de larmes. Si je me remémore et transcris ici votre
pressante parabole, c'est que je sais quel était votre enfant prodigue
; c'est qu'en lui je me vois ; que j'entends en moi, parfois et répète
en secret ces paroles que, du fond de sa grande détresse, vous lui
faites crier :

-- Combien de mercenaires de mon père ont chez lui le pain en
   abondance ; et moi je meurs de faim !

J'imagine l'étreinte du Père ; à la chaleur d'un tel amour mon cœur
fond. J'imagine une précédente détresse, même ; ah ! j'imagine tout ce
qu'on veut. Je crois cela ; je suis celui-là même dont le cœur bat
quand, au défaut de la colline, il revoit les toits bleus de la maison
qu'il a quittée. Qu'est-ce donc que j'attends pour m'élancer vers la
demeure ; pour entrer ? -- On m'attend. Je vois déjà le veau gras
qu'on apprête… Arrêtez ! ne dressez pas trop vite le festin ! -- Fils
prodigue, je songe à toi ; dis-moi d'abord ce que t'a dit le Père, le
lendemain, après le festin du revoir. Ah ! malgré que le fils aîné
vous souffle, Père, puissé-je entendre votre voix, parfois, à travers
ses paroles !

-- Mon fils, pourquoi m'as-tu quitté ?

-- Vous ai-je vraiment quitté ? Père ! n'êtes vous pas partout ?
   jamais je n'ai cessé de vous aimer.

-- N'ergotons pas. J'avais une maison qui t'enfermait. Elle était
   élevée pour toi. Pour que ton âme y puisse trouver un abri, un luxe
   digne d'elle, du confort, un emploi, des générations
   travaillèrent. Toi, l'héritier, le fils, pourquoi t'être évadé de
   la Maison ?

-- Parce que la Maison m'enfermait. La Maison, ce n'est pas Vous, mon Père.

-- C'est moi qui l'ai construite, et pour toi.

-- Ah ! Vous n'avez pas dit cela, mais mon frère. Vous, vous avez
   construit toute la terre, et la Maison et ce qui n'est pas la
   Maison. La Maison, d'autres que vous l'ont construite ; en votre
   nom, je sais, mais d'autres que vous.

-- L'homme a besoin d'un toit sous lequel reposer sa tête. Orgueilleux
   ! Penses-tu pouvoir dormir en plein vent ?

-- Y faut-il tant d'orgueil ? de plus pauvres que moi l'ont bien fait.

-- Ce sont les pauvres. Pauvre, tu ne l'es pas. Nul ne peut abdiquer
   sa richesse. Je t'avais fait riche entre tous.

-- Mon père, vous savez bien qu'en partant j'avais emporté tout ce que
   j'avais pu de mes richesses. Que m'importent les biens qu'on ne
   peut emporter avec soi ?

-- Toute cette fortune emportée, tu l'as dépensée follement.

-- J'ai changé votre or en plaisirs, vos préceptes en fantaisie, ma
   chasteté en poésie, et mon austérité en désirs.

-- Était-ce pour cela que tes parents économes s'employèrent à
   distiller en toi tant de vertu ?

-- Pour que je brûle d'une flamme plus belle, peut-être, une nouvelle
   ferveur m'allumant.

-- Songe à cette pure flamme que vit Moïse, sur le buisson sacré :
   elle brillait mais sans consumer.

-- J'ai connu l'amour qui consume.

-- L'amour que je veux t'enseigner rafraîchit. Au bout de peu de
   temps, que t'est-il resté, fils prodigue ?

-- Le souvenir de ces plaisirs.

-- Et le dénûment qui les suit.

-- Dans ce dénûment, je me suis senti près de vous, Père.

-- Fallait-il la misère pour te pousser à revenir à moi ?

-- Je ne sais ; je ne sais. C'est dans l'aridité du désert que j'ai le
   mieux aimé ma soif.

-- Ta misère te fit mieux sentir le prix des richesses.

-- Non, pas cela ! Ne m'entendez-vous pas, mon père ? Mon cœur, vidé
   de tout, s'emplit d'amour. Au prix de tous mes biens, j'avais
   acheté la ferveur.

-- Étais-tu donc heureux loin de moi ?

-- Je ne me sentais pas loin de vous.

-- Alors qu'est-ce qui t'a fait revenir ? Parle.

-- Je ne sais. Peut-être la paresse.

-- La paresse, mon fils ! Eh quoi ! Ce ne fut pas l'amour ?

-- Père, je vous l'ai dit, je ne vous aimai jamais plus qu'au
   désert. Mais j'étais las, chaque matin, de poursuivre ma
   subsistance. Dans la maison, du moins, on mange bien.

-- Oui, des serviteurs y pourvoient. Ainsi, ce qui t'a ramené, c'est
   la faim.

-- Peut-être aussi la lâcheté, la maladie… À la longue cette
   hasardeuse nourriture m'affaiblit ; car je me nourrissais de fruits
   sauvages, de sauterelles et de miel. Je supportais de plus en plus
   mal l'inconfort qui d'abord attisait ma ferveur. La nuit, quand
   j'avais froid, je songeais que mon lit était bien bordé chez mon
   père ; quand je jeûnais, je songeais que, chez mon père,
   l'abondance des mets servis outrepassait toujours ma faim. J'ai
   fléchi ; pour lutter plus longtemps je ne me sentais plus assez
   courageux, assez fort, et cependant…

-- Donc le veau gras d'hier t'a paru bon ? Le fils prodigue se jette
   en sanglotant le visage contre terre :

-- Mon père ! mon père ! Le goût sauvage des glands doux demeure
   malgré tout dans ma bouche. Rien n'en saurait couvrir la saveur.

-- Pauvre enfant ! -- reprend le père qui le relève, -- je t'ai parlé
   peut-être durement. Ton frère l'a voulu ; ici c'est lui qui fait la
   loi. C'est lui qui m'a sommé de te dire : « Hors la Maison, point
   de salut pour toi. » Mais écoute : C'est moi qui t'ai formé ; ce
   qui est en toi, je le sais. Je sais ce qui te poussait sur les
   routes ; je t'attendais au bout. Tu m'aurais appelé… j'étais là.

-- Mon père ! j'aurais donc pu vous retrouver sans revenir ?…

-- Si tu t'es senti faible, tu as bien fait de revenir. Va maintenant
   ; rentre dans la chambre que j'ai fait préparer pour toi. Assez
   pour aujourd'hui ; repose-toi ; demain tu pourras parler à ton
   frère.

Confirmed with André Gide, Vers et Prose, March-May 1907, in Le Retour de l'enfant prodigue. Note: this is a prose text. Line breaks have been added arbitrarily.


Text Authorship:

  • by André Gide (1869 - 1951), "La Réprimande du Père", appears in Le Retour de l'enfant prodigue, no. 2, first published 1907 [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

    [ None yet in the database ]

Settings in other languages, adaptations, or excerpts:

  • Also set in German (Deutsch), a translation by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926) , "Der Verweis des Vaters", written 1912, appears in Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 2 ; composed by Hermann Reutter.
      • Go to the text.

Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]

This text was added to the website: 2023-09-20
Line count: 97
Word count: 912

Der Verweis des Vaters
Language: German (Deutsch)  after the French (Français) 
Mein Gott, wie ein Kind knie ich heute vor dir,
das Gesicht triefend von Tränen. Ich besänne mich
nicht auf dein dringendes Gleichnis und schriebe
es nicht hier auf, wenn ich nicht wüßte, wer dein
verlorener Sohn war ; wenn ich mich nicht sähe
in ihm ; wenn ich die Worte nicht manchmal in
mir hörte und sie heimlich wiederholte, diese
Worte, die du ihn schreien läßt aus der Tiefe seiner
großen Not:
     „ Wieviel Tagelöhner meines Vaters haben bei
ihm Brot im Überfluß, und ich sterbe vor Hunger! “
Ich stelle mir vor, wie die Umarmung des Vaters ist ; 
an der Wärme einer solchen Liebe löst
sich mein Herz. Ich stelle mir die Not vor vorher,
ja, ich bin bereit, mir vorzustellen, was es auch sei,
ich glaube es ; ich fühle es ; ich bin es selbst, 
dessen Herz aufschlägt, wenn die Hügel fort sind
und er die blauen Dächer sieht des Hauses, das er
verlassen hat. Auf was wart ich denn? Was stürz
ich nicht zu der Wohnung hin ? Was tret ich nicht
ein ? Man erwartet mich. Ich sehe schon, wie man
das gemästete Kalb zubereitet ... Halt! Rüstet
nicht zu rasch das Fest ! Verlorener Sohn, ich
denke an dich. Sag mir vorerst, was dir der Vater
gesagt hat, am anderen Tag, nach der Feier des
Wiedersehens. Ah, wenn auch der älteste Sohn
einflüstert, dürfte ich doch dann und wann deine
Stimme hören, Vater, durch seine Worte.
     „ Mein Sohn, warum hast du mich verlassen? “
Hab ich dich wirklich verlassen ? Vater, bist du
nicht überall ? Ich habe nie aufgehört, dich zu
lieben. “
     „ Streiten wir nicht um Worte. Ich hatte ein
Haus, das dich einschloß. Es war aufgerichtet um
deinetwillen. Damit deine Seele darin eine Unterkunft hätte, 
eine ihrer würdigeVerwöhnung, einen
Beistand, einen Dienst : haben ganze Geschlechter
gearbeitet. Du, der Erbe, der Sohn, bist aus dem
Hause entwichen, warum ? “
", Weil das Haus mich einschloß. Das Haus, das
bist nicht du, mein Vater. “
     „ Ich habe es erbaut, für dich erbaut. “
     „ Ah, das hast du nicht gesagt. Das sagt mein
Bruder. Du, du hast die ganze Erde erbaut, das
Haus und was außer dem Hause ist. Das Haus
haben andere gebaut als du ; in deinem Namen,
ich weiß, aber andere als du. “
     „ Der Mensch bedarf eines Daches, unter dem
er sein Haupt ruhe. Hochmütiger ! Meinst du, du
kannst bei den Winden schlafen ? “
     „ Gehört dazu soviel Hochmut? Ärmere als ich
haben das getan. “
     „ Das sind die Armen. Arm bist du nicht. 
Niemand kann seinem Reichtum absagen. 
Ich habe dich reich gemacht unter allen. “
     „ Mein Vater, du weißt wohl, da ich fortging,
nahm ich von meinen Reichtümern mit, was sich
mitnehmen ließ. Was kümmern mich die Güter,
die man nicht mit sich tragen kann? “
     „ Dieses ganze Vermögen hast du unsinnig vergeudet. “
     „ Ich habe dein Gold in Ergötzen umgewechselt,
deine Maßregeln ins Spielende, meine Keuschheit
in Singen und mein strenges Leben in Sehnsucht. “
     „ Dafür also waren deine Eltern haushälterisch
und strengten sich an, in dir lauter Tugend auszubilden ? “
     „ Ja, daẞichmit umso schönerer Flammebrenne,
wenn etwa eine neue Inbrunst mich entzünden
kommt. “
     „ Denk an die reine Flamme, die Moses sah im
geheiligten Busch ; sie strahlte, aber ohne zu verzehren. “
     „ Ich habe die Liebe kennengelernt, die verzehrt. “
     „ Die Liebe, die ich dich lehren will, ist Erquickung. 
Da die kurze Zeit um war, was ist dir, verlorener Sohn, geblieben ? “
     „ Die Erinnerung an jene Genüsse. “
     „ Und die Leere, die ihnen nachfolgt. “
     „ In dieser Leere hab ich mich dir nah gefühlt,
Vater. “
     „ Mußte das Elend kommen, dich zu mir zurückzutreiben ? “
     „ Ich weiß nicht ; ich weiß nicht. In der Dürre
der Wüste liebte ich am meisten meinen Durst. “
     „ Dein Elend ließ dich besser den Preis deiner
Reichtümer fühlen. “
     „ Nein, nicht das. Verstehst du mich nicht, mein
Vater? Mein Herz, leer von allem, füllte sich mit
Liebe an. Um den Preis aller meiner Güter hatte
ich die Inbrunst erkauft. “
     „ Du warst also glücklich fern von mir? “
     „ Ich fühlte mich dir nicht fern. “
     „ Was hat dann bewirkt, daß du wiederkamst? Sprich. “
     „ Ich weiß nicht. Die Trägheit vielleicht. “
     „ Die Trägheit, mein Sohn ! Was du sagst ! Nicht die Liebe? “
     „ Vater, ich habe es dir gesagt, ich liebte dich
niemals mehr als in der Wüste. Aber ich war es
müde, meinem Unterhalt nachzugehen, jeden
Morgen. Man iẞt gut in dem Hause. “
     „ Ja, da sorgen die Leute dafür. So ist es also der
Hunger, der dich zurückgeführt hat ? “
     „ Vielleicht auch Feigheit, Krankheit ... Auf
die Dauer schwächte mich diese Nahrung, die der
Zufall mir bot, denn ich nährte mich von wilden
Früchten und Heuschrecken und Honig. Immer
schlechter ertrug ich die Beschwerlichkeiten, die
zuerst nur dazu gemacht schienen, mich anzueifern. 
Nachts, wenn mich fror, dachte ich an mein
Bett bei meinem Vater, wie sorgfältig seine Decken
eingesteckt waren. Wenn ich fasten mußte, so fiel
mir ein, wie sehr bei meinem Vater immer die
Fülle der aufgetragenen Gerichte meinen Hunger
übertraf. Ich habe nachgegeben. Ich hatte nicht
den Mut, länger zu kämpfen, nicht die Kraft. Und
doch ... “
     „ Das gemästete Kalb gestern hat dir also geschmeckt? “
Der verlorene Sohn wirft sich schluchzend hin,
das Antlitz an der Erde:
     „ Mein Vater, mein Vater, der wilde Geschmack
der süßen Eicheln bleibt trotzdem in meinem
Mund; nichts kann ihn auflösen , daß ich ihn nicht
schmecke. “
     „ Armes Kind!" erwidert der Vater und hebt ihn
auf, „ ich habe vielleicht hart zu dir gesprochen.
Dein Bruder hat es so gewollt ; hier macht er das
Gesetz. Er hat mir nicht Ruhe gelassen, daß ich
dir sage: Außerhalb des Hauses ist kein Wohler-
gehn für dich. Aber hör mich an: Ich, ich habe
dich geschaffen ; alles was in dir ist, ich weiß es.
Ich weiß, was dich trieb auf deinen Wegen, und
ich wartete auf dich an ihrem Ausgang. Hättest
du mich gerufen – ich war da. “
     „ Mein Vater, so hätte ich dich wiederhaben
können, ohne umzukehren? “
     „ Wenn du dich schwach gefühlt hast, so hast
du gutgetan, umzukehren. Geh jetzt. Geh in die
Kammer, die ich dir habe bereiten lassen. Genug
für heute ; ruh dich aus ; morgen kannst du mit
deinem Bruder reden. “

Confirmed with Rainer Maria Rilke, Übertragungen, Insel-verlag, 1927, p.156


Text Authorship:

  • by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926), "Der Verweis des Vaters", written 1912, appears in Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 2 [author's text checked 1 time against a primary source]

Based on:

  • a text in French (Français) by André Gide (1869 - 1951), "La Réprimande du Père", appears in Le Retour de l'enfant prodigue, no. 2, first published 1907
    • Go to the text page.

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Hermann Reutter (1900 - 1985), "Der Verweis des Vaters", op. 34 no. 2 (1929/1952), first performed 1929/1952 [ soli, mixed chorus, orchestra ], from oratorio Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 2, Schott Music [sung text not yet checked]

Researcher for this page: Joost van der Linden [Guest Editor]

This text was added to the website: 2023-10-30
Line count: 135
Word count: 1066

Gentle Reminder

This website began in 1995 as a personal project by Emily Ezust, who has been working on it full-time without a salary since 2008. Our research has never had any government or institutional funding, so if you found the information here useful, please consider making a donation. Your help is greatly appreciated!
–Emily Ezust, Founder

Donate

We use cookies for internal analytics and to earn much-needed advertising revenue. (Did you know you can help support us by turning off ad-blockers?) To learn more, see our Privacy Policy. To learn how to opt out of cookies, please visit this site.

I acknowledge the use of cookies

Contact
Copyright
Privacy

Copyright © 2025 The LiederNet Archive

Site redesign by Shawn Thuris