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by André Gide (1869 - 1951)
Translation by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926)

Dialogue avec le Frère Puîné
Language: French (Français) 
C'est, à côté de celle du prodigue, une chambre point étroite aux murs
nus. Le prodigue, une lampe à la main, s'avance près du lit où son
frère puîné repose, le visage tourné vers le mur. Il commence à voix
basse, afin, si l'enfant dort, de ne pas le troubler dans son sommeil.

-- Je voudrais te parler, mon frère.

-- Qu'est-ce qui t'en empêche ?

-- Je croyais que tu dormais.

-- On n'a pas besoin de dormir pour rêver.

-- Tu rêvais ; à quoi donc ?

-- Que t'importe ! Si déjà moi je ne comprends pas mes rêves, ce n'est
   pas toi, je pense, qui me les expliqueras.

-- Ils sont donc bien subtils ? Si tu me les racontais, j'essaierais.

-- Tes rêves, est-ce que tu les choisis ? Les miens sont ce qu'ils
   veulent, et plus libres que moi… Qu'est-ce que tu viens faire ici ?
   Pourquoi tue déranger dans mon sommeil ?

-- Tu ne dors pas, et je viens te parler doucement.

-- Qu'as-tu à me dire ?

-- Rien, si tu le prends sur ce ton.

-- Alors adieu.

Le prodigue va vers la porte, mais pose à terre la lampe qui n'éclaire
plus que faiblement la pièce, puis, revenant, s'assied au bord du lit
et, dans l'ombre, caresse longuement le front détourné de l'enfant.

-- Tu me réponds plus durement que je ne fis jamais à ton
   frère. Pourtant je protestais aussi contre lui.

L'enfant rétif s'est redressé brusquement.

-- Dis : c'est le frère qui t'envoie ?

-- Non, petit ; pas lui, mais notre mère.

-- Ah ! Tu ne serais pas venu de toi-même.

-- Mais je viens pourtant en ami. À demi soulevé sur son lit, l'enfant
   regarde fixement le prodigue.

-- Comment quelqu'un des miens saurait-il être mon ami ?

-- Tu te méprends sur notre frère…

-- Ne me parle pas de lui ! Je le hais… mon cœur, contre lui,
   s'impatiente. Il est cause que je t'ai répondu durement.

-- Comment cela ?

-- Tu ne comprendrais pas.

-- Dis cependant…

Le prodigue berce son frère contre lui, et déjà l'enfant adolescent
s'abandonne :

-- Le soir de ton retour, je n'ai pas pu dormir. Toute la nuit je
   songeais : J'avais un autre frère, et je ne le savais pas… C'est
   pour cela que mon cœur a battu si fort, quand, dans la cour de la
   maison, je t'ai vu t'avancer couvert de gloire.

-- Hélas ! j'étais couvert alors de haillons.

-- Oui, je t'ai vu ; mais déjà glorieux. Et j'ai vu ce qu'a fait notre
   père : il a mis à ton doigt un anneau, un anneau tel que n'en a pas
   notre frère. Je ne voulais interroger à ton sujet personne ; je
   savais seulement que tu revenais de très loin, et ton regard, à
   table…

-- Étais-tu du festin ?

-- Oh ! je sais bien que tu ne m'as pas vu ; durant tout le repas tu
   regardais au loin sans rien voir. Et, que le second soir tu aies
   été parler au père, c'était bien, mais le troisième…

-- Achève.

-- Ah ! ne fût-ce qu'un mot d'amour tu aurais pourtant bien pu me le
   dire !

-- Tu m'attendais donc ?

-- Tellement ! Penses-tu que je haïrais à ce point notre frère si tu
   n'avais pas été causer et si longuement avec lui ce soir-là ?
   Qu'est-ce que vous avez pu vous dire ? Tu sais bien, si tu me
   ressembles, que tu ne peux rien avoir de commun avec lui.

-- J'avais eu de graves torts envers lui.

-- Se peut-il ?

-- Du moins envers notre père et notre mère. Tu sais que j'avais fui
   de la maison.

-- Oui, je sais. Il y a longtemps n'est-ce pas ?

-- À peu près quand j'avais ton âge.

-- Ah !… Et c'est là ce que tu appelles tes torts ?

-- Oui, ce fut là mon tort, mon péché.

-- Quand tu partis, sentais-tu que tu faisais mal ?

-- Non ; je sentais en moi comme une obligation de partir.

-- Que s'est-il donc passé depuis ? pour changer ta vérité d'alors en
   erreur.

-- J'ai souffert.

-- Et c'est cela qui te fait dire : j'avais tort ?

-- Non, pas précisément : c'est cela qui m'a fait réfléchir.

-- Auparavant tu n'avais donc pas réfléchi ?

-- Si, mais ma débile raison s'en laissait imposer par mes désirs.

-- Comme plus tard par la souffrance. De sorte qu'aujourd'hui, tu
   reviens… vaincu.

-- Non, pas précisément ; résigné.

-- Enfin, tu as renoncé à être celui que tu voulais être.

-- Que mon orgueil me persuadait d'être.

L'enfant reste un instant silencieux, puis brusquement sanglote et
crie :

-- Mon frère ! je suis celui que tu étais en partant. Oh ! dis :
   n'as-tu donc rencontré rien que de décevant sur la route ? Tout ce
   que je pressens au dehors, de différent d'ici, n'est-ce donc que
   mirage ? tout ce que je sens en moi de neuf, que folie ? Dis :
   qu'as-tu rencontré de désespérant sur ta route ? Oh ! qu'est-ce qui
   t'a fait revenir ?

-- La liberté que je cherchais, je l'ai perdue ; captif, j'ai dû
   servir.

-- Je suis captif ici.

-- Oui, mais servir de mauvais maîtres ; ici, ceux que tu sers sont
   tes parents.

-- Ah ! servir pour servir, n'a-t-on pas cette liberté de choisir du
   moins son servage ?

-- Je l'espérais. Aussi loin que mes pieds m'ont porté, j'ai marché,
   comme Saül à la poursuite de ses ânesses, à la poursuite de mon
   désir ; mais, où l'attendait un royaume, c'est la misère que j'ai
   trouvée. Et pourtant…

-- Ne t'es-tu pas trompé de route ?

-- J'ai marché devant moi.

-- En es-tu sûr ? Et pourtant il y a d'autres royaumes, encore, et des
   terres sans roi, à découvrir.

-- Qui te l'a dit ?

-- Je le sais. Je le sens. Il me semble déjà que j'y domine.

-- Orgueilleux !

-- Ah ! ah ! ça c'est ce que t'a dit notre frère. Pourquoi, toi, me le
   redis-tu maintenant ? Que n'as-tu gardé cet orgueil ! Tu ne serais
   pas revenu.

-- Je n'aurais donc pas pu te connaître.

-- Si, si, là-bas, où je t'aurais rejoint, tu m'aurais reconnu pour
   ton frère ; même il me semble encore que c'est pour te retrouver
   que je pars.

-- C'est le porcher qui me la rapporta l'autre soir, après n'être pas
   rentré de trois jours.

-- Oui, c'est une grenade sauvage.

-- Je le sais ; elle est d'une âcreté presque affreuse ; je sens
   pourtant que, si j'avais suffisamment soif, j'y mordrais.

-- Ah ! je peux donc te le dire à présent : c'est cette soif que dans
   le désert je cherchais.

-- Une soif dont seul ce fruit non sucré désaltère…

-- Non ; mais il fait aimer cette soif.

-- Tu sais où le cueillir ?

-- C'est un petit verger abandonné, où l'on arrive avant le
   soir. Aucun mur ne le sépare plus du désert. Là coulait un ruisseau
   ; quelques fruits demi-mûrs pendaient aux branches.

-- Quels fruits ?

-- Les mêmes que ceux de notre jardin ; mais sauvages. Il avait fait
   très chaud tout le jour.

-- Écoute ; sais-tu pourquoi je t'attendais ce soir ? C'est avant la
   fin de la nuit que je pars. Cette nuit ; cette nuit, dès qu'elle
   pâlira… J'ai ceint, mes reins, j'ai gardé cette nuit mes sandales.

-- Quoi ! ce que je n'ai pas pu faire, tu le feras ?…

-- Tu m'as ouvert la route, et de penser à toi me soutiendra.

-- À moi de t'admirer ; à toi de m'oublier, au
   contraire. Qu'emportes-tu ?

-- Tu sais bien que, puîné, je n'ai point part à l'héritage. Je pars
   sans rien.

-- Que tu pars ?

-- Ne l'as-tu pas compris ? Ne m'encourages-tu pas toi-même à partir ?

-- Je voudrais t'épargner le retour ; mais en t'épargnant le départ.

-- Non, non, ne me dis pas cela ; non ce n'est pas cela que tu veux
   dire. Toi aussi, n'est-ce pas, c'est comme un conquérant que tu
   partis.

-- Et c'est ce qui me fit paraître plus dur le servage.

-- Alors, pourquoi t'es-tu soumis ? Étais-tu si fatigué déjà ?

-- Non, pas encore ; mais j'ai douté.

-- Que veux-tu dire ?

-- Douté de tout, de moi ; j'ai voulu m'arrêter, m'attacher enfin
   quelque part ; le confort que me promettait ce maître m'a tenté…
   oui, je le sens bien à présent ; j'ai failli.

Le prodigue incline la tête et cache son dans ses mains.

-- Mais d'abord ?

-- J'avais marché longtemps à travers la grande terre indomptée.

-- Le désert ?

-- Ce n'était pas toujours le désert.

-- Qu'y cherchais-tu ?

-- Je ne le comprends plus moi-même.

-- Lève-toi de mon lit. Regarde, sur la table, à mon chevet, là, près
   de ce livre déchiré.

-- Je vois une grenade ouverte.

-- C'est mieux.

-- Que regardes-tu donc à la croisée ?

-- Le jardin où sont couchés nos parents morts.

-- Mon frère… (et l'enfant, qui s'est levé du lit, pose, autour du cou
   du prodigue, son bras qui se fait aussi doux que sa voix) -- Pars
   avec moi.

-- Laisse-moi ! laisse-moi ! je reste à consoler notre mère. Sans moi
   tu seras plus vaillant. Il est temps à présent. Le ciel pâlit. Pars
   sans bruit. Allons ! embrasse-moi, mon jeune frère : tu emportes
   tous mes espoirs. Sois fort ; oublie-nous ; oublie-moi. Puisses-tu
   ne pas revenir… Descends doucement. Je tiens la lampe…

-- Ah ! donne-moi la main jusqu'à la porte.

-- Prends garde aux marches du perron…

Confirmed with André Gide, Vers et Prose, March-May 1907, in Le Retour de l'enfant prodigue. Note: this is a prose text. Line breaks have been added arbitrarily.


Text Authorship:

  • by André Gide (1869 - 1951), "Dialogue avec le Frère Puîné", appears in Le Retour de l'enfant prodigue, no. 5, first published 1907 [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

    [ None yet in the database ]

Settings in other languages, adaptations, or excerpts:

  • Also set in German (Deutsch), a translation by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926) , "Das Zwiegespräch mit dem jüngeren Bruder", written 1912, appears in Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 5 ; composed by Anton Maria Klafsky, Hermann Reutter.
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]

This text was added to the website: 2023-09-20
Line count: 177
Word count: 1438

Es ist die Kammer neben der des...
Language: German (Deutsch)  after the French (Français) 
Es ist die Kammer neben der des Verlorenen, nicht
gerade klein, mit leeren Wänden. Eine Lampe in
der Hand, nähert sich der Verlorene dem Bett, wo
sein jüngerer Bruder ruht, das Gesicht gegen die
Wand gekehrt. Er beginnt mit leiser Stimme,
um das Kind, wenn es schläft, nicht in seinem
Schlummer zu stören .
     „ Ich möchte mit dir sprechen , mein Bruder. “
     „ Was hindert dich daran ? “
     „ Ich glaubte, du schliefst. “
     „ Man braucht nicht zu schlafen, um zu träumen. “
     „ Du träumtest ; wovon denn? “
     „ Was kümmerts dich. Wenn schon ich meine
Träumenicht versteh, so wirst du, glaub ich, kaum
imstande sein, sie mir auszulegen. “
     „ Sie sind also sehr eigen. Wenn du sie mir erzählst, 
ich wills versuchen. "
     „ Kannst du dir deine Träume wählen? Die
meinen sind, was ihnen einfällt, und haben mehr
Freiheit als ich ... Was willst du übrigens hier ?
Was störst du mich in meinem Schlaf? “
     „ Du schläfst nicht, und ich komme im Guten mit dir sprechen. “
     „ Was hast du mir zu sagen ? “
     „ Nichts, wenn du diesen Ton anschlägst. “
     „ Dann leb wohl. “
     Der Verlorene geht auf die Türe zu, aber er
stellt nur die Lampe auf die Erde, die das Zimmer
so nur noch schwach erleuchtet, dann kommt er
zurück, setzt sich auf den Bettrand, im Halbdunkel, 
und streichelt lange die abgewendete Stirn des Kindes.
     „ Du antwortest mir schärfer, als ich je deinem
Bruder geantwortet habe. Und ich war doch auch
voller Widerspruch gegen ihn. “
     Das trotzige Kind hat sich heftig aufgerichtet.
     „ Sag: schickt dich unser Bruder? “
     „ Nein, mein Kleiner, nicht er, unsere Mutter. “
     „ Ah, von selbst wärst du nicht gekommen. “
     „ Aber ich komme dennoch als Freund. “
     Halb aufgesetzt in seinem Bett, starrt das Kind
den Verlorenen an.
     „ Wie brächte es einer von den Meinigen zuwege, 
mein Freund zu sein? “
     „ Du irrst dich in unserem Bruder ... “
     „ Sprich mir nicht von ihm. Ich hasse ihn ...
Von ganzem Herzen ist er mir zuwider. Er ist der
Grund, daß ich dir hart geantwortet habe. “
     „ Aber wie denn ? “
     „ Du wirst das nicht begreifen. “
     „ Trotzdem, sprich ... “
     Der Verlorene zieht den Bruder an sich und
wiegt ihn leise, und das halberwachsene Kind hält
sich nicht länger zurück :
     „ Am Abend, da du heimkehrtest, war es mir
nicht möglich zu schlafen. Die ganze Nachtdachte
ich: Ich hatte noch einen Bruder und ich wußte
es nicht... Deshalb hat mir das Herz so stark geklopft, 
als ich dich hereinkommen sah, in den Hof des Hauses, ruhmbedeckt. “
     „ Ach! bedeckt mit Lumpen, wie ich war. “
     „ Ja, ich habe dich gesehen, und doch schon
ruhmvoll. Und ich habe gesehen, was unser Vater
tat: er hat an deinen Finger einen Ring gesteckt,
einen solchen, wie ihn unser Bruder nicht besitzt.
Ich wollte niemanden über dich befragen. Ich
wußte nur, daß du von sehr weit kamst, und dein
Blick, bei Tisch ... “
     „ Warst du denn dabei? “
     „ O, ich weiß wohl, daß du mich nicht gesehen.
hast. Während des ganzen Essens war dein Blick
in der Ferne, ohne etwas zu sehen. Auch, daß du
am zweiten Abend mit dem Vater gesprochen
hast, war gut - aber am dritten ... “
     „ Sprich ... “
     „ Ach, wenn es nur ein liebes Wort gewesen
wäre, du hättest wohl kommen können und es mir
sagen. “
     „ Hast du mich denn erwartet? “
     „ Und wie! Glaubst du, ich würde unseren
Bruder so hassen, wenn du nicht an jenem Abend
so endlos mit ihm gesprochen hättest. Was könnt
ihr euch denn zu sagen gehabt haben ? Du weißt
wohl, wenn du Ähnlichkeit mit mir hast, so kannst
du mit ihm nichts gemein haben. “
     „ Ich hatte schweres Unrecht gegen ihn begangen. “
     „ Ist es möglich ? “
     „ Wenigstens gegen unseren Vater und unsere
Mutter. Du weißt, daß ich aus dem Haus geflohen war. “
     „ Ja, ich weiß. Es ist lange her, nicht wahr? “
     „ Ungefähr als ich so alt war wie du. “
     „ So. Und das nennst du dein Unrecht. “
     „ Ja, das war mein Unrecht, meine Sünde. “
     „ Als du weggingst, fühltest du da , daß du
schlecht handeltest ? “
     „ Nein; ich fühlte in mir etwas wie eine Verpflichtung, fortzugehen. “
     „ Und was ist denn seither geschehen, daß aus 
deiner Wahrheit von damals Irrtum wurde? “
     „ Ich habe gelitten. “
     „ Und deshalb sagst du: ich hatte unrecht? “
     „ Nein, nicht gerade deshalb ; aber das hat mich
zur Besinnung gebracht. “
     „ Früher also bist du nie zur Besinnung gekommen? “
     „ Doch, aber meineschwacheVernunft warnachgiebig 
gegen meine Begierden. "
     „ Wie später gegen das Leiden. So daß du heute
zurückkehrst ... überwunden. “
     „ Nein, nicht eigentlich ; - ergeben. “
     „ Mit einem Wort, du hast darauf verzichtet,
der zu sein, der du sein wolltest. “
„Der, der ich, meinem Hochmut nach, zu sein
glaubte. “
     Das Kind verharrt eine Weile schweigend, dann
schluchzt es auf und schreit :
     „ Mein Bruder, ich bin der, der du warst, als du
weggingst. O, sag: War alles Trug auf deinen
Wegen? Meine Ahnung von dem da draußen, das
anders ist als das hier, ist also nichts als Täuschung?
Was ich Neues in mir fühle-Wahnsinn? Sprich :
Was hast du denn so völlig Entmutigendes auf
deinem Weg getroffen ? Was war schuld, daß du
umkehrtest? “
     „ Die Freiheit, die ich suchte, ging mir verloren ;
einmal in Gefangenschaft, mußte ich dienen. “
     „ Ich bin hier in Gefangenschaft. “
     „ Ja, aber schlimmen Herren dienen. Hier dienst
du deinen Eltern. “
     „ Ach, dienen ist dienen ; hat man nicht wenigstens die Freiheit, 
sich seine Knechtschaft zu wählen ? “
     „ Das hoffte ich . So weit meine Füße mich
trugen, wanderte ich, auf der Suche nach meiner
Sehnsucht, wie Saul auf der Suche nach seinen
Eselinnen. Aber dort, wo ein Königreich auf ihn
wartete, dort hab ich das Elend gefunden. Und
dennoch ... “
     „ Hast du auch nicht den Weg verfehlt? “
     „ Mein Ich ging vor mir her. “
     „ Bist du sicher ? Und doch gibt es andere Königreiche 
und Länder ohne König, die noch zu entdecken sind. “
     „ Wer hat dir das gesagt? “
     „ Ich weiß es. Ich fühle es. Ich seh mich schon
dort herrschen. “
     „ Hochmütiger! “
     „ Sieh, da ist das Wort, das dir unser Bruder
gesagt hat. Wie kommst du jetzt dazu, es mir zu
sagen? Hättest du dir nur diesen Hochmut bewahrt! 
Du wärst nicht zurückgekehrt. “
     „ Dann hätte ich dich nie gekannt. “
     „ Doch, doch, dort draußen, wohin ich dir nachgekommen wäre, 
dort würdest du mich schon erkannt haben als deinen Bruder. 
Ja, mir ist noch jetzt zumut, als wärs, um dich wiederzufinden, 
daß ich fortgehe. “
     „ Daß du fortgehst? “
     „ Hast du es nicht begriffen ? Ermutigst du mich
nicht selbst, fortzugehen ? “
     „ Ich möchte dir die Rückkehr sparen ... aber
dadurch, daß ich dir den Aufbruch erspare. “
     „ Nein, nein, sag mir das nicht ; nein, das willst
du ja gar nicht sagen. Du bist doch auch nicht
wahr? -- du bist wie ein Eroberer ausgezogen? “
     „ Darum empfand ich meine Knechtschaft nur
um so härter. “
     „ Warum hast du dich dann unterworfen ? Warst
du schon müde? “
     „ Nein, noch nicht ; aber ich war im Zweifel. “
     „ Was meinst du damit? “
     „ Im Zweifel an allem, an mir selbst. Ich wollte
bleiben, mich irgendwo anschließen. Der Halt, den
mir dieser Meister versprach, war eine Versuchung
für mich. Ja, jetzt sehe ich es wohl ein : ich bin
schwach gewesen. “
     DerVerlorene neigt das Haupt und verbirgt den
Blick in seinen Händen.
     „ Aber im Anfang? “
     „ Ich war lange gewandert über die große, noch
ungebändigte Erde. “
     „ Die Wüste? “
     „ Nicht immer war es die Wüste. “
     „ Was hast du da gesucht? “
     „ Ich versteh es selber nicht mehr. “
     „ Steh auf von meinem Bett. Sieh auf den Tisch
dort hinter meinem Kissen , bei dem altmodischen
Buch. “
     „ Ich seh einen offenen Granatapfel. “
     „ Den hat mir der Schweinehirt gebracht neulich abends ; 
drei Tage war er nicht nach Haus gekommen. “
     „ Ja, das ist ein wilder Granatapfel. “
     „ Ich weiß. Er ist von einer Bitterkeit, beinah
furchtbar; und doch, ich fühle, wenn ich nur genügend Durst hätte, 
ich würde hineinbeißen. “
     „ Ah, so kann ich es dir jetzt sagen : Was ich
suchte in der Wüste, war dieser Durst. “
     „ Ein Durst, den nur diese Frucht löscht, die
ohne Süße ist ... “
     „ Nein, aber man liebt diesen Durst um ihretwillen. “
     „ Weißt du, wo man sie holt? “
     „ Ein kleiner verlassener Garten ist da; man
kommt gegen Abend hin. Keine Mauer schließt
ihn mehr ab nach der Wüste. Ein Bach floẞ dort
vorbei. Ein paar Früchte, halbreif, hingen an den
Zweigen. “
     „ Was für Früchte? “
     „ Die gleichen, wie in unserm Garten, nur wild.
Es war den ganzen Tag über sehr heiß gewesen. “
     „ Hör zu. Weißt du, warum ich dich heute abend
erwartete ? Eh die Nacht um ist, geh ich. Diese
Nacht; diese Nacht, sowie sie anfängt zu verblassen...
Mein Gürtel ist geschnallt, ich habe die Sandalen anbehalten. “
     „ Was ! Du willst tun, was ich nicht konnte? “
     „ Du hast mir den Weg aufgetan . Der Gedanke
an dich wird mir beistehn. “
     „ Ich kann dich nur bewundern. Du dagegen
mußt mich vergessen. Was nimmst du mit? “
     „ Du weißt wohl, ich, als der Jüngere, habe
keinen Anteil am Erbe. Ich gehe ohne alles. “
Besser so. “
     „ Was siehst du denn nach dem Fenster? “
     „ Den Garten seh ich, wo unsere Toten ruhen. “
     „ Mein Bruder ... (und das Kind, das vom Bett
aufgestanden ist, schmiegt den Arm um den Hals
des Verlorenen, und es legt dieselbe Zärtlichkeit
in diese Gebärde und in seine Stimme) ... komm
mit mir! “
     „ Laß mich, laß mich ; ich will bleiben und unsere
Mutter trösten. Ohne mich wirst du tapferer sein.
Es ist Zeit jetzt. Der Himmel bleicht. Geh, ohne
Lärm. Komm ! Küßmich, mein junger Bruder. Du
nimmst alle meine Hoffnungen mit dir. Sei stark.
Vergiß uns, vergiß mich. Mögst du nicht wiederkommen...
Steig leise hinab. Ich halte die Lampe. “
     „ Gib mir wenigstens noch die Hand bis an die Tür. “
     „ Achtung bei den Stufen auf dem Vorplatz... “

About the headline (FAQ)

Confirmed with Rainer Maria Rilke, Übertragungen, Insel-verlag, 1927, p.175. Note: Reutter's setting begins "Am Abend, da du heimkehrtest"


Text Authorship:

  • by Rainer Maria Rilke (1875 - 1926), "Das Zwiegespräch mit dem jüngeren Bruder", written 1912, appears in Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 5 [author's text checked 1 time against a primary source]

Based on:

  • a text in French (Français) by André Gide (1869 - 1951), "Dialogue avec le Frère Puîné", appears in Le Retour de l'enfant prodigue, no. 5, first published 1907
    • Go to the text page.

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Anton Maria Klafsky (1877 - 1965), "Am Abend" [ voice and piano ], from Lieder, no. 8 [sung text not yet checked]
  • by Hermann Reutter (1900 - 1985), "Das Zwiegespräch mit dem jüngeren Bruder", op. 34 no. 5 (1929/1952), first performed 1929/1952 [ soli, mixed chorus, orchestra ], from oratorio Die Rückkehr des verlorenen Sohnes, no. 5, Schott Music [sung text not yet checked]

Researcher for this page: Joost van der Linden [Guest Editor]

This text was added to the website: 2023-10-30
Line count: 229
Word count: 1758

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