Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver, D'écouter près du feu qui palpite et qui fume Les souvenirs lointains lentement s'élever Au bruit des carillons qui chantent dans la brume. Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante, Jette fidèlement son cri religieux, Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente ! Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits, Il arrive souvent que sa voix affaiblie Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts, Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.
Quatre poèmes pour voix, alto et piano , opus 5
by Charles Martin Tornov Loeffler (1861 - 1935)
Translations available for the entire opus: ENG
1. La cloche fêlée
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 74, first published 1851
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "The cracked bell", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "The Broken Bell", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
- GER German (Deutsch) (Terese Robinson, née Therese Langenbach) , "Die zersprungene Glocke", first published 1925
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 136-137.
First published 1851-04-09 in Le Messager de l'Assemblée under the title "Le Spleen"; also appears published June 1855 in Revue des Deux Mondes under the title "La Cloche". The title "La Cloche fêlée" is used in all editions of Les Fleurs du mal. This was number 58 in the 1857 edition of Les Fleurs du mal but 74 or 76 in subsequent editions.
2. Dansons la gigue!
Dansons la gigue! J'aimais surtout ses jolis yeux Plus clairs que l'étoile des cieux, J'aimais ses yeux malicieux. Dansons la gigue! Elle avait des façons vraiment De désoler un pauvre amant, Que c'en était vraiment charmant! Dansons la gigue! Mais je trouve encore meilleur Le baiser de sa bouche en fleur Depuis qu'elle est morte à mon coeur. Dansons la gigue! Je me souviens, je me souviens Des heures et des entretiens, Et c'est le meilleur de mes biens. Dansons la gigue!
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), subtitle: "Soho", appears in Romances sans paroles, in Aquarelles, in 3. Streets, no. 1, first published 1874
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) ( Wolf von Kalckreuth, Graf)
3. Le son du cor s'afflige vers les bois
Le son du cor s'afflige vers les bois, D'une douleur on veut croire orpheline Qui vient mourir au bas de la colline, Parmi la bise errant en courts abois. L'âme du loup pleure dans cette voix, Qui monte avec le soleil, qui décline D'une agonie on veut croire câline, Et qui ravit et qui navre à la fois. Pour faire mieux cette plainte assoupie, La neige tombe à longs traits de charpie A travers le couchant sanguinolent, Et l'air a l'air d'être un soupir d'automne, Tant il fait doux par ce soir monotone, Où se dorlote un paysage lent.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, appears in Sagesse, in Sagesse III, no. 9, first published 1880
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Sonet"
- ENG English (Peter Low) , "The sound of the horn is wailing near the woods", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Corinne Orde) , "The sound of the horn", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) ( Wolf von Kalckreuth, Graf)
4. Sérénade
Comme la voix d'un mort qui chanterait Du fond de sa fosse, Maîtresse, entends monter vers ton retrait Ma voix aigre et fausse. Ouvre ton âme et ton oreille au son De la mandoline : Pour toi j'ai fait, pour toi, cette chanson Cruelle et câline. Je chanterai tes yeux d'or et d'onyx Purs de toutes ombres, Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx De tes cheveux sombres. Comme la voix d'un mort qui chanterait Du fond de sa fosse, Maîtresse, entends monter vers ton retrait Ma voix aigre et fausse. Puis je louerai beaucoup, comme il convient, Cette chair bénie Dont le parfum opulent me revient Les nuits d'insomnie. Et pour finir, je dirai le baiser De ta lèvre rouge, Et ta douceur à me martyriser, — Mon Ange ! — ma Gouge ! Ouvre ton âme et ton oreille au son De ma mandoline : Pour toi j'ai fait, pour toi, cette chanson Cruelle et câline.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Sérénade", written 1866, appears in Poèmes saturniens, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1866
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "Serenade", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "Serenade", appears in Poems Saturnine
- GER German (Deutsch) ( Wolf von Kalckreuth, Graf) , "Serenade"