Les Muses lièrent un jour De chaisnes de roses Amour, Et pour le garder, le donnèrent Aux Grâces et à la Beauté, Qui voyant sa desloyauté Sur Parnasse l'emprisonnèrent. Si tost que Vénus l'entendit, Son beau ceston elle vendit A Vulcan pour la délivrance De son enfant, et tout soudain, Ayant l'argent dedans la main, Fit au Muses la révérance. « Muses, déesses des chansons, Quand il faudroit quatre rançons Pour mon enfant, je les apporte ; Délivrez mon fils prisonnier ! » Mais les Muses l'ont fait lier D'une chaisne encore plus forte. Courage donques, amoureux ! Vous ne serez plus langoureux ; Amour est au bout de ses ruses ; Plus n'oseroit ce faux garçon Vous refuser quelque chanson, Puisqu'il est prisonnier des Muses !
Treize poésies de Ronsard, mises en musique par Guido Spinetti, et ornées par Lucien Métivet de vignettes modernes dans le goût ancien, préface de Francisque Sarcey
by Guido Spinetti (flourished 1897)
1. Les muses lièrent un jour
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), written 1560
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Researcher for this page: Johann Winkler2. Quand ce beau printemps je voy  [sung text not yet checked]
Quand ce beau Printemps je vois, J'aperçois Rajeunir la terre et l'onde [Et]1 me semble que le jour, Et l'Amour, [Comme enfants naissent]2 au monde. Le jour qui plus beau se fait, Nous refait Plus belle et verte la terre, Et Amour armé de traits Et d'attraits, [Dans]3 nos coeurs nous fait la guerre. Il répand de toutes parts Feux et dards Et dompte sous sa puissance Hommes, bestes et oiseaux, Et les eaux Lui [rendent]4 obeïssance. Vénus avec son enfant Triomphant, Au haut de son coche assise, Laisse ses cygnes voler Parmi l'air Pour aller voir son Anchise. Quelque part que ses beaux yeux Par les cieux Tournent leurs lumières belles, L'air qui se montre serein Est tout plein D'amoureuses étincelles. Puis en descendant à bas Sous ses pas Croissent mille fleurs écloses; Les beaux lis et les oeillets Vermeillets Y naissent entre les roses. Je sens en ce mois si beau Le flambeau D'Amour qui m'échauffe l'âme, Y voyant de tous côtés Les beautés Qu'il emprunte de ma Dame. Quand je vois tant de couleurs Et de fleurs Qui émaillent un rivage, Je pense voir le beau teint Qui est peint Si vermeil en son visage. Quand je vois les grand rameaux Des ormeaux Qui sont lacés de lierre, Je pense être pris és lacs De ses bras, Et que mon col elle serre. Quand j'entends la douce voix Par les bois Du gai rossignol qui chante, [D'elle]5 je pense jouir Et ouïr [Sa douce voix]6 qui m'enchante. Quand Zéphyre mène un bruit Qui se suit Au travers d'une ramée, Des propos il me souvient Que me tient La bouche de mon aimée. Quand je vois en quelque endroit Un pin droit, Ou quelque arbre qui s'élève, Je me laisse décevoir, Pensant voir Sa belle taille et sa grève. Quand je vois dans un jardin, Au matin, S'éclore une fleur nouvelle, J'accompare le bouton Au teton De son beau sein qui pommelle. Quand le Soleil tout riant D'Orient Nous montre sa blonde tresse, Il me semble que je voi Près de moi Lever ma belle maîtresse. Quand je sens parmi les prés Diaprés Les fleurs dont la terre est pleine, [Lors je]7 fais croire à mes sens Que je sens [La douceur de son]8 haleine. Bref, je fais comparaison, Par raison, Du printemps et de m'amie; Il donne aux fleurs la vigueur, Et mon coeur D'elle prend vigueur et vie. Je voudrais au bruit de l'eau D'un ruisseau, Déplier ses tresses blondes, Frisant en autant de noeuds Ses cheveux. Que je verrais friser d'ondes. Je voudrois, pour la tenir, Devenir Dieu de ces forêts désertes, La baisant autant de fois Qu'en un bois Il y a de feuilles vertes. [Hà !]9 maîtresse, mon souci, Viens ici, Viens contempler la verdure ! Les fleurs de mon amitié Ont pitié, [Et seule tu]10 n'en as cure. Au moins lève un peu tes yeux Gracieux, Et vois ces deux colombelles, Qui font naturellement, Doucement L'amour du bec et des ailes. Et nous, sous ombre d'honneur, Le bonheur Trahissons par une crainte: Les oiseaux sont plus heureux Amoureux, Qui font l'amour sans contrainte. Toutefois ne perdons pas Nos ébats Pour ces lois tant rigoureuses; Mais, si tu m'en crois, vivons, Et suivons Les colombes amoureuses. Pour effacer mon émoi, Baise-moi, [Rebaise-moi]11, ma Déesse! Ne laissons passer en vain Si soudain Les ans de notre [jeunesse.]12
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Chanson"
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- ENG English (David Wyatt) , "When I see the fair Springtime", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Gouvy: "Il"
2 Gouvy: "Naissent"
3 Eben, Escher: "En"
4 Auric: "jurent"
5 Gouvy: "De toi"
6 Gouvy: "Ta voix"
7 Gouvy: "Je"
8 Gouvy: "Ta douce"
9 Gouvy: "Ah !"
10 Gouvy: "Mais toi, tu"
11 Gouvy: "Aime-moi"
12 Gouvy: "jeunesse, aime-moi !"
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Jeroen Scholten , Malcolm Wren [Guest Editor]
3. À son page  [sung text not yet checked]
[Fais rafraîchir mon]1 vin de sorte qu'il [passe en froideur un]2 glaçon; fais venir Jeanne, qu'elle apporte son luth pour dire une chanson; nous ballerons tous trois au son, et dis à Barbe qu'elle vienne, les cheveux tors à la façon d'une folâtre Italienne. Ne vois-tu que le jour se passe? Je ne vis point au lendemain; Page, reverse dans ma tasse, [que ce grand verre soit]3 tout plein. Maudit soit qui languit en vain! [Ces vieux médicins]4 je n'appreuve; [mon]5 cerveau n'est jamais bien sain [si beaucoup de vin ne l'abreuve.]6
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
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- ENG English (Peter Low) , "To his page", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "Rafraîchis-moi le"
2 Leguerney: "soit aussi frais qu'un"
3 Leguerney: "remplis-moi ce verre"
4 Leguerney: "Les Philosophes"
5 Leguerney: "le"
6 Leguerney: "Que l'Amour et le vin n'abreuve."
Researcher for this page: LaDonna Manternach
4. À Cassandre  [sung text not yet checked]
Mignonn', allon voir si la rose Qui ce matin avoit declose Sa robe de pourpr' au soleil, A point perdu, cette vesprée, Le plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las, voyés comm' en peu d'espace, Mignonn', ell' a dessus la place, Las, las, ses beautés laissé cheoir! Ô vrayement maratre nature, Puis qu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! Donc, si vous me croiés, mignonne: Tandis que vostr' age fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillés, cueillés vostre jeunesse, Comm' à cette fleur, la viellesse Fera ternir vostre beauté.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "À Cassandre"
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Faith J. Cormier) , no title, copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
Modernized version used by Chaminade, Manduell, Wagner:
Mignonne, allons voir si la rose, Qui ce matin avait desclose Sa robe de pourpre au soleil, N'a point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a, dessus la place, Las! Las! ses beautés laissé cheoir! Ô vraiment marâtre nature, Puisqu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! [Or donc, écoutez-moi,]1 Mignonne, Tandis que votre âge fleuronne [En]2 sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse: [Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté.]31 Chaminade, Manduell: "Donc, si vous m'en croyez"
2 Chaminade: "Dans"
3 Manduell: "Comme à ceste fleur la vieillesse/ Fera ternir vostre beauté."
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
5. Sonnet pour Hélène  [sung text not yet checked]
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise aupres du feu, [devidant]1 et filant, Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant, Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle. Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Desja sous le labeur à demy sommeillant, Qui au bruit de Ronsard ne s'aille resveillant, Benissant vostre nom de louange immortelle. Je seray sous la terre, et fantaume sans os : Par les ombres Myrtheux je prendray mon repos. Vous serez au fouyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour, et vostre fier desdain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Le Second Livre des Sonnets pour Hélène, no. 24
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Humbert Wolfe) , no title, first published 1934
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Pflücke die Rosen, so lange du kannst", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
See also Yeats' free adaptation, When you are old.
Modernized form of text used by Huberti and Swithinbank:
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, [en]2 vous émerveillant: Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demy sommeillant, Qui au bruit de [Ronsard]3 ne s'aille réveillant, Bénissant vôtre nom de louange immortelle. Je seray sous la terre, et fantôme sans os : Par les ombres myrteux je prendrai mon repos; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour, et vôtre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'huy les roses de la vie.1 Gouvy: "devisant"
2 Huberti: "et"
3 Swithinbank: "mon nom"
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6. À un Aubespin  [sung text not yet checked]
Bel aubespin verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vestu jusq'au bas [Des longs]1 bras D'une lambrunche sauvage. Deux camps drillantz de fourmis Se sont mis En garnison soubz ta souche ; Et dans ton tronc mi-mangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien aymée, Pour ses amours aleger Vient loger Tous les ans [dans]2 ta ramée: [Sur ta cyme]3 il fait son ny Bien garny De laine et de fine soye, Où ses petitz [esclorront]4, Qui seront De mes mains la douce proye. Or vy, gentil aubespin, Vy sans fin, Vy sans que jamais tonnerre, Ou la coignée, ou les vens, Ou les tems Te [puissent]5 ruer par terre.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Ode", appears in Nouvelle continuation des Amours, first published 1556
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Note: in stanza 1, line 4, word 5 has the typo "bras" instead of "bas" in Janequin's score.
Modernized version used by Rivier and Leguerney:
Bel aubépin, verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vêtu jusqu'au bas [Des longs]1 bras D'une lambruche sauvage. Deux camps drillants de fourmis Se sont mis En garnison sous ta souche; Et dans ton tronc mimangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien-aimée, Pour ses amours alléger Vient loger Tous les ans [dans]2 ta ramée. Sur ta cime il fait son nid Bien garni De laine et de fine soie, Où ses petits écloront, Qui seront De mes mains la douce proie. Or vis, gentil aubépin, Vis sans fin, Vis sans que jamais tonnerre, Ou la cognée, ou les vents, Ou les temps Te puissent ruer par terre.1 Leguerney: "De tes"; Millot: "De long"
2 Hawley, Janequin, Leguerney, Millot: "en"
3 Hawley, Millot: "Dans laquelle"
4 Hawley, Millot: "s'eclorront"
5 Janequin: "puisse"
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , David Wyatt
7. Douce maistresse, touche  [sung text not yet checked]
Douce maîtresse, touche, Pour soulager mon mal, Mes levres de ta bouche Plus rouge que coral : [Que mon col soit pressé De ton bras enlassé]1. Puis, face dessus face, Regarde moy les yeux, Afin que ton trait passe [De]2 mon cœur soucieux [Cœur qui]3 ne vit sinon D'amour et de ton nom. Je l'ay veu fier et brave, Avant que ta beauté Pour estre son esclave Doucement l'eust [donté,]4 Mais son mal lui plait bien Pourveu qu'il meure tien. Belle [par]5 qui je donne A [mes yeux]6 tant d'esmoy, Baise moy ma mignonne, Cent fois rebaise moy : Et quoy ! faut il en vain Languir dessus [ton]7 sein. Maîtresse je n'ay garde De vouloir t'esveiller, Heureux quand je regarde Tes beaux yeux sommeiller ! Heureux quand je les voy Endormis dessus moy. Veux-tu que je les baise Afin de les ouvrir ? Hà tu fais la mauvaise Pour me faire mourir, Je meurs entre tes bras Et s'il ne t'en chaut pas ! Ha ma chere ennemie Si tu veux m'apaiser Redonne moy la vie Par l'esprit d'un baiser, Ha ! j'en ay la douceur Senti jusques au cœur. C'est une douce rage Qui nous poinct doucement, Quand d'un même courage On s'aime incessament : Heureux sera le jour Que je mourray d'amour !
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
1 Caietain, La Grotte: "D'un doux lien pressé/ Tiens mon col embrassé"
2 Caietain, Chardavoine: "En"
3 Caietain, La Grotte: "Lequel"
4 Chardavoine: "traitté :"
5 Chardavoine: "pour"
6 Chardavoine: "mon cœur"
7 Caietain : "mon"
Researcher for this page: David Wyatt
8. Plusieurs de leurs corps desnuez  [sung text not yet checked]
Plusieurs de leurs corps dénués. Se sont vus en diverse terre Miraculeusement mués L'un en serpent et l'autre en pierre, L'un en fleur, l'autre en arbrisseau L'un en loup, l'autre en colombelle; L'un se vit changer en ruisseau: Et l'autre devint arondelle. Mais je voudrais être miroir, A fin que toujours tu me visses; Chemise je voudrais me voir, Afin que souvent tu me prisses. Volontiers eau je deviendrais, Afin que ton corps je lavasse; Être du parfum je voudrais, Afin que [je te]1 parfumasse. Je voudrais être le ruban qui serre ta belle poitrine; Je voudrais être le carcan qui orne ta gorge ivoirine. Je voudrais être tout autour Le corail qui tes lèvres touche Afin de baiser nuit et jour Tes belles lèvres et ta bouche.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
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- ENG English (David Wyatt) , "Many, stripped of their mortal bodies", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Milhaud: "ton corps je"
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9. Voulant, ô ma douce moitié  [sung text not yet checked]
Voulant, ô ma douce moitié, T'assurer que mon amitié Ne se verra jamais finie, Je fis, pour t'en assurer mieux Un serment juré par mes yeux Et par mon cœur et par ma vie. Tu jures ce qui n'est à toi ; Ton cœur et tes yeux sont à moi D'une promesse irrévocable, Ce médis-tu. Hélas ! au moins Reçoit mes larmes pour témoins Que ma parole est véritable ! Alors, Belle, tu me baisas, Et doucement désattisas Mon feu, d'un gracieux visage : Puis tu fis signe de ton œil, Que tu recevais bien mon deuil Et mes larmes pour témoignage.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Chanson"
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2019, (re)printed on this website with kind permission
10. À une jeune fille
Ma petite nymphe Macée, Plus blanche qu'yvoire taillé, Plus blanche que neige amassée, Plus blanche que le laict caillé, Ton beau teint ressemble les liz Avecque les roses cueillis. Descoeuvre-moy ton beau chef-d'œuvre, Tes cheveux où le ciel, donneur Des grâces, richement descoeuvre Tous ses biens pour leur faire honneur ; Descoeuvre ton beau front aussi, Heureux object de mon souci. Comme une Diane tu marches, Ton front est beau, tes yeux sont beaux, Qui flambent sous deux noires arches, Comme deux célestes flambeaux, D'où le brandon fut allumé, Qui tout le cœur m'a consumé. Ce fut ton œil, douce mignonne, Qui d'un fol regard escarté. Les miens encores emprisonne, Peu soucieux de liberté, Tous deux au retour du printemps, Et sur l'avril de nos beaux ans. Las ! puis que ta beauté première Ne me daigne faire merci Et me privant de ta lumière, Prend son plaisir de mon souci, Au moins regarde sur mon front Les maux que tes beaux yeux me font.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
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Researcher for this page: Johann Winkler11. Dieu vous gard, messagers fidelles  [sung text not yet checked]
Dieu vous gard', messagers fidèles Du Printemps, gentes hirondelles, Huppes, coucous, rossignolets, Tourtres, et vous oiseaux sauvages Qui de cent sortes de ramages Animez les bois verdelets. Dieu vous gard', belles pâquerettes, Belles roses, belles fleurettes, [De Mars, et vous boutons]1 connus Du sang d'Ajax et de Narcisse, Et vous thym, anis et mélisse, Vous soyez les bien revenus. Dieu vous gard', troupe diaprée [De]2 papillons, qui par la prée Les douces herbes suçotez; Et vous, nouvel essaim d'abeilles, Qui les fleurs jaunes et vermeilles [Indifferemment]3 baisotez. Cent mille fois je resalue Votre belle et douce venue. Ô que j'aime cette saison Et ce doux caquet des rivages, Au prix des vents et des orages Qui m'enfermaient en la maison!
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
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- ENG English (Faith J. Cormier) , no title, copyright © 2002, (re)printed on this website with kind permission
1 Milhaud: "Et vous boutons jadis"
2 Milhaud: "Des"
3 Milhaud: "De votre bouche"
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12. Nous ne tenons en nostre main  [sung text not yet checked]
Nous ne tenons en notre main Le temps futur du lendemain; La vie n'a point d'assurance, Et pendant que nous désirons La faveur des Rois, nous mourons Au milieu de notre espérance. L'homme après son dernier trépas Plus ne boit ni mange là-bas, Et sa grange qu'il a laissée Pleine de blé devant sa fin Et sa cave pleine de vin Ne lui viennent plus en pensée. Hé, quel gain apporte l'émoi? Va, Corydon, apprête-moi Un lit de roses épanchées; Il me plaît, pour me défâcher, A la renverse me coucher Entre les pots et les jonchées. Fais-moi venir Dorat ici, Fais-y venir Jodelle aussi, Et toute la Musine troupe; Depuis le soir jusqu'au matin, Je veux leur donner un festin Et cent fois leur pendre la coupe. Verse donc, et reverse encor Dedans cette grand'coupe d'or, Je vais boire à Henry Estienne, Qui des enfers nous a rendu Du vieil Anacréon perdu La douce lyre Téienne. A toi, gentil Anacréon, Doit son plaisir le biberon, Et Bacchus te doit ses bouteilles; Amour son compagnon te doit Vénus, et Silène qui boit L'été dessous l'ombre des treilles.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, subtitle: "Odelette à Corydon", appears in L'inspiration anacréontique , no. 1
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- ENG English (David Wyatt) , "We do not hold in our hands", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
13. La belle Venus un jour
La belle Vénus un jour M'amena son fils Amour ; Et l'amemant me vint dire : « Escoute, mon cher RONSARD, Enseigne à mon enfant l'art De bien jouer de la lyre. » Ainsi, pauvre qu j'estois, Tout mon art je recordois A cet enfant pour l'apprendre : Mais luy, comme un faux garson, Se moquoit de ma chanson, Et ne la vouloit entendre. « Pauvre sot, » ce me dit-il, « Tu ne penses bien subtil ! Mais tu as la teste fole D'oser t'égaler à moy, Qui jeune en sçay plus que toy, Ny que ceux de ton escole. » Et alors il me sourit Et en me flattant m'apprit Tous les œuvres de sa mère, Et comme, pour trop aimer, Il avoit fait transformer En cent figures son père. Il me dit tous ses attraits, Tous ses jeux, et de quels traits Il blesse les fantaisies Et des hommes et des dieux, Tous ses tourmens gracieux Et toutes ses jalousies. Et me les disant alors J'oubliai tous les accors De ma lyre desdaignée, Pour retenir en leur lieu L'autre chanson que c
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
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