Le soleil brûlant Les fleurs qu'en allant Tu cueilles, Viens fuir son ardeur Sous la profondeur Des feuilles. Cherchons les sentiers A demi frayés Où flotte, Comme dans la mer, Un demi-jour vert De grotte. Des halliers touffus Un soupir confus S'éléve Si doux qu'on dirait Que c'est la forêt Qui rêve... Chante doucement ; Dans mon coeur d'amant J'adore Entendre ta voix Au calme du bois Sonore. L'oiseau, d'un élan, Courbe, en s'envolant, La branche Sous l'ombrage obscur La source au flot pur S'épanche. Viens t'asseoir au bord Où les boutons d'or Foisonnent... Le vent sur les eaux Heurte les roseaux Qui sonnent. Et demeure ainsi Toute au doux souci De plaire, Une rose aux dents, Et ton pied nu dans L'eau claire.
Cinq mélodies, poèmes d'Albert Samain
by Jane Fonssagrives
1. Chanson d'été  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Chanson d'été", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in L'urne penchée, no. 2, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
2. Lac immatériel  [sung text not yet checked]
Tremble argenté, tilleul, bouleau... La lune s'effeuille sur l'eau... Comme de longs cheveux peignés au vent du soir, L'odeur des nuits d'été parfume le lac noir. Le grand lac parfumé brille comme un miroir, [La]1 rame tombe et se relève, Ma barque glisse dans le rêve. Ma barque glisse dans le ciel, Sur le lac immatériel... Des deux rames que je balance, L'une est Langueur, l'autre est Silence. En cadence les yeux fermés, Rame, ô mon cœur, ton indolence A larges coups lents et pâmés. Là-bas la lune écoute, accoudée au côteau, Le silence qu'exhale en glissant le bateau... Trois grands lys frais coupés meurent sur mon manteau. Vers tes lèvres, ô Nuit voluptueuse et pâle, Est-ce leur âme, est-ce mon âme qui s'exhale ? Cheveux des nuits d'argent peignés aux longs roseaux... Comme la lune sur les eaux, Comme la rame sur les flots, Mon âme s'effeuille en sanglots !
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Accompagnement", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Laura Prichard) , copyright © 2016, (re)printed on this website with kind permission
1 Fauré: "Ma"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Larmes  [sung text not yet checked]
Larmes aux fleurs suspendues, Larmes de sources perdues Aux mousses des rochers creux ; Larmes d'automne épandues, Larmes de [cors]1 entendues Dans les grands bois douloureux ; Larmes des cloches latines, Carmélites, Feuillantines... Voix des beffrois en ferveur ; Larmes, chansons argentines Dans les vasques florentines Au fond du jardin rêveur ; Larmes des nuits étoilées, Larmes [de]2 flûtes voilées Au bleu du parc endormi ; Larmes aux [longs]3 cils perlées, Larmes d'amante coulées Jusqu'a l'âme de l'ami ; [Gouttes]4 d'extase, éplorement délicieux, Tombez des nuits ! Tombez des fleurs ! Tombez [des]5 yeux ! Et toi, mon cœur, sois le doux fleuve harmonieux, Qui, riche du trésor tari des urnes vides, Roule un grand rêve triste aux mers des soirs languides.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Larmes", written 1886, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1886
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- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (David K. Smythe) , "Tears of gold", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Elaine Marie Ortiz-Arandes) , "Tränen aus Gold", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
Note: the poem first appeared in the revue Le Scapin, December 6, 1886; and later in Au Jardin de l'Infante, 1893.
1 Fauré: "cor"2 Fauré: "des"
3 Fauré: "grands"
4 Fauré, Gassot: "Larmes"
5 Tournemire: "les"
Researcher for this page: David K. Smythe
4. La Maison du matin  [sung text not yet checked]
La maison du matin rit au bord de la mer, La maison blanche, au toit de tuiles rose clair Derrière un pâle écran de frêle mousseline, Le soleil nuit, voilé comme une perle fine, Et du haut des rochers redoutés du marin, Tout l'espace frissonne au vent frais du matin... Lyda, debout au seuil que la vigne décore, Un enfant sur les bras, sourit, grave, à l'aurore, Et laisse, regardant au large, le vent fou Dénouer ses cheveux mal fixés sur son cou Par l'escalier du ciel l'enfantine journée Descend, légère et blanche, et de fleurs couronnée; Et, pour mieux l'accueillir, la mer au sein changeant Scintille à l'horizon, toute blanche d'argent Mais déjà les enfants s'échappent; vers la plage Ils courent demi nus chercher le coquillage ; En vain Lyda les gronde, enivrés du ciel clair Leur rire de cristal s'éparpille dans l'air. La maison du matin rit au bord de la mer.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "La Maison du matin", written 1897?, appears in Aux Flancs du Vase, no. 23, first published 1897
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First published in La Revue des Deux Mondes, December 1, 1897; then published in 1898 in Aux flancs du Vase, Paris, Éd. du Mercure de France
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
5. Ton Souvenir  [sung text not yet checked]
Ton Souvenir est comme un livre bien aimé, Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé, Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente. Je voudrais, convoitant l'impossible en mes voeux, Enfermer dans un vers l'odeur de tes cheveux ; Ciseler avec l'art patient des orfèvres Une phrase infléchie au contour de tes lèvres ; Emprisonner ce trouble et ces ondes d'émoi Qu'en tombant de ton âme, un mot propage en moi ; Dire quelle mer chante en vagues d'élégie Au golfe de tes seins où je me réfugie ; Dire, oh surtout ! tes yeux doux et tièdes parfois Comme une après-midi d'automne dans les bois ; De l'heure la plus chère enchâsser la relique, Et, sur le piano, tel soir mélancolique, Ressusciter l'écho presque religieux D'un ancien baiser attardé sur tes yeux.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Ton Souvenir est comme un livre ...", appears in Au jardin de l'Infante, first published 1893
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission