Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous [fait]1 un jour noir plus triste que les nuits ; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide, Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet [d'horribles]2 araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout-à-coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrément. -- Et [d'anciens]3 corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; [et,]4 l'Espoir [Pleurant comme un vaincu, l'Angoisse]5 despotique Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Six Poésies de Baudelaire mises en musique
Song Cycle by Aimée Strohl (1865 - 1941), as Rita Strohl
1. Spleen  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Spleen", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 62, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1857
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Goll) , "Spleen (2)"
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Spleen (3)"
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- POR Portuguese (Português) (Delfim Guimarães) , "Spleen"
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in Spleen et Idéal, pages 144-145. Also confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, in Spleen et Idéal, pages 176-177. Also confirmed with Charles Baudelaire, Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, in Spleen et Idéal, pages 202-203. Punctuation and formatting follows 1857 edition. Note: this was number 62 in the 1857 edition of Les Fleurs du mal but number 78 or 80 in subsequent editions.
1 1861 and 1868 editions: "verse"2 1861 and 1868 editions: "d'infâmes"
3 1861 and 1868 editions: "de longs"
4 omitted in 1861 and 1868 editions
5 1861 edition: "Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce,"
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3. Obsession  [sung text not yet checked]
Grands bois, vous m'effrayez comme des cathédrales ; Vous hurlez comme l'orgue ; et dans nos cœurs maudits, Chambres d'éternel deuil où vibrent de vieux râles, Répondent les échos de vos De profundis. Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes, Mon esprit les retrouve en lui ; ce rire amer De l'homme vaincu, plein de sanglots et d'insultes, Je l'entends dans le rire énorme de la mer. Comme tu me plairais, ô nuit ! sans ces étoiles Dont la lumière parle un langage connu ! Car je cherche le vide, et le noir, et le nu ! Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Obsession", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 79, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, first published 1861
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Trýzeň"
- ENG English (Emily Wyatt) , "Obsession", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Cyril Meir Scott) , "Obsession", appears in The Flowers of Evil, London, Elkin Mathews, first published 1909
- GER German (Deutsch) (Stefan George) , "Besessenheit", appears in Die Blumen des Bösen, in Trübsinn und Vergeisterung, first published 1901
- POR Portuguese (Português) (Delfim Guimarães) , "Obsessão ", appears in As Flores do Mal
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, Paris: Poulet-Malassis et de Broise, 1861, in Spleen et Idéal, pages 178-179. Note: this was number 79 in the 1861 edition of Les Fleurs du mal but number 81 in subsequent editions.
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4. Le Jet d`eau  [sung text not yet checked]
Tes beaux yeux sont las, pauvre amante ! Reste longtemps, sans les rouvrir, Dans cette pose nonchalante Où t'a surprise le plaisir. Dans la cour le jet d'eau qui jase Et ne se tait ni nuit ni jour, Entretient doucement l'extase Où ce soir m'a plongé l'amour. [ La gerbe épanouie En mille fleurs, Où Phœbé réjouie Met ses couleurs, Tombe comme une pluie De larges pleurs.]1 Ainsi ton âme qu'incendie L'éclair brûlant des voluptés S'élance, rapide et hardie, Vers les vastes cieux enchantés. Puis, elle s'épanche, mourante, En un flot de triste langueur, Qui par une invisible pente Descend jusqu'au fond de mon cœur. La gerbe épanouie En mille fleurs, Où Phœbé réjouie Met ses couleurs, Tombe comme une pluie De larges pleurs. Ô toi, que la nuit rend si belle, Qu'il m'est doux, penché vers tes seins, D'écouter la plainte éternelle Qui sanglote dans les bassins ! Lune, eau sonore, nuit bénie, Arbres qui frissonnez autour, Votre pure mélancolie Est le miroir de mon amour. La gerbe épanouie En mille fleurs, Où Phœbé réjouie Met ses couleurs, Tombe comme une pluie De larges pleurs.
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Le Jet d'eau", appears in Les Épaves, in 2. Galanteries, no. 8, appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 97, Amsterdam, À l'enseigne du Coq, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Vrchlický) , "Vodotrysk"
- ENG English (Peter Low) , "The fountain", copyright © 2001, (re)printed on this website with kind permission
- SPA Spanish (Español) (Juan Henríquez Concepción) , "El chorro de agua", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Charles Baudelaire, Les Épaves, Amsterdam: À l'enseigne du Coq, 1866, in Galanteries, pages 61-64. Also confirmed with Charles Baudelaire, Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, in Spleen et Idéal, pages 231-232.
First published by À l'enseigne du Coq in Les Épaves, 1866; also appears under Spleen et Idéal as number 97 in the 1868 edition of Les Fleurs du mal.
1 Debussy:La gerbe d'eau qui berce Ses mille fleurs, Que la lune traverse De ses pâleurs, Tombe comme une averse De larges pleurs.
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6. Madrigal triste  [sung text not yet checked]
I Que m'importe que tu sois sage ? Sois belle ! [et]1 sois triste ! Les pleurs Ajoutent un charme au visage, Comme le fleuve au paysage ; L'orage rajeunit les fleurs. Je t'aime surtout quand la joie S'enfuit de ton front terrassé ; Quand ton cœur dans l'horreur se noie ; Quand sur ton présent se déploie Le nuage affreux du passé. Je t'aime quand ton grand œil verse Une eau chaude comme le sang ; Quand, malgré ma main qui te berce, Ton angoisse, trop lourde, perce Comme un râle d'agonisant. J'aspire, volupté divine ! Hymne profond, délicieux ! Tous les sanglots de ta poitrine, Et crois que ton cœur s'illumine Des perles que versent tes yeux ! II Je sais que ton cœur, qui regorge De vieux amours déracinés, Flamboie encor comme une forge, Et que tu couves sous ta gorge Un peu de l'orgueil des damnés ; Mais tant, ma chère, que tes rêves N'auront pas reflété l'Enfer, Et qu'en un cauchemar sans trèves, Songeant de poisons et de glaives, Éprise de poudre et de fer, N'ouvrant à chacun qu'avec crainte, Déchiffrant le malheur partout, Te convulsant quand l'heure tinte, Tu n'auras pas senti l'étreinte De l'irrésistible Dégoût, Tu ne pourras, esclave reine Qui ne m'aimes qu'avec effroi, Dans l'horreur de la nuit malsaine Me dire, l'âme de cris pleine : " Je suis ton égale, ô mon Roi ! "
Text Authorship:
- by Charles Baudelaire (1821 - 1867), "Madrigal triste", appears in Les Fleurs du mal, in 1. Spleen et Idéal, no. 90, Paris(?), Alphonse Lemerre, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CZE Czech (Čeština) (Jaroslav Haasz) , "Smutný madrigal"
Confirmed with Le Parnasse contemporain : receuil de vers nouveaux, premier receuil, [Paris?]: Alphonse Lemerre, 1866, pages 67-69. Also confirmed with Œuvres complètes de Charles Baudelaire, vol. I : Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, Paris: Michel Lévy frères, 1868, page 220-221. Note: in this edition, in line 6-3, the word "trèves" is spelled "trêves" and has been corrected above.
First published by Alphonse Lemerre in Le Parnasse contemporain : receuil de vers nouveaux, premier receuil, 1866; also appears under Spleen et Idéal as number 90 in the 1868 edition of Les Fleurs du mal.
1 omitted by PiacentiniResearch team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]