L’étang mystérieux, suaire aux blanches moires, Frisonne ; au fond du bois la clairière apparaît ; Les arbres sont profonds et les branches sont noires ; Avez-vous vu Vénus à travers la forêt? Avez-vous vu Vénus au sommet des collines? Vous qui passez dans l’ombre, êtes-vous des amants? Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines ; L’herbe s’éveille et parle aux sépulcres dormants. Que dit-il, le brin d’herbe? et que répond la tombe? Aimez, vous qui vivez! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche! aimez-vous! la nuit tombe ; Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs. Dieu veut qu’on ait aimé. Vivez! faites envie, Ô couples qui passez sous le vert coudrier. Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie, On emporta d’amour, on l’emploie à prier. Les mortes d’aujourd’hui furent jadis les belles. Le ver luisant dans l’ombre erre avec son flambeau. Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles, Le brin d’herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau. La forme d’un toit noir dessine une chaumière ; On entend dans les prés le pas lourd du faucheur ; L’étoile aux cieux, ainsi qu’une fleur de lumière, Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur. Aimez-vous! c’est le mois où les fraises sont mûres. L’ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents, Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures, Les prières des morts aux baisers des vivants.
Trois Nocturnes für achtstimmigen Chor (SSAATTBB)
by Klaus Miehling (b. 1963)
1. Crépuscule
Text Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), "Crépuscule"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , "Twilight", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
2. L'heure du berger
La lune est rouge au brumeux horizon ; Dans un brouillard qui danse la prairie S'endort fumeuse, et la grenouille crie Par les joncs verts où circule un frisson ; Les fleurs des eaux referment leurs corolles ; Des peupliers profilent aux lointains, Droits et serrés, leurs spectres incertains ; Vers les buissons errent les lucioles ; Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes, Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes. Blanche, Vénus émerge, et c'est la Nuit.
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "L'heure du berger", written 1866, appears in Poèmes saturniens, in 3. Paysages tristes, no. 6, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1866
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "The shepherd's hour", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Amy Pfrimmer) , "The shepherd's hour", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "The Shepherd's Hour", appears in Poems Saturnine, in 3. Somber Landscapes, no. 6
- GER German (Deutsch) (Pierre Mathé) , "Die Schäferstunde", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- HUN Hungarian (Magyar) (Tamás Rédey) , "Pásztoróra", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
- HUN Hungarian (Magyar) (Tamás Rédey) , "Pásztoróra", copyright © 2015, (re)printed on this website with kind permission
- POL Polish (Polski) (Bronisława Ostrowska) , "Przedwieczerz", Kraków, J. Mortkowicz, first published 1911
Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, in Paysages tristes, pages 59-60.
Research team for this page: Corinne Orde , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
3. Nuit d'été
Ô nuit, ô douce nuit d'été qui viens à nous Parmi les foins coupés et sous la lune rose, Tu dis aux amoureux de se mettre à genoux Et sur leur front brûlant un souffle frais se pose ! Ô nuit, ô douce nuit d'été qui fais fleurir Les fleurs dans les gazons et les fleurs sur les branches, Tu dis aux tendres cœurs des femmes de s'ouvrir Et sous les blonds tilleuls errent des formes blanches ! Ô nuit, ô douce nuit d'été qui sur les mers Alanguis le sanglot des houles convulsées, Tu dis aux isolés de n'être pas amers Et la paix de ton ciel descend dans leurs pensées. Ô nuit, ô douce nuit d'été qui parles bas, Tes pieds se font légers et ta voix endormante, Pour que les pauvres morts ne se réveillent pas, Eux qui peuvent plus aimer, ô nuit aimante !
Text Authorship:
- by Paul Bourget (1852 - 1935), "Nuit d'été", written 1882, appears in Les Aveux, in Dilettantisme, in En voyage, no. 11, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission