La nature fait la grimace : C'est l'ennui qui plane dans l'air. Il fait froid l'Été, chaud l'Hiver : Les saisons ont changé de place. L'Automne encor de temps en temps Reparaît malgré qu'on l'attende Souvent en vain, mais le Printemps N'est plus, hélas ! qu'une légende ! Pour toujours as-tu disparu ? Ami Printemps, où donc es-tu ? Saison où le buisson bourgeonne Qui réveillais la volupté, En tout tu l'avais mérité Ce nom d'ami que je te donne. Lorsque l'on entend ta chanson Maintenant, ta voix qui tremblote, Au cœur fait passer le frisson ; L'Amour en l'écoutant grelotte ! Pour toujours as-tu disparu ? Ami Printemps, où donc es-tu ? Sous ton enivrante caresse, Tous les vieux semblaient rajeunir ; Lui parlant d'espoir, d'avenir, Tu souriais à la jeunesse. Avec tes beaux jours envolés, Par crainte d'être ridicules, Croyance et Foi s'en sont allés. On ne voit que des incrédules ! Pour toujours as-tu disparu ? Ami Printemps, où donc es-tu ? Ami Printemps aux doux mystères, Avant que vienne Messidor, Nous t'attendrons : reviens encor ! Reviens pour bercer nos chimères ; Fais pousser les feuilles aux bois, Chanter les oiseaux dans les branches. Nous aimerons comme autrefois, Et nous aurons de gais dimanches. Pour toujours as-tu disparu ? Ami Printemps, où donc es-tu ?
Chansons tendres
by Paul Delmet (1862 - 1904)
1. Ami printemps
Text Authorship:
- by Raphaël May (d. 1913)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]2. Chanson frêle
Vous semblez une rose rose Qui fut un lys et s'en souvient : Au moindre frisson qui survient, Sous la candeur la rose est rose... Vous semblez une rose rose. Vos yeux sont deux perles d'opale Où tremblent deux gouttes d'azur, Tel qu'un reflet du ciel moins pur Suffit à troubler leur bleu pâle... Vos yeux sont deux perles d'opale. Votre lèvre est la sensitive Qui s'effarouche d'un baiser, D'un baiser qui voudrait oser, Et s'envole, abeille craintive... Votre lèvre est la sensitive. Votre amour est tel que je l'aime Il se dérobe à tous les yeux, Rose ou lys, lys mystérieux, Votre amour a peur de lui-même Et voilà pourquoi je vous aime !
Text Authorship:
- by Charles-Maurice Couyba (1866 - 1931), as Maurice Boukay
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]3. Beau page
Beau page, dites-moi, beau page, Pourquoi dans le fond du manoir, Penché sur le vieux missel noir, Relisez-vous la même page ? C'est la page que de sa main Madame ouvrit hier au livre Et son doux parfum qui m'enivre Y flotte encor le lendemain. Beau page, dites-moi, beau page, Pourquoi dans le fond du manoir Penché sur le vieux missel noir, Frissonner à la même page ? Les lignes que ses yeux lisaient Me font revoir encor madame, Je retrouve un peu de son âme Aux mots d'amour qui la grisaient. Beau page, dites-moi, beau page, Pourquoi dans le fond du manoir, Penché sur le vieux missel noir, Pleurez-vous à la même page ? Dans le vieux livre délaissé Je retrouve son cœur frivole Au feuillet que, de sa main folle, En souriant, elle a froissé . Pleurez, frissonnez, mon beau page, Quand l'avenir est triste et noir, Il est doux, au fond du manoir, De relire une vieille page.
Text Authorship:
- by Pierre Normat (flourished 1900)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]4. Chanson libertine
Il fait bien froid dehors, mignonne ; Le vent souffle, le vent d'automne. Dans ton alcôve enfermons-nous. Nous en ferons une cachette Faite de bleu très tendre et doux, Un nid d'amour, ma mignonnette.... Dans ton alcôve enfermons-nous. J'aime l'ombre voluptueuse Mets-toi plus près, plus près, frileuse, Dans ton alcôve enfermons-nous ! Mets ta tête mignonne et blonde Sur mon cœur plein de baisers fous, Et rêvons d'être seuls au monde.... Dans ton alcôve enfermons-nous. Ta chemisette est parfumée, Viens dans mes bras, ma bien-aimée ; Dans le duvet blottissons-nous ; Je connais de lentes caresses... Je te dirai des mots très doux, Mon cœur est fleuri de tendresses... Dans ton alcôve enfermons-nous. De la brise entends-tu la plainte ? Rideaux tirés... lumière éteinte... Dans le duvet blottissons-nous. Donne-moi tes lèvres de roses, Tes baisers parfumés et doux, Et dans la nuit,.. taisons ces choses.... Dans le duvet blottissons-nous.
Text Authorship:
- by J. Richard (flourished 1858-1908)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]5. Confession
J'ai beau te dire, ô ma maitresse, Que mon amour et ma tendresse Resteront les mêmes sans cesse, Ne me crois pas ! Il faut, hélas ! chaque semaine, Ou pour le moins chaque quinzaine, Que mon fol amour se promène A d'autres bras. Que ça te laisse froide ou triste, A mes goûts jamais ne résiste. Tu le sais bien ! je suis artiste... Ne m'en veux pas ! Après une course volage, Peut-être que demain, plus sage, Tu me verras vers le bocage Tourner mes pas. Alors, pardonnant à ma faute, Laisse-moi revenir ton hôte ; Et si je m'assieds côte à côte, Ne t'enfuis pas ! Mais en face de la nature, Assis sur un lit de verdure, Célébrons cet amour qui dure Jusqu'aux lilas.
Text Authorship:
- by André Chadourne (1859 - 1910)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]6. Le Cœur du Poète
Oui, le cœur du poète est une étrange chose. On prétend que jadis, pour qu'il naisse, la rose Adonné tout son cœur, son petit cœur d'un jour. Il est enveloppé par toutes les tendresses, Et celles des Mamans, et celles des Maîtresses Lui ont fait un écrin d'amour. Il sait tous les baisers des lèvres amoureuses Faisant pâmer, le soir, les amantes heureuses Qui rêvent dans la nuit, sous le ciel radieux ; Il sait tous les baisers qui font pleurer les mères, Quand les petits enfants ont des peines amères ; Il sait les durs baisers d'adieux. Pour lui le vent du soir chante des harmonies Dont, seul, il peut savoir les douceurs infinies ; Il prend, pour lui parler, l'âme tendre des fleurs. Oui, le cœur du poète est fait d'étranges choses, On prétend que jadis, pour qu'il naisse, les roses Dans le ciel ont jeté leurs cœurs.
Text Authorship:
- by Charles Fallot (1874 - 1939)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]7. L'étoile du berger
L'ombre s'accroît et rampe vers la plaine ; Du vieux clocher tinte et pleure l'appel. Le vent du soir effiloche la laine Des moutons d'or qui paissent dans le ciel. Rentrons, ma mie, en suivant la saulée, Ton corps mignon blotti contre mon bras ; Un souffle tiède embaume la vallée. Et nous invite à ralentir nos pas. Arrêtons-nous, puisque la brise est douce, Puisque la lune argente le chemin, Puisque les fleurs scintillent sur la mousse, Puisque ton cœur palpite sous ma main. Arrêtons-nous près du ruisseau qui passe : Cueillons les fruits du mystique verger : Et qu'en tes yeux où rayonne l'espace Brille pour moi l'étoile du berger !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher, "L'Étoile du Berger"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Grant Hicks) , "The Shepherd's Star", copyright © 2025, (re)printed on this website with kind permission
8. La Fée aux Cheveux d'or
Il était une fois, mignonne, Une fée aux cheveux si blonds Qu'ils semblaient d'or pris aux rayons De quelque céleste couronne, Il était une fois mignonne. Vers les étangs, près des pervenches, Le fils du Roi la vit passer, Voulut ses cheveux embrasser : La Vierge s'enfuit sous les branches, Vers les étangs près des pervenches. Nymphes des bois, sylphes de l'onde La cherchèrent longtemps, longtemps, S'en revinrent près des étangs, Las d'avoir fait le tour du monde, Nymphes des bois, sylphes de l'onde. Soudain, vers les blondes étoiles, Un feu follet prit son essor : C'était la fée aux cheveux d'or Qui s'en allait, pure et sans voiles, Briller vers les blondes étoiles. Si le fils du Roi, ma mignonne, Vers tes beaux cheveux tend sa main, Dis-lui de passer son chemin, Pour qu'un jour ta beauté rayonne Comme la fée au ciel, mignonne.
Text Authorship:
- by Charles-Maurice Couyba (1866 - 1931), as Maurice Boukay
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]9. Mélancolie
Que ne t'ai-je connue au temps de ma jeunesse ! Dans un rêve d'amour j'aurais su t'enfermer. Tout renaît, le printemps, le jour, l'espoir d'aimer. Pourquoi ne se peut-il que notre âge renaisse ? Que ne t'ai-je connue au temps de ma jeunesse ! Que ne t'ai-je trouvée au revers d'un chemin, Sur la route perdue et de tous rebutée... Doucement, dans mes bras je t'aurais emportée, Un baiser sur le front et des fleurs dans la main... Que ne t'ai-je trouvée au revers d'un chemin ! Que ne t'ai-je donné le meilleur de ma vie, L'or fragile et vivant de mes bonheurs perdus, Ce que m'ont pris le rêve et les baisers vendus ! Comme un prêtre à l'autel, que ne t'ai-je servie ! Que ne t'ai-je donné le meilleur de ma vie !
Text Authorship:
- by Armand Silvestre (1837 - 1901), "À une Passante", written 1874-1878, appears in La chanson des heures, poésies nouvelles 1874-1878, in 5. Souhaits et dédicaces, no. 1, Paris, Éd. G. Charpentier, first published 1878
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Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Grant Hicks [Guest Editor]10. La Cinquantaine
Subtitle: Duo sentimental
Voici enfin venue cette semaine, Fête du cœur comme du souvenir, Qui voit ici fleurir la cinquantaine D'une union que rien n'a pu flétrir. Hélas ! le temps fuit avec les années ! Mais, si l'hiver poudre nos cheveux blancs, Baisons pourtant nos lèvres embaumées ! Nos cœurs, ma Jeanne, ont toujours leurs vingt ans ! Viens, ma chérie, (L'instant charmant) Dans la prairie Courir gaiment Viens ! ah ! viens vite ! L'air parfumé, Tout nous invite A nous aimer ! En vain les ans, fuyant à tire-d'ailes, Sur nos baisers luirent cinquante fois ; Le même feu qui darde en mes prunelles Garde à mon front ses pudeurs d'autrefois. Viens donc encore, étrange magicienne, Griser mon œil de tes charmes troublants. En rougissant, mets ta main dans la mienne. Nos cœurs, ma Jeanne, ont toujours leurs vingt ans ! Viens, ma sirène, Comme autrefois, Courir, ma reine, Au fond des bois. Viens de ma vie Astre pâmé ! Tout nous convie A nous aimer. Toc, toc ! Qui frappe à cette heure à la porte ? Ciel ! c'est la mort ! Jeanne, ne tremble pas. La mort n'est rien, si notre amour plus forte, Survit encore au plus prochain trépas. Dans le cercueil, où nos cendres glacées Sommeilleront en l'horreur des néants, Pour nous chérir au bout de mille années, Nos cœurs, ma Jeanne, auront encor vingt ans ! Viens sous la nue ! Entends vraiment La voix émue De ton amant ! L'instant suprême Prêt à sonner Veut que l'on s'aime ! Viens nous aimer.
Text Authorship:
- by Georges Moinaux (1858 - 1929), as Georges Courteline
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]11. Liberté
Voulez-vous savoir Ce qui fait la joie ? Ce n'est pas d'avoir Beau pourpoint de soie, Toque avec sequins, Riche collerette, Ni fins brodequins En peau de chevrette. Ce n'est pas d'avoir Le titre de page, Titre sans pouvoir Qui n'est qu'esclavage D'être le jouet D'une châtelaine, Servant à souhait Ses jeux ou sa peine. Ce n'est pas, la nuit, D'aller en gondole Promener l'ennui De la belle idole, En lui récitant Des vers faits pour elle, Ou bien lui chantant Quelque ritournelle. Ni de son baiser Endurer l'ivresse, Sans jamais oser Lui dire : « Maîtresse, Reçois à ton tour La même caresse, Amour pour amour Je t'aime, maîtresse ! » Non, le vrai bonheur Est de vivre libre, A ces mots mon cœur S'ensoleille et vibre. Reprenez pourpoint Toque et collerette Et ne croyez point Que je les regrette. J'emporte seize ans Pour bagage unique ; Seize beaux printemps Font riche tunique, Et je vais errer Libre à l'aventure, Heureux de chanter Pour Dame Nature !
Text Authorship:
- by Stéphan Bordèse (1847 - 1919)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]12. Folie d'amour
La lune brille aux cieux, Un pâtre amoureux Vient, avec mystère, Près de la bergère, Chanter son amour, Qui se tait le jour, Car il est timide, Autant que candide, Et le pauvre amant Chante tendrement. Jaloux, il attend, Tout bas soupirant, Mais une voix tendre Vient se faire entendre, Et l'écho des bois Répond à sa voix. Le froid le pénètre, Et, sous la fenêtre, Notre pauvre amant Pleure doucement. Mais, triste destin, La mort, un matin, Cruelle mégère, Ravit la bergère ! Et, de désespoir De ne plus la voir, Atteint de folie Pour toute la vie, Notre pauvre amant S'éteint tristement.
Text Authorship:
- by Pierre Kok
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]13. Le Pain de l'Amour
Le jour qui frappe ma fenêtre Vient d'interrompre mon sommeil ; Dans ma chambre un rayon pénètre, Et mon cœur s'emplit de soleil... En s'éveillant, la créature Demande au Ciel sa nourriture... Dieu, notre Père, chaque jour, Donnez-nous le pain de l'amour ! Pour braver les soucis moroses Je réclame au maître des cieux Le pur froment des lèvres roses, La douce manne des yeux bleus... Sans un clair regard qui l'enivre, Sans un baiser, qui pourrait vivre ?... Dieu, notre Père, chaque jour, Donnez-nous le pain de l'amour ! Bien que, nourrice antique et sainte, La terre produise le pain, Vers l'infini monte la plainte Des malheureux mourant de faim... Mais la mort est bien plus cruelle De ceux que dédaigne une belle... Dieu, notre Père, chaque jour, Donnez-nous le pain de l'amour !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]14. Amour infidèle
Tendres paroles amoureuses, Où vous en allez-vous, menteuses ? Hélas ! souvent Où s'en va le serment frivole, Où va la feuille qui s'envole Au gré du vent ! Et l'on a cru, bonheur suprême, A tout jamais, La bouche qui disait : je t'aime ! Qui blasphémait ! Regard divin, tendre sourire Qui vous appelle, vous attire Et vous surprend, Où, tout ému, vaincu d'avance, Naïvement et sans défense, Le cœur s'éprend ; Sourire qui semble candide, Dont la beauté Sert à dissimuler, perfide, La fausseté ! Et vous, enivrantes caresses, Voluptueuses et traîtresses, Baisers de feu ; Etreinte folle où seule une âme S'abandonne et, grimace infâme Qui n'est qu'un jeu. Puis, tout fuit et dans la souffrance, Le front pâli, On ne garde que l'espérance, Du temps, l'oubli !
Text Authorship:
- by Raphaël May (d. 1913)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]15. Les femmes de France
La paix féconde nos sillons : Mais que, demain, vienne la guerre, Et l'on verra nos bataillons Marcher au feu comme naguère. Si, sous le ciel clair de l'été, Fleurit l'arbre de l'Espérance C'est que Dieu même l'a planté Dans le cœur des femmes de France ! La terre ne boit plus le sang Des blessés aux heures amères ; Sur ceux qui tombent dans le rang Veillent les femmes et les mères. -- Si, par les balles dévasté, Fleurit l'arbre de l'Espérance C'est que Dieu même l'a planté Dans le cœur des femmes de France ! Sous le talon des oppresseurs, Nos angoisses où donc sont-elles ? C'est par les mères et les sœurs Que les races sont immortelles ! -- Si, dans l'air de la liberté Fleurit l'arbre de l'Espérance, C'est que Dieu même l'a planté Dans le cœur des femmes de France !
Text Authorship:
- by Armand Silvestre (1837 - 1901), no title, appears in Les Aurores lointaines, Poésies nouvelles 1892-1895 , in 6. Les Anniversaires, in Pour les femmes de France, no. 2, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1896
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]16. Idylle lointaine
Mettons à la voile tous deux, Et partons gaîment, si tu l'oses, Pour les lointains mystérieux Noyés parmi les brumes roses ; Sur les flots prenant notre essor, Allons là-bas, bercés par l'onde, Dans la splendeur des soleils d'or Découvrir notre Nouveau Monde. Mollement sachons atterrir Au bord de quelque île déserte Qui devra nous appartenir, Par nous seuls étant découverte. Autour de ton front voltigeant, Blonde mie aux yeux de sirène, Des oiseaux bleus au bec d'argent, Diront : « Salut à notre reine ! » Or si quelque étranger brutal Veut nous voler la douce grève, Comme on tient au pays natal, Nous tiendrons au pays du rêve. Près des flots tu me souriras, Me versant de divines fièvres ; Et pour tombeau prenant tes bras Je saurai mourir sur tes lèvres !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]17. L’île des baisers
Bien loin des flots de notre mer, S'étend une mer azurée, Sans tempêtes et sans marée, Et dont les flots n'ont rien d'amer : C'est comme un grand lac d'outre-mer Où fleurit une île dorée, Bien loin des flots de notre mer....... On y voit voler dans l'espace Des baisers en couleurs de fleurs Qui frôlent, cajoleurs, Chaque lèvre qui passe ; Des lys, des roses, des roseaux Qui dans l'air tiède se balancent, Les baisers précieux s'élancent Comme d'autres oiseaux. Jamais farouches, toujours mièvres, Ils lutinent, matins et soirs, Sur les jolis perchoirs Que leur offrent les lèvres. Avec des rires plein les dents, Les filles vont tendre, câlines, Le réseau de leurs mousselines Aux baisers imprudents. Et quand brille un jour d'épousailles, Tout un bataillon de baisers, Autour des épousés, S'élève des broussailles ! Ils sont joyeux et triomphants, Et, cortège en parfum de rose, Leur essaim caressant se pose Sur les doigts des enfants.
Text Authorship:
- by Jules Méry (1867 - 1943)
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Research team for this page: Grant Hicks [Guest Editor] , Joost van der Linden [Guest Editor]18. Mon Moulin
Tout au haut de la collinette Où ça sent bon le romarin, Mon moulin tourne son ailette Qui vire, vire et moud le grain. Là-bas, là-bas dans la chaumière Est ma Suzon que j'aime tant ; J'en ferai bientôt ma meunière, Moulin de mon cœur sois content. Moulin, moulin, tourne ton aile, Joyeusement va ton train-train : Suzon m'aime. Tourne, pour elle, Moulin de mon cœur, mouds ton grain ! Regardez la blanche poussière Que mon moulin fait du blé roux... Le bon temps, la chaude lumière ! Ohé ! le bonheur est chez nous. Mais que vois-je ? Suzon ! C'est elle ! Que l'on porte en terre là-bas... Mon Dieu, que ma peine est cruelle ! Va, moulin, ne t'arrête pas ! Moulin, moulin, tourne ton aile, Et sous ta meule, avec ton grain, Écrase à présent ma cervelle, Mon pauvre cœur et mon chagrin.
Text Authorship:
- by Anonymous / Unidentified Author
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]19. L'ancienne
Je croyais, j'étais insensé, Avoir oublié le passé Qui touche de son doigt glacé Les mémoires les plus rebelles ; J'étais libre, j'étais guéri Et je me croyais à l'abri. Or, ce passé tout défleuri Voilà que tu me le rappelles ! Il est donc bien vrai qu'ici-bas, Hélas ! ma chère on ne peut pas, Sans se retourner sur ses pas, Marcher de l'avant, quoi qu'on fasse. Quel est l'ironique destin Qui, rallumant l'amour éteint, Nous remet ainsi, ce matin, Soudain, tous les deux, face à face ? Avec ce visage abattu Et ce corps tristement vêtu, Dis-moi, que me rapportes-tu ? De l'amour, après tant d'années ? Ne sens-tu pas combien quinze ans Ont fait nos pauvres cœurs pesants Et par quels souvenirs cuisants Nos pauvres âmes sont fanées ? Et cependant, malgré le temps, Nous sommes là, tout palpitants, Je te regarde, tu m'entends, Et le vieil amour se réveille. Mettons-nous donc à sa merci, Ma chère, et puisque me voici, Aimons-nous encor, sans souci Du lendemain ni de la veille.
Text Authorship:
- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]20. Reine blonde
Simple fille que j'aime, Sur le flot, le flot qui dort, Viens mettre un diadème Fait d'étoiles d'or... Reine blonde, Loin du monde Dans mes bras, Reine blonde, Tu brilleras ! J'offre à ton clair visage Le miroir diamanté D'un beau ciel sans nuage Sous toi réflété. Reine blonde, Loin du monde Dans mes bras, Reine blonde, Tu souriras ! Le vent des douces fièvres Parfumant l'infini bleu Sémera sur nos lèvres Des baisers de feu... Reine blonde, Loin du monde Dans mes bras, Reine blonde, Tu chanteras ! Tu dormiras toi-même Sur le flot, le flot qui dort, Gardant ton diadème Fait d'étoiles d'or.. Reine blonde, Loin du monde Dans mes bras, Reine blonde, Tu dormiras.
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]21. Sonnez, musettes
Sonnez, hautbois ! sonnez, claires musettes ! Mon cœur renaît au souffle du printemps. Je vais cueillir muguets et pâquerettes Au bord des prés, des ruisseaux miroitants... Sonnez, hautbois ! sonnez, claires musettes ! Mon cœur renaît au souffle du printemps. Voici venir la saison des pervenches, Voici venir la saison des amours ! Le sombre hiver avait glacé les branches, Et des pinsons enchaîné les discours... Voici venir la saison des pervenches Voici venir la saison des amours ! Dans mes refrains pétille la jeunesse. Et sur ma lèvre éclosent des baisers. La brume fuit emportant la tristesse, Il pleut partout des rayons irisés... Dans mes refrains pétille la jeunesse Et sur ma lèvre éclosent des baisers. Sonnez, hautbois ! sonnez, claires musettes ! Mon cœur renait au souffle du printemps. Je vais cueillir muguets et pâquerettes Pour ma mignonne aux regards éclatants... Sonnez, hautbois ! sonnez, claires musettes ! Mon cœur renaît au souffle du printemps.
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]22. Sur l'herbe follette  [sung text not yet checked]
Pourquoi baigner de tes pleurs La verte fougère ; Lorsque sur les prés en fleurs Rit mainte bergère ? Folâtrant au bord des bois, Le long des grands hêtres, Le printemps gonfle la voix Des flûtes champêtres... Allons ! souris au printemps, Gentille Colette : Et dansons quelques instants, Sur l'herbe follette ! Sous les étendards du roi Ton galant chemine ; Et l'on prétend, sur ma foi ! Qu'il a fière mine. Il reviendra, ton vainqueur ! Redressant la taille, S'il ne reçoit dans le cœur Des grains de mitraille. Allons ! sèche ton œil noir, Gentille Colette : Et dansons jusqu'à ce soir, Sur l'herbe follette ! Si dans l'ardeur des combats Ton galant succombe, En ton cœur ne creuse pas D'éternelle tombe. Car s'il ne revient jamais Te nommer sa reine, Galamment je te promets De calmer ta peine. Allons ! donne-moi ta main, Gentille Colette Et dansons jusqu'à demain, Sur l'herbe follette !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]23. La Tristesse des Lèvres
Je sais des lèvres qui sont tristes De n'avoir point encor vibré En ut, en sol, ou bien en ré, Sous l'archet des baisers artistes ; Dans l'amour ou dans le plaisir Elles voudraient faire les preuves, Et leur tristesse est un désir : Celles-là sont les lèvres neuves. D'autres sont tristement hautaines Comme des Princesses d'exil ; D'autres ont le charme subtil Et las des douleurs incertaines ; Leur sourire pâle et distrait Evoque d'anciennes épreuves, Et leur tristesse est un regret : Celles-là sont les lèvres veuves. Veuves déjà, neuves encore Et tristes ainsi doublement, Vos lèvres dont le rire ment Ont pris mon cœur qui les adore ; Je n'aime ni vos cheveux fous, Ni vos traits aux finesses mièvres, Ni vos yeux clairs... Je n'aime en vous Que la tristesse de vos lèvres !...
Text Authorship:
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]24. Valet de cœur
Un jour le beau Valet de Cœur, Amoureux comme un capitaine, Présente à la reine une fleur Cueillie au bord de la fontaine ; La Dame au sourire vermeil Réclame, d'une voix câline, Un rubis semblable au soleil Qui meurt au front de la colline. Valet de Cœur saute à cheval Pour conquérir celle qu'il aime... Quelqu'un s'avance par le val : C'est le Roi de Carreau lui- même : « Il te faut rebrousser chemin, Dit le Roi dont l'œil étincelle ; Sinon tu péris de ma main, Et tu ne verras plus ta belle... » Valet de Cœur sans trop d'effroi Répond : « Je bénis l'aventure ! » Et pour bondir contre le Roi Pique les flancs de sa monture. La Dame au loin sur le rempart Peut contempler un choc superbe... Soudain, percé de part en part. Valet de Cœur roule dans l'herbe. Un bleu ramier, fouillant du bec La plaie, au soir pourpré pareille, Vers le château s'envole avec Une goutte claire, vermeille. La Reine à son balcon reçoit Le sang qui luit comme une pierre, Et met le rubis à son doigt... Tout en essuyant sa paupière.
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]25. Les Trois Ages de l'Amour
J'ai dix-sept ans, elle en a trente, Et je l'adore comme un fou ! La tenir dans mes bras mourante, J'ai dix-sept ans, elle en a trente... Et mon amour d'orgueil s'augmente, Car c'est d'elle que je sais tout, J'ai dix-sept ans, elle en a trente, Et je l'adore comme un fou ! Elle a vingt ans, moi j'en ai trente, Et je l'adore comme un fou ! Doux éveil de vierge ignorante. Elle a vingt ans, moi j'en ai trente... Et sa pudeur peu tolérante Rougit d'un baiser dans le cou, Elle a vingt ans, moi j'en ai trente, Et je l'adore comme un fou ! Elle a seize ans, j'en ai soixante, Et je l'adore comme un fou ! C'est une torture incessante... Elle a seize ans, j'en ai soixante, J'appelle en vain son âme absente, Tout bégayant à ses genoux. Elle a seize ans, j'en ai soixante, Et je l'adore comme un fou !
Text Authorship:
- by Édouard Paul Lafargue (b. 1874)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]26. À Chloris
Belle Chloris dont l'œil mutin Semble percer chaque matin La brume rose, Pour aborder votre château, Sur un tendre et frêle bateau Mon cœur s'expose. Des soucis jonchent le tillac Du bateau bleu qui fend le lac D'Indifférence ; Les fils vermeils du jour levant Forment sa voile ouverte au vent De l'Espérance. Si, déchaîné par votre orgueil, L'orage contre un morne écueil Brise mon rêve, Marin que l'onde jettera, Mon cœur à vos pieds rougira L'or de la grève. Enterrez-le parmi les fleurs, Les fleurs que baise l'aube en pleurs Sous le ciel rose : Pour que, bercé par les grands bois Et par le son de votre voix, Mon cœur repose !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]27. Tu m'apparus
Tu m'apparus, ô ma chère âme, Dans un nimbe d'or et de flamme, Un soir que montait vers les cieux Mon rêve étoilé par tes yeux ! Plus tard, sur mon chemin morose, Quand je te revis blonde et rose, Dans la splendeur de tes vingt ans, Oh ! je t'aimais depuis longtemps. Il s'est passé bien des années, Les fleurs d'Avril se sont fanées ; Bien des fois, depuis nos aveux, La neige a blanchi nos cheveux ; Et sur nos pauvres fronts arides, Se creusent tous les jours des rides ; Nous sommes tous les deux bien vieux, Et pourtant je t'aime encor mieux. Vienne la nuit froide et sans astres, La nuit des suprêmes désastres, La nuit de l'éternel sommeil, La nuit du rêve sans réveil ; Vienne la nuit noire où tout sombre Dans le gouffre effrayant de l'ombre, La nuit de l'âme et des amours, Et moi, je t'aimerai toujours !
Text Authorship:
- by Bertrand Millanvoye (1848 - 1913)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]28. Aubade pour Elle
Dans le jardin tout parfumé Des senteurs du doux mois de mai, Sous ton balcon encore fermé, Quand tu t'éveilles, Je te berce de mes chansons ; L'aubade monte en joyeux sons, Babillarde ainsi que pinsons, A tes oreilles. Moins blanche que ton teint de lait, L'aube, comme un esprit follet, Se joue aux lames du volet De ta croisée. Penche la tête innocemment Et laisse voir à ton amant La fleur de ton minois charmant, Dans la rosée. Écoute les accords du chœur ! Parmi les rythmes, en vainqueur, Tu l'entendras battre, le cœur Que je te livre ; Il est en peine et vient quérir Un médecin pour le guérir : Tu lui diras s'il doit mourir Ou s'il doit vivre.
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]29. La Chanson de Réveil
Éveillez-vous, mon blond mignon, Dans votre petit nid de mousse : Le soleil, de son chaud rayon, Vient caresser votre frimousse ; Votre bel ami l'oisillon Vous appelle de sa voix douce, Éveillez-vous, mon blond mignon, Dans votre petit nid de mousse ! Ouvrez vos grands yeux étonnés Couleur de paradis encore, Du paradis d'où vous venez, O ma petite fleur d'aurore ! Les chérubins sont prosternés Pour voir votre regard éclore : Ouvrez vos grands yeux étonnés Couleur de paradis encore ! En me souriant, montrez- moi Ces quatre méchantes quenottes Qui firent tant souffrir mon Roi Qu'il en eut les lèvres pâlottes ; Serrez bien fort mon petit doigt Entre vos petites menottes ! En me souriant montrez-moi Vos quatre petites quenottes ! C'est de ma vie, ô mon Jésus ! Que ta frêle existence est faite... Mais, un jour, moi qui te conçus, Tu m'oublieras dans quelque fête ; Prends mon cœur et montant dessus, Du pur bonheur atteins le faîte, Et que toujours, ô mon Jésus ! Ta seule volonté soit faite !
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- by Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel (1868 - 1925)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]30. Ma douce Annette
Ma douce Annette a dix-sept ans Depuis les dernières semailles, C'est par une nuit de printemps Que nous fimes nos accordailles : Enlacés au pied de la croix, Nous écoutions souffler la brise Qui chantait de sa grande voix Tout ainsi que l'orgue à l'église ! Le lin fleuri n'est pas si bleu Que les yeux de ma douce Annette, En marchant, elle tangue un peu Comme une fine goélette, Sa joue est couleur des Blés nas Et des fleurs d'avril sur les branches ; De plus jolie il n'en est pas Dans le pays des coiffes blanches ! Le jour du départ du grand brick, Annette m'a dit sur la grève : « Mon souvenir, petit Yanik, Chaque nuit hantera ton rêve... » Et depuis trois ans, chaque soir, De garde au bout de la grand'hune, Je suis bien certain de la voir Glisser sur un rayon de lune. Si je ne dois point revenir, O mon Dieu ! de cette campagne, Vite, effacez mon souvenir Du cœur qui m'espère en Bretagne, Qu'il me soit à jamais fermé, Que sans nul parjure il m'oublie ; J'aime mieux n'être plus aimé Que de faire pleurer ma mie !
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- by Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel (1868 - 1925)
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Note for stanza 2, line 5: according to a footnote in Delmet's Chansons Tendres, the phrase Blés nas means "ripened wheat that has turned black" in Breton patois.Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]
31. Les Bleuets
Mignonne, les bleuets sont bleus, Ils sont bleus comme tes grands yeux, Comme tes jolis yeux qui brillent ! Quand ils fleurissent au printemps, On dirait que ce sont autant D'étoiles qui scintillent. C'est l'étoile des amoureux, Le bleuet tout couleur des cieux, C'est l'irrésistible caresse ; Il est fait de la volupté, Que répandent les nuits d'été Sur la folle jeunesse. Aussi j'aime l'exquis parfum Des bleuets aujourd'hui défunts Où je t'idolâtrais, naguère ; Que de fois mon cœur s'y grisait Lorsque notre amour y faisait Son divin sanctuaire. Allez, allez, pâles reflets Des jolis yeux que je baisais. Passez ! souvenirs qui désolent ; Je crois encore à mes vingt ans, Qu'importent donc mes cheveux blancs, Les bleuets me consolent !
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]32. Le Baiser qui fuit
Donne-moi le droit d'oser Un baiser, Le baiser qui me fait vivre. Mais pourquoi me refuser D'épuiser La coupe où l'amour s'enivre ? Ainsi parlai-je à mon tour, Et l'amour Mit ta lèvre sur ma lèvre.... Ta lèvre fuit tout à coup : Loin du loup, Telle en émoi fuit la chèvre. Tel fuit le pâtre aux abois, Dans les bois, Devant la vipère louche. Il va plus vite qu'un daim : Tel, soudain, Ton baiser fuyait ma bouche, Non, non, ce n'est point oser Un baiser Que de fuir, sans rien entendre. C'est donner à ton amant Seulement Le regret d'un baiser tendre.
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- by Charles-Maurice Couyba (1866 - 1931), as Maurice Boukay
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]33. Mon cœur a rêvé
Au pays où l'on chante, Dans la saison touchante Où tout est volupté, Comme l'humble fauvette Qui dit son ariette, Mon cœur a chanté. Au pays où l'on rêve, Sur le beau lac sans grève Où l'on va captivé, Grisé par les mensonges Dont nous bercent les songes, Mon cœur a rêvé. Au pays où l'on pleure, Quand, pour chacun, vient l'heure D'être désespéré, Sur les tombes fermées, Pleines d'âmes aimées, Mon cœur a pleuré ! Au pays où l'on aime J'ai chanté le poème De la félicité ; Plus heureux que Joconde, Car aux pieds d'une blonde, Mon cœur est resté !
Text Authorship:
- by Ernest Chebroux (1840 - 1910)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]34. Chanson à boire
Le diable un jour dit au bon Dieu : « Au paradis tu n'as personne, Tandis qu'à ma porte, morbleu ! A chaque instant nouveau mort sonne. Car les hommes, ça te chiffonne ! Préfèrent le diable au bon Dieu ! Au diable l'humeur noire, A boire ! à boire ! à boire ! » « L'enfer ne peut les contenir ; Je ne sais où loger mon monde, S'il continue à m'en venir De dessus la machine ronde ; Car, de damnés l'enfer abonde Et ne peut plus les contenir. Au diable l'humeur noire ! A boire ! à boire ! à boire ! » « Si tu veux nous partagerons ! Tu vois que je suis un bon diable ! Tous deux aux dés nous les jouerons ! Ou bien choisis à l'amiable ; On ne peut être plus aimable... Si tu veux nous partagerons ! Au diable l'humeur noire ! A boire ! à boire ! à boire ! » Dieu répondit : « C'est vrai, ma foi ! Je n'ai pas grand monde à mes fêtes, Passe-m'en quelques-uns à toi, Les meilleurs et les plus honnêtes, Les amoureux et les poètes, Je leur ouvre le Ciel, ma foi ! Au diable l'humeur noire ! A boire ! à boire ! à boire ! »
Text Authorship:
- by Henri Bernard (1861 - 1936)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]35. Pensée d'hiver
L'hiver, l'hiver ! monarque au blanc cortège, Étend les plis de son manteau de neige Sur les gazons que pour ton gai corset Le clair printemps naguère fleurissait... Entre mes bras languissamment bercée, Tourne vers moi tes beaux yeux entr'ouverts. Tandis qu'au vent frémit l'herbe glacée, Dans tes regards souriront les prés verts. Le vent siffleur a dépouillé les branches Qui gazouillaient sur nos lits de pervenches, A dispersé les feuillages bénis Où les ramiers suspendaient leurs doux nids... Entre mes bras languissamment bercée, Ouvre tes yeux pleins de tendres émois : Tandis qu'au vent meurt la branche glacée, Dans tes regards souriront les grands bois. L'hiver jaloux enchaîne les rivières Où se miraient nos voiles printanières, Lorsque penchés sur la nappe des eaux Nous écoutions frissonner les roseaux... Entre mes bras languissamment bercée Ouvre, mignonne, ouvre tes jolis yeux : Tandis qu'au vent craque l'onde glacée, Dans tes regards souriront les flots bleus.
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]36. Quand nous serons vieux
En fermant un peu les yeux, Je nous vois, moi déjà vieux Et toi déjà presque vieille ; Ils seront loin nos beaux jours, Mais je te dirai toujours Des mots très doux à l'oreille ! Ah ! certes l'on changera Quand la vieillesse viendra Avec son triste cortège : Le temps ridera ton front Et tes cheveux noirs seront Comme saupoudrés de neige. Ta taille s'alourdira... Mais mon vieux cœur t'aimera Plus que je ne puis le dire Car j'aime les cheveux blancs, Et puis... ta bouche sans dents Aura le même sourire ! Puis, si Dieu daigne bénir Les époux qu'il vient d'unir, Il nous enverra ses anges Et nous verrons, triomphants, Les enfants de nos enfants Bégayer parmi leurs langes ! Mais, en attendant Demain, Cueillons les fleurs du chemin, Oublieux des immortelles. Car lorsque nous partirons, Là-haut nous rajeunirons Pour des amours éternelles !
Text Authorship:
- by Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel (1868 - 1925)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]37. Par les Prés
M'en allant par le pré, Un matin rencontrai Une fillette en larmes... « Belle enfant, avec de tels charmes, Peux-tu bien abreuver le vent De tes larmes ?... » Tandis que lui parlais, D'épis blonds, d'oiselets Et d'amoureux zéphirs, Dans ses yeux soudain sembla luire Un rayon échappé des cieux, Un sourire. De nos tendres émois Fut témoin quatre mois Le clocher du village. Mais Dieu fit la femme volage, Et Rosette un beaujour s'enfuit Du village. Par les prés miroitants Sans souci du printemps, M'en vais seul à cette heure. Clairs buissons que la brise effleure, Je n'écoute plus vos chansons ! Car je pleure !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]38. Chanson crépusculaire
Fleurs de rosée, âme des fleurs, Que le jour finisse ou commence, Vers toi mon âme avec mes pleurs Montent dans la nature immense ; Que, dans le ciel obscur ou clair, Le soleil avance ou recule, Mon amour se mêle dans l'air Aux rêves d'or du crépuscule. Qu'à l'horizon rose et mouvant L'ombre se dissipe et renaisse, Dans mon cœur fidèle et fervent Luit le flambeau de la jeunesse. Les jours et les nuits passeront Sur mon cœur fidèle et farouche... Il n'est blancheur que sur ton front, Il n'est rose que sur ta bouche. Que l'alouette chante aux cieux Ou le rossignol sous les branches, Sous le vol des soirs soucieux, Sous le réveil des aubes blanches, Que dans le ciel obscur ou clair Le soleil avance ou recule, Mon amour se mêle dans l'air Aux rêves d'or du crépuscule.
Text Authorship:
- by Armand Silvestre (1837 - 1901)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]39. Le Chanteur des Bois
Las de chanter sous la fenêtre close Des gens heureux qu'importune ma voix, Dans un manteau fait de brume morose, J'ai pris, tout seul, le chemin des grands bois. Là, sans témoins, pour la brise attentive, Pour les esprits cachés dans les buissons, J'ai caressé ma guitare plaintive, Et j'ai chanté mes plus belles chansons. Le vent d'automne avait rouillé les branches Où se groupaient tristement les oiseaux ; Moi, j'évoquais la saison des pervenches, Des nids jaseurs bercés par les rameaux. Du ciel fermé j'ouvrais toutes les portes : Et les pinsons, en prenant leur essor, Ont fait tomber sur moi les feuilles mortes Qui scintillaient comme des écus d'or. Lorsque la nuit flotta sur la clairière, Je vis soudain une fée aux yeux bleus ; Ses pieds mignons effleuraient la bruyère, Des vers luisants étoilaient ses cheveux, Et, me donnant un baiser dont la flamme Emplit mon cœur de sublimes frissons, Elle m'a dit : « Pour moi qui suis ton âme Chante toujours tes plus belles chansons ! »
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]40. Le Reliquaire
J'ai retrouvé le reliquaire De l'amour troublant de naguère, Des souvenirs que le mystère Garde toujours, De frêles fleurs que les années Me rendent à présent fanées ; Ce sont les choses surannées De nos amours. De ce reliquaire s'exhume, Comme d'un long voile de brume, L'indéfinissable amertume De mon regret. Mais c'est bien fini de l'ivresse Des baisers échangés sans cesse Et je n'ai plus de ma maîtresse Qu'un blond portrait. Malgré le charme d'autres lèvres Qui surent me donner les fièvres De l'extase et des rêves mièvres, Je l'aime encor, Et, triste, je revois l'aimée Souriante et comme pâmée Par mon baiser sur le camée D'ivoire et d'or. Souvent je pleure, quand je pense A cet amour d'adolescence Qui s'effeuille dans le silence De l'avenir, Mais j'aime encor le reliquaire De mon amante de naguère Et je garde, empreint de mystère, Son souvenir.
Text Authorship:
- by Aymé Magnien (d. 1938)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]41. Séparons‑nous
Ton doux nom, je l'avais gravé Au fond des grands bois sur un chêne, Ton doux nom, je l'avais gravé... Mais ton cœur d'un autre a rêvé. Adieu donc ! Brise notre chaîne Comme on brise un lacet qui gêne... A quoi bon les regrets jaloux ? Tu veux partir : Séparons-nous ! Nous avions au bord du ruisseau Dont chantaient les fines dentelles, Nous avions au bord du ruisseau Cousu nos cœurs au fil de l'eau. Un éclair brûlant tes prunelles, Tu parlais d'amours éternelles... A quoi bon les regrets jaloux ? Tu veux partir : Séparons-nous ! Je t'aimais d'un amour profond Tout plein de rêveuses tendresses, Je t'aimais d'un amour profond Où le cœur s'abîme et se fond... Tu désires d'autres caresses. Tu réclames d'autres ivresses !... A quoi bon les regrets jaloux ? Tu veux partir : Séparons-nous ! Du ruisseau perdu dans les bois, Si mes pas reprennent la route, Du ruisseau perdu dans les bois J'irai seul entendre la voix. De mon cœur le sang goutte à goutte S'épandra... J'en mourrai sans doute ! A quoi bon les regrets jaloux ? Tu veux partir : Séparons-nous !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]42. Le vieux Banc
Ce soir là vous étiez certes la plus jolie : C'était fête au château, vous en souvenez-vous ? En valsant, j'aspirais ce parfum de folie Qui fait que vos amants implorent à genoux. Je murmurais des mots d'amour à votre oreille, Je sentais contre moi votre cœur se briser ; J'admirais vos grands yeux, votre bouche vermeille Entr'ouverte pour un baiser. Nous allâmes alors dans le parc solitaire, Enlacés, frémissant du souffre de la nuit, Il me souvient aussi que sous la lune claire, Passaient de grands oiseaux qui s'enfuyaient sans bruit. Et nous allions ainsi charmés du même rêve, Le beau rêve troublant de nos tendres amours ; Je vous jurais tout bas de vous aimer sans trêve, De vous aimer toujours... toujours ! Ce fut là, sur ce banc, que recouvre la mousse, Que je pris votre cœur et votre âme d'enfant ; Dans l'infini profond glissait la brise douce, Emportant jusqu'au ciel notre amour triomphant ! Vos aveux me troublaient comme une mélodie Qu'on entendrait au loin, par le calme des soirs, Je voyais dans vos yeux, la tendresse infinie Qui nous verse tous les espoirs. Je rêve, maintenant, dans le parc solitaire : Mes cheveux ont blanchi, Madame, mais mon cœur Est le même qu'un soir, où sous la lune claire, Dans vos bras, un instant, j'ai connu le bonheur ; Je cueille le grand lys que la rosée entr'ouvre, J'y revois votre grâce et je reviens toujours M'asseoir sur le vieux banc que la mousse recouvre, Songer à nos brèves amours.
Text Authorship:
- by Charles Fallot (1874 - 1939)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]43. Vous êtes jolie !
Vous êtes si jolie, ô mon bel ange blond ! Que ma lèvre amoureuse en baisant votre front Semble perdre la vie ! Ma jeunesse, mon luth et mes rêves ailés, Mes seuls trésors, hélas ! je les mets à vos pieds : Vous êtes si jolie ! Vous êtes si jolie, ô mon bel ange blond ! Que mes yeux éperdus partout vous chercheront. Pardonnez leur folie ! Je ne suis que poète et, dans ma pauvreté, Je compte sur mon cœur et sur votre bonté : Vous êtes si jolie ! Vous êtes si jolie, ô mon bel ange blond ! Que mon amour pour vous est un amour profond Que jamais on n'oublie ! Pour vous plaire la mort ne me serait qu'un jeu, Je deviendrais infâme et je renierais Dieu : Vous êtes si jolie !
Text Authorship:
- by Léon Suès
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]44. Romance fanée
Evoquez-vous quelquefois sans sourire Le soir où l'on s'aima, Où Cupidon, qui voulait nous instruire, Au bois nous égara ? Dans vos cheveux j'avais mis des pervenches, Marquise, et votre main Pressait mon bras quand soudain sous les branches Se perdait le chemin. Les nids bercés par les ramures Qu'étoilait un soir de printemps Exhalaient leurs tendres murmures... Et nous venions d'avoir vingt ans ! Vous m'avez dit : « Arrêtons-nous de grâce ! Arrêtons-nous un peu. J'ai tant couru qu'à la fin je suis lasse... Dormons sous le ciel bleu. » Votre front pur, penché sur mon épaule, Voulut s'y reposer ; Ma lèvre alors, tel un souffle qui frôle, Cueillit un long baiser. Les nids bercés par les ramures Qu'étoilait un soir de printemps, Exhalaient leurs tendres murmures... Et nous venions d'avoir vingt ans ! Evoquez-vous quelquefois sans sourire Le soir où l'on s'aima, Où Cupidon qui voulait nous instruire, Au bois nous égara ? Pour moi, je sens perler à ma paupière Un pleur, un pleur très doux, Quand je vous vois, au vent de la clairière, Dormir sur mes genoux. Les nids bercés par les ramures Qu'étoilait un soir de printemps, Exhalaient leurs tendres murmures... Hélas ! nous n'avons plus vingt ans !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]45. Le Printemps à pleins verres
Je suis le printemps joyeux Dont l'or pavoise les cieux, Déride les fronts sévères... Dans l'azur où le soleil Verse un flot de sang vermeil, Buvez, buvez le printemps à pleins verres ! J'emplis de claires chansons Les feuillages, les buissons Qu'animent de gais trouvères... Dans la brise des grands bois, Où se fondent mille voix, Buvez, buvez le printemps à pleins verres ! Par moi les prés et les cœurs, Saisis de frissons vainqueurs, Se parent de primevères... Dans l'ivresse d'un beau jour Où déborde un chant d'amour, Buvez, buvez le printemps à pleins verres !
Text Authorship:
- by Léon Duringer (1862 - 1918), as Léon Durocher
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]46. Vous avez ri
J'ai pour vous, chanté des aubades Et des nocturnes tour à tour, Des sonnets et des sérénades Et des villanelles d'amour. La foule a ri de ma folie, De mon âme et de ses frissons, Et comme elle, ô ma très jolie, Vous avez ri de mes chansons. M'absorbant dans votre pensée, Mettant en vous mon avenir, J'ai, dans mon extase insensée, Vécu de votre souvenir. Épris d'une passion folle, Je songeais à vous, nuit et jour, Vous adorant comme une idole... Vous avez ri de mon amour. Lorsque d'autres ont su vous plaire, Oubliant que je vous aimais, J'aurais voulu, dans ma colère, Vous mépriser à tout jamais. Dès lors, perdant toute espérance, Je n'ai plus connu que les pleurs, Les angoisses et les souffrances... Vous avez ri de mes douleurs. Mais l'heure sonnera peut-être, Nul amour n'étant éternel, Où l'amant devenu le maître Brisera l'idole et l'autel ! Alors dédaignant ta caresse, Comme un chien l'os qu'il a rongé, Avec quel bonheur, quelle ivresse, Je vais rire d'être vengé !
Text Authorship:
- by Germain Lux
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]47. Au Jardin de l'Amour
Messire Amour aux yeux jolis Se tient dans son jardin d'Aurore... Déjà le soleil vient d'éclore, Partout chantent des bengalis Qui joyeux accordent leurs lyres. Et, bénissant tout de ses mains, Pour charmer l'éveil des humains, L'amour fait germer des sourires. On voit des anémones d'or Fleurir sous les grottes de fées Et des turquoises sont greffées Au ciel qui change son décor. Entouré par les chasseresses Qui baisent ses cils lumineux, Auprès des buissons épineux, L'amour fait germer des caresses. Vers l'Azur flotte un voile gris, Le jardin, sous le vent d'automne, Semble désert et monotone Et les jasmins sont défleuris. Abandonnant ses douces armes Et son rêve tout étoilé, L'amour au cœur immaculé Pour l'hiver va semer des larmes.
Text Authorship:
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]48. Une Femme qui passe
Dans tes yeux verts sont les promesses De toutes les félicités ; Vers toi s'envolent, emportés, Et mes désirs et mes caresses... Femme inconnue, où t'en vas-tu ? Es-tu le vice ou la vertu ? Es-tu bourgeoise ? es-tu marquise ? Qu'importe puisque je te veux. Oh ! le parfum de tes cheveux, Comme il m'enveloppe et me grise ! Arrête- toi, dis-moi ton nom ! Es- tu l'ange, es-tu le démon ? Sur tes lèvres sont les mensonges, Les noirs mensonges de l'amour... Qu'importe ! si pour tout un jour, Tu m'ouvres le pays des songes ! Prends tout mon être dans tes bras, Mais mon cœur tu ne l'auras pas. J'étais jeune, elle était jolie, La belle écouta mon discours ; Et depuis... je l'aime toujours, Et l'aimerai toute ma vie ! L'amour est sans frein et sans loi ! Le ciel est bleu !.. L'amour est roi !
Text Authorship:
- by Henry Maigrot (1857 - 1933)
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Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]49. Envoi de fleurs
Pour vous obliger de penser à moi, D'y penser souvent, d'y penser encore, Voici quelques fleurs, bien modeste envoi, De très humbles fleurs qui viennent d'éclore. Ce ne sont pas là de nobles bouquets Signés de la main de savants fleuristes, Liés par des nœuds de rubans coquets, Bouquets précieux, chefs-d'œuvre d'artistes... Ce sont d'humbles fleurs, presque fleurs des champs Mais ce sont des fleurs simples et sincères, Des fleurs sans orgueil, aux libres penchants, Des fleurs de poète, à deux sous, pas chères. J'aurais mieux aimé de riches bijoux Que ce souvenir vraiment trop champêtre, Bagues, bracelets, féminins joujoux. J'aurais mieux aimé... Vous aussi, peut- être... Mais du moins ces fleurs, ce modeste envoi, Ces très humbles fleurs qui viennent d'éclore, Vous diront tout bas de penser à moi, D'y penser souvent, d'y penser encore !
Text Authorship:
- by Henri Bernard (1861 - 1936)
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See also Delmet's song Colis postal, which parodies this song.
Researcher for this page: Grant Hicks [Guest Editor]
50. Colis postal
Subtitle: Parodie de `Envoi de fleurs'
Pour vous obliger de penser à moi, D'y penser souvent, d'y penser encore, Gardez cet enfant, le nôtre, ma foi, Je vous en fais don puisqu'il vient d'éclore. Ce n'est pas cadeau superbe entre tous, Plus d'un, comme moi, vous l'aurait pu faire, Mais, afin qu'il soit tout à fait à vous, Je veux oublier que je suis son père. Puisque je vous quitte, il vous sera doux, Ce cher souvenir qui pleure et qui grince... C'est tout ce que j'ai pu faire pour vous, On fait ce qu'on peut, on n'est pas des princes. J'aurais mieux aimé assurer, oui-da ! De ce cher enfant le futur bien- être, Par riches présents, rentes sur l'État. J'aurais mieux aimé, vous aussi peut- être ! Mais du moins ce fils, ce gentil Eloi, Ce très cher enfant qui vous vient d'éclore, Vous dira tout bas de penser à moi, D'y penser souvent, d'y penser encore !
Text Authorship:
- by Paul Marinier (1866 - 1953)
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Note: this song is a parody of Delmet's Envoi de fleurs.
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