L'angélique échanson des couchants violets Penchant l'urne du rêve emplit l'or vieux des coupes. Des blancheurs d'ailes vers le ciel volent par troupes Le noir des jardins s'ouvre aux mystères seulets. La nuit vient. Des pêcheurs chargés de lourds filets Passent ; de jeunes voix vont s'éloignant, en groupes, Et l'étang de saphyr, où dorment les chaloupes, Met son manteau de lune et sort ses feux follets. Tout le firmament brille à travers les ramures. Des pétales mourants tombent des roses mûres : La fleur triste des soirs divins vient de s'ouvrir... Mon âme est un velours douloureux que tout froisse, Et je sens en mon cœur lourd d'ineffable angoisse Je ne sais quoi de doux, qui voudrait bien mourir...
Six Mélodies
Song Cycle by Germaine Caroline Corbin (1876 - 1913)
1. Soir
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Soir", appears in Le chariot d'or
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Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Malcolm Wren [Guest Editor]2. Chanson roumaine
La nuit sait ma chanson et l'a dit aux étoiles, Et les étoiles la trouvent si belle Qu'elles reviennent chaque nuit pour me l'entendre chanter. Le haïduck avait sur la lèvre Le baiser de sa bien-aimée Et le vent voulut le lui prendre Pour l'emporter avec les feuilles mortes Le vient disait: Donne-moi son baiser j'en ferai une étoile Mais le haïduck disait: Le baiser de celle que j'aime Est entré dans mon sang Et je le garde sur ma lèvre et je ne le donnerai pas Et le haïduck s'en alla par toute la terre avec le baiser. Il alla dans les villages où les filles dansaient en rond, Et sur les ponts qui regardent couler les riveères Et sous le soleil et souls la lune Jusque dans une plaine blanche Comme s'il y avait des plumes de colombes Et là-bas il vit une femme blanche Qui lui prit le baiser de sa fiancée Et le mit dans sa ceinture comme une fleur. Et lors le haïduck se coucha sous la terre, Parce que la femme blanche dans la plaine blanche Lui avait pris sur la lèvre Le baiser de sa bien-aimée.
Text Authorship:
- by Elena Vacarescu (1864 - 1947)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Menuet
La tristesse des menuets Fait chanter mes désirs muets Et je pleure, D'entendre frémir cette voix Qui vient de si loin, d'autrefois, Et qui pleure. Chansons frêles du clavecin, Notes grêles, fuyant essaim Qui s'efface, Vous êtes un pastel d'antan Qui s'anime, rit un instant, Et s'efface. Ô chants troublés de pleurs secrets, Chagrins qui s'ignorent, les vrais, Pudeur tendre, Sanglots que l'on cache, au départ Et qui n'osent s'avouer, par Orgueil tendre. Ah ! comme vous broyez les cœrs De vos airs charmants et moqueurs Et si tristes ! Menuets à peine entendus, Sanglots légers, rires fondus, Baisers tristes !
Text Authorship:
- by Fernand Gregh (1873 - 1960), "Menuet", written 1892, appears in La Maison de l'Enfance, in 9. Musique, no. 3, Paris, Éd. Calmann-Lévy, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Adam Ewing) , "Minuet", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
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Researcher for this page: Adam Ewing4. Sérénade vénitienne
La gondole, ce soir, glisse silencieuse Sur l'eau qui vient meurir aux marches du palais; Mais elle a suspendu sa course lumineuse... A mon regard charmé voici que tu parais ! Alors les violons avec les mandolines En de vibrants accords soudain ont éclaté : Et les chœurs tour à tour avec les cavatines, En un galant hommage exaltent ta beauté. Avec ton air hautain de jeune châtelaine, Tu sembles détachée, en tes coquets atours Ainsi qu'un fin pastel, en son cadre d'ébene, Avec ta bouche rose et tes yeux de velours. Sur la lagrune sombre, emportés par la brise, La musique et les chants vont durer jusqu'au jour... Ils berceront ton rêve, ô fille de Venise Ton rêve de plaisir, de jeunesse et d'amour !
Text Authorship:
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Madrigal
Vos cils noirs, vos longs cils soyeux Ont parfois des battements d'ailes, Et descendent sur vos grands yeux, Comme un vol tremblant d'hirondelles. Vos paupières sont deux oiseaux Qui planent sur une eau dormante ; Et leurs cils fins sont les roseaux Que baigne la clarté charmante De vos yeux, ces étangs d'azur, Votre douceur et votre gloire, Où, le soir, dans un bleu si pur, Mes rêves altérés vont boire.
Text Authorship:
- by Henri Cazalis (1840 - 1909), as Jean Lahor, "Madrigal", written 1875, appears in L'Illusion, in 1. Chants de l'Amour et de la Mort, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1875
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Nuit d'été
Ô nuit, ô douce nuit d'été qui viens à nous Parmi les foins coupés et sous la lune rose, Tu dis aux amoureux de se mettre à genoux Et sur leur fronts brûlants un souffle frais se pose ! Ô nuit, ô douce nuit d'été qui fais fleurir Les fleurs dans les gazons et les fleurs sur les branches, Tu dis aux tendres cœurs des femmes de s'ouvrir Et sous les blonds tilleuls errent des formes blanches ! Ô nuit, ô douce nuit d'été qui sur les mers Alanguis le sanglot des houles convulsées, Tu dis aux isolés de n'être plus amers Et la paix de ton ciel descend dans leurs pensées. Ô nuit, ô douce nuit d'été qui parles bas, Tes pieds se font légers et ta voix endormante, Pour que les pauvres morts ne se réveillent pas, Eux qui peuvent plus aimer, ô nuit aimante !
Text Authorship:
- by Paul Bourget (1852 - 1935), "Nuit d'été", written 1882, appears in Les Aveux, in Dilettantisme, in En voyage, no. 11, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission