Gracieux est le pas de l'oiseau sur la neige,
Quand il chemine sur les sommets des montagnes :
Encore plus gracieusement la chère main de ma bien-aimée écrit,
Quand elle m'écrit une lettre au loin.

Haut dans l'air un héron monte,
Là où aucune flèche ou balle ne peut voler :
Un millier de fois aussi hautes et rapides
Sont mes pensées d'amour véritable.

Nous les deux sœurs, nous les belles,
si pareilles de visage,
l'une à l'autre pareilles comme deux œufs,
l'une à l'autre pareilles comme deux étoiles.

Nous les deux sœurs, nous les belles,
nous avons des crinières brou de noix ;
que si on les tresse ensemble
on ne peut pas les distinguer.

Nous les deux sœurs, nous les belles,
on s'habille pareil, 
on va par les prés
en chantant, main dans la main.

Nous les deux sœurs, nous les belles,
on file de concert,
on s'assoit sur la même bancelle,
on dort dans le même lit.

O les deux sœurs, les beautés,
comme le sort a tourné !
Vous aimez le même galant ;
c'est la fin de la chansonnette !

Comment s'appelle-t-elle donc la fille du roi Ringang ?
Rohtraut, Rohtraut la Belle.
Qu'est-ce qu'elle fait à longueur de journée,
elle qui ne file ni ne coud ?
Elle va à la pêche ou à la chasse.
Ah, si seulement j'étais son chasseur !
C'est que j'adore la pêche et la chasse, moi.
--Tais-toi, mon cœur !

Au bout d'un certain temps, 
Rohtraut, Rohtraut la Belle,
voilà le jeune homme qui sert au château de Ringang
en costume de chasse, et il a un cheval
pour aller à la chasse avec Rohtraut.
Ah, si seulement j'étais fils de roi !
Rohtraut, Rohtraut la Belle, je t'aime à la folie.
--Tais-toi, mon cœur !

Un jour, ils se reposaient au pied d'un chêne,
et elle s'est mise à rire, Rohtraut la Belle :
pourquoi me regardes-tu comme un ravi ?
Si tu as du tempérament, embrasse-moi donc !
Aïe ! Il en fut affolé le garçon !
Puis il se dit : allons-y,
et il baisa la belle Rohtraut sur la bouche.
--Tais-toi, mon cœur !

Là-dessus, ils s'en retournèrent en silence,
Rohtraut, Rohtraut la Belle ;
le garçon jubilait en son for : 
et si tu devenais aujourd'hui impératrice,
je n'en ferais pas une maladie :
dans la forêt, il y a des milliers de feuilles qui savent
que j'ai baisé la bouche de la belle Rohtraut !
--Tais-toi, mon cœur !

Très tôt, ah, longtemps avant le jour,
Mon cœur me réveille pour penser à toi,
Alors qu'un jeune homme sain pourrait dormir.

Mon œil est brillant à minuit,
Plus brillant que les cloches matinales :
Quand penses-tu à moi pendant le jour ?

Si j'étais un pêcheur, je me lèverais,
Je porterais mon filet à la rivière,
Je porterais joyeusement le poisson au marché.

Dans le moulin, près de la lumière, l'apprenti du meunier
S'agite, tous les engrenages cliquettent ;
Une activité aussi vigoureuse serait vraiment bonne pour moi !

Hélas, pauvre de moi ! pauvre nigaud !
Je dois sur mon lit broyer du noir vainement,
Avec une enfant gâtée et capricieuse dans la tête !