Cette nuit, tu prendras soin que dans chaque vase Frissonne, humide encore, une gerbe de fleurs. Nul flambeau dans la chambre - où tes chères pâleurs Se noieront comme un rêve en des vapeurs de gaze. Pour respirer tous nos bonheurs avec emphase, Sur le piano triste, où trembleront des pleurs, Tes mains feront chanter d'angéliques douleurs Et je t'écouterai, silencieux d'extase. Tels nous nous aimerons, sévères et muets. Seul, un baiser parfois sur tes ongles fluets Sera la goutte d'eau qui déborde des urnes, O Soeur ! et dans le ciel de notre pureté Le virginal Désir des amours taciturnes Montera lentement comme un astre argenté.
Au Jardin de l'Infante
by Philippe Gaubert (1879 - 1941)
1. Nuit blanche  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Nuit blanche", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , "Sleepless night", copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
2. Il est d'étranges soirs  [sung text not yet checked]
Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme, Où dans l'air énervé flotte du repentir, Où sur la vague lente et lourde d'un soupir Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir. Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme, Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme. Il est de clairs matins, de roses se coiffant, Où l'âme a des gaietés d'eaux vives dans les roches, Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches, Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches. Il est de clairs matins, de roses se coiffant, Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant. Il est de mornes jours, où las de se connaître Le coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin, Où le plus cher passé semble un décor déteint, Où s'agite un minable et vague cabotin. Il est de mornes jours las du poids de connaître, Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre. Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord, Où l'âme, au bout de la spirale descendue, Pâle et sur l'infini terrible suspendue, Sent le vent de l'abîme, et recule éperdue ! Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord, Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), no title, written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in L'allée solitaire, no. 5, first published 1897
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. L'indifférent  [sung text not yet checked]
Dans le parc vaporeux où l'heure s'énamoure. Les robes de satin et les sveltes manteaux Se mêlent, reflétés au ciel calme des eaux, Et c'est la fin d'un soir infini qu'on savoure. Les éventails sont clos; dans l'air silencieux Un andante suave agonise en sourdine, Et, comme l'eau qui tombe en la vasque voisine. L'amour tombe dans l'âme et déborde des yeux. Les grands cils allongés palpitent leurs tendresses ; Fluides sous les mains s'arpègent les caresses ; Et là-bas, s'efiilant, solitaire et moqueur. L'Indifférent, oh! las d'Agnès ou de Lucile, Sur la scène, d'un geste adorable et gracile, Du bout de ses doigts fins sème un peu de son cœur.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "L'indifférent", appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Arpège  [sung text not yet checked]
L'âme d'une flûte soupire Au fond du parc mélodieux ; Limpide est l'ombre où l'on respire Ton poème silencieux, Nuit de langueur, nuit de mensonge, Qui poses, d'un geste ondoyant, Dans ta chevelure de songe La lune, bijou d'Orient. Sylva, Sylvie et Sylvanire, Belles au regard bleu changeant, (L'étoile aux fontaines se mire), Allez par les sentiers d'argent, Allez vite, l'heure est si brève, [Cueillir au jardin des aveux]1, Les cœurs qui se meurent du rêve De mourir parmi vos cheveux...
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Arpège", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1893
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CAT Catalan (Català) (Salvador Pila) , copyright © 2023, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Shawn Thuris) , no title, copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English [singable] (Maria Louise Baum) , first published 1890
1 Jarnach: "Cueillir"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
5. Hiver
Le ciel pleure ses larmes blanches Sur les jours roses trépassés ; Et les amours nus et gercés Avec leurs ailerons cassés Se sauvent, frileux, sous les branches. ... Le vent dépouille les bocages, Les bocages où les amants Sans trêve enroulaient leurs serments Aux langoureux roucoulements Des tourterelles dans les cages. Les tourterelles ne sont plus, Ni les flûtes, ni les violes Qui soupiraient sous les corolles Des sons plus doux que des paroles. Le long des soirs irrésolus. Cette chanson -là-bas -écoute, Cette chanson au fond du bois... C'est l'adieu du dernier hautbois, C'est comme si tout l'autrefois Tombait dans l'âme goutte à goutte. ... Comme le vent brutal heurte en passant les portes ! Toutes, -va ! toutes les bergères sont bien mortes. Morte la galante folie, Morte la Belle-au-bois-jolie, Mortes les fleurs aux chers parfums ! Et toi, sœur rêveuse et pâlie, Monte, monte, ô Mélancolie, Lune des ciels roses défunts.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Hiver", appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Musique sur l'eau  [sung text not yet checked]
Oh ! Écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme une agonie Dans la musique indéfinie Qu'exhale un lointain vaporeux ; D'une langueur la nuit s'enivre, Et notre cœur qu'elle délivre Du monotone effort de vivre Se meurt d'un trépas langoureux. Glissons entre le ciel et l'onde, Glissons sous la lune profonde ; Toute mon âme, loin du monde, S'est réfugiée en tes yeux, Et je regarde tes prunelles Se pâmer sous les chanterelles, Comme deux fleurs surnaturelles Sous un rayon mélodieux. Oh ! écoute la symphonie ; Rien n'est doux comme l'agonie De la lèvre à la lèvre unie Dans la musique indéfinie...
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Musique sur l'eau", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
7. J'ai rêvé d'un jardin primitif  [sung text not yet checked]
J'ai rêvé d'un jardin primitif, où des Ames Cueillaient le trèfle d'or en robes de candeur; Où des souffles d'azur, veloutés de tiédeur, Berçaientdes fleurs d'argent,sveltes comme des femmes. A l'ombre, au bord des eaux, sous des arbres légers. Les mystiques Amants rêvaient leur solitude; Et tout était extase, et joie, et plénitude, Et las agneaux de Dieu paissaient dans les vergers. L'Amour sanctifié, sans hâtes et sans fièvres, Buvait à l'urne exquise et profonde des lèvres, O songe d'un désir parfumé par le ciel! Et j'étais lu, debout parmi les marjolaines, Virginal, et l'archet des blanches cantilènes A mes doigts efiilés d'ange immatériel.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), no title, written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in Évocations, in 10. Visions, no. 3, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]8. Chanson d'été  [sung text not yet checked]
Le soleil brûlant Les fleurs qu'en allant Tu cueilles, Viens fuir son ardeur Sous la profondeur Des feuilles. Cherchons les sentiers A demi frayés Où flotte, Comme dans la mer, Un demi-jour vert De grotte. Des halliers touffus Un soupir confus S'éléve Si doux qu'on dirait Que c'est la forêt Qui rêve... Chante doucement ; Dans mon coeur d'amant J'adore Entendre ta voix Au calme du bois Sonore. L'oiseau, d'un élan, Courbe, en s'envolant, La branche Sous l'ombrage obscur La source au flot pur S'épanche. Viens t'asseoir au bord Où les boutons d'or Foisonnent... Le vent sur les eaux Heurte les roseaux Qui sonnent. Et demeure ainsi Toute au doux souci De plaire, Une rose aux dents, Et ton pied nu dans L'eau claire.
Text Authorship:
- by Albert Victor Samain (1858 - 1900), "Chanson d'été", written 1893, appears in Au jardin de l'Infante, in L'urne penchée, no. 2, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission