Il fait déjà grand jour. Je devrais être levée. Mais le sommeil du matin est doux et la chaleur du lit me retient blottie. Je veux rester couchée encore. Tout à l'heure j'irai dans l'étable. Je donnerai aux chèvres de l'herbe et des fleurs, et l'outre d'eau fraîche tirée du puits, où je boirai en même temps qu'elles. Puis je les attacherai au poteau pour traire leurs douces mamelles tièdes ; et si les chevreaux n'en sont pas jaloux, je sucerai avec eux les tettes assouplies. Amaltheia n'a-t-elle pas nourri Dzeus ? J'irai donc. Mais pas encore. Le soleil s'est levé trop tôt et ma mère n'est pas éveillée.
Cinq Chansons de Bilitis, 2ème recueil
by Georges Dandelot (1895 - 1975)
1. Le réveil  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "Le réveil", written 1894, appears in Les Chansons de Bilitis, in Bucoliques en Pamphylie, no. 8, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
See other settings of this text.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. La quenouille  [sung text not yet checked]
Pour tout le jour ma mère m’a enfermée au gynécée, avec mes sœurs que je n’aime pas et qui parlent entre elles à voix basse. Moi, dans un petit coin, je file ma quenouille. Quenouille, puisque je suis seule avec toi, c’est à toi que je vais parler. Avec ta perruque de laine blanche tu es comme une vieille femme. Écoute-moi. Si je le pouvais, je ne serais pas ici, assise dans l’ombre du mur et filant avec ennui : je serais couchée dans les violettes sur les pentes du Tauros. Comme il est plus pauvre que moi, ma mère ne veut pas qu’il m’épouse. Et pourtant, je te le dis : ou je ne verrai pas le jour des noces, ou ce sera lui qui me fera passer le seuil.
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "La quenouille", written 1894, appears in Les Chansons de Bilitis, in Bucoliques en Pamphylie, no. 29, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
See other settings of this text.
Confirmed with Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis)), Paris, Slatkine reprints, 1973, page 46.
Note: this is a prose text. The line breaks are arbitrary.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
3. Conversation  [sung text not yet checked]
« Bonjour. — Bonjour aussi. — Tu es bien pressée. — Peut-être moins que tu ne penses. — Tu es une jolie fille. — Peut-être plus que tu ne crois. — Quel est ton nom charmant ? — Je ne dis pas cela si vite. — Tu as quelqu’un ce soir ? — Toujours celui qui m’aime. — Et comment l’aimes-tu ? — Comme il veut. — Soupons ensemble. — Si tu le désires. Mais que donnes-tu ? — Ceci. — Cinq drachmes ? C’est pour mon esclave. Et pour moi ? — Dis toi-même. — Cent. — Où demeures-tu ? — Dans cette maison bleue. — À quelle heure veux-tu que je t’envoie chercher ? — Tout de suite si tu veux. — Tout de suite. — Va devant. »
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "Conversation", written 1894, appears in Les Chansons de Bilitis, in Épigrammes dans l'Île de Chypre, no. 108, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
Go to the general single-text view
Confirmed with Œuvres complètes de Pierre Louÿs, 1929 - 1931, tome 2 (1894 (Chansons de Bilitis)), Paris, Slatkine reprints, 1973, page 124.
Note: this is a prose text. The line breaks are arbitrary.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
4. Chanson  [sung text not yet checked]
Le premier me donna un collier, un collier de perles qui vaut une ville, avec les palais et les temples, et les trésors et les esclaves. Le second fit pour moi des vers. Il disait que mes cheveux sont noirs comme ceux de la [nuit sur la mer]1 et mes yeux bleus comme ceux du matin. Le troisième était si beau que sa mère ne l'embrassait pas sans rougir. Il mit ses mains sur mes genoux, et ses lèvres sur mon pied nu. Toi, tu ne m'as rien dit. Tu ne m'as rien donné, car tu est pauvre. Et tu n'est pas beau, mais c'est toi que j'aime.
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "Chanson", appears in Les Chansons de Bilitis, in Épigrammes dans l'Île de Chypre, no. 136
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Bertram Kottmann) , "Song", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Lied", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Richard Fedor Leopold Dehmel) , "Die Umworbene"
1 Uddén: "nuit"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
5. La pluie au matin  [sung text not yet checked]
La nuit s'éfface. Les étoiles s'éloignent. Voici que les dernières courtisanes sont rentrées avec les amants. Et moi, dans la pluie du matin, j'écris ces vers sur le sable. Les feuilles sont chargées d'eau brillante. Des ruisseaux à travers les sentiers entraînent la terre et les feuilles mortes. La pluie, goutte à goutte, fait des trous dans ma chanson. Oh! que je suis triste et seule ici! Les plus jeunes ne me regardent pas; [les plus âgés m'ont oublieé]1. [C'est bien. Ils apprendront] mes vers, et les enfants de leurs enfants. Voilà ce que ni Myrtalê, ni Thaïs, ni Glykére ne se diront, le jour où leurs belles joues seront creuses. Ceux qui aimeront après moi chanteront mes strophes ensemble.
Text Authorship:
- by Pierre-Félix Louis (1870 - 1925), as Pierre Louÿs, "La pluie au matin", written 1894, appears in Les Chansons de Bilitis, in Épigrammes dans l'Île de Chypre, no. 154, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Sarah Daughtrey) , "Morning rain", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Marvin J. Ward) , "The Morning Rain", copyright © 2003, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Bertram Kottmann) , "Morgenregen", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
1 Koechlin: "et les plus âgés m'oublient"
2 Koechlin: "Mais tous ils sauront"
Researcher for this page: Sarah Daughtrey