Oh, mère grand, oh belle amie ravissante à voir, tourne ici !
Vieille au nez pointu, aux cheveux d'argent, aux gros yeux tout ronds, baise-moi !
Ta taille est voûtée, tu vas béquillant,
Sur deux pieds osseux, deux bâtons tout secs.
Pareille au canard, tu vas trébuchant,
te heurtant toujours aux passants pressés,
Efflanquée et maigre, vieille sorcière,
Ho, bossue ! 
Oh, mère grand , oh, belle amie charmante à voir, contiens-toi !
Quand tu vas au bois, le gibier s'enfuit,
quand tu fais du feu, la cabane flambe ;
quand tu mords ton pain, les chicots se cassent.
Tous les champignons et les baies rouges 
que tu veux cueillir tout tremblants se cachent ;
mais plus loin vois-tu, bonne mère grand, ils sont bien remplis les paniers tressés,
qu'avaient portés les fillettes gaies, 
qui se moquent fort de toi, vieilles horreur, quand tu vas portant ton panier tout vide,
Ho, mère grand ! Ho, belle amie contiens-toi !
Vieille au nez pointu, ravissante à voir, aux gros yeux tout ronds, ne bats point !
Ton bras s'est levé, ton bâton menace, et tu rages fort, vieille horreur !
Ho ! écoute donc ma jolie chanson ; oui, écoute-la jusqu'au bout !
Ton menton crochu vient baiser ton nez, tendres tourtereaux !,
Aïe, ne bats point ! 
Sur ton crâne aigu restent, malingres, trois poils et demi !
Aïe, aïe, mère grand, aïe, aïe, belle amie, aïe, si belle à voir
aïe ne me bat pas, aïe !