La salle des festivités est décorée.
Lumineuse, colorée, dans la tiède nuit d'été
Se dresse le pavillon de jardin.
Pareils à des colonnes, des serpents d'airain,
Accouplés, se dressent entourés de verdure,
Ils sont douze, aux cous entremêlés,
Supportant et soutenant
Le léger treillis du baldaquin.

Mais la jeune mariée attend encore, cachée
Dans la chambrette de sa maison.
Enfin le cortège de la noce se met en marche,
Portant des flambeaux,
Dans un silence solennel.
Et au milieu,
Je suis  à sa droite,
Vêtue de noir, la mariée va simplement;
Joliment plié, un carré écarlate
Est posé autour de sa gracieuse tête.
Elle entre en souriant; déjà le repas embaume.

Plus tard, dans le vacarme de la fête
Ensemble nous nous étions esquivés
Et avions marché vers les ombres du jardin,
Là où flamboyaient les roses,
Où le clair de lune palpitait autour des lis,
Où le sapin de Weymouth aux cheveux noirs
Surplombait à-demi le miroir de l'étang.

Ah ! Là-bas sur la pelouse de soie, cœur contre cœur,
Comme mes dévorants baisers étouffaient son timide baiser !
Cependant la fontaine, indifférente
Aux pétulants murmures amoureux
Prenait un éternel plaisir à ses propres éclaboussures ;
Et au loin, ni les voix amies,
Ni les flûtes et les violons,
Ni les plaisanteries ne nous attiraient.

Fatiguée, trop tôt selon mon désir,
Sa légère et chère tête reposait sur mon sein.
Alors que pour jouer mes yeux s'appuyaient sur les siens,
Je sentis un instant ses longs cils,
Jusqu'à ce que ensommeillés ils se posent,
Comme un battement d'aile de papillon.

Avant les rouges lueurs de l'aube,
Avant que ne s'éteigne la lampe du logis de la mariée,
Je réveillai la belle endormie
Et conduisit l'étrange enfant dans ma maison.