Ma petite colombelle, Ma mignonne toute belle, Mon petit œil, baisez-moi D'un bouche toute pleine De baisers chassez la peine De mon amoureux esmoy. Quand je vous dirai: Mignonne, Approchez vous, qu'on me donne Neuf baisers tout simplement Lors, ne m'en baillez que trois, Telz que Diane guerriere Les donne à Phébus son frère, Et l'Aurore à son vieillard; Puis reculez vostre bouche Et bien loing, toute farouche, Fuyez d'un pied fretillard. Comme un taureau par la prée Court après son amourée, Ainsi tout plein de courroux Je courray fol apres vous, Et, prise d'une main forte, Vous tiendray de telle sorte Qu'un aigle l'oiseau tremblant. Lors, faisant de la modeste, De me redonner le reste Des baisers ferez semblant. Mais en vain serez pendant Toute à mon col, attendante (Tenant un peu l'œil baissé) Pardon de m'avoit laissé : Car, en lieu de six, adonques J'en demanderay plus qu'onques Tout le ciel d'estoiles n'eut, Plus que d'arene poussée Aux bords, quand l'eau courroussée Contre les rives s'esmeut.
Chansons de Ronsard
Song Cycle by Julien Tiersot (1857 - 1936)
1. Ma petite colombelle (Ode à Cassandre)  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
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- ENG English (David Wyatt) , "My little turtledove", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
2. Quand j'étais libre  [sung text not yet checked]
Quand j'estois libre, ains que l'amour cruelle [Ne]1 fust esprise encor' en ma mouelle, Je vivois bienheureux, De toutes parts cent mille jeunes filles Se travailloyent, par leurs flammes gentilles, A me rendre amoureux. Mais tout ainsi qu'un beau poulain farouche Qui n'a [senti]2 le frein dedans la bouche Va seulet écarté, N'ayant soucy sinon d'un pied superbe A mille bonds fouler les fleurs et l'herbe, Vivant en liberté ; Ores il court le long d'un beau rivage Ores il erre au fond d'un bois sauvage Ou sur quelque mont haut ; De toutes pars les poutres hannissantes Luy font l'amour, pour néant blandissantes, A luy qui ne s'en chaut. Ainsi j'allois desdaignant les pucelles Qu'on estimoit en beauté les plus belles, Sans répondre à leur vueil ; Lors je vivois amoureux de moy mesme, Content et gay, sans porter couleur blesme Ny les larmes à l'œil. J'avois escrit au plus haut de la face Avec l'honneur une agreable audace Plaine d'un franc desir ; Avec le pied marchoit ma fantasie Deça, dela, sans peur ne jalousie Vivant de mon plaisir. Mais aussi tost que par mauvais desastre Je vey ton sein blanchissant comme albastre, Et tes yeux, deux soleils, Tes beaux cheveux espanchez par ondées, Et les beaux lis de tes levres bordées De cent œillets vermeils, [Incontinent j'apprehenday service, Car]3 liberté, de ma vie nourrice, S'eschappa loing de moy : Dedans tes rets ma premiere franchise, Pour obeir à ton bel œil fut prise Esclave dessous toy. Et lors tu mis mes deux mains à la chaine Mon col au cep et mon cœur à la gesne, N'ayant de moy pitié, Non plus helas qu'un outrageux corsaire, O fier destin, a pitié d'un forsaire/forcère A la chaine lié. Tu mis apres en signe de conqueste, Comme vainqueur, tes deux pieds sur ma teste, Et du front m'a osté L'honneur, la honte, et l'audace première, Accouhardant mon ame prisonniere, Serve à ta volonté. Vengeant d'un coup mille faultes commises Et les beautez qu'à grand tort j'avois mises Par-avant à mespris : Qui me prioient, en lieu que je te prie. Mais d'autant plus que mercy je te crie, Tu es sourde à mes cris, Et ne responds non plus que la fontaine Qui de Narcis mira la [face]4 vaine, Vengeant dessus le bord Mille beautez des Nymphes amoureuses, Que cest enfant, par mynes desdaigneuses, Avoit mises à mort.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2017, (re)printed on this website with kind permission
1 La Grotte: "Me"
2 La Grotte: "maché"
3 La Grotte: "Incontinent j'apris que c'est service,/ La"
4 La Grotte: "forme"
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3. Ode à Michel de L'Hospital  [sung text not yet checked]
Errant par les champs de la Grâce, Qui peint mes vers de ses couleurs, Sus les bords Dirceans j’amasse Le thresor des plus riches fleurs, Afin qu’en pillant je façonne D’une laborieuse main La rondeur de ceste couronne Trois fois torce d’un ply Thebain, Pour orner le hault de la gloire Du plus heureux mignon des Dieux Qui ça bas ramena des cieulx Les filles qu’enfanta Mémoire. Mémoire, royne d’Eleuthere, Par neuf baisers qu’elle receut De Jupiter, qui la fit mere, En neuf soirs neuf filles conceut. Mais quand la lune vagabonde Eut courbé douze fois en rond (Pour r’enflammer l’obscur du monde) La double voute de son front, Elle adonc lassement outrée Dessous Olympe se coucha Et criant Lucine, accoucha De neuf filles d’une ventrée. En qui respandit le ciel Une voix sainctement belle, Comblant leur bouche nouvelle Du just d’un attique miel, Et a qui vrayment aussi Les vers furent en soucy, Les vers dont flattés nous sommes, Affin que leur doulx chanter Peust doucement enchanter Le soing des Dieux et des hommes.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
4. Mignonne, allons voir si la rose  [sung text not yet checked]
Mignonn', allon voir si la rose Qui ce matin avoit declose Sa robe de pourpr' au soleil, A point perdu, cette vesprée, Le plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las, voyés comm' en peu d'espace, Mignonn', ell' a dessus la place, Las, las, ses beautés laissé cheoir! Ô vrayement maratre nature, Puis qu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! Donc, si vous me croiés, mignonne: Tandis que vostr' age fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillés, cueillés vostre jeunesse, Comm' à cette fleur, la viellesse Fera ternir vostre beauté.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "À Cassandre"
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Faith J. Cormier) , no title, copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
Modernized version used by Chaminade, Manduell, Wagner:
Mignonne, allons voir si la rose, Qui ce matin avait desclose Sa robe de pourpre au soleil, N'a point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a, dessus la place, Las! Las! ses beautés laissé cheoir! Ô vraiment marâtre nature, Puisqu'une telle fleur ne dure, Que du matin jusques au soir! [Or donc, écoutez-moi,]1 Mignonne, Tandis que votre âge fleuronne [En]2 sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse: [Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté.]31 Chaminade, Manduell: "Donc, si vous m'en croyez"
2 Chaminade: "Dans"
3 Manduell: "Comme à ceste fleur la vieillesse/ Fera ternir vostre beauté."
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5. A un Aubépin  [sung text not yet checked]
Bel aubespin verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vestu jusq'au bas [Des longs]1 bras D'une lambrunche sauvage. Deux camps drillantz de fourmis Se sont mis En garnison soubz ta souche ; Et dans ton tronc mi-mangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien aymée, Pour ses amours aleger Vient loger Tous les ans [dans]2 ta ramée: [Sur ta cyme]3 il fait son ny Bien garny De laine et de fine soye, Où ses petitz [esclorront]4, Qui seront De mes mains la douce proye. Or vy, gentil aubespin, Vy sans fin, Vy sans que jamais tonnerre, Ou la coignée, ou les vens, Ou les tems Te [puissent]5 ruer par terre.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Ode", appears in Nouvelle continuation des Amours, first published 1556
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Note: in stanza 1, line 4, word 5 has the typo "bras" instead of "bas" in Janequin's score.
Modernized version used by Rivier and Leguerney:
Bel aubépin, verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vêtu jusqu'au bas [Des longs]1 bras D'une lambruche sauvage. Deux camps drillants de fourmis Se sont mis En garnison sous ta souche; Et dans ton tronc mimangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien-aimée, Pour ses amours alléger Vient loger Tous les ans [dans]2 ta ramée. Sur ta cime il fait son nid Bien garni De laine et de fine soie, Où ses petits écloront, Qui seront De mes mains la douce proie. Or vis, gentil aubépin, Vis sans fin, Vis sans que jamais tonnerre, Ou la cognée, ou les vents, Ou les temps Te puissent ruer par terre.1 Leguerney: "De tes"; Millot: "De long"
2 Hawley, Janequin, Leguerney, Millot: "en"
3 Hawley, Millot: "Dans laquelle"
4 Hawley, Millot: "s'eclorront"
5 Janequin: "puisse"
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6. L'Amour piqué par une abeille  [sung text not yet checked]
Le petit enfant Amour Cueilloit des fleurs à l'entour D'une ruche, où les avettes Font leurs petites logettes. Comme il les allait cueillant, Une avette sommeillant Dans le fond d'une fleurette Lui piqua la main tendrette. Sitost que piqué se vit, Ah ! je suis perdu, ce dit ; Et, s'en courant vers sa mère, Lui monstra sa playe amère : Ma mère, voyez ma main, [Ce]1 disoit Amour, tout plein De pleurs, [voyez]2 quelle enflure M'a fait une esgratignure ! Alors Venus se sou-rit Et en le baisant le prit, Puis sa main luy a soufflée Pour guarir sa plaie enflée. Qui t'a, dy-moi, faux garçon, Blessé de telle façon ? Sont-ce mes Graces riantes, De leurs aiguilles poignantes ? Nenny, c'est un serpenteau, Qui vole au printemps nouveau [Avecques deux ailerettes Çà et là sur les fleurettes]3. Ah ! vrayment je le cognois, Dit Venus ; les villageois De la montagne d'Hymette Le surnomment [Mélissette]4. Si doncques un animal Si petit fait tant de mal, Quand son halesne espoinçonne La main de quelque personne, Combien fais-tu de douleurs Au prix de luy, dans les cœurs [De ceux contre qui]5 tu jettes Tes [homicides]6 sagettes ?
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "L'Amour piqué par une abeille", appears in Odes de 1550, no. 16, Livre IV, first published 1550 [an adaptation]
Based on:
- a text in Greek (Ελληνικά) by Theocritus (c310 BCE - c250 BCE), "Κηριολεπτησ"
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- ENG English (David Wyatt) , "Love wounded", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Chardavoine: "Luy"
2 Chardavoine: "aussi"
3 Chardavoine: "Çà et là sur les fleurettes,/ Avecques deux ailerettes"
4 Chardavoine, Caietain: "une avette"
5 Chardavoine: "A qui pour butte" ; Caietain : "En qui pour butte"
6 Chardavoine, Caietain: "amoureuses"
Modernized version of the text:
Le petit enfant Amour Cueillait des fleurs à l'entour D'une ruche, où les avettes Font leurs petites logettes. Comme il les allait cueillant, Une avette sommeillant Dans le fond d'une fleurette Lui piqua la main douillette. Sitôt que piqué se vit, « Ah, je suis perdu ! » ce dit, Et, s'en courant vers sa mère, Lui montra sa plaie amère ; « Ma mère, voyez ma main, Ce disait Amour, tout plein De pleurs, voyez quelle enflure M'a fait une égratignure ! » Alors Vénus se sourit Et en le baisant le prit, Puis sa main lui a soufflée Pour guérir sa plaie enflée. « Qui t'a, dis-moi, faux garçon, Blessé de telle façon ? Sont-ce mes Grâces riantes, De leurs aiguilles poignantes ? -- Nenni, c'est un serpenteau, Qui vole au printemps nouveau Avecques deux ailerettes Ça et là sur les fleurettes. -- Ah ! vraiment je le connois, Dit Vénus ; les villageois De la montagne d'Hymette Le surnomment Mélissette. Si doncques un animal Si petit fait tant de mal, Quand son alène époinçonne La main de quelque personne, Combien fais-tu de douleur, Au prix de lui, dans le cœur De celui en qui tu jettes Tes amoureuses sagettes ? »
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7. Quand ce beau printemps je vois  [sung text not yet checked]
Quand ce beau Printemps je vois, J'aperçois Rajeunir la terre et l'onde [Et]1 me semble que le jour, Et l'Amour, [Comme enfants naissent]2 au monde. Le jour qui plus beau se fait, Nous refait Plus belle et verte la terre, Et Amour armé de traits Et d'attraits, [Dans]3 nos coeurs nous fait la guerre. Il répand de toutes parts Feux et dards Et dompte sous sa puissance Hommes, bestes et oiseaux, Et les eaux Lui [rendent]4 obeïssance. Vénus avec son enfant Triomphant, Au haut de son coche assise, Laisse ses cygnes voler Parmi l'air Pour aller voir son Anchise. Quelque part que ses beaux yeux Par les cieux Tournent leurs lumières belles, L'air qui se montre serein Est tout plein D'amoureuses étincelles. Puis en descendant à bas Sous ses pas Croissent mille fleurs écloses; Les beaux lis et les oeillets Vermeillets Y naissent entre les roses. Je sens en ce mois si beau Le flambeau D'Amour qui m'échauffe l'âme, Y voyant de tous côtés Les beautés Qu'il emprunte de ma Dame. Quand je vois tant de couleurs Et de fleurs Qui émaillent un rivage, Je pense voir le beau teint Qui est peint Si vermeil en son visage. Quand je vois les grand rameaux Des ormeaux Qui sont lacés de lierre, Je pense être pris és lacs De ses bras, Et que mon col elle serre. Quand j'entends la douce voix Par les bois Du gai rossignol qui chante, [D'elle]5 je pense jouir Et ouïr [Sa douce voix]6 qui m'enchante. Quand Zéphyre mène un bruit Qui se suit Au travers d'une ramée, Des propos il me souvient Que me tient La bouche de mon aimée. Quand je vois en quelque endroit Un pin droit, Ou quelque arbre qui s'élève, Je me laisse décevoir, Pensant voir Sa belle taille et sa grève. Quand je vois dans un jardin, Au matin, S'éclore une fleur nouvelle, J'accompare le bouton Au teton De son beau sein qui pommelle. Quand le Soleil tout riant D'Orient Nous montre sa blonde tresse, Il me semble que je voi Près de moi Lever ma belle maîtresse. Quand je sens parmi les prés Diaprés Les fleurs dont la terre est pleine, [Lors je]7 fais croire à mes sens Que je sens [La douceur de son]8 haleine. Bref, je fais comparaison, Par raison, Du printemps et de m'amie; Il donne aux fleurs la vigueur, Et mon coeur D'elle prend vigueur et vie. Je voudrais au bruit de l'eau D'un ruisseau, Déplier ses tresses blondes, Frisant en autant de noeuds Ses cheveux. Que je verrais friser d'ondes. Je voudrois, pour la tenir, Devenir Dieu de ces forêts désertes, La baisant autant de fois Qu'en un bois Il y a de feuilles vertes. [Hà !]9 maîtresse, mon souci, Viens ici, Viens contempler la verdure ! Les fleurs de mon amitié Ont pitié, [Et seule tu]10 n'en as cure. Au moins lève un peu tes yeux Gracieux, Et vois ces deux colombelles, Qui font naturellement, Doucement L'amour du bec et des ailes. Et nous, sous ombre d'honneur, Le bonheur Trahissons par une crainte: Les oiseaux sont plus heureux Amoureux, Qui font l'amour sans contrainte. Toutefois ne perdons pas Nos ébats Pour ces lois tant rigoureuses; Mais, si tu m'en crois, vivons, Et suivons Les colombes amoureuses. Pour effacer mon émoi, Baise-moi, [Rebaise-moi]11, ma Déesse! Ne laissons passer en vain Si soudain Les ans de notre [jeunesse.]12
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Chanson"
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- ENG English (David Wyatt) , "When I see the fair Springtime", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Gouvy: "Il"
2 Gouvy: "Naissent"
3 Eben, Escher: "En"
4 Auric: "jurent"
5 Gouvy: "De toi"
6 Gouvy: "Ta voix"
7 Gouvy: "Je"
8 Gouvy: "Ta douce"
9 Gouvy: "Ah !"
10 Gouvy: "Mais toi, tu"
11 Gouvy: "Aime-moi"
12 Gouvy: "jeunesse, aime-moi !"
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8. Douce maîtresse  [sung text not yet checked]
Douce maîtresse, touche, Pour soulager mon mal, Mes levres de ta bouche Plus rouge que coral : [Que mon col soit pressé De ton bras enlassé]1. Puis, face dessus face, Regarde moy les yeux, Afin que ton trait passe [De]2 mon cœur soucieux [Cœur qui]3 ne vit sinon D'amour et de ton nom. Je l'ay veu fier et brave, Avant que ta beauté Pour estre son esclave Doucement l'eust [donté,]4 Mais son mal lui plait bien Pourveu qu'il meure tien. Belle [par]5 qui je donne A [mes yeux]6 tant d'esmoy, Baise moy ma mignonne, Cent fois rebaise moy : Et quoy ! faut il en vain Languir dessus [ton]7 sein. Maîtresse je n'ay garde De vouloir t'esveiller, Heureux quand je regarde Tes beaux yeux sommeiller ! Heureux quand je les voy Endormis dessus moy. Veux-tu que je les baise Afin de les ouvrir ? Hà tu fais la mauvaise Pour me faire mourir, Je meurs entre tes bras Et s'il ne t'en chaut pas ! Ha ma chere ennemie Si tu veux m'apaiser Redonne moy la vie Par l'esprit d'un baiser, Ha ! j'en ay la douceur Senti jusques au cœur. C'est une douce rage Qui nous poinct doucement, Quand d'un même courage On s'aime incessament : Heureux sera le jour Que je mourray d'amour !
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
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- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2014, (re)printed on this website with kind permission
1 Caietain, La Grotte: "D'un doux lien pressé/ Tiens mon col embrassé"
2 Caietain, Chardavoine: "En"
3 Caietain, La Grotte: "Lequel"
4 Chardavoine: "traitté :"
5 Chardavoine: "pour"
6 Chardavoine: "mon cœur"
7 Caietain : "mon"
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9. Esclavage d'amour  [sung text not yet checked]
Las ! je [n'eusse]1 jamais pensé, Dame qui causes ma langueur, De voir ainsi recompensé Mon service d'une rigueur, Et [qu'en]2 lieu de me secourir Ta cruauté m'eust fait mourir. Si, [bien accort]3, j'eusse apperceu, Quand je te vy premierement Le mal que [j'ay depuis]4 recue Pour [aimer]5 trop loyalement, Mon cœur, qui franc avoit vescu, N'eust pas esté [si tost]6 vaincu. Mais tu fis promettre à tes yeux, Qui seuls me vindrent decevoir, De me donner encore mieux Que mon cœur n'esperoit avoir ; Puis, comme jaloux de mon bien, Ont transformé mon aise en rien. Si tost que je vis leur beauté, Amour me força d'un desir D'assujettir ma [loyauté]7 Sous l'empire de leur plaisir, [Et]8 decocha de leur regard Contre mon cœur le premier dard. Ce fut, Dame, ton bel accueil Qui, pour me faire bien-heureux, M'ouvrit par la clef de ton œil Le paradis des amoureux, Et, fait esclave en si beau lieu, D'un home je devins un dieu. Si bien que, n'estant plus à moy, Mais à l'œil qui m'avoit blesse, Mon cœur en gage de ma foy A mon vainqueur j'ai delaissé, Où serf si doucement il est Qu'autre liberté [luy desplaist]9 ; Et, bien qu'il souffre jours et nuits Mainte amoureuse adversité, Le plus cruel de ses ennuis Luy semble une felicité, Et ne sçauroit jamais vouloir Qu'un autre œil le face douloir. Un grand rocher qui a le doz Et les pieds tousjours outragez, Ores des vents, ores des flots, Contre les rives enragez, N'est point si ferme que mon cœur Sous l'orage d'une rigueur : Car luy, de plus en plus aimant Les beaux yeux qui l'ont en-reté, Semble du tout au diamant, Qui, pour garder sa fermeté, Se rompt plustost sous le marteau Que se voir tailler de nouveau. Ainsi ne l'or qui peut tenter, Ny grace, beauté, ny maintien, Ne sçauroit dans mon cœur enter [entrer?] Un autre portrait que le tien, Et plustost il mourroit d'ennuy, Que d'en souffrir un autre en luy. Il ne faut donc, pour empescher Qu'une autre dame en ait sa part, L'environner d'un grand rocher, Ou d'une fosse, ou d'un rampart : Amour te l'a si bien conquis, Que plus il ne peut estre acquis. Chanson, les estoilles seront La nuict sans les cieux allumer, Et plustost les vents cesseront De tempester dessus la mer, Que de ses yeux la cruauté Puisse amoindrir ma loyauté.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Las ! je n'eusse jamais pensé"
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- ENG English (David Wyatt) , "Alas, I would never have thought", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Tiersot: "n'aurais"; further changes may exist not shown above.
2 Chardavoine: "qu'au"
3 Costeley: "fortuné"
4 Costeley: "depuis j'ay"
5 Chardavoine, la Grotte: "t'aimer"
6 Chardavoine: "ainsi"
7 la Grotte: "liberté"
8 Chardavoine: "Lors"
9 la Grotte: "ne luy plaist"
Researcher for this page: David Wyatt
10. Petite nymphe  [sung text not yet checked]
Petite Nymfe folatre, Nymfette que j'idolatre, Ma mignonne dont les yeus Logent mon pis et mon mieus: Ma doucette, ma sucrée, Ma grace, ma Citherée, Tu me dois pour m'appaiser Mille fois le jour baiser. Tu m'en dois au matin trente Puis après disner cinquante, Et puis vingt après souper. Et quoy! Me veux-tu tromper ? [Avance mes quartiers, belle, Ma tourtre, ma colombelle ; Avance-moy les quartiers De mes payments tous entiers.]1 Demeure ; où fuis-tu, maistresse ? Le desir qui trop me presse Ne sçauroit arrester tant S'il [n'est payé tout]2 contant. Revien, revien, mignonette, Mon doux miel, ma violette, Mon oeil, mon coeur, mes amours Ma cruelle, qui tousjours Trouves quelque mignardise Qui d'une douce feintise Peu à peu mes forces fond, Comme on void dessus un mont S'escouler la neige blanche, Ou comme la rose franche Perd le [vermeil de son teint, Des rais du soleil]3 attaint. Où fuis-tu, mon [angelette]4, Mon diamant, ma perlette ? [Là]5 reviens, mon sucre doux, Sur mon sein, sur mes genoux, Et de cent baisers appaise De mon coeur la chaude braise. Donne-m'en bec contre bec, Or' un moite, ores un sec, Or' un babillard, et ores Un qui soit plus long encores Que ceux des pigeons mignars, Couple à couple fretillars. Hà là ! ma douce guerrière, Tire un peu ta bouche arrière : Le dernier baiser donné A tellement estonné De mille douceurs ma vie Qu'il me l'a presque ravie, Et m'a fait voir à demy Le nautonnier ennemy Et les plaines où Catulle, Et les rives où Tibulle, Pas à pas se promenant, Vont encores maintenant De leurs bouchettes blesmies Rebaisottans leurs amies.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Amourette"
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- ENG English (Faith J. Cormier) (David Wyatt) , "Frolicsome little Nymph", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Utendal:
Avance mon quartier, belle, Ma tourtre, ma colombelle ; Avance-moy le quartier De mes payments tout entier.2 Utendal: "n'a son payment"
3 Utendal: "pourpre de son teint,/ Du vent de la bize"
4 Regnard: "amelette"
5 Regnard, Utendal: "Las ! "
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12. Nature ornant la dame  [sung text not yet checked]
Nature ornant la dame qui devoyt De sa douceur forcer les plus rebelles, Luy fit present des beautez les plus belles, Que des mille ans en espargne elle avoyt Tout ce qu'Amour avarement couvoyt, De beau, de chaste, et d'honneur soubz ses ailles, Emmiella les graces immortelles De son bel oeil qui les dieux emouvoyt. Du ciel à peine elle estoyt descendue, Quand je la vi, quand mon ame ésperdue En devint folle: et d'un si poignant trait, Le fier destin l'engrava dans mon ame, Que vif ne mort, jamais d'une aultre dame Empraint au cuoeur je n'auray le portraict.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585)
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- ENG English (Peter Low) , "Nature, when adorning that lady", copyright © 2000, (re)printed on this website with kind permission
Modernized version of the text:
Nature ornant la dame qui devait De sa douceur forcer les plus rebelles Lui fit présent des beautés les plus belles Que dès mille ans en épargne elle avait. Tout ce qu'Amour avarement couvait De beau, de chaste et d'honneur sous ses ailes Emmiella les grâces immortelles De son bel oeil qui les dieux émouvait. Du ciel à peine elle était descendue, Quand je la vis, quand mon âme éperdue En devint folle, et d'un si poignant trait Le fier Destin l'engrava dans mon âme Que, vif ne mort, jamais d'une autre dame Empreint au coeur je n'aurai le portrait.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
13. La chanson de Cassandre
Belle Brunette
. . . . . . . . . .
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14. Corydon  [sung text not yet checked]
[Corydon,] verse sans fin Dedans mon verre du vin, Afin qu'endormir je face Un procés qui me tirace Le coeur et l'ame plus fort Qu'un limier un sanglier mort. Après ce procés ici Jamais peine ne souci, Ne feront que je me dueille: Aussi bien, vueille ou non vueille, Sans faire icy long sejour Il faut que je meure un jour. Le long vivre me déplaist: Mal-heureux l'homme qui est Accablé de la vieillesse! Quand je perdray la jeunesse, Je veux mourir tout soudain, Sans languir au lendemain. Ce-pendant verse sans fin Dedans mon verre du vin, Afin qu'endormir je face Un procés qui me tirace Le coeur et l'ame plus fort Qu'un limier un sanglier mort.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Verse sans fin"
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- ENG English (David Wyatt) , "Pour unendingly", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission