Il était une fois un homme Possédant des mille et des cent, Ayant tant d'argent, tant d'argent, Que lui-même ignorait la somme. Il n'était pas heureux pourtant, Car il avait la barbe bleue, Et chaque femme, en le voyant, Se sauvait à plus d'une lieue ! Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin. Enfin il trouva damoiselle Qui l'épousa pour son argent. « Je vais faire un voyage urgent, » Un beau jour dit-il à la belle. « Je laisse mes clefs, les voici, Servez-vous-en, je vous les prête, Mais n'usez pas de celle-ci, La clef de la chambre secrète ! » Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin. Cette clef était si petite, Que notre dame elle tenta. La curiosité l'emporta : A la chambre elle alla de suite, Et que vit-elle ? ah ! quel tableau ! La pauvrette tomba des nues ... Après un grand portemanteau Elle vit six femmes pendues !!! Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin. Elle veut refermer la porte, La clef tombe au milieu du sang ! Elle pousse un grand cri perçant Et s'enfuit folle, à demi morte. O ciel ! Barbe-Bleue apparait ! « Je reviens, » dit-il, « de voyage. Mes clefs, mes clefs ! vit', s'il vous plait ! Avez-vous, madame, été sage ? » Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin. « Je sais tout, je suis perspicace ! Vous avez vu l'endroit secret. Madame, dans ce cabinet Vous aurez la septième place. » « Ah ! monsieur, grâce ! pardon ! » « Non, non, madame, il faut qu'on meure ! » « Un seul instant ! vous êt's si bon ! » « Soit ! je vous accorde un quart d'heure. » Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin. Sa sœur Anne elle appelle vite, Lui dit : « Monte en haut de la tour, Car mes deux frères en ce jour M'ont promis de m' rendre visite. Sœur Anne, vois-tu rien venir, D'aussi loin que ton regard plane ? Je ne veux pas encor mourir ... Ah ! dis-moi, sœur Anne, sœur Anne ! » Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin. « Non ... je vois l'herbe qui verdoie, Le soleil qui poudroie ... » hélas ! Repassant son grand coutelas Barbe-Bleue était dans la joie. « Sœur Anne, vois-tu rien venir, D'aussi loin que ton regard plane ? « Si je vois deux seigneurs courir, » S'écria tout-à-coup sœur Anne. Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin. « Allons, il faut mourir, madame, » Dit Barbe-Bleue avec aplomb. Et, l'empoignant par le chignon, Il brandit sa terrible lame ... Les deux frères, saisis d'effroi, En foncent la porte et s'approchent : A Barbe-Bleue ils poussent droit Et comme un dindon ils l'embrochent ! Barbe-Bleue, c'est certain, Était un fameux lapin.
Les contes de Perrault mis en chansons
by Paul-Jean-Jacques Lacôme d'Estalenx (1838 - 1920)
1. Barbe‑Bleue
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- by Émile André (1838 - 1897), appears in Perrault : Histoires ou contes du temps passé (Contes de ma mère l'Oye)
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Researcher for this page: Johann Winkler2. Le petit chaperon rouge
À Paris, tout près de Montrouge, Il était une fois, dit-on, Un' petite fill' dont le nom Était le Petit Chap'ron Rouge. Il advint qu'un jour sa maman, Lui dit : « Tiens, va donc, mon enfant, Va porter chez ta grand' maman Ce pot de beurre et cett' galette. Ne t'amus' pas en ch'min seulette Et va vit', grand' maman t'attend. Elle t'attend ! » Le Petit Chap'ron Roug' rencontre En chemin compère le Loup ; « A qui portes tu ça, mon chou ? » Lui dit le loup, « voyons, donc montre ! » Le Petit Chap'ron Roug' reprend : « Je port' ça chez ma mère grand, Qui demeur' là-bas au tournant. » Sire Loup trotte, trotte, trotte, Il arrive avant la petiote Et, toc, toc, il fait tout douc'ment. Toc, toc, toc ! « Ah ! c'est toi ? Tir' la chevillette, Et la bobinette cherra, » Dit grand' mère. Et vif comme un chat Le loup fait choir la bobinette. Il ne fait qu'un bond, en entrant, Sur la pauvre vieille maman, Qui, très malade en ce moment, Dans son lit se tenait couchée. Le loup n'en fait qu'un' bouchée, Puis, prenant sa place, il attend. Il attend. Arriv' le Petit Chap'ron Rouge ... « Ouvrez-moi, grand' mère. » Toc, toc ! Sire Loup aiguise son croc, Mais très prudemment il ne bouge. « Ah ! bonjour, ma fill', te voilà ! Tire la chevillett', c'est ça, Et la bobinette cherra, » Dit-il en faisant sa voix douce. Chap'ron Rouge la porte pousse, Et s'avanc' comme un petit rat. Comme un rat. Le loup fait la sainte nitouche Et lui dit : « Ma fille, il fait froid. Viens donc te coucher avec moi. » Le Petit Chap'ron Roug' se couche, Puis il dit, se tenant tout coi : « Qu'vous avez de grands pieds, dit ‘s-moi, Ma mèr'-grand, ma mèr'-grand, pourquoi ? » Hé ! c'est pour mieux courir, ma fille ! » Dit le loup, qui dans sa peau grille Et dont l'œil la remplit d'effroi. Quel effroi ! « Que vous avez d'grands bras, grand' mère ! » « Oui, ma fill', pour mieux t'embrasser, » Répond sans plus s'embarrasser Sire Loup, qui la considère. « Ah! mon Dieu, mèr'-grand, mèr'-grand ! » Dit le P'tit Chap'ron Roug' tremblant, « Que vous avez de grandes dents ! » « C'est pour mieux te manger, ma fille ! » Et le loup comme une pastille, Un', deux, ouf ! la croque en deux temps. Trois mouv'ments.
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Researcher for this page: Johann Winkler3. Les fées
Une veuve avait deux filles, Dont l'ainée était une horreur. L'autre était des plus gentilles, Douce et belle comme un vrai cœur. Tous les jours de la semaine Il fallait qu'à la fontaine Elle allât puiser de l'eau Avec un énorme seau. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Une vieille sale et noire Boitant, toussant et crachotant, Lui demande un jour à boire ; « Volontiers, » dit la belle enfant. Et vite elle se dépêche De tirer de l'eau bien fraîche. La vieille lui dit: « C'est bon ! Je m'en vais te faire un don. » A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Cette vieille décrépite Était une fée en haillons. Elle dit à la petite : « Tiens, voici quel sera mon don : Ma fille, à chaque parole Qui de tes lèvres s'envole, De ta bouche il sortira Un diamant d'un carat. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Notre belle, heureuse et fière, Revient tout droit à la maison. « C'est trop fort ! » lui dit sa mère, « As-tu donc perdu la raison ? Rester, si longtemps sortie ! » « Pardon ! ma mère chérie ... » Et crac ! de ses blanches dents Il sort quatre diamants. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. « Qu'ai-je vu ? » dit la mégère. Notre enfant s'explique aussitôt. A l'aînée alors la mère Dit : « Va vite tirer de l'eau. » L'aînée y va, bougonnante ; Vient une dame élégante La priant de lui quérir De l'eau pour se rafraîchir. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. « Suis-je votre domestique ? » Dit alors la vilaine horreur. « Tu n'es guère sympathique, » Lui répond la fée en douceur. « Aussi, voici, ma mignonne, Le don qu'ici je te donne : De ta bouche à chaque mot Je veux qu'il sorte un crapaud. » A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Elle rentre. « Eh bien ! ma fille ? » « Quoi, ma mère ... » Et sur ces trois mots, Dieu ! sa bouche se tortille, Il en tombe trois gros crapauds. « Ah ! » dit la mère en colère, Ta sœur a causé l'affaire ... » Elle bat la belle enfant, Qui se sauve incontinent. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Mais le prince voit la belle, Qui pleurnichait pour tout de bon. « Qu'avez-vous, mademoiselle ? » Lui dit-il. Elle lui répond : « Ma mère et ma sœur me chassent ... » A ces mots sept diamants passent !!! Le prince tombe amoureux, Il l'épouse et fut heureux. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense.
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Researcher for this page: Johann Winkler4. La belle au bois dormant
Il était un' fois un Roi et un' Reine Fâchés comm' tout de n'avoir pas d'enfant, Si fâchés qu'ils avaient la migraine ; Ils eur'nt une fille à la fin pourtant. L'enfant, pour marrain's, eut à son baptême Sept fé's que le Roi trouva dans l'pays ; Mais, hélas ! il oublia la huitième, Qui se vexa fort d'un pareil mépris. Quelle belle Histoir' vraiment, Que celle de la Belle au bois dormant ! Six des fé's accordèrent à l'Altesse Mill' qualités, mille présents du sort ; La grincheuse à la petite Princesse Prédit qu'un fuseau causerait sa mort. Chacun, à ces mots, se regarde et pleure ; Alors, en dernier, la septième entra : « Non, », dit-ell', je ne veux pas qu'elle meure, Mais pendant cent ans elle dormira. Quelle belle Histoir' vraiment, Que celle de la Belle au bois dormant ! Par affiche aussitôt le Roi proclame : Défense est faite d'avoir un fuseau ! La Princesse, un jour, rencontre une femme En train de filer dans un vieux château. La femme, en effet, ignorait la chose, La Princess' voulut filer à son tour, Le fuseau perça sa belle main rose, Elle s'endormit avec tout' sa cour. Quelle belle Histoir' vraiment, Que celle de la Belle au bois dormant ! Cent ans s'pass'nt ; un jour le fils du Roi Chose Se promenait ; il entre au vieux château, Voit la Belle, et lui baise sa main rose, Ce que fait qu'il la réveille en sursaut. Son étonnement n'fut pas du tout mince, Quand la Belle, après deux ou trois bâill'ments, S'écria : « Mais c'est vous, c'est vous, mon prince ! Je vous attendais depuis longtemps ! » Quelle belle Histoir' vraiment, Que celle de la Belle au bois dormant ! Il répond : « Et moi donc ! je vous adore ! » Il l'épousa, fût nommé roi bientôt, Puis il eut deux enfants, un' fille, Aurore, Un fils nommé Jour, tant il était beau ! Quelques mois après, il partit en guerre Contre le grand Roi des orangs-outangs. Il donna la régence à la rein' mère Et laissa sa femme et ses deux enfants. Quelle belle Histoir' vraiment, Que celle de la Belle au bois dormant ! La rein' mère, hélas ! était une ogresse. Au cuisinier elle dit un matin : « Fais-moi cuire Auror', Jour et la Princesse, Je veux les manger ce soir au gratin. » Le bon cuisinier, âme charitable, Lui servit des trip's à la mod' de Caen ; Mais l'ogresse, en fureur, dit : « Misérable ! Ce ragoût n'est pas du bifteck d'enfant ! » Quelle belle Histoir' vraiment, Que celle de la Belle au bois dormant ! Et l'ogresse emplit une cuve immense De gros crapauds et de vilains serpents ; Elle ordonne aussitôt que l'on y lance Le gât'-sauc', la Reine et les deux enfants. Mais le Roi revient sur cette entrefaite ; En voyant tout ça son courroux est grand. Dans la cuv' l'ogresse alors pique un' tête Et meurt dévorée immédiat'ment. Quelle belle Histoir' vraiment, Que celle de la Belle au bois dormant !
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Researcher for this page: Johann Winkler5. Le chat botté
Un meunier mourant, las ! en sa cabane A ses trois enfants son bien partagea : L'un eut le moulin, le second eut l'âne ; Au troisième enfin il donna le chat. Le plus jeune dit : « Il faut reconnaître Que j'ai peu de chance. » « Eh bien ! » dit le chat, « Tenez, donnez-moi des bottes, mon maître, Et puis un grand sac, et vous verrez ça. » Voilà la vérité, Toute la vérité, Rien que la vérité Sur le chat botté. Maître Chat botté dans une garenne S'en va se poster et prend un lapin ; Chez monsieur le Roi, chez madam' la Reine Il sonne aussitôt : Drelin, din, din, din. « Sire, » dit le chat, « veuillez me permettre De vous présenter ce petit lapin D'la part du marquis d'Carabas, mon maître. » « Merci, » dit le Roi, « justement j'ai faim. » Voilà la vérité, Toute la vérité, Rien que la vérité Sur le chat botté. Le Roi se prom'nait. Le chat, plein de joie, A son maître dit : « Baignez vous, Monsieur. Au s'cours ! le marquis d'Carabas se noie ! Au s'cours ! » dit le chat, « ah! mon Dieu ! mon Dieu ! » Le Roi sur-le-champ ordonne à ses gardes D'aller au secours du pauvre marquis, Et le chat, ayant bien caché ses hardes, Le bon Roi lui prête un de ses habits. Voilà la vérité, Toute la vérité, Rien que la vérité Sur le chat botté. Il le fait monter dans sa bell' voiture, Et près de sa fille il le fait assoir. Elle le trouva de bonne figure, Ce qui certain'ment peu se concevoir. Le chat dit à ceux qu'il voyait paraître : « Si vous ne dit's pas qu'ces propriétés Sont cell's du Marquis d'Carabas, mon maître, Vous serez hachés comm' chair à pâtés. Voilà la vérité, Toute la vérité, Rien que la vérité Sur le chat botté. Le chat arriva, sur cette aventure, Dans le beau château d'un ogre puissant. « Bonjour, » lui dit-il, « seigneur, on m'assure Que vous possédez un don ravissant : De tout animal vous prenez la forme. Pourriez-vous, Monsieur, vous changer en rat ? » « Parbleu ! » répond l'ogre. « En un rat énorme Le voilà changé. » Le Chat le croqua. Voilà la vérité, Toute la vérité, Rien que la vérité Sur le chat botté. Au château le Roi vint rendre visite. « Votre majesté, » dit le chat, « n'est pas Chez un étranger ; c'est ici qu'habite Mon maître, le grand marquis d'Carabas. » « Comment ? » dit le Roi, « que viens-je d'entendre ? Mais c'est admirable ! Allons, cher marquis, Il ne tient qu'à vous d'être alors mon gendre ! Vous êtes vraiment le coq du pays ! » Voilà la vérité, Toute la vérité, Rien que la vérité Sur le chat botté. Et voilà comment, sans bien, sans famille, Le fils du meunier, grâce au Chat Botté, Épousa du Roi la charmante fille Et fut successeur de sa Majesté. Quant au Chat Botté, pour qu'on n'en ignore, Il faut grand seigneur et riche à plaisir. Après les souris s'il courait encore, C'était, en tous cas, pour se divertir. Voilà la vérité, Toute la vérité, Rien que la vérité Sur le chat botté.
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Researcher for this page: Johann Winkler6. Cendrillon
Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon ; Près du feu, toute seulette, Elle gardait la maison. Elle lavait la vaisselle ; Ses sœurs, pendant ce temps-là, Mettaient rubans et dentelle, Crinoline et falbala. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon. L'héritier de la couronne Donnait un grand festival ; Cendrillon, aimable et bonne, Coiffa ses sœurs pour le bal. Puis, toujours mal attifée, Triste de les voir partir, Chez sa marraine la Fée Cendrillon s'en fut courir. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon. Sa marraine, Fée Gribouille, Eut pitié d'son triste sort : Elle change une citrouille En un beau carrosse d'or. Elle chang' six souris grises En six chevaux à poil ras ; Puis en deux clochers d'remises Elle change deux gros rats. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon. Ell' chang' six lézards dans l'herbe En six laquais de grand ton Et change en robe superbe De Cendrillon le jupon. « Cendrillon, » dit Fée Gribouille, « N'rentre pas après minuit, Ou l'carross' red'vient citrouille Et ta bell' rob' vieil habit. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon. Cendrillon gaîment s'élance, Triomphante elle entre au bal. Avec le prince elle danse, Son bonheur est sans égal. Tant et si bien qu'elle laisse Passer minuit, sort fatal ! Puis, fuyant à tout' vitesse, Perd sa pantoufle en cristal. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon. Le prince, un fort galant homme, Trouva le soulier perdu ; Jamais, dans tout son royaume, Si p'tit pied il n'avait vu. Vite, aussitôt il ordonne A son d'tromp' de publier, Qu'il épous'ra la personne, Qui chauss'ra le p'tit soulier. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon. Dir' que la cour, les princesse, S'escrimèrent bellement, Et duchesses et comtesses, Point n'est besoin franchement. Mais chacune en vain s'essouffle, Le soulier est trop mignon, Il n'entra dans la pantoufle Que le pied de Cendrillon. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon. Le prince était équitable : Il épousa Cendrillon, Qui tira soulier semblable De dessous son cotillon. « Ah ! » dit le princ', « tout s'explique. Que je suis heureux vraiment ! » On fit un' noc' magnifique, Qui coûta beaucoup d'argent. Il était une fillette Qu'on appelait Cendrillon.
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Researcher for this page: Johann Winkler7. Riquet à la Houppe
Une fois il était Un p'tit prince effroyable, Il se nommait Riquet, Était laid comm' le diable. Sur la tête il avait De cheveux une houppe C'qui fait qu'on l'appelait Riquet à la Houppe. La fée avait dit, Quand il naquit : Ce p'tit monstre-là s'ra tout plein d'esprit. Dans un pays voisin Naquit une princesse Belle, adorable, enfin Pleine de gentillesse. Sa joue avait l'éclat De la fleur fraîche éclose, C'qui fait qu'on l'appela La princesse Rose. La fée avait dit, Quand ell' naquit : Ell' sera plus bêt' que n'importe qui. Il advint une fois, Que Riquet à la Houppe Vit la princesse au bois Et flamba comme étoupe. Il demanda sa main, Fit valoir sa noblesse : « Vous êtes trop vilain, » Lui dit la princesse. « C'est vrai, » dit Riquet, Je suis très laid, Mais vous êtes bête comme un mulet. De donner la beauté Vous avez la puissance ; Moi, j'ai la faculté De donner la science. Faites donc le souhait, O ma belle princesse, Que je ne sois plus laid, Et ma laideur cesse. Rendez-moi joli Et bien bâti, Et je vous donn'rai, moi, beaucoup d'esprit. Aussitôt dit que fait. Rose dit : « Je souhaite, Mon cher monsieur Riquet, Que vous changiez de tête. » Riquet en change et dit : « Madame, je souhaite Que vous ayez d'l'esprit Au lieu d'être bête ... » La princesse en eut, Chacun se plut Et chez monsieur l'maire aussitôt s'en fuit.
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Researcher for this page: Johann Winkler8. Le petit poucet
Un bûch'ron ainsi qu'un' bûch'ronne
. . . . . . . . . .
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9. Peau d'âne
Il était un' fois un Roi et un' Reine Ayant une fille, un objet charmant. Ils avaient aussi, la chose est certaine, Un âne doué d'un don surprenant. Unique en son genre, en un mot, cet âne Au lieu de fumier faisait des louis d’or, De l'or en lingots, de l'or diaphane ; Pour le Roi cet âne était un trésor. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. Le Roi, qui voulait l'bonheur de sa fille, Un jour lui dit : « Le quatorze août prochain, Ma fille, il faudra quitter ta famille, Car je te marie au Prince Machin. » La jeune Princesse était fort en peine, Ne sachant que faire, ennuyée, hélas ! Elle s'en alla trouver sa marraine, Que l'on appelait la Fée aux Lilas. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. « Oh ! mais, » dit la Fée, « oh! mais c'est horrible ! Eloignons bien vite un danger pareil. Demande à ton père un' chose impossible, Un' robe en satin couleur de soleil. » La Princesse alors demande à son père La robe en question ; le Roi, tout joyeux, Commande la robe à la couturière, Tous ceux qui la voient en ont mal aux yeux. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. La Princesse alors ne sait plus que faire, Elle s'en va chez la Fée aux Lilas, Qui lui dit : « Eh bien ! demande à ton père La peau de son âne. Il ne voudra pas. » La Princesse au Roi fait cette demande ; Le Roi fait tuer l'âne comme un veau, Et de la Princess' la surprise est grande, Quand le Roi lui vient apporter la peau. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. La Fée aux Lilas dit à sa filleule : « Allons, de cett' peau d'âne entoure-toi. Sors de ce palais et fuis toute seule, Afin d'échapper au courroux du Roi. Tous tes beaux atours, tes bijoux de Reine Partout te suivront. Laisse-moi ce soin. » La Princesse embrasse alors sa marraine Et s'enfuit bien loin, mais bien loin, bien loin. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. Peau d'âne se met servante de ferme Et gard' les dindons dans les basses-cours. Mais chaque dimanch' vite elle s'enferme Et met aussitôt ses plus beaux atours. Un jour que Peau d'âne avait, la coquette, Sa robe en satin couleur de soleil, Le fils de Roi passe ; il voit sa toilette, Devient amoureux et perd le sommeil. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. Il ne mange plus, et la fièvre augmente. « Ah ! » dit la Reine, « ah ! mon fils, que veux-tu ? Ouvre un peu ton cœur à ta mère aimante, Parle et ton désir sera prévenu. Veux-tu du ricin ou de la tisane ? » Le prince répond : « Je veux un gâteau, Mais que ce gâteau soit fait par Peau d'âne. » Alors vers Peau d'âne on court aussitôt. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. Or dans le gâteau que trouva le Prince ? Ah ! devinez ! un superbe anneau d'or ! Un petit anneau, si mince, si mince, Que le Roi charmé publie à son d'cor Que celle de qui le petit doigt rose Dans le dit anneau bien juste entrera, Grande dame ou non, qu'on jase ou qu'on glose, Sur l'heure à son fils il la mariera. Il est bien prouvé Que c'est arrivé. Marquise, bourgeoise et puis paysanne Essayèrn't d'entrer l'anneau vainement. Quand ce fut enfin au tour de Peau d'âne, Elle entre l'anneau très facilement. La Fée aux Lilas vint sur un nuage Et conta la chose au Roi de son mieux. On fit le jour même un beau mariage ; Peau d'âne et le Princ' furent très heureux. Il est bien prouvé Que c'est arrivé.
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Researcher for this page: Johann Winkler10. Les souhaits ridicules
Il était une fois un pauvre bûcheron, Dégoûté, fatigué de sa pénible vie. « Pourquoi, » s'écriait-il en poussant un juron, « Le ciel dont on dépeint la justice infinie, Pourquoi le ciel jaloux n'a-t'il voulu jamais Exaucer seulement un seul de mes souhaits ? La mort est préférable A mon sort misérable. » Juste à ces mots, le diable en personne apparut Et lui dit : « Parle, allons, j'exauce ta prière ! » Vous concevez la peur que le bonhomme en eut ! Il s'écria de suite en se jetant par terre : « Non, non, je ne veux rien ! » « Si fait, je te promets D'exaucer pleinement tes trois premiers souhaits ; Car je suis un bon diable, Je suis très serviable. » Notre homme rassuré revient à la maison, Raconte en quatre mots tout à sa ménagère : « Ça, réfléchissons bien, » dit-il, « avec raison, Et ne demandons rien au diable à la légère. » Le feu flambait. Il dit : « Qu'une aune de boudin Ferait bien notre affaire en ce moment ! » Soudain Le boudin, en cadence, S'avance, ...vance, ...vance. Lors sa femme lui dit : « Faut-il que tu sois sot ! Quand tu peux demander cinq cents billets, de mille, Un empire, enfin tout, demander, gros nigaud, Une aune de boudin ! Tu n'es qu'un imbécile ! » A ces mots, le mari se fâche et crie : « Assez ! Tiens, je voudrais, » dit-il, «qu'il te pendit au nez ! » V'lan ! le boudin se colle Au nez de la vieill'folle. « Je n'ai plu qu'un souhait, » dit notre bûcheron, « Il ne tiendrait qu'à moi de posséder un trône ! Mais le puis-je ? La reine, un pareil laideron ! La reine, mon épouse, avec un nez d'une aune ! » Puis, après maint soupir : « Je souhaite, » dit-il, Que l'aune de boudin s'en vienne sur le gril. » Et par une friture Finit cette aventure.
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