La lune était sereine et jouait sur les flots. -- La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise, La sultane regarde, et la mer qui se brise, Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots. De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare. Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos. Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos, Battant l'archipel grec de sa rame tartare ? Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour, Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ? Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'un voix grêle, Et jette dans la mer les créneaux de la tour ? Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -- Ni le noir cormoran, sur la vague bercé, Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames. Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots. On verrait, en sondant la mer qui les promène, Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -- La lune était sereine et jouait sur les flots.
Sechs Lieder nach Victor Hugo
by Klaus Miehling (b. 1963)
1. Clair de lune  [sung text not yet checked]
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- by Victor Hugo (1802 - 1885), "Clair de lune", written 1828, appears in Les Orientales, no. 10, first published 1829
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- ENG English (Garrett Medlock) , "Moonlight", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
2. Printemps  [sung text not yet checked]
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes ; L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; Il semble que tout rit, et que les arbres verts Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers. Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ; Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre, A travers l’ombre immense et sous le ciel béni, Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), "Printemps", appears in Toute la lyre - nouvelle série
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , "春天", copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
3. Nuits de juin  [sung text not yet checked]
L'été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte La plaine verse au loin un parfum enivrant ; Les yeux fermés, l'oreille aux rumeurs entr'ouverte, On ne dort qu'à demi d'un sommeil transparent. Les astres sont plus purs, l'ombre paraît meilleure ; Un vague demi-jour teint le dôme éternel ; Et l'aube, douce et pâle, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
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- by Victor Hugo (1802 - 1885), "Nuits de juin", appears in Les Rayons et les Ombres, no. 43, first published 1840
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- ENG English (David K. Smythe) , "June nights", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
4. Crépuscule  [sung text not yet checked]
L’étang mystérieux, suaire aux blanches moires, Frisonne ; au fond du bois la clairière apparaît ; Les arbres sont profonds et les branches sont noires ; Avez-vous vu Vénus à travers la forêt? Avez-vous vu Vénus au sommet des collines? Vous qui passez dans l’ombre, êtes-vous des amants? Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines ; L’herbe s’éveille et parle aux sépulcres dormants. Que dit-il, le brin d’herbe? et que répond la tombe? Aimez, vous qui vivez! on a froid sous les ifs. Lèvre, cherche la bouche! aimez-vous! la nuit tombe ; Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs. Dieu veut qu’on ait aimé. Vivez! faites envie, Ô couples qui passez sous le vert coudrier. Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie, On emporta d’amour, on l’emploie à prier. Les mortes d’aujourd’hui furent jadis les belles. Le ver luisant dans l’ombre erre avec son flambeau. Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles, Le brin d’herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau. La forme d’un toit noir dessine une chaumière ; On entend dans les prés le pas lourd du faucheur ; L’étoile aux cieux, ainsi qu’une fleur de lumière, Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur. Aimez-vous! c’est le mois où les fraises sont mûres. L’ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents, Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures, Les prières des morts aux baisers des vivants.
Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), "Crépuscule"
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- ENG English (Garrett Medlock) , "Twilight", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
5. Voici que la saison décline  [sung text not yet checked]
Voici que la saison décline, L'ombre grandit, l'azur décroît, Le vent fraîchit sur la colline, L'oiseau frissonne, l'herbe a froid. Août contre septembre lutte ; L'océan n'a plus d'alcyon ; Chaque jour perd une minute, Chaque aurore pleure un rayon. La mouche, comme prise au piège, Est immobile à mon plafond ; Et comme un blanc flocon de neige, Petit à petit, l'été fond.
Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), no title
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- ENG English (Garrett Medlock) , "Here the season weakens", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
6. Demain, dès l'aube  [sung text not yet checked]
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), no title, written 1847, appears in Les Contemplations, in 4. Livre quatrième -- Pauca Meae, no. 14
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- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission