Si j'ai parlé De mon amour, c'est à l'eau lente Qui m'écoute quand je me penche Sur elle ; si j'ai parlé De mon amour, c'est au vent Qui rit et chuchote entre les branches ; Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau Qui passe et chante Avec le vent ; Si j'ai parlé C'est à l'écho. Si j'ai aimé de grand amour, Triste ou joyeux, Ce sont tes yeux ; Si j'ai aimé de grand amour, Ce fut ta bouche grave et douce, Ce fut ta bouche ; Si j'ai aimé de grand amour, Ce furent ta chair tiède et tes mains fraiches, Et c'est ton ombre que je cherche.
Poèmes d'automne
Song Cycle by Gabriel Dupont (1878 - 1914)
1. Si j'ai aimé  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Henri Francois-Joseph de Régnier (1864 - 1936), "Odelette IV", written 1897, appears in Les jeux rustiques et divins, in 4. La corbeille des heures, no. 8, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1897
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
2. Ophélie  [sung text not yet checked]
I Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles... On entend dans les bois lointains des hallalis. Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir. Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir. Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux. Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile : Un chant mystérieux tombe des astres d'or. II Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ; C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ; Que ton coeur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ; C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux ! Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu : Tes grandes visions étranglaient ta parole Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu ! III Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ; Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
Text Authorship:
- by Arthur Rimbaud (1854 - 1891), "Ophélie"
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- ITA Italian (Italiano) (Ferdinando Albeggiani) , "Ofelia", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
3. Au temps de la mort des marjolaines  [sung text not yet checked]
Au temps de la mort des marjolaines, Alors que bourdonne ton léger Rouet, tu me fais, les soirs, songer A tes aïeules les châtelaines. Tes doigts sont fluets comme les leurs Qui dévidaient les fuseaux fragiles. Que files-tu, soeur, en ces vigiles, Où tu chantes d'heurs et de malheurs ? Seraient-ce des linceuls pour tes rêves D'amour, morts en la saison des pleurs D'avoir vu mourir toutes les fleurs Qui parfumèrent les heures brèves ? Oh ! le geste fatal de tes mains Pâles, quand je parle de ces choses, De tes mains qui bénirent les roses En nos jours d'amour sans lendemains ! C'est le vent d'automne dans l'allée, Soeur, écoute, et la chute sur l'eau Des feuilles du saule et du bouleau, Et c'est le givre dans la vallée. Dénoue - il est l'heure - tes cheveux Plus blonds que le chanvre que tu files ; L'ombre où se tendent nos mains débiles Est propice au murmure des voeux. Et viens, pareille à ces châtelaines Dolentes à qui tu fais songer, Dans le silence où meurt ton léger Rouet, ô ma soeur des marjolaines !
Text Authorship:
- by Stuart Merrill (1863 - 1915), "Au temps de la mort des marjolaines", appears in Petits poèmes d'automne, in 1. Amour d'automne, no. 5, Paris, Éd. Léon Vanier, first published 1895
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. La fontaine de pitié  [sung text not yet checked]
Les larmes sont en nous. C'est la sécurité Des peines de savoir qu'il y a des larmes toujours prêtes. Les coeurs désabusés les savent bien fidèles ; On apprend, dès l'enfance, à n'en jamais douter. Ma mère à la première a dit : » Combien sont-elles ? « Des larmes sont en nous, et c'est un grand mystère. Coeur d'enfant, coeur d'enfant, que tu me fais de peine A les voir prodiguer ainsi et t'en défaire A tout venant, sans peur de tarir la dernière ! Et celle-là, pourtant, vaut bien qu'on la retienne. Non ce n'est pas les fleurs, non, ce n'est pas l'été Qui nous consoleront si tendrement, c'est elles. Elles nous ont connus petits et consolés ; Elles sont là, en nous, vigilantes, fidèles, Et les larmes aussi pleurent de nous quitter.
Text Authorship:
- by Henry Bataille (1872 - 1922), "La fontaine de pitié", written 1904, appears in Le beau voyage, in Et voici le Jardin..., no. 3, Paris, Éd. Charpentier, first published 1904
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. La neige
Dans l'interminable Ennui de la plaine, La neige incertaine Luit comme du sable. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait voir vivre Et mourir la lune. Comme des nuées Flottent gris les chênes Des forêts prochaines Parmi les buées. Le ciel est de cuivre Sans lueur aucune. On croirait vivre Et mourir la lune. Corneilles poussives, Et vous, les loups maigres, Par ces bises aigres Quoi donc vous arrive? Dans l'interminable Ennui de la plaine La neige incertaine Luit comme du sable . . .
Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), no title, written 1874, appears in Romances sans paroles, in Ariettes oubliées, no. 8, Sens, Typographie de Maurice L'Hermite, first published 1874
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- ENG English (Corinne Orde) , "In the endless tedium of the plain", copyright © 2008, (re)printed on this website with kind permission
6. Le silence de l'eau
Le grand jet d'eau qui sanglotait Nuit et jour, âme inconsolée Sous la voute à demi croulée Est mort cette nuit et se tait Et le vent fou qui l'insultait Et chassait sa gerbe en volée Mêle les feuilles de l'allée A son silence qui chantait Mais sa tristesse survit toute Tandis qu'autrefois à goutte Tressaillait l'écho de la voute. Maintenant l'eau qui remuait Semble un lac de pleurs sourds... Écoute : il y rode un sanglot muet.
Text Authorship:
- by Fernand Gregh (1873 - 1960), "Le silence de l'eau", appears in La Maison de l'Enfance, in 6. Soupirs, no. 3, Éd. Calmann-Lévy, first published 1897
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Researcher for this page: Emily Ezust [Administrator]7. Douceur du soir  [sung text not yet checked]
Douceur du soir! Douceur de la chambre sans lampe! Le crépuscule est doux comme une bonne mort Et l'ombre lentement qui s'insinue et rampe Se déroule en pensée au plafond. Tout s'endort. Comme une bonne mort sourit le crépuscule Et dans le miroir terne, en un geste d'adieu, Il semble doucement que soi-même on recule, Qu'on s'en aille plus pâle et qu'on y demeure un peu. Sur les tableaux pendus au murs, dans la mémoire Où sont les souvenirs en leurs cadres déteints, Paysages de l'âme et paysages peints, On croit sentir tomber comme une neige noire. Douceur du Soir! Douceur qui fait qu'on s'habitue À la sourdine, aux sons de viole assoupis; L'amant entend songer l'amante qui s'est tue Et leurs yeux sont ensemble aux dessins du tapis. Et langoureusement la clarté se retire. Douceur! Ne plus voir distincts! N'être plus qu'un! Silence! deux senteurs en un même parfum: Penser la même chose et ne pas se le dire.
Text Authorship:
- by Georges Rodenbach (1855 - 1898), no title, written 1888?, appears in Le Règne du Silence, Poème, in 6. Du silence, no. 2, Paris, Éd. Bibliothèque Charpentier, first published 1891
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Researcher for this page: Geoffrey Wieting8. Sur le vieux banc
Regarde ! Il n’est qu’un astre aux cieux, Et qu’un chemin devant la porte ; Écoute ! Il n’est qu’un chant qui sorte De ce verger silencieux. Il n’est qu’un souffle sur la lande, Qu’un feu de pâtre à l’horizon. Et tout autour de la maison Qu’un seul parfum qui se répande. Dans le bleu clair de cette nuit Il n’est qu’une cloche qui tinte, Qu’une hirondelle, hors d’atteinte, Qu’une voile sur l’eau, sans bruit. Tourne les yeux, prête l’oreille Tout auprès de nous à présent. Dans l’herbe il n’est qu’un ver luisant, Qu’un nid qui reste sur la treille. Rentre en toi-même ! À notre mort, Il n’est qu’un amour qui rayonne, Qui caresse, embaume et résonne, Qui nous guide quand tout s’endort.
Text Authorship:
- by Léon Dierx (1838 - 1912), "Sur le vieux banc", appears in Les amants, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1879
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Researcher for this page: Eric Bauer