Les vents soufflent 
sur la pente de sapins,
Les sources rugissent 
le long de la vallée ;
Je me promène seul 
à travers la forêt et la neige,
Par maintes lieues 
de sommet en sommet.

Et même si la vie 
dans la vallée ouverte
S'élève aussi 
vers les rayons du soleil,
Je dois aller 
avec des pensées furieuses
Et préférer 
regarder l'hiver.

Sur la lande verte, 
sur les prairies multicolores,
Je devrais voir 
seulement ma douleur,
Alors que la vie germe 
dans la pierre même,
Et, ah, qu'une seule créature 
me ferme son cœur.

Ô amour, amour, 
ô souffle de mai,
Tu pousses les bourgeons 
de l'arbre et de l'arbuste,
Les oiseaux chantent 
depuis les sommets verts,
Les sources jaillissent 
à ton souffle.

Tu me laisses marcher 
dans une sombre folie
À travers les vents qui sifflent 
sur un chemin cahoteux.
Ô lumière du printemps, 
ô éclat des fleurs,
Je ne dois plus jamais 
me réjouir de toi ?

À l'heure solennelle de la mort,
Quand un jour je partirai d'ici
Et je subirai la dernière bataille,
Fais descendre, ô sainte muse,
Encore une fois tes chants tranquilles,
Encore une fois tes notes pures,
Sur la blessure profonde de l'adieu
Pour guérir mon cœur

Élève hors de cercle terrestre
Mon âme pure et opprimée,
Porte-la sur tes ailes,
Pour qu'elle soit unie à la lumière.
Alors les sons m'entourent
De douceur et me remplissent de bonheur,
Et les chaînes que je briserai
Disparaîtront en silence et légèrement.

Je regarderai toute la grandeur
Qui m'a donné de la joie dans la vie,
Toute la beauté qui a fleuri pour moi
Sera glorifiée devant moi.
Chaque étoile qui a brillé pour moi,
Qui avec un éclat amical
À travers l'obscurité horrible
Regardaient mon bref voyage,
Chaque fleur qui l'ornait,
M'apporteront ces notes.

Et ces minutes terrifiantes
Où j'aurai saigné douloureusement
M'envelopperont de sons joyeux,
Et je verrai la transfiguration
Se déverser sur toutes les choses.
Ainsi dans le bonheur je disparaîtrai,
Doucement englouti dans des flots de joie.

Je suis allongé dans une prairie verte,
Près de la rive d'un ruisseau clair ;
Les ombres des aulnes rafraîchissaient
Le feu de mes joues brûlantes.
Je pensais à ceci et à cela,
Et je rêvais, doucement troublé,
À tant de biens, à tant de beautés
Que ce monde ne donne pas.

Et regarde ! Du bosquet flotte
Une jeune fille, claire comme le soleil ;
Un voile blanc s'agite
Autour de ses cheveux châtains.
Autour de ses yeux humides et brillants
Flottait un bleu éthéré,
Ses cils mouillés scintillaient
De perles de rosée de tristesse.

Un sourire triste jouait
Autour de sa bouche douce.
Elle frissonna, elle tremblait !
Ses yeux pleins de larmes,
Son regard plein de désir d'amour,
Comme je l'ai dit, me cherchait.
Qui serait, comme moi, si imaginatif,
Serait si heureux, comme moi !

Je me levais pour l'embrasser !
Et hélas, elle recula d'un pas,
Je vis qu'elle blêmissait vite,
Et son regard devint plus triste.
Elle me regardait avec tant de ferveur,
Elle me fit un geste de la main,
Vers le haut, pensivement,
Vers le ciel et disparut.

Adieu, adieu, apparition !
Adieu, je te connais bien
Et le sens de ton signe
Je le comprends, comme je dois...
Bien que nous soyons séparés pour un temps,
Un lien plus beau nous réunit ;
Tout là-haut, pas ici-bas,
L'amour a sa demeure.