Une Grenouille vit un Bœuf Qui lui sembla de belle taille. Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant: "Regardez bien, ma sœur ; Est-ce assez? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? - Nenni. - M'y voici donc? - Point du tout. - M'y voilà ? - Vous n'en approchez point." La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.
25 fables de La Fontaine
Song Cycle by Melchior Alexandre Bruneau (1823 - 1898)
1. La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf  [sung text not yet checked]
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf", written 1668, appears in Fables
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- ENG English (Peter Low) , "The frog who wanted to be as big as an ox", copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
2. Le Loup plaidant contre le renard par‑devant le singe  [sung text not yet checked]
Un loup disait que l’on l’avait volé : Un renard, son voisin, d’assez mauvaise vie, Pour ce prétendu vol par lui fut appelé. Devant le singe il fut plaidé, Non point par avocats, mais par chaque partie. Thémis n’avait point travaillé, De mémoire de singe, à fait plus embrouillé. Le magistrat suait en son lit de justice. Après qu’on eut bien contesté, Répliqué, crié, tempesté, Le juge, instruit de leur malice, Leur dit : Je vous connais de longtemps, mes amis ; Et tous deux vous paierez l’amende : Car toi, loup, tu te plains, quoiqu’on ne t’ait rien pris ; Et toi, renard, as pris ce que l’on te demande. Le juge prétendait qu’à tort et à travers, On ne saurait manquer, condamnant un pervers.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. L'âne et le petit chien  [sung text not yet checked]
Ne forçons point notre talent ; Nous ne ferions rien avec grâce : Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse, Ne saurait passer pour galant. Peu de gens, que le ciel chérit et gratifie, Ont le don d'agréer infus avec la vie. C'est un point qu'il leur faut laisser, Et ne pas ressembler à l'âne de la fable, Qui, pour se rendre plus aimable, Et plus cher à son maître, alla le caresser. Comment ! disait-il en son âme, Ce chien, parce qu'il est mignon, Vivra de pair à compagnon Avec monsieur, avec madame ; Et j'aurai des coups de bâton ! Que fait-il ? il donne la patte ; Puis aussitôt il est baisé : S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte, Cela n'est pas bien malaisé. Dans cette admirable pensée, Voyant son maître en joie, il s'en vient lourdement, Lève une corne toute usée, La lui porte au menton fort amoureusement, Non sans accompagner, pour plus grand ornement, De son chant gracieux cette action hardie. Oh ! oh ! quelle caresse ! et quelle mélodie ! Dit le maître aussitôt. Holà, Martin-bâton ! Martin-bâton accourt : l'âne change de ton. Ainsi finit la comédie.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "L'âne et le petit chien", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Les médecins  [sung text not yet checked]
Le médecin Tant-Pis allait voir un Malade Que visitait aussi son Confrère Tant-Mieux. Ce dernier espérait, quoique son Camarade Soutînt que le Gisant irait voir ses aïeux. Tous deux s'étant trouvés différents pour la cure, Leur Malade paya le tribut à Nature, Après qu'en ses conseils Tant-Pis eut été cru. Ils triomphaient encor sur cette maladie. L'un disait : Il est mort, je l'avais bien prévu. S'il m'eût cru, disait l'autre, il serait plein de vie.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Les médecins", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Le serpent et la lime  [sung text not yet checked]
On conte qu'un serpent, voisin d'un horloger, (C'était pour l'horloger un mauvais voisinage), Entra dans sa boutique, et, cherchant à manger, N'y rencontra pour tout potage Qu'une lime d'acier qu'il se mit à ronger. Cette lime lui dit, sans se mettre en colère : Pauvre ignorant, eh ! que prétends-tu faire ? Tu te prends à plus dur que toi, Petit serpent à tête folle : Plutôt que d'emporter de moi Seulement le quart d'une obole, Tu te romprais toutes les dents. Je ne crains que celles du temps. Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre, Qui, n'étant bons à rien, cherchez surtout à mordre. Vous vous tourmentez vainement. Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages Sur tant de beaux ouvrages ? Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le serpent et la lime", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Le lion s'en allant en guerre  [sung text not yet checked]
Le lion dans sa tête avait une entreprise : Il tint conseil de guerre, envoya ses prévôts, Fit avertir les animaux. Tous furent du dessein, chacun selon sa guise : L'éléphant devait sur son dos Porter l'attirail nécessaire, Et combattre à son ordinaire ; L'ours, s'apprêter pour les assauts ; Le renard, ménager de secrètes pratiques ; Et le singe, amuser l'ennemi par ses tours. Renvoyez, dit quelqu'un, les ânes, qui sont lourds, Et les lièvres, sujets à des terreurs paniques. Point du tout, dit le roi ; je les veux employer : Notre troupe sans eux ne serait pas complète. L'âne effrayera les gens, nous servant de trompette ; Et le lièvre pourra nous servir de courrier. Le monarque prudent et sage De ses moindres sujets sait tirer quelque usage, Et connaît les divers talents. Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le lion s'en allant en guerre", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. Le rat de ville et le rat des champs  [sung text not yet checked]
Autrefois le Rat de ville Invita le Rat des champs, D'une façon fort civile, A des reliefs d'Ortolans. Sur un Tapis de Turquie Le couvert se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu'un troubla la fête Pendant qu'ils étaient en train. A la porte de la salle Ils entendirent du bruit : Le Rat de ville détale ; Son camarade le suit. Le bruit cesse, on se retire : Rats en campagne aussitôt ; Et le citadin de dire : Achevons tout notre rôt. - C'est assez, dit le rustique ; Demain vous viendrez chez moi : Ce n'est pas que je me pique De tous vos festins de Roi ; Mais rien ne vient m'interrompre : Je mange tout à loisir. Adieu donc ; fi du plaisir Que la crainte peut corrompre.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le rat de ville et le rat des champs", written 1668, appears in Fables
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- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
8. Le loup et l'agneau  [sung text not yet checked]
La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure. Un agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure. Un loup survint à jeun, qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'elle ; Et que, par conséquent, en aucune façon Je ne puis troubler sa boisson. Tu la troubles ! reprit cette bête cruelle ; Et je sais que de moi tu médis l'an passé. Comment l'aurais-je fait, si je n'étais pas né ? Reprit l'agneau : je tette encore ma mère. -- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. -- Je n'en ai point. -- C'est donc quelqu'un des tiens ; Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts Le loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le loup et l'agneau", written 1668, appears in Fables
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- ENG English (David Jonathan Justman) , "The wolf and the lamb", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
9. Le lion et le rat  [sung text not yet checked]
Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde : On a souvent besoin d'un plus petit que soi. De cette vérité deux Fables feront foi, Tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un Lion Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie. Le Roi des animaux, en cette occasion, Montra ce qu'il était, et lui donna la vie. Ce bienfait ne fut pas perdu. Quelqu'un aurait-il jamais cru Qu'un Lion d'un Rat eût affaire ? Cependant il advint qu'au sortir des forêts Ce Lion fut pris dans des rets, Dont ses rugissements ne le purent défaire. Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le lion et le rat", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]10. Le renard ayant la queue coupée  [sung text not yet checked]
Un vieux renard, mais des plus fins, Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins, Sentant son renard d'une lieue, Fut enfin au piège attrapé. Par grand hasard en étant échappé, Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue ; S'étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux, Pour avoir des pareils (comme il était habile), Un jour que les renards tenaient conseil entre eux : Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile, Et qui va balayant tous les sentiers fangeux ? Que nous sert cette queue ? il faut qu'on se la coupe S'y l'on me croit, chacun s'y résoudra. Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe : Mais tournez-vous, de grâce ; et l'on vous répondra. À ces mots il se fit une telle huée Que le pauvre écourté ne put être entendu. Prétendre ôter la queue eût été temps perdu : La mode en fut continuée.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le renard ayant la queue coupée", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]11. Le lion et le chasseur  [sung text not yet checked]
Un fanfaron, amateur de la chasse, Venant de perdre un chien de bonne race Qu'il soupçonnait dans le corps d'un lion, Vit un berger. Enseigne-moi, de grâce, De mon voleur, lui dit-il, la maison ; Que de ce pas je me fasse raison. Le berger dit : C'est vers cette montagne. En lui payant de tribut un mouton Par chaque mois, j'erre dans la campagne Comme il me plaît ; et je suis en repos. Dans le moment qu'ils tenaient ces propos Le lion sort, et vient d'un pas agile. Le fanfaron aussitôt d'esquiver ; Ô Jupiter, montre-moi quelque asile, S'écria-t-il, qui me puisse sauver ! La vraie épreuve de courage N'est que dans le danger que l'on touche du doigt : Tel le cherchait, dit-il, qui, changeant de langage, S'enfuit aussitôt qu'il le voit.
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- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le lion et le chasseur", written 1671, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]12. Le laboureur et ses enfants  [sung text not yet checked]
Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins. Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage Que nous ont laissé nos parents : Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût[1] : Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. Le père mort, les fils vous retournent le champ, De çà, de là, partout ; si bien qu'au bout de l'an Il en rapporta davantage. D'argent, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer, avant sa mort, Que le travail est un trésor.
Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le laboureur et ses enfants", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]13. Le corbeau et le renard  [sung text not yet checked]
Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage: Hé! Bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli! Que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie; Et, pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tombe sa proie. Le renard s'en saisit, et dit: Mon bon monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute: Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le corbeau et le renard", written 1668, appears in Fables
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Jonathan Justman) , "The Raven and the Fox", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
See also Le renard et le corbeau.
Researcher for this page: Geoffrey Wieting
14. La cigale et la fourmi  [sung text not yet checked]
La cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. «Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'août, foi d'animal, Intérêt et principal.» La Fourmi n'est pas prêteuse; C'est là son moindre défaut. «Que faisiez-vous au temps chaud? Dit-elle à cette emprunteuse. -- Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. -- Vous chantiez? j'en suis fort aise. Et bien! dansez maintenant.»
Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "La cigale et la fourmi", written 1668, appears in Fables
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- ENG English (Emily Ezust) , "The grasshopper and the ant", copyright © 2016
See also La cigale vengée.
Researcher for this page: Ted Perry
15. Le lion devenu vieux  [sung text not yet checked]
Le Lion, terreur des forêts, Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse, Fut enfin attaqué par ses propres sujets, Devenus forts par sa faiblesse. Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied ; Le Loup un coup de dent, le Boeuf un coup de corne. Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne, Peut a peine rugir, par l'âge estropié. Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes ; Quand voyant l'Ane même à son antre accourir : "Ah ! c'est trop, lui dit-il ; je voulais bien mourir ; Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes."
Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le Lion devenu vieux", written 1668, appears in Fables, Livre III, no. 14
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]16. La belette entrée dans un grenier  [sung text not yet checked]
Damoiselle belette, au corps long et fluet, Entra dans un grenier par un trou fort étroit : Elle sortait de maladie. Là, vivant à discrétion, La galande fit chère lie, Mangea, rongea : Dieu sait la vie, Et le lard qui périt en cette occasion ! La voilà, pour conclusion, Grasse, maflue, et rebondie. Au bout de la semaine, ayant dîné son soûl, Elle entend quelque bruit, veut sortir par le trou, Ne peut plus repasser, et croit s'être méprise. Après avoir fait quelques tours, C'est, dit-elle, l'endroit, me voilà bien surprise ; J'ai passé par ici depuis cinq ou six jours, Un rat, qui la voyait en peine, Lui dit : Vous aviez lors la panse un peu moins pleine. Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir. Ce que je vous dis là, l'on le dit à bien d'autres ; Mais ne confondons point, par trop approfondir, Leurs affaires avec les vôtres.
Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "La belette entrée dans un grenier", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]17. Le coq et la perle  [sung text not yet checked]
Un jour un coq détourna Une perle, qu'il donna Au beau premier lapidaire. Je la crois fine, dit-il ; Mais le moindre grain de mil Serait bien mieux mon affaire. Un ignorant hérita D'un manuscrit qu'il porta Chez son voisin le libraire. Je crois, dit-il, qu'il est bon ; Mais le moindre ducaton Serait bien mieux mon affaire.
Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le coq et la perle", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]18. Le geai paré des plumes du paon  [sung text not yet checked]
Un paon muait : un geai prit son plumage ; Puis après se l'accommoda ; Puis parmi d'autres paons tout fiers se panada, Croyant être un beau personnage. Quelqu'un le reconnut : il se vit bafoué, Berné, sifflé, moqué, joué, Et par messieurs les paons plumé d'étrange sorte ; Même vers ses pareils s'étant réfugié, Il fut par eux mis à la porte. Il est assez de geais à deux pieds comme lui, Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui, Et que l'on nomme plagiaires. Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui : Ce ne sont pas là mes affaires.
Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le geai paré des plumes du paon", written 1668, appears in Fables
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]19. Les grenouilles qui demandent un roi  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Scène comique et parodiée
Certain jour au fond des eaux aux habitants des roseaux, une grenouille en pleurant tint ce discours éloquent. Il serait urgent ma foi, de choisir un roi, mes sœurs croyez-moi. Et tandis qu'elle parlait, une grenouille chantait. Va t'en voir s'ils viennent, Jean, va t'ennent. Jupiter fut consulté, et ce Dieu dans sa bonté d'un soliveau leur fit don mais ce monarque trop bon fut par son peuple entêté, d'abord plaisanté et fort mal traité. Il régnait avec douceur celà lui porta malheur. Va t'en etc. Depuis ce temps là de rois elles changèrent quatre fois. Lors qu'une grue à son tour au marais vint tenir cour. Sous c'regim' un peu glissant, L'peuple croassant allait décroissant. Et fut dans l'enchantement de ce nouveau changement. Va t'en etc. Des sujets marécageux les plaintes furent aux cieux. "Vous aviez un roi trop doux," dit Jupiter en courroux. "Vous souffrez par ci, par là, pourtant, halte-là, gardez celui-là. Folles n'en changez jamais, il en est de plus mauvais. Va t'en etc. Bref, de cette fable-ci la morale la voici: Quoi qu'à moitié bien logé, ne donnez jamais congé. Souvent en déménageant, souvenez-vous en, souvenez-vous en. Les locataires sont forcés de payer les pots cassés. Va t'en etc.
Authorship:
- by Anonymous / Unidentified Author
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Note: see also Jean de La Fontaine's Les grenouilles qui demandent un roi.
Researcher for this page: Johann Winkler
20. La cigogne et le renard  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Comique et parodiée
Un jour d'un air aimable Un vieux r'nard bon vivant Invitait à sa table C'qui n'arrive pas souvent. Sa voisin' la cigogne, qui s'garda d'refuser Son concours à la b'sogne, Qu'on v'nait d'lui proposer Le R'nard pour tout' cuisine N'avait qu'un un brouet clair D'assez mauvaise mine Qu'il servit en plein air Sur une assiette unie C'qui fit qu'l'hôte au long bec N'en put attrapper mie Et resta l'ventre à sec. Pour se venger d'l'offense La cigogne à son tour L'invite à faire bombance D'un morceau de bass' cour. Volontiers, lui dit l'drôle, Car pour te faire plaisir, J'irais dans l'cas ma parole De me laisser raccourcir. A l'heure dit' le compère S'trouvait au rendez-vous, Ayant pour faire bonn'chère L'appétit d'trent'six loups. L'odeur de la ripaille Lui flattait tant l'nazoi, Qu'il s'croyait à Versailles Dans la cuisine du Roi. Déployant sa serviette Il va pour commencer, Mais sur la table nette Il ne voit rien passer. Rien qu'un grand vase étrange Au col étroit et long, Dont sans qu'ca la dérange La cigogne touch' le fond. Mais l'ratelier du sire Etait fait de façon, Qu'il ne put l'introduire Dans l'précieux flacon. Et chaque fois son hôtesse Bequ'tait quelqu' bons morceaux. D'envie et de tendresse Il s'en léchait l'museau Il dut à sa demeure A jeun s'en retourner Et s'coucher à son heure Comme s'il v'nait de diner. Trompeurs pourqui j'rabâche, Cette histoire apprenez. Que lorsqu'en l'air on crache Ça vous r'tombe sur le nez.
Authorship:
- by Anonymous / Unidentified Author ( L. P. )
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Researcher for this page: Johann Winkler
21. Le loup et la cigogne  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Dialoguée et parodiée
Certain jour chez Passoir un loup cossument mis ; Se fit servir des huîtres avec du vieux Chablis. Le gaillard qui faisait, bien sauter le bouchon Chantait en déjeunant la mère Godichon. Bientôt le gastronome appela le garçon. Lui dit: servez moi vite un gigot de mouton. On sert le fin gigot, et sans salamalec. Le loup mangeant trop vite avala l'os avec. Tout tremblant, il s'écrie: faute d'attention, Je sens que j'vais avoir une indigestion. Une jeune cigogne qui dinait près de lui Lui dit: j'vais vous s'courir, car vous êtes un ami. La cigogne aussitôt allongeant son cou sec, Dans l'gosier du malade introduisit son bec. L'adroite opératrice sauva l'doyen des loups Et tenant l'os chanta "la victoire et à nous". Vous alliez trépasser, Seigneur, sans mon talent, Payez-moi le café pour êtr' reconnaissant. Vous êtes trop heureus', lui repondit le loup ; D'avoir pu retirer votre bec de mon cou. Ah! répond' la cigogne avec un air véxé, j'croyais que mon talent s'rait mieux récompensé. J'ajoute pour morale, et, c'est un fait constant, Qu'on a souvent bien tort d'obliger un méchant.
Authorship:
- by Anonymous / Unidentified Author
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See also Jean de La Fontaine's Le loup et la cigogne.
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22. Le renard et les raisins  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Fable parodiée comique
Un renard bon compère, Tout habillé de gris, Biribi. Un jour dit à son père, J'vais flaner hors Paris. Carabi, Toto Carabo Donne-moi mon chapeau, Compère Guilleri. Qu'il était gai, le petit Renard gris. Franchissant la barrière Un octroyen lui dit: Biribi Que portez vous derrière? C'est ma queue mon ami Carabi Toto Carabo En poil de blaireau Comme vos favoris Qu'il était gai, le petit Renard gris. Passant d'vant au village Les poules du pays Biribi Disaient: c'beau personnage Est joliment bien mis Carabi Toto Carabo, La queue de son manteau Semble un plumet d'marquis. Qu'il était gai, le petit Renard gris. Je crois, dit-il, qu'on s'moque De ce qui m'embellit. Biribi La d'ssus il tombe et croque, La poule et ses petits Carabi Toto Carabo Après ce fricandeau, Il fut en appêtit. Qu'il était gai, le petit Renard gris. Il arrive dans un' ville, Qu'elle est c'tte vill' dit-y? Biribi Ca m'paraît fort tranquille J'vas m'établir ici. Carabi Toto Carabo Mais je suis à Fontainebleau! D'ou vient l'raisin d'Paris. Qu'il était gai, le petit Renard gris. Passant d'vant une treille Il s'croit en paradis. Biribi Plus de cent grapp' vermeilles Semblaient d'un gout exquis. Carabi Toto Carabo Mais, c'était trop haut, A vingt pieds et d'mie. Qu'il était gai, le petit Renard gris. Il dit: o pein' cruelle! Comment croquer ceci! Biribi Si j'avais une échelle, Ça n'frait pas un pli. Carabi Toto Carabo Je croque le marmot en attendant l'treillis. Qu'il était gai, le petit Renard gris. L'œil fix la bouche béante Devant ces grains d'rubis; Biribi Après cinq heures d'attente, Il jure un sacristi. Carabi Toto Carabo J'ai le bec .. dans l'eau Et le torticoli. Qu'il était gai, le petit Renard gris. Les raisins d'cette muraille Sont verts comm' des amis! Biribi C'est bon pour d'la val'taille Mais moi, j'suis trop bien mis. Carabi Toto Carabo L'chass'las de Fontain'bleau Ne vaut pas l'raisin d'Paris. Qu'il était gai, le petit Renard gris. Comme il faut un' morale Aux fables qu'on écrit; Biribi Pour toute fin finale Je vais vous fair' celle ci: Carabi Toto Carabo L'raisin de Fontain'bleau- C't'année, s'ra hors de prix, Il faudra faire comm' le p'tit Renard gris.
Authorship:
- by Marc Constantin (1810 - 1888)
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23. La cigale vengée  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Dialoguée et parodiée pour sopranos
Un jour dame Cigale, couchée sur son sopha S'occupait d'étudier un nouvel opéra. Se trouva dérangée, en essayant un mi Par un de ses valets annonçant la Fourmi. Alors, dame Fourmi, couverte d'un haillon, De gros sabots aux pieds entra dans le salon. La cigale à l'instant, en la reconnaissant Par ces mots commença le dialogue suivant: En croirais-je mes yeux? Quel air de pauvreté !!! Seriez-vous donc réduite à la mendicité? "Hélas! vous l'avez dit, maudite par l'enfer, J'ai perdu tout mon bien en jouant au chemin d'fer." Maintenant vous n'pourrez plus, boire votr' goutte de cognac, El'ver des chats, des s'rins et prendr' du tabac? "J'ai mis tout ça d'coté, mais j'viens vous emprunter A mon tour M'am' Cigal', quequ' sous pour subsister. Si vous ne l'voulez pas, c'est qu vous l'voudrez bien, Car lors qu'on est chanteuse au théâtre Italien Qu'on enfonce Dorus-Gras, M'am' Damoreau-Cinti. On peut bien soulager une pauvre fourmi ..." Sur ces mot, la Cigal' flattée d'ces compliments Répond: vous tombez mal, j'attend mes appoint'ments. Figurez-vous qu'hier, j'ai payé mon loyer, Ce qui m'mettait à court, m'empêche de vous prêter. A ce r'fus, la Fourmi se leva brusquement Et sans dire und seul mot quitta l'appartement. En proie au désespoir, de se trouver sans pain, Elle alla se jeter dans l'canal Saint Martin. En fait d'moralité, rentiers sachez par coeur, Qu'on ne doit passer le pauv' dans le malheur. On n'sait ce que l'avenir ménage de noirceur, Surtout quand on s'permet, d'jouer avec la vapeur.
Authorship:
- by Anonymous / Unidentified Author
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See Jean de La Fontaine's La cigale et la fourmi.
Researcher for this page: Johann Winkler
24. Le renard et le corbeau  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Chansonnette
Un jour maître Corbeau sur und arbre perché Tenait dedans son bec un fromage glacé. Lorsque maître Renard attiré par l'odeur. L'accoste poliment par ce propos flatteur. Bonjour, maître Corbeau! Comment vous portez-vous? Merci, maître Renard, ça va pas mal et vous? Et mes enfants aussi, hors mon p'tit nouveau-né, Qui par ses derniers froids s'est très fort enrhumé. Peste, mon cher Corbeau, vous êtes joliment mis, Vous vous faites pour sûr habiller à Paris? Oui, répond le nigaud à ce propos railleur. Puis, il offre aussitôt l'adresse de son tailleur. Vraiment si vot' ramag' ressemble à vot' pal'tot, Vous enfoncez Duprez, Lablache et Mario! Chantez-moi quelque chose, une ariette, un rien, Car chez-vous f'père en fils, chacun est musicien! Alors, maître Corbeau, sans se faire prier, Entonne sans façon le grand air du Barbier. Mais comme il faut ouvrir la bouche pour chanter, Il laisse tomber par terre son fromage glacé. Soudain maître Renard, qui comptait la-dessus, Saute sur le fromage et rit comme un bossu; Puis il dit au Corbeau, Je vous ai fait poser, Vous n'êtes pas bien mis, vous n'savez pas chanter. En entendant ces mots, le Corbeau confondu S'écrie: Ah! quel malheur, le duel est défendu. Je suis volé, dupé, maudit soit le destin! Etr'doyen des corbeaux et passer pour un s'rin! Or donc de ces couplets, la moral' la voici: Corbeaux petits et grands, retenez-bien ceci. C'est qu'il est maladroit, a dit un vieux gourmand, Quand on aim' le fromag', de parler en mangeant.
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- by Anonymous / Unidentified Author
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See Jean de La Fontaine's Le corbeau et le renard.
Researcher for this page: Johann Winkler
25. Le lièvre et la tortue  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Scène comique parodiée
Rien ne sert de courir, a dit l'bon Lafontaine, Quand on veut arriver l'tout est d'partir a temps. Son p'tit livre en fournit un'preuve si certaine, Que depuis j'l'ai lu, c'est comm'ça que j'lentends. Abordant un vieux Lièvre en r'nom pour sa vitesse, Une tortue osa lui tenir ce propos : Gageons qu'pour le prix, j'te brûle la politesse Et qu'j'arrive avant toi, ma maison sur le dos. Ça m'va, reprend le drôle en se tenant les côtes. Un p'tit galop d'ailleurs ne peut que m'faire du bien ; Mais - soit il dit entre nous, je crois que tu radotes, Et qu'ton cerveau malade a besoin de repos. Au but, l'premier rendu, devait aux dépens d'l'autre, Au restaurant voisin se payer un bon r'pas, J'te conseille les ch'mins d'fer, dit le Lièvre bon apôtre, Et moi, dit la Tortue, d'pas fair' tant d'embarras. Et la Tortue alors sans tambour ni trompette, Par dessus son manchon rangainant son argot Prit le pas gymnastique en bon ch'val d'estafette Si bien qu'on aurait cru qu'elle avait l'vertigo. Notre Lièvre en docteur trop confiant dans son r'mède, Pensait qu'être vainqueur pour lui serait un jeu. La Tortue, après tout n'a pas d'vélocipède, Disait il, donc j'ai le temps de m'amuser un peu. Pour montrer sa valeur, il ne se mit en route Que longtemps après elle, et s'arrêta partout. La, pour faire un bon mot, ici prendre la goutte Convaincu qu'en trois pas il arriverait au but. Cepandant la Tortue en grande diligence Poussant toujours au large allait du même train, La course vainement lui secouait la pause Elle n'y prenait pas garde et gagnait du terrain. Voyant qu'elle n'avait plus que quatre pas à faire Pour atteindre le but vers lequel ell' courait, Notre Lièvre allongea les pattes de derrière Pour arriver l'premier s'élança comme un trait. Mais il n'était plus temps, et Madam' la Tortue Arrivée bien avant, lui dit "pauvre nigaud, Si j'avais comme toi, fait un'pareil' bevue J's'rais plus sage à l'av'nir, et j'parl'rais pas si haut. Ainsi finit l'histoir' du bon homm' Lafontaine Qui voulait nous prouver, que quand on va quelqu' part, Qu'on soit lièvre, ou tortue, ou de l'espèce humaine. Pour arriver d'bonne heure, faut pas partir trop tard.
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- by Anonymous / Unidentified Author
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See also Jean de La Fontaine's Le lièvre et la tortue.
Researcher for this page: Johann Winkler